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que très-peu ferifibles,& quoique, dans un état'fa in,
elles puiffent fupporter plus que d’antres beaucoup
rie fatigue fans en fouffrir,» e’ eft un fait bien
avéré que, lorfqu’elles font dans un état de.maladie,
elles acquièrent une extrême fenfibilité, &
que, lorsqu’elles font bleffées, il peut en réfulter
les conféquences les. plus dangereufes & les plus
alarmantes. On ne peut pas difeonvenir que les
Ligamens des jointures ne foient quelquefois fort
endommagés*, on les a.vus même déchirés, par
les têtes des os qu’ils environnent, lorfque ceux-
ci ont été luxés avec violence, fans qu’il.en réfnltât
rie fuites bien fâcheufes*, mais cela eh rare, & ,
l ’on ne doit jamais s’y attendre’, car le nombre
ries cas où de pareils accidens font fui vis de
fymptômes très-graves, eh 1 de beaucoup le plus
grand fans comparaifon. En général, néanmoins ,
cè$ fymptômes ne fe manifefient pas dès le commencement;
le plus fou vent même > les premiers
jours fe pa fient fans que rien les annonce. Mais
enfuite le malade commence à éprouver, dans
tonte la jointure affectée, une fenfation incommode
de roideur, qui devient par degrés de plus :
en plus pénible ; la partie fe gonfle, fe tend &
paroît un peu enflammée. A cette époque, la
douleur eft te lle , pour l’ordinaire, que le malade
ne peut fouffrir qu’on touche le membre
affeétéj il compare la roideur qu’il fent dans
l ’articulation , à celle qu’il éprouveroit, fi la partie
étoit fortement ferrée avec une corde. L ’inflammation,
qui d’abord n’affeétoit que la jointure,
efi prête à s’étendre fur tout le membre,
rîSi la plaife , ou lé déchirement du Ligament
capfulaire a'beaucoup d’étendue, l’on voit fou- ï
vent là fynovie , pendant les premiers tems, couler
en quantitéaffez con fid érâble.hors de la plaie j ■?.
mais cet écoulement diminue à mefure. que le
gonflement, occafionné par l’ inflammation, fait
des progrès y jufqu’à ce qff'enfin la iplaie devienne
tout-à-fait sèche. Bientôt ^cependant , on voit,
des foyers detfuppuration s’étendre de* différens
çôtés'rde la jointure ; & , îorfqu’on les: ouvre;
le pus en fort en .abondance:, mêlé de beaucoup
de fynovie. Ces opérations foulagent beaucoup
le malade, & diffipent à l’inftant J a tenfion &
le ferrement qu’il ‘ é prou voir, mais de nouveaux
abcès fuccèdènt aux premiers *, en fe'formant
ils renouvellent tons les kymptémes*, & peu-à-
peu. ila fan té générale du malade eft plus ou moins ,
•affeélée, kl ; ; ; Jré* •
Lorfqüe’les’ plaies des Ligamens■ ne fe ricatri- :
fent '.pas très-vite > & prefqne» fansj être accompagnées
d’aucune fup’pu ration, elles fui vent: à*peu- ■
près la marche que nous venons de décrire ; c’efi .
du moins ce qui a lieu dans les jointurès confia
-dérables $- & ceft dans ces. dernières qu’elles font
-fur-tout à redouter!.
L ’hiftoire de la formation & des progrès de
la maladie peut jeter quelque lumière fur la mé- I
thode qu’on doit fuivfe dans le traitement. Elle J
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nous fait voir que ce n’eft pas feulement la plaie
du Ligament que nous avons à redouter, mais
encore une fuite de fymptômes fecondaires , q u i,
pour l’ordinaire, en font la conféquence. Les
membranes, qui tapiffent la furface interne des
cavités, qui naturellement ne font pas expofées
â l’imprefiîon de l’a ir , ne paroiffent pas douées
d’une grande fenfibilité*, mais lorfqtie l’air peut
y avoir accès, il agit fur elles comme un ni ululant
d’autant plus aètif, qu’ elles.n’ont jamais éprouvé
ce 'génre d’irritation *, il les enflamme & l e j
rend" extrêmement ferfiblés. C ’eft ce que nous
obfervons dans les plaies du bas-ventre & de
la poitrine *, & c’efi évidemment à cette caufe
que nous devons attribuer les fymptômes qui fe
manifefient à la fuite des plaies des Ligamens
capfulaires des jointures.
De cette circonflance réfulte une indication
très-importante dans le traitement de ces fortes
de plaies ^ c’efi d’empêcher, autant qu’il dépend
de nous, que l’air ne puiffe avoir accès dans les
cavités. Cela fe trouvera impraticable, pour l’ordinaire,
dans lies cas ou le Ligament efi déchiré
dans une étendue confidérable] il fera beaucoup
plus aifé d’y réuffir dans les cas de plaies, par
(impie incifion.
Il ne faut cependant rien faire dans cette intention
, jufqu’à ce qu’on foit fur qu'il n’y a point
de corps étrangers dans la plaie, ou qu’on ait
extrait ceux qui pouvoient s’y trouver. Lorfqu’on
s’eft affuré de ce point, on tâche de couvrir en
entier Ja plaie de Ligament en tirant la peau par-
deffus affez, pour que la plaie de c e lle -c i, ne
correfponde poinravec celle des parties fubjacentes;
& comme les tégumens, en général, font affez
lâches autour des jointures , on n’a pas de peine
à en venir à bout. On fixe enfuite les parties dans
cette pofition, au moyen d’emplâtres adhéfifs,
fotitenus d’un bandage convenable*, le malade doit
être au li t> lorfqu’on applique lappareil, afiài
de ne pas courir le rifqifê de le déranger *, &
: le membre placé fur un couffin, dans la pofition'
I la plus propre à favorifer l é !relâchement de la
peâ'iT,*1 pofition qui fera différente, fuivant lès
différentes parties dé la joinrure, qui fe trouveront
affrétées-. Ainfi, lorfqu’il y aura u n e plaie
à la partie antérieure (du genou, il faudra que
la jmibe foit étêuçïue3 -1 parce que , dans cette
firuütionj lés tégumens, -dans l’endroit affl-élé,
fe trouveront- 'rê!4 Lhés autant que pofiibie y & , •
par-la même raifô'rf ] il faudra tenir ie membre ■
dhns l’état'de flexion;, lorfque la plaie' fera dans
la partie poftériuiré.
En même - tems, pour prévenir l'inflammation,
on entretiendra la liberté- du ventre-, on favori-
féra -une douce trarffpi'ration; on tiendra le malade
à une diète très-févèré, & on tirera du fang
pEOportionnêment à Cà force- & à: fom âge.
Quoique la méthode, que nous venons de,
décrire, foit fouvent accompagnée du plus heu*^
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Ye.W fuccès, elle ne fuffit pas toujours pour [5TS-
venir la naiffance des fymptômes: mentionnés ci-
defiiis. Lorfque ceux-ci fe manifefient, fou qn on
. ait négligé les moyens indiqués, q u i, cet te époque,
ne font plusadmiftibles, foient qu ils aient été
employésinutilement, il faut fe hàttr de recourir-
à d’autres remèdes. La principale indication qui
le préfente eft de combattre l’inflammation ,.q ui,
autrement, ne tardera pas - à s’étendre, fur toute
l ’articulation, & à foi mer dé difiérens côtés des
abcès j ce qui fera néceffairemenr accompagné de
beaucoup de danger. Les faignées topiques, font
peut-être le moyen le plus efficace de prévenir
ces maux j mais, pour en tirer parti, il faut en
ufer hardiment. Chez des füjets robufles, ôn
appliquera quinze ou vingt fsngfues le plus près
poffible de la partie affeélée , & l’ on répétera cette
opération tous les jours aulfi long-fems que l’inflammation
le rendra néceffaire. On ne pan fer a
la plaie qu’avec du cérat, ou que [qu'autre onguent
Amplement émollient. On fera, fur le refie de
l'articulation , des fumigations avec le' vinaigre *,
ce qui fouvent réuffir mieux que toute autre chofe
pour prévenir la formation du pm* En même-
t-ms, comme les douleurs, en pareil cas, .font
ordinairement très - vives, on donnera au malade
ries dofes d’opium fuffifantes pour les calmer. On
les modère quelquefois, en fomentanr la partie
affeélée avec une forte d coétion de têtes de pavot
*, en général cependant, on n’y parvient que
par 1 ufage intérieur des anodins.
En fuivant avec foin le traitement que nous
venons d’indiquer y. on réusîira, pour l’ordinaire,
à calmer les accidens, pourvu qu’on ne l’ ait pas:
entrepris trop tard. Quelquefois cependant, malgré
tous les fecours, i’infLinmauon.continue de faire
des progrès , & occafionné la formation d’ abcès
confie!érables dont les lins ont leur fiège dans la
cavité du Ligament capfulaire, d’autres dans fa
fubftance même, d’autres dans le tiffu cellulaire
des environs. Tout ce que i Art peut faire en
• pareilles circonfiances, c’efl de donnen iffue au
pus, lor(qu’il efi formé, par une ouverture faite
à la parrie la plus déclive du fac où il eff contenu.
Par ce moyen , & par l’ufage des carapl-afmes &
de«.fomentations appliquées avec aifiduité fur la
partie afleélée, toutes 1rs fois qu’on voir un
nouveau foyer de pus fe former , Voyez Abcès ,
on réuffit quelquefois! à fauver des membres,
que ion eut probablement été obligé de--couper,
A 1 on eût fuivi quelqu’autre méthode. En général
cependant, il n’eft aucun. Praticien expérimenté
qui ne fâche que les plaies des jointures ,
accompagnées de fuppuration dans les Ligamens
capfulairts , font toujours dangereufes , &
que, malgré tous les fecours de l’Art employés
de la manière la plus' convenable,: l’on ne peut
guères fe promettre de les voir terminer favorablement.
Quelquefois même le malade fe trouve
tellement épuifé par lorenouvellement des abcè9,
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ainfi que par l’abondance & la durée de la fuppuration,
& la fièvre lente qui en réfulte, qu’on
eft obligé, pour lui fauver la vie, de faire l'amputation
du membre.
Ces cas malheureux fe préfentent dans la pratique;
mais, quoique les Praticiens conviennent
qu’en-circonfiances pareilles à celles dont nous
venons de parler, on ne doit pas hélicer à recourir
à l’opération , il faut bien prendre garde à ne pas
âbufer de cette méthode, en adoptant l’opinioji
de ceux qui confeillent ù’amputer le membre
affeéle toutes les fois que la plaie intéreffe beaucoup
la jointure, fans attendre que l’inflammation
ait eu le tems de s’y former. Trois raifous
principales doivent empêcher tout Chirurgien
d’adhérer à cette doélrine. La première, c’eft
qu’il n’eft pas fans exemple qu’une plaie, même
très-confidérable, du Ligament capfulaire de quel*
qu’une des principales articulations, fe guériffe
complettement. La fécondé, c’efi que, quoique
les exemples de cette nature foient affez tares,
il l’efi beaucoup moins .de voir les malades fe
guérir, en confervant plus ou moins de roideur
dans la jointure j.accident fi peu grave en com-
parajfon de la perte totale du membre, que la
eoafervation de celui-ci, même avec une anchy-
■ lofe complette de la principale joinrure, e lt ,
pour l’ordinaire, un avantage très-réel. La troisième,
c’efi que lorfque ie mal a fait de tels progrès,
que l’on ne peut fauver la vie du malade
que par l’amputation , i’affoibliffement & i’épui-
fement de ce dernier ne font pas des circonftan-
ces qui.doivent faire craindre de l’entreprendre,
puifqu’au contraire on voit , en pareil cas, les
malades fupporter parfaitement l’opération , au
point que.bion des Praticiens ont cru qu’elle étoit
moins dangereufe à cette époque, qu’immédia-
tement après l’accident, lorfque le malade jouiffois
encore de toutes fes forces. Voyez ce que nous
avons dit là-deffus à l’article Amputation. .
..N o u s rie deVons pas ^omettre, avant de finir
cet article, d'obferyer que quelques dangereufes
que foient .les (impies plaies des Ligamens, ils
peuvent être coupés ou déchirés en entier /[fans
qu’il en réfulte de (ymptômes très-graves.. Voy.
l’article Amputation , au fojet de l amputation
dans les jointures -, & l'article L acération,
aufujet .du déchiremenr des Ligamens.
Pour . ce: .qui regarde les autres maladies des
Ligamens capfulaires, Voyez les articles Arti-
r c U:L A T.16 N, H y D R O P I-5Ü E DES JOINTURES,
T umeur: blanche.
L IG A TU R E ,F.afcia, bande de drap écarJatte ,
coupée à droit fil, fuivant la longueur de fa
vchaîne, large d’un travers de pouce ou environ ,
-longue d’une aune, qui fert à ferrer fiiffifamment
fèi>ras, la jambe ou le col pour faciliter l ’opé-
tion de la faigriée.
La Ligature, en comprimant > lés v ai fléaux ,
interrompt4e cours du fang, fait^onfler les vei*
D ij