
de tems fuffifant, qui fera peut - être d’un on
deux jou r s , on pourra donner iffiie à une nouvelle
quantité d’eau *, & en la faifant fortir ainfi,
d’une manière lente & graduelle, on ne s’expo-
fera point au danger de nuire au malade , par
une évacuation trop précipitée.
De cette manière on pourra évacuer , en foute
fûreté, une quantité d’eau quelconque contenue
dans la poitrine *, & , le malade étant foulagé de
l ’angoiffe extrême qu’il éprouvoit, on retirera la
cannule, & l’on fera ufage des moyens les plus
propres à prévenir un retour de la maladie.
Nous avons fuppol'é, jufqu’à préfent, que l’eau
n’étoit épanchée que dans uir des côtés de la
poitrine *, mais fi les deux côtés font affeélés,
on ne peut pas tirer toute l’eau par une feule
opération. En pareil cas, il faudra , loffqu’on
aura évacué celle d’un côté , faire une fécondé
ouverture de l’autre. Mais u y auroit du danger
à faire l’opération des deux côtés, à-peu-près
en même tems, & à donner ainfi accès à Pair
extérieur, dans les deux cavités de la poitrine à-
la-fois. Car, quoique nous ayons prefcrit de faire
l’ouverture de la pleure très-petite, & d’y inférer
fur-le-champ une cannule, il efi impoflible
cependant, quelque précaution que l’on prenne,
^’empêcher auffi complettement qu’on le defire-
roit, que l’air n’entre, foit par la plaie, foit par
l’ouverture même de la cannule, & ne s’infinue
entre la pleure & la furface du poumon; & fi
l ’air pouvoit pénétrer dans les deux côtés de la
poitrine à-la-fois, le malade éprouveroit à-peu-
près la même oppreffion que lui caufoit l’eau ,
avant qu’on lui eût donné iflue. Avant donc-que
d’entreprendre l’opération de l’autre côté., on
cherchera quelque moyen de faire fortir l’air
qui s’eft infinué dans la cavité de la poitrine,
par le jeu même du thorax , pendant la première
opération. Il y en a deux dont on peut
fe fervir : voici celui qui efi le plus facile & le
plus commode. Aufli-tôt qu’on aura ôté la can-
nule, le malade fera un effort pour remplir d’air
les poumons, autant qu’il lui fera poflible. Cet
effprt fera lortir une grande partie de l’air renfermé
entre la pleure & les poumons} mais il
faut, pour cela, ôter tout accès à l’air extérieur,
en ramenant fur la plaie la peau qu’on avôit tirée
vers le haut, avant de faire l’incifion, & en
la preffant de manière que l’ouverture de la plaie
fe trouve bouchée pendant l’infpiration. En répétant
plufieurs fois ces mouvemens du thorax,
on pourra chaffer à-peu-près tout l’air qui s’efl
introduit dans fa cavité. On aflujettira enfuite la
peau faine fur la plaie intérieure} & , au moyen
d’une comprefle & d’un bandage arrangés convenablement
, on maintiendra les parties dans la
pofition où elles doivent être pour fe cicatrifer.
L ’autre moyen, dont on peut fe fervir pour
tirer l’air de la capacité du thorax, efi la fuccion.
On peut adapter à une fçringue afpirante un bec
d’y voire ou de métal, fait de manière à s*appl{; I
quer exactement fur l’ouverture de la pleure* I
chaque coup de pifton,, quand l’infirument fera I
ainfi placé, fera fortir beaucoup d’air } & , lorf. I
qu on croira l’avoir à-peu-près épuifé, l’on reti- I
rera la peau faine fur l’ouverture de la pleure; I
on panfera la plaie comme nous venons de le dire. I
On peut auffi, au lieu de feringue, fe fervir d’une I
bouteille de gomme élafiique , avec un bec con- I
venabie*, mais alors il faut avoir foin, chaque I
fois qu’on l’écarte pour la comprimer & la vui- I
der d’air , de ramener la peau, pour ôter tout I
accès à l’air intérieur.
Une certaine quantité d’a ir , enfermée dans les
cavités du thorax, peut nuire, non-feulement
en empêchant le jeu des poumons, mais encore I
par l’inflammation qu’excite ordinairement ce I
fluide dans les parties deftinées naturellement à
être à l ’abri de fon influence, lorfque, par ac-
ci dent. elles font mifes à découvert & expôfées I
à fes impreffions. Il faut donc fe tenir fur fes I
gardes contre cet e ffe t , dans tous les cas de
cette nature. L ’oppreffion qui a lieu, après qu’on I
a ouvert un côté du thorax, & qui dépend dé
l’admiffion d’un peu d’air entre lès poumons & I
la pleure, n’efi pas un fymprôme bien grave, I
parce que cet a ir , pour l’ordinaire, efi chaffé
par le feul mouvement de l’expiration. Mais l’inflammation
qu’il peut caufer fur les furfaces extérieures
avec lefquelles il vient en contaéf, efi
beaucoup plus dangereufe, & demande toute
l’attention du Praticien. Il faut auffi qu’il fe garde
bien de jamais ouvrir les deux côtés du thorax
à-la-fois , à caufe de l ’angoifle extrême que le
malade éprouve en pareilles circonfiânces.
Comme la Méthode que nous venons de décrire
pour faire la Paracentèfe du thorax, n’eft
pas généralement adoptée , beaucoup de Chirurgiens
préférant de faire l’ouverture dans une.au-
tre partie du thorax, & de fe fervir, pour cela,
d’un autre infiniment} nous allons entrer encore
dans quelques détails fur ces deux points.
On a dit que fi l’ouverture ne fe fai (oit pas
plus^ bas que nous ne l’avons confeilié , il
feroit impoflible de faire fortir toute l’eau
épanchée. Mais fi le malade efi couché fur le
d o s , le-corps un peu incliné du côté où doit
fe faire l ’opération , l’endroit que nous avons
défigné pour l’ouverture , fe trouvera dans la partie
de toutes la plus baffe. Cet endroit nousi
offre encore un avantage efl’entiel, c’efi que les.
poumons ne s’y attachent pas auffi facilement
qu iis le font plus bas, où ils font plus immédiatement
en contaél avec le diaphragme; d’ailleurs
> l ’ouverture s’y fait beaucoup plus facilement
que lorfque J’on fe rapproche davantage
des venèbres, & que l’on fe met dans la né-
ceffité a incifer au travers des mufclçs épais &
charnus de ces parties.
Quant à l ’infirument qu’on doit employer pour
cètté opération , nous croyons que Te blftouri
efi le meilleur dont on puifle fe fervir. Bien des
Chirurgiens ont confeilié de la faire avec un
trocar ; mais quelque convenable que foit cet
infiniment, pour les cas où il faut faire la Ponction
du bas-ventre ou du fcrotum, & où l’on
ne craint pas de bleffer les parties contenues
dans ces cavités, fi l’on opère avec prudence,
on ne fauroit , fans beaucoup de danger, s’en
fervir pour percer le thorax, à caufe des adhérences
qui fe trouvent fi fouvent entre les poumons
& la pleure , & de l ’ignorance où l’on efi
s’il n’y a pas une adhérence dans Pendroir même
que l’on a choifi pour y faire l’ouverture. Sans
doute que s’il y avoit quelque moyen de fe mettre
à l’abri de ce danger, le trocar, manié avec
prudence , rempliroit toutes les intentions de cette
opération, avec une entière fureté pour le malade.
Mais fi, malheurèuferaent, on le plongeoit dans
un endroit où il fe trouvât une adhérence, non-
feulement on blefferoit grièvement le poumon,
mais encore on manqueroit entièrement le but
qu’on fe propofoif, car l’inftrument, plongé dans
la fubftance du poumon, ne viendroit point en
contaél avec l’eau épanchée entre cet organe &
la pleure, & ne pourroit fervir à l’évacuer. Avec
le bifiouri, l’on ne court point ce danger. Quand
on a mis la pleure à découvert, on peut, avec
la pointe de l’infirument, y faire une très-petite
ouverture} & , dès que le Chirurgien a lieu
de croire qu’il a pénétré au travers de fa fubftance,
s’il ne fort point d’eau, c’eft une forte
raifon de préfumer que le poumon efi adhérent
en cet endroit. En çonféquence, il faudra qu’il
répète foin opération dans une autre place} ou ,
fi l’adhérence n’efi pas forte, Ce qu’il reconnoî-
tra aifément, en introduifant, avec précaution,
nn fiilet bien arrondi entre le poumon & la
pleure, il les féparèra l’un de l’autre, jufqu’à ce
qu’il puifle faire parvenir une cannule en quelque
endroit qui ait communication avec l’eau épanchée. !
Si cette réparation fe fait aifément, & fi l’adhérence
n’a pas beaucoup d’étendue, ii achèvera ainfi
fon opération} & f i, malheuréûfement, lé contraire
avoit lieu, il aura au moins la confolation
de n’avoir fait aucun mal effentiel.
Nous avons jufqu’ici fuppofé que l’eau étoit
épanchée dans une dès grandes cavités de la
poitrine. Mais lorfqu’elle efi dans le péricarde,
ou entre les lames du méd'iafiin , que peut-on
faire pour lui donner iffiie? On a cru généralement
que, dans les hydropifies du péricarde, il
ny avoir rien à gagner à tenter une opération
pour faire fortir i’eau de fa cavité , parce que
lefuccès ne pourroit en être que très-incertain, &
qu’elle expoferoit le malade à un danger plus
grand que celui de la maladie même1} en con-
Maisy quoique les fuccès dé cettc opération ne
feraient peut-être pas bien fréquens, il efi poffi-
ble cependant que l’on fanvât quelques individus
fur le nombre de ceux qui périffent de cette
maladie; & fûrement on ne les mettrait pas dans
un état plus fâcheux que celui où ils fe trouvent.
Nous n’avons aucune raifon de préfumer que l’ouverture
du péricarde foit, par elle-même , a fiez
dangereufe pour faire rejetter abfolument cette
opération'; & il y a des exemples de bleflitres
de cette membrane, qui ont été fuivies d’une parfaite
güérifon. - Mais il èft très-effenriel de garantir
fa furface interne de toute impreffion de
la ir. Voyc{, à l’article Ai r , un cas très-remarquable
de plaie du péricarde.
Lors donc qu’il y a lieu de croire qu’il y a
de l ’eau dans le péricarde , foit par des
indices tirés de la nature de la maladie , foit
parçê qu’on auroit fait inutilement une ouverture
au côté gauche du thorax, il faut fe déterminer
à en faire la Ponction.
Dans cette maladie , le péricarde e l î , pour
1 ordinaire, tellement difiendn , qu'il n’eft pas
difficile de le trouver. En faiiant une ouverture
au côté gauche , entre deux côtes quelconques,
depuis la trqifième ou quatrième , jufqu’à la
feptième ou huitième , & , à la diflance de cinq
à^fix travers de doigts du flernum, on peut être
sûr de le rencontrer lorfqu’il eli dans cet état
de diflenfion. Et lorfqù'on l’aura mis à découv
e r t, par une incifion faite à la pleure, qui doit
avoir environ un pouce de longueur, on achèvera
l ’opération , au moyen d’un petit trocar
qu’on enfoncera avec précaution, mais d’une
main ferme , dans le péricarde. S’il ne contient
que peu d’eau , on la tirera toute d’une fois -
mais, s’il y en a beaucoup, on en fufpendrâ
I écoulement, à plulîeurs reprifes, & pour quelques
minutes à-la-fois, afin de prévenir les in-
convéniens dont nous avons eu fouvent occafion
de parler , comme étant la conféquence d'une
évacuation trop foudaine de grands amas d'eau
en quelque cavité du corps qu’ils fe trouvent-
& , fi cette précaution efi nécefiaire lorfque l’eatî
efi dans quelqu’autre partie, elle doit être d’autant
plus importante, lorfqtt’il s’agit d’une partie
auffi voifine du coeur. v
Quand l’eau efi contenue entre les lames du
médiaflin, comme cette membrane efi immédiatement
au-deffous du fiermim, ]a douleur ou
loppreffion quelle excite, doit être plus particulièrement
fentie dans le centre de la poitrine
que lorfqu’elle efi dans l’une de fes grandes cavités;
& , par cette raifon, on ne peut lui donner
iflue qu’au travers du fiernum, en enlevant une
portion de cet o s , au moyen d’un trépan ce
qui donne un accès facile aux parties qu’i l ’ recouvre.
Nous ne nous étendrons pas ici fur
la manière d’appliquer le trépan, renvoyant à
un autre article ce que nous avons à dire à ce
fujet. Foyej; T répan. Il nous fuffira d’ajouter