
jufqu’à ce qu’il fut fuffifamment ferré. Ceft dé
cette manière, dit M . Dionis dans fon Traité
d’Opérarions, que les voituriers ferrent avec un
bâton les cordes qui tiennent les ballots fur leurs
charrette'. Cet Auteur donne l’époque de l’invention
dç ce Tourniquet •. il en fait honneur à un
Chirurgien de l’armée Françaife pendant le fiège
de Befançon, en Franche-Comté* Je crois avoir
lu quelque part que ce Chirurgien étoit Aide-
major de l’armée & qu’il fe nommoir Morel. 11 a paru dans les journaux une Differtation
pour prouver que ce Morel étoit Chirurgien de
la ville de Befançon.
Le Tourniquetiaencore bien des inconvéniens,
quoique les Modernes y ayent fait des corrections
notables. Pour arrêter le fang dans le tronc,
de l’artère, il faut comprimer le moins qu’il eft
poffible les parties voifines; c’eft pourquoi I on
met longitudinalement lur le cordon des vaiffeaux
une compreffe circulaire; par-deflus cette dernière
compreffe, & à la partie oppofée au trajet des
'vaifleaux, on mer une compreffe quarrée en fix
ou huit doubles, recouverte d’une lame de corne
ou de carton, &c. On fait fur cet appareil'deux
tours avec le 'Cordon de foie ou do fil que l'on
noue fur la lame de corne ; mais on doit le nouer
affez lâche pour pouvoir faire une anfe des deux
circulaires fous laquelle on fera pâfter un petit
bâton pour ferrer enfemble les deux tours du
lien ; la compreffe épaiffe, qui eff appliquée fur
les vaiffeaux, les comprime alors,St empêche que
le lacs ne faffe des contufions aux parties latérales
en les ferrant trop. La plaque de corne
ou d’écaille un peu courbe, ou le morceau de
carton, de cuir , &c. placés fur la partie oppofée
,à celle où Fon doit faire la comprefiion,
empêche que le garot ou petit bà:oa ne pince
la peau.
M. Petit a préfenté à l’Académie des Sciences,
èn 17 18, un Tourniquet de fon invention
beaucoup plus parfait que l'ancien, tout reélifié
qu’il paroiffe; il eft compofé de deux pièces.de
bois, Pune fupérieure & l’autre inférieure; l’inférieure
eff longue d'environ quatre pouces &
demi, large de près de deux pouces, un peu
ceintrée en-rdefibus, légèrement convexe en-
deffus & écbancrée par les extrémités ; de fon
milieu s’élève une éminence ronde, haute de
fept lignes fur huirdignes & demie de diamètre;
La* Supérieure eft à-pen-près ftmblable, mais un
peu plus courte. L ’éminence qui s'élève de fon
ipiliéu a fix lignes de hauteur & un pouce &
demi de diamètre y cetre éminence efi percée verticalement
par un trou dont la cavité eff un
écrou qui (m à loger une vis de bois dont le
femme* efi un bàuion appiari des deux côtés
pour la tourner. Les pas de cette vis font au
sombre de quatre oa c inq , chacun doit avoir
quatre lignes de diamètre, afin qu’elle faffe
gffet par le moyen d'un demi-iouf. Enfin
toute ta machine eff affujettie par une cheviïfe
de fer qui traverfe les deux pièces par le milieiï
& la vis dans toute fa longueur, & qui eff rivée
fous la pièce inférieure & fur le fommet du
bouton, de manière pourtant que la vis puifl©
tourner far cette cheville comme fu r un pivot.
Pour fe fervir du Tourniquer, on entoure I3
partie avec une bandé de Ghâmois, double
large de quatre travers de doigté y c eff la com^
preffe la plus douce dont on puiffe fe fervir.
A une des extrémités de cette bande eff attaché
un double'couffinet de la longueur & de la largeur
de la pièce inférieure du Tourniquet-, il
faut de plus une-compreffe étroite, ou pelotte
cylindrique, pour comprimer la route des vaiffeaux.
Cette pelôtte eft conflruite d’une bande
de linge roulée affez ferme & couverte de chamois.
Sur la partie externe dé cette pelotte eft
coufu par fes extrémités un ruban de fil, ce qui
forme une paffe pour la bande de chamois -, par
ce moyen, ü pelotte eff mobile, afin quelle
! puiffe fe mettre au poinf convenable, fuivanr
: la grofféur du membre*, ce ruban doit être attaché
par fon milieu fur la partie externe de la
bande de chamois *, la pelotte cylindrique fe
place furie trajet des vaiffeaux*, le double couffinet
doit répondre à la partie oppofée & 1*
bande de chamois entoure le membre circulai-
rement. Tout cet appareil eft retenu par le ruban
qu’on noue à côté du double couffinet.
Alors on pofe le Tourniquet au-deffus du
double couffinet, à la partie du membre oppofée
au cours des gros vaiffeaux; onaffujétit le Tourniquet
par un lacs double qui a une boutonnière
pour permettre le paffage de l'écrou de la plaque
fupérieure ; on voit à côté une anfe formée par
la duplicarure du lacs, pour recevoir un des
chefs de ce lacs q u i, après avoir paffé par cerre
anfe , fert à former une rofette avec l'autre chef
ce qui contient le Tourniquet en place.
Pour faire la comprefiion, on donne à lavis
un demi - tou r, ou un tour de droite à gauche;
pour lors la pièce fupérieure s’éloignant de i n férieure,
le lacs tire le cylindre, & le ferre contre
les vaifléaux , ce qui les comprime parfaitement.
Ce Tourniquet a l’avantage, i.° décomprimer
moins^ les parues latérales qiie le tourniquet décrit
c i-d e ffu s ; 2.* de n'avoir p3$ befoin d’aide
pour le tenir ni pour le ferrer, ni pour le iàcher ;
$♦ * l'Opérateur peut lui - même , par le moyen
de la vis , arrêter plus ou moins lé cours du
fang dans l'artère ; 4.® quand on craint i’hémor-
rhagie , après une opération , on peut laiffer ce
Tourniquet en place; &,en cas que l’hémorrhagie
furvienne, le malade, au défaut d'autres per*
Tonnes, peut le ferrer lui - même autant qu'il eft
néceffaire ; $.° on ne rifque pas de faire tomber
le membre en mortification, par la conflriétion
de ce Tourniquet, parce qu’il ne fufpend point
h cours du fang dans les artères coilaiég^
Mais ces avantages ne font pas anflî précieux
que le jngeoit M. Petit ; la dernière circonftance
mêrpe, loin de devoir être envifagéô comme avan-
tageufê, 'èft un inconvénient très-réel ; car', fi
les artères collatérales demeurent libres tandis
que le tronc eft comprimé, elles fourniront du
fang en abondance, & l'on aura manqué tout
le but de l’application de cet infttüment. Il importe
donc que le^ membre foit Comprimé dans
toute fa circonférence ; & , pour1 c e tè ffe t, on a
corrigé le Tourniqùet, de M. Petit, en lui donnant
beaucoup moins d’étendue; la pièce inférieure
ne doit avoir qu’environ deux pouces de
l o n g & la fupérieure un peu moins. Chaque
pièce a quatre ouvertures : deux auprès du centre
à chaque côté de la v is, & deux autres vers chaque
extrémité. Par les deux premières font introduites
les deux extrémités d’une longue & forte
courroie que Ton fait paffer de deffous en-defîns;,
& qui, redefeendant par les deux autres ouvertures,
doiventêtre fixées enfemble par une bouclé,
de manière à embraffer fortement le membre,
afin que le moindre mouvement de la vis exerce
une forte compreffion.On a foin, avant de s’en
fervir, de placer une compreffe cylindrique fur
le trajet des vaiffeaux, & de la fixer par urte
bande circulaire* Le Tourniquet s’applique aü
côté bppofé au trajèt* dés gros vaiffeaux. Voyelles
Planches.
M. Heifter décrit un infiniment propre à comprimer
l’ouverture d’une artère, qui èft une ef-
pèce de Tourniquet. Il eff compofé d’un« plaque
de cuivre légèrement courbée, lirgé d’un poÙGe
&demi, & longue^de trois; à l’une des extrémités
de cette plaque, il y-a deux rangs de petits
trous, pour y pouvoir coudre une courroie*,
à l’autre extrémité , il. y a deux petits Cèochetsy
le milieu de cette lame eft perdé en écrou, au
milieu duquel paffe une vis affez forte ,* la partie
fspérieune de. cette vis eff applatie , & forme une
pièce de pouce ; & la partie inférieure porte’une ^
petite plaque ronde*, qui a environ un poücè
de diamètre; la courroie qui eft-coufue par un
de les bouts à une des extrémités - d e 1 la ; grande
lame, eft percée, à l'autre bout de pl ufieurs trous
en deux rangs , pour que cette machine puiffe
fervir à différentes parties ; ces trotis fervent à
accrocher la coürroic; aux deux crochets qui font
à l’autre extrémité de la grande lame.
Pour arrêter une hémorrhagie avec cet inf-
triiment, il faut mettre des tampons de charpie
fur le vaiffeau ouvert, les couvrir de-quelques .
cotnpreffes graduées y & appliquer fur la dernière :
de cqs compreftes la petite plaque orbiculaire ;
alors on entourera fortement le membre avec la
courroie que d'on accrochera par (on extrémité
libreaux et octets; & ,en tournant la v is , on comprimera
l’appareil,& l'on fe rendra mairre du fang.
11 faut obferver que l’extrémité de la vis doit l
être rivée de façon que la plaque orbiculaire ne ^
tôürïtè point avec elle , ce qui dérangeroit l’appareil
> & nuiroit au fuceès de l’opération. Il
faut , pour cet effet, que la vis foit percée dans
coure fa longueur, & traverféepar une cheville
dont la plaque orbiculaire foit la bafe, & fuf
laquelle cheville la vis tourne (ans fin.
. .THESSALü S ,né à Tralles, en L y d ie ;d ’off
lui vient Je furnom de Jrallianus. Il eut pour
père, un.Cardeur de laine. Theffalus fe diftingtia
fousi le règne du fucceffeur de Claude, par les
çhangemens & les additions qu'il fit à la feéle
des Méthodiftesy dont Thémifon & Afclépiad®
avoient jetté les premiers fondemens. Il ne pa-
roit pas que les difeiples de Thémifon euftent
retouché fon ébauché. On dit bien que Veélius
Valens sfen occupa; mais ce Médecin eft plus
connu par les faveurs de l'Impératrice Meffaline,
que par les progrès qu’il fit faire à.cette feète.
Theffalus rira parti de la circonfiance où il fe
trouyoit quoiqu’il n’eût fiir que perfeélionner
cetre feéfe, il olâ s’en dire l inventeur. <t J ’ai
fondé, difoit-il, dans un écrit adreffé à Néron,
une nouvelle fe^e, la feule véritable; m'y voyant
fpreé, parce qu aucun des Médecins qui m’ont pré-
; cédé nont rien trouvé d’utile, ni pour la con-
. feryation de la famé, ni pour la guéri fon des
maladies; &: qu’Hipocrate, lui-même,a débité,
| fur ce fuje t, pluffeurs maximes pernicieufes. »>
| L'orgueil qiti aveugla Theffalus pendant fa v ie ,
ne 1 abandonna pas même à fa mort. 11 fit graver
fur (bft itombeàu, qu'on voyoit, au rapport de
Pline, dans là voie Appienne; vainqueur des M i^
decins.. Si ceftp 'épitaphe n’excule pas Galien,
,d-avoir appel lé les-difciples de ce Médecin, les
ânes de T’k c jfa lu s elle l’autorifoit du moins à
'décorer, leur maître de l’épithète d’impudent, dont
il; étoit fi digne. Avec ce fond d’arrogance 8c
•de>bonne opinion de lui-même, Theffalus n’euc
qu à fe montrer pour devenir célèbre, tant dans
la pratiqiie, que dans l’enfeignement. Comme
.Praticien, il ne pouvoir manquer de devenir le
jMéde.cin :â.la.'mode, par la condefcendence ou
; plu tôt la baffe flatterie dont il ufoit envers les
malades : en cela bien different , dit Galien, de
jees anciens Médecins de la race d’Afclépiade, qui
iCommandoienr à leurs malades cum/ne un Général
commande à fes troupes, & le Prince à fes
fujers. Quant à la foule d’Elèves, dont Theffalus
fe vit environné, peut-on s’en étonner, lorfqu'on
fait qu il ne rougiffoit point d’ aimoncer qu’il leur
japprendroit toute la Médecine/.'n fix mois? Il
iauroit pu leur tenir parole, en réduilanr, comme
’jU e f it , cette Science à la connoiffanee des ma*
ladies, fans aucun- égard à leur caufe, & les
rangeant fous deux 011 trois genres principaux*
;le ftricium, le laxum, & le mixtum. Ce fyftême’
de Theffalus eût pu ruiner la Chirurgie de fond
en comble, s’il (e fût foutenu, comme la célébrité
de fon Auteur devoit le faire craindre, tant
ems'oppofant à nouveaux progrès > qu’en fai*