
des fomentations d’eau froide, qui rétablirent le
reflort de la veffie, & tellement qu’après avoir
tiré trois livres d’urine par le cathéter, la malade
pouvoiten rejetter trois à quatre autres fpon-
tanément, ou en comprimant légèrement la veffie.
L e D. Murray fit beaucoup de recherches pour fa-
voir fi cette femme a été complettemcnr guérie,
mais elles furent fans fuccès.
Les Rétentions d’urine produites par la para-
lyfie de la velîie, & la tumeur que ce vifcère
forme alrosau-deffusdu pubis,peuvent durer long-
tems fans que les malades en foient autrement
incommodés > que par un fentiment de pefanteur
vers la région du pubis, & le fréquent befoin
d ’uriner qui accompagne cet état. J ’ai vu des
malades qui en étoient attaqués depuis plus defix
mois & qui ne s’en dontoient pas. On y remédie
en portant dans la veffie une fonde creufe
on algalie , au moyen de laquelle les urines puif-
f nt s’écouler. Cela fe fait aifément par le procédé
qu’on emploie pour s’affurer de la préfence
des pierres dans la vtffie} mais il ne fuffit pas j
de vider cette poche, il faut empêcher que les i
urines ne s’ y amaffent de nouveau , & par confé-
quent y laiffer la fonde. Quelques-uns croient
qu’il vaut mieux la paffer chaque fois que le malade
a befoin d’uriner } mais ce befoin fe renouvelle
fi fouvent, quil feroit à craindre que le
canal de l’ urètre fe fatiguât, ou que le Chirurgien
ne pût donner au malade des foins auffi
affidus que fon état l’exige« On affujettit la fonde'
avec deux longs rubans de f il, large d’une ligne
& demie > qui traverfant les anneaux dont fon
pavillon efi garni, & qui paffant au-deflus &
au-deffous des cuiffes, viennent s’arrêter à une
ceinture. On en ferme l’ouverture avec un bouchon
de liège ou de bois, pour ,què le malade
ne foit point incommo iépar la fortie continuelle
des urines. Enfin oh attache, au pavillon de cet
inftrumenr, une languerte de drap, le long de laquelle
ce fluide coule dans un vafe defiinéifle recevoir.
Si la maladie a duré quelque tems , que
la Région de la veffie foit douloureufe, & qu’il
y ait de la fièvre, on faigne du bras, & dans
ious les cas , on prefcrit des boHTons délayantes
& légèrement diurétiques, on aide les inteflins
par des lavemens, & on règle le régime du malade
d un manière relative à la fituation où il
fe trouve.
yLes chofes refient plus ou moins long-tems
dans cet état} fi alors les urines fortenr de la
fonde par un jet rapide , fi l ’on s’apperçoit qu’il
en paffe entre la fonde & l’urène , c’eft un ligne
que la veffie a repris fon reflort, & qa'elfe
peut fe vider par elle-même. Dans ce cas, on
ôte le fonde , & alors le malade peut reprendre
fes occupations & fon genre de vie ordinaire.
Mais, fi les urines ne fortent que par la
fonde , & que le jet en foit lent, il faut perfifier 1
dans 1 ufage de c e lle - c i, fans quoi la veffie pour« \
roît fe remplir de nouveau, & perdre le peu fis
reflort qu’elle a repris. En pareil cas, il convient
de ne point la laiffer plus de douze fà quinze
jours ; car il efi des perfonnes dont les urines
font tellement chargées demucoficé& de matières
fablonneufes , qu'il s’y formeroit bien-tôt une
incrufiation, fi l’on n’avoit le foin de la retirer
de tems-en-tems pour la nétoyer. D’une autre
part l la preffion exercée par elle fur la partie
de l’urètre qui répond à la racine de la verge au
devant des bourfes, y occafionne une inflaui-
mation grangreneufe , à laquelle fuccède bientôt
uneefearre, fouvent de l’étendue d’un écu, &
par fuite , une fiftule qui dure toute la vie. Ce
dernier événement n’a point échappé à J, L. Petir,
& c’étoit pour l’évirer & rendre ainfi i’ ufage de
la fonde plus commode, qu’il en avoir imaginé à
doubles courbures, dont la forme approchât d'une
S. Ces fondes lui réuffirenr affez bien } elles cau-
foient moins de douleurs que les fondes ordinaires
qui n’ont qu’une courbure , il étoit plus
facile d’en diriger le pavillon,ou l’ouverture versle
vaiffeau qui doit recevoir les urines, & elles étoient
moins fu jet tes à fe déplacer, .mais elle nuifoient
toujours par leur foiidité. Les fondes flexibles,
dont on a fait ufage par la fuite, ont paré â cet
inconvénient : on attribue à Van-Helmonr, l’idée
d’ en faire en cuir •, mais on ne dit point s’il a mis
fon projet à exécution. Fabrice d’Acquapendente,
parle de fondes de corne qui font plus fouples
que celles de métal ; on en a fait enfuite avec
un fil d’argent, applati & tournéen fpirale. Tolet
en a vu, à Paris, dès r68o,maisi! ignore quel
en efi l’inventeur} il trouve cependant que ces
fondes font plus difficiles à introduire que les
autres, qu’elles laiffent fuinter continuellement
les urines, & que s’il efi néceflaire de porter des
injeéiions dans la veffie, on peut moins y réuffir
par leur moyen. Ces raifons ne font cependant
pas celles qui les ont fait rejetter, on a craint
que la peau mince dont on avoit coutume de
les couvrir ne fedécolât, & que venant à fe déchirer
, ellelaiffât les fpirales d’argent à nud , &
ne leur permît de s’écarter, & de blefferla membrane
intérieure de l’urètre, ou même de fe rompre.
J ’ai vu un Chirurgien, fort intelligent, qui
voulant faire ufage de cette efpèce de fonde pour
un malade, dont ja veffie avoir totalement perdu
fon reflort, les garnifToit d’une manière fifo-
lide, qu'il étoit prefqu’impoffible qu’il y furvînt
du dérangement. Il commençoit par couvrir Ja
fonde d'une languette de parchemin , qui faifoit
un tour & demi, & qui étoit unie avec de la
colle forte. Sur ce p a rch em in il rourno.it avec
patience & en fpirale de la foie écrûe, par-deflus
laquelle il pafïbir un morceau de cire chauffée
au feu y afin de l’arrêter & d’en remplir les intervalles.
La fonde ainfi préparée étoit tournée
entre -les doigts & bien égalifée , en fuite il la
trempoit dans de l’emplâtre de Nuremberg fondont
il avoit rempli un moule de fer-blanc ,
il la laiffoitégoutter & l’ égalifoit avec un couteau,
& la roulant entre fes mains, il en rendoir la
farface unie. Il faifoit depuis deux ans ufage
de cette fonde chez un m a lad e e lle refioir dans
)a veffie pendant quatre ou cinq jours fans quelle
éprouvât d’altération} chaque fois qu’il la chan-
eeoir, il-faifoit des injeélions dans l’urètre pour
extraire les mucofiiés qui s’y amaffoient. Le ma- 1
Jade, avec cette fonde , exécutoir tous les mouve- ,
mens poffibles, non-feulement il changeoit de
place dans fon l i t , mais encore il fe levoit,
marchoit, alloit en carrofle, & il acquit, déplus
en plus, un embonpoint qu’il avoit perdu depuis
qu’il faifoit ufage des fondes folides.
On obtient les mêmes avantages avec les nouvelles
fondes flexibles, imaginées par le fieur
Bernard, Orfèvre, qui d’abord s’occupa à fabti-
aaer les inftrumens d’or & d’argent ufités en
Chirurgie , & qui enfuite fe fixa à la conf-
truélion des fondes dont il s’agit. Elles font faites
avec un riffu de foie fort ferré, coufu dans fa largeur
fur un mandrin, & couvert d’un enduit de
gomme élaftique. Ces fondes réunifient la foli-
ditéà la foupleffe & au plus beau p o li, de forte
quelles peuvent être long-tems dans la veffie fans
que les malades en foient incommodés, & fans
qu’il leur arrive aucun accident quelconque.
Le tems oii La veffie recouvre la faculté de fe
contrarier varie beaucoup } quand la maladie efi
accidentelle ou fubite, il n’eft pas rare de la voir
fe difliper en peu de jours : lorfqu’elle efi venue
d’une manière lente, elle dure pour l’ordinaire
fix femaines} il ne faudroit cependant pas dé-
fefpérer de la guérifon, fi elle s’étendoit beaucoup
au-delà. J ’ai vu des malades qui ont porté
la fonde pendant qnatrg-vingt-dix jours & plus, &
qui fefont bien rétablis. Lorfqu’on préfume que les
urines peuvent fortir feules, on ôte alors la fonde
avec la précaution de bien obferver l’état du malade
} s’il efi lent à uriner, s’il a des épreintes,
s il éprouve un fentiment de pefanteur fur le col
de la veffie, ce vifcère n’a pas repris tout fon
reflort, & la. fonde efi encore néceflaire. 11 m’eft
arrivé plufieurs fois d’en confeiller l’u fage, pendant
la nuit feulement, à des perfonnes qui urin
e n t paffablement bien le jou r , & qui reffen-
toient la nuit les incommodités dont nous venons
de parler, & le fuccès a été complet. Lorfqu il
fe paffe plus de cent jours fans que les urines reprennent
leur cours ordinaire , on peut affurer que
le reflort de la veffie efi perdu pour toujours}
d ne refte alors d'autres reffources que de faire
porter continuellement une fonde flexible au malade,
ou de l'accoutumer à fe fonder lui-même.
\a Rétention d'urine caufée par t inflammation
du col de la vejjîe.
La Rétention d’urine dont il s'agit ici, s’annonce
par les fymptômes les plus prefTans } au befoin
d’uriner, & aux efforts que ce befoin néceffite,
fe joignent la tuméfaéliôn de la veffie au-deflus
du pubis, la douleur profonde de ce vifcère,
& de toutes les parties qui l’avoifinent, la fièvre,
les dégoûts, les naufées, les vomiflemens, l’odeur
urmeufe de la bouche & celle de la fueur, les
anxiétés, la difficulté de refpirer, i’affoupiffement,
les mouvemensconvulfifs(i) & la mort. On remédie
à tous ces accidens par le antiphiogiftiques,
telles que lesfaignées, les boiffons délayantes &
relâchantes, les lavemens, les demi-bains , les
caïmans , & fur-tout par l’introduélion de la
fonde. Celles dont il convient de fe fervir en
pareil cas , doivent être minces, afin qu’elles
franchiffent plus aifément le col de la veffie. Si on
ne peut la faire paffer , & que les accidens
augmentent, comme on ne peut efpérer que les
urines fortent par regorgement, ou qu’elles fe
faffent jour de quelqu’autre manière , il ne refie
d’autre reffource que d’en procurer la fortie par
la ponélion.
Du tems de Dionis > on faifoit cette opération
avec une efpèce de ftapel étroit, pointu, & long
de quatre à cinq pouces, qu’on plongeoir dans
la veffie , en commençant à côré du raphé, au
lieu où finiffoit l’incifion dans le grand appareil.
La fortie des Qrines faifoit connoître qu’on étoit
parvenus dans la veffie} on gliffoit alors, le long
du biffouri, une fonde droite, & à la faveur de
cette fonde, une canule, qu’on laiffoit auffi
long-tems qu’il étoit néceffaire, avec la précaution
de l’affujettir, au moyen des rubans paffés,
dans les anneaux , dont elle étoit garnie à^fa
partie la plus large , & d’en boucher l’ouverture
avec une tente de linge. Quelques - uns cependant
commençoient par incifer le périnéavec le fecours
d’un cathéter, introduit dans l’urètre auffi avant
qu’il étoit polfible, & après avoir ouvert ce conduit,
ils portoient un gorgeret le long du cathéte
r , jufque dans la veffie} & fur ce gorgeret,
une canule, qu’ils laiffoient à demeure. Ce procédé,
plus méthodique que le premier, ne devoir
réulfir que dans les cas où le reflerrement
du col de la veffie étoit peu confidérable, & ou
l’imroduélion de la fonde étoit encore pofiiblej
ainfi, il étoit au moins inutile. L’autre , en perçant
le canal de l’urètre en plufieurs endroits,
& en frayant une voie, aux urines à travers la
( I ) Ces deux derniers fymptômes font ordinairement
occafionnés par la prefence de l’urine fur le cerveau.
Chez un homme que /’ouvris à la fuite d’une pareille
maladie, je trouvai environ un demi- feptier d’urine bien
cara&étiféc , épanchée entre l’une ôc l’autre méninge \
la pie-mère étoit bourfoufflée en différens endroits , ôc
fépa-.ée ça & là du cerveau qui etoit fort pâle. En géne*
nal, quand le mal eft parvenu à ce point, on doit regarder
le cas eomme; mortel} cer alTertion eft confirmée
pat les Obfervatcurs, 5c notamment par Tulpius.
M m ij