
jraita pendant quelque teins fans fuccès. Comme
gonflement perfiftoit, le malade ne pouvoir,
en aucune manière , faire les mouvemens de cette
partie. Il vit plufieurs Chirurgiens. Les topiques
qui lui furent ordonnés, diminuèrent le volume
de l ’article ; la fituation delà Rotule fut connue,
& la rupture du ligament, par hr vuide qu’on
fentoit dans le centre de l’articulation. La Rotule
étoit logée deux bons travers de doigt au - deffus
du condyle ; elle étoit immobile en cet endroit,
& fo r cernent attachée aux portions des mufcles
va fies externes &. internes. On mit tout en ufage
pour la remettre en fa place , mais inutilement.
L e malade eft refté près d’un an fans marcher ;
par la fuite, il effaya de le faire. Quand il vouloit
descendre un efcalier _, c’étoilf fans beaucoup de
peine, mais il ne pouvoir le monter que très-
difficilement ; il boitoit peu $ il ne pouvoir fe
mettre à genou ni refier dans cette fituation.
L ’on trouva un expédient pour le foulager qui
fut de lui mettre, à la place qu’occupoit la Rotule,
un petit bourlet attaché par des cordons
autour du genou. Il en reçut beaucoup de fou-
lagement; les mouvemens fe faifpient plus librement
, il étoit moins gêné & plioit la jambe
avec facilité , & fe foutenoit deflus. Quoiqu’il
f«ir prouvé par cette obfervation que la luxation
puiffe ainfi arriver fupérieurement , cependant on
n’admet communément que celles fur les côtés’, en-
dedans, fi la cavité externe de la Rotule fe trouve fur
le condyle interne du fémur; & en-dehors, fi fa
cavité-interne reçoit le concyle externe du même
os. La Rotule fe luxe plus aifémenr en-dedans
qu'en - dehors, eu égard à la moindre faillie du
condyle interne du fémur, & au peu de réfifiance
qu’on trouve de ce côté.
On découvre facilement ces luxations au commencement
, la Rotule manque où elle doit être,
on apperçoir un des condyles qui.fait plus de
faillie que l'autre, & un des bords de la Rotule
qui premine. Le diagnoflic n’eft pas toujours fi
facile , quand la maladie date depuis quelque
tems, à raifon de l’engorgement qui fe forme,
non-feu lement.fur l’articularion, mais encore dans
les environs. La marche dans tous les cas eftim-
poffible, & le plus petit mouvement ne fe peut
faite fans beaucoup de douleur. Galien , en parlant
du jeune-homme dont nous venons de faire
mention plus haut, dit de lui à ce fujet, Péri-
culofa curàtio in gêna & ambulatio in declïvièus |
era( , ob idque fubftentaculo ac firmamento opus erat j
hujus modi lora permeanti. Dans le cas où la
luxation feroit latérale, le malade étant couché I
dans fon li r , on lui étendra la jambe le plus
qu’il fera poffib'e, pour en mettre les mufcles
extenfeurs dans le plus grand relâchement, & Ion i
comprimera, avec le pouce, le bord faillant de
la Rotule, ayant foin de la lever en quelque forte
avec les autres doigts, pour qu’elle chemine plus
facilement, Quand elle aura été réduite, on la ;
maintiendra avec les deux doigts, & Ion appliquera
fur le genou une comprefie, fenêtréedans
. J T,W.eu» Pu*s un carton mouillé, pour qu’ij
puiffe bien fe mouler à la form; de la partie *
on finit par deux longuettes , qu'on place fur
les côtés, & enfin, par le double fpica avec des
circulaires fu,r la Rotule. Les iuxations fupérieu-
res avec rupture du tendon ou du ligament, fe
traitent comme les fraélures de la Rotule. Henri
Bafs, dans fes Obfervations Anatomico-Chirur-
gicales, Décade I I I , dit avoit obfervé fur une
femme, la luxation d'un des cartilages férnMu-
naires du genou, après une chùte fur cette partie.
La malade y éprouvoit beaucoup de dou-
J5urs > f l marche étoit pénible, le gonflement con-
fidérable, le cartilage fortoit au côté externe, il
remroit quand on le comprimoit avec la main, en
faifant un petit bruit, & il refforroitquand on
ceffoit la comprefîlon. Bafs la replaça, puis il
fit deffus une on&ion avec î’efprit-de-vin martial
de Blancard, & appliqua enfuite un emplâtre
de minium ; il affujettit le tout avec la fronde &
le bandage , qu’on appellë communément la
tortue. ( M . P e t i t - R ad e z .)
ROUSSET (François), Médecin, vivoit à la
fin du quinzième fiècle. Il fut attaché au Prince de
Savoye, & fit fes études à Montpellier, foas
Rondelet. 11 demeura chez Saporta, où il eut
toutes les occasions de s’infiruire , & dès-lors,
il tourna fpécialement fes vues vers l'étude de
la Chirurgie. Nous avons de lu i , en ce dernier
genre, un Ouvrage, intitulé : Traité nouveau de
l Hyfierotomotokie, ou Enfantement Ce'(arien , qui
fut imprimé à Paris,.en 158 1, f/z-8.° & dédié
au Prince de Savoie, fon Proieéleur. Cet
Ouvrage eft un de ceux qui illuftrèrent ce
fiècle , à raifon des grands points de doélrine
qu’il renferme ; aufii un an après f u t - i l traduit
en latin par Gafpard Bauhin ; il y en
a eu depuis plufieurs éditions. L ’ouvrage de
Rouffet eft très-bien fait ,* il commence par
les détails de théorie , & après les avoir
établis comme bafe, il en déduit des points
de pratique , qui ne peuvent qu’être très-bien
accueillis, ci Nous entendons, dit - i l , proprement
par l’Enfantement Céfarien une extraction
dextrement faite de l’enfant par le côté de
la mère, ne pouvant autrement accoucher que
par fuffifantes incitions., tant de l’épigaftre ou
ventre extérieur que du corps matrical , fans
tonte fois préjudicier à la vie de l’un & de l’autre;,
pourvu qued ailleurs neleur furviennemal, voyre
même fans que la mère laiffe pour cela de porter
enfant après.?5 Nous devons à cét Auteur d’avoir
ouvert Les yeux aux Opérateurs,fur la poffibilité
& la réalité des fuccès d’une opération fi utile
dans les cas où l’accouchement eft impollible par
les voies ordinaires. Voye£ ce que nous avons
eu occafion d'en dire à l'article Opération
C é sa r ij in jo .,- Tout ce que cet Auteur dit fus
tette opération eft très -conféquent» Il détaille j
tout ce qu’il importe à fa voir fur l’étendue de la
playe qu’on doit faire fur l’hémorrhagie qui peut
furvenir à la première incifion, qu’il dit ne devoir
comprendre que la peau , les graiffes & les
mufcles. Il paffe à ce qui regarde l’incifion du
péritoine , qu’il dit n’être nullement -fuivie de
fpafme, comme on le penfoit de fon tems ; il
répond aux objeélions qu’on pourroit lui faire
fur la hernie, qui pourroit s'enfuivre, & vient
enfuite à l’incifion du corps de la matrice, et Si,
dit - it à ce fujet, on fait inftance fur ce que la
playe ne peut qu’être bien grande , & conféquem-
ment périlleufe y étant paffé librement un tel corps,
je dis conformément avec Galien, au lieu où il
traite de la difeuflion dicelle, quelle fe retire
foudain après l’enfantement, ce qu'elle fait encore
plus que l’abdomen , parce que l'enfant & la fe-
condine étant retirés, elle n’a plus rien en foi qui
l’en garde de s’approcher en elle - même de toutes
les parties : & efi-ce iàfuffifante caufe qu’elle n’a
que faire de couture ,* s’approchant côté à autre
fi à propos qu’il femble qu’elle fe confolide par
première intention, avec qùelqu’autre aide de
telle chaleur naturelle & humidité radicale qirelle
communiquoit à l’enfant, aidée aufii fle lafuave
fomentation des parties prochaines, & ce naturellement
mieux que par artifice. Quant à
l’hémorrhagie, l’Auteur femble ne point la redouter,
pour plufieurs raifons qu'il déraille ; &
aufii parce que du moment que l’enfant eft forri de
la matrice, lefang s’y porte en bien moindre quantité.
«C ar , dit - i l , ce fang n y étoit pas envoyé
pour elle, mais en faveur de l'enfant qui en eft
tiré. En témoignage de quoi quand Nature n’y
envoie rien en âge trop jeune ou trop v ie il, où
elle ne permet d'avoir enfant, ladite matrice s’ap-
petiffe& deffèche fi fort qu'elle eft ès vieilles ap;
pellée morte, même en la Sainte - Ecriture. »
Rouffet a fortement combattu l’opinion de fon
tems, que.la cicatrice qui fuccédoir à la playe
de la matrice en pareil c a s , empêchant le développement
de la matrice, devroit néceffaire-
ment être une caufe fubféquente de ftérilité. Il
prouve la vérité de ce qu’il avance par nombre
de faits & de citations qu’il feroit füperflude rapporter
aujourd'hui où la pratique nous~a donné
plus d’expérience. Il y parle aufii de l'opération faire
au Franc-Archer de Bagnolet , & dit que
ce fut par le flanc qu'on lui chercha la pierre
«non ailleurs, et Mais, d i t - i l , quant à f i -
mttation de cet exemple, je ne prétends pour tout
cet allégué de confeiiler à la volée telle feétion
de rein avant que d’en avoir fait d'autres pareilles
pratiques. Car, comme une hirondelle feule n’af-
lure pas du Printems ni un beau jour d’Eré,
aufii une expérience ri'efipasfuffifantederéfouldre
telles difficultés,.Et puis un lapidaire incifeur ja-
j^.aisn opérera qu'il n’a i t , avec fa fonde , tâté &
®it Parlcr la. pierre en quelque lieu quelle puiffe
être, combien que plufieurs autres lignes, voyre
univoques y atteftenr , c e qu’il ne peut faire au
rein comme en la veflîe. >3 Quoiqu'il en foir,
Rouffet s’écrie beaucoup fur la négligence de ceux
q u i, ayant pratiqué cette opération , n’en ont
point cité aucune circonftance inréreffante, & de
ne et l’avoir pas mife eux -'mêmes par écrit,
voyre fait engraver en table d’airain, la con-»
facrant à la mémoire , & la dreffam publiquement.
j? C ’eft dans cet ouvrage que Rouffet,
par occafion parle de l’opération de la taille, par
le haut appareil, avec Je plus grand éloge , en
s’appuyant des raifons les plus lolides, & il y
fait voir que la veflîe étant hors du fac du péritoine,
au bas de la ligne blanche, on peut
i’incifer fur le vivant, en cet endroit fans aucune
crainte. Rouffét joint d'autres remarques à
celle de Franco , qui le premier a parlé de cette
opération ; mais il avoué qu’il ne l'a pratiquée
que fur le cadavre.
L e Traité de Rouffet ne manqua par d’exciter
la jaloufie des Chirurgiens. Marchand, Chirurgien
du R o i, & du Corps des Chirurgiens de
Paris , lui reprocha même de ce que, fans titre ,
il avoir médit de cette Compagnie ; c eft ce qu’oa
voit par lepigramme fuivante qu’il fit paroître
avec ce titre.
P x o R eg io P a a i s i i n s i v i u Cx ir v x g ic omvm
Col le g lo.
Ordinis an cuju3 , rogo die Rojfete, v e l artis?
■ Medicorum, inquis ; te fuus ordo rogat ;
Nec tu donatus lauro , titulove medentum,
Etfurtim exerces, quoi titulo ipfe nequis.
Sedtu diim feindis miferas per frujta parentes ,
Artis eris eu jus , die rogo, carn fc is .
Les Auteurs des Recherches fur l'origine de
la Chirurgie en France , tiennent un langage op*
pofé à celui de Marchand, ils le font Médecin
& Chirurgien. (M . P e t i t -R ad e z .)
RUBÉFIANS. Médicamens qui caufent de la
rougeur à la partie fur laquelle on l’applique.
Tels font les acides minéraux, les alkalîs & partie
ulièrement I'alkali volatil ; différentes plantes
de la claffe fur-tout des filiqueufes ou crucifères,
les gommes, réfines, les cantharides, &c.
On fe fert de Rubéfians lorfqu’il s’agit de
faire une révulfion d’une partie à une autre; on
les applique aux pieds , par exemple, dans les
cas de goutte remontée, ou lorfque la tête on
quelque vifeère fe trouve affeélé en conféquence
de la répereuffion d’une dartre ou d’utiéréfipèle.
Dans certaines inflammations, telles que-l’angine,
le 1 humatifmé, &c. On fe fert de Rubéfians pour
exciter fur la peau, dans le voifinage de la partie
affeélée, une irritation fouvent falmaire. On les
emploie aufii avec plu< ou moins de fuccès pour
rétablir l’énergie du principe vital dans les parties
affrétées de paralyfie.
Les principaux - Rubéfians en ufage font les