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L A C L A C
L A C É R A T IO N , déchirement, Laceratio, de
La:ero , je déchire. Plaie formée par la diften-
tion violente des parties molles. Ces fortes de
plaies fe reconnoiuém aifément à I’infpeélion *,
fa manière, dont elles fe font formées, peut
fervir auffi à les faite diftinguer. Elles font fu-
jettes à traîner après elles des inflammations
violentes, qui paffent facilement à l'état de gangrène
, & demandent à être traitées en conféquen-
ce. Voyei P l â ie v Voyz\ auffi A n t iph lo g is tiq
u e , In f lam m a t io n & G a n g r e n é .
Des parties confidérables du corps peuvent en
être féparées par uoe Ample Lacération, & l’on
trouve chez les Auteurs divers exemples de
pareils accidens. Chéfelden a , le premier, décrit
dans les Tranfatlions Philosophiques , un fait de
cettç nature. Samuel W o od , Meunier, ayant la
main environnée d’une corde qui fut pril’e par
les dents d’une grande roue de moulin, fut
élevé de terre jufqu'à ce que fon corps > étant
arrêté par une poutre, qui ne lui laifloit point
d’intervalle pour paffer, la roue emporta & lui
fépara du corps un bras & l’omoplate. L ’image
de la p la ie , qui réfulte d’un pareil accident
eft horrible, & la première idée qui fe
préfente naturellement à fe fp r it, eft que le bleffé
ne peut pas furvivre long- tems à fon bras. Samuel
Wood échappa à ce ftcond malheur j cette opération
avoit été !i prompte, qu’il ne fut fon bra9
emporté que lorfqu’il le vit tournant avec la roue.
Il defeendit par une échelle étroite, fortit du moulin,
& fit encore quelques pas pour aller au
devant des fecoursj alors il tomba de foiblefle.
Ceux qui arrivèrent les premiers couvrirent fa
plaie de fucre en poudre*, un Chirurgien vint
enfuite, trouva le fan g arrêté , & fe contenta de
ramener la peau, qui étoit fort lâche, par-deffus la
plaie, en faifant deux points d’aiguille en croix.
Le lendemain, il fut m.enè à l ’hôpital de Saint-
Thomas, confié aux foins de M. Fera, qui en
étoit pour lors Chirurgien en Chef. Il mit en ufage
les moyens ordinaires pour prévenir les accidens
à craindre en pareil cas. Le premier appareil fut
levé fans hémorrhagie j il n'y eut point d’acci-
dens, & le malade fut guéri en deux mois.
Quand le bras fut examiné, on trouva que
les mufcles qui s’insèrent à l’omoplate, étoient
rompus près de leur infertion , & que ceux qui
partent de l’omoplate av oient été emportés avec
elle.Du refte,la peau qui recouvre l ’omoplate étoit
reftée en place , & elle fembioit avoir été coupée
prefque parallèlement à l’attache du nmfcle deltoïde.
Chirurgie♦ Tome IL I .( Partie*
On lit, dans le Traité des Accouchemens de
M. la Motte, qu’un petit garçon, badinant près
de la roue d’un moulin en mouvement, fur attrapé
par la manche de façon que fa main s'embarra Ta
dans cette roue , & que la main, l’avant-bras a
& le bras, étant fucceffivement attirés par la
machine, le bras fut arraché & féparé dans fa
jointure avec l’omoplate, à caufe de la groffeur
du corps qui ne pût paffer où la roue ïa vo it
porté; Il fortit fi peu de fang de la plaie qu'on
n’eut befoin que d’un peu de charpie pour l’arrêter
, & l’enfant fut guéri en peu de tems.
Dans le cinquième Volume des Commentaires
de Médècine d’Edimbourg, on trouve auffi
l’hiftoire d’un enfant de trois ans & demi > qui,
eut le bras emporté par une roue de moulin. Le
Chirurgien, M. Carmichel, qui vit l’enfant une
heure après, le trouva prefque mourant, ayant
les extrémités froides, le pouls très-perit, & tremblotant
) & avec des convullions dans tout le côté
d ro it, il n’y avoit eu cependant prefqu’aucune
hémorrhagie Le bras étoit rompu à un pouce & demi
au-deffus du coude*, le moignon avoit l’apparence
la piushideufe , toutes les parties molles éîoirat
déchirées & contufes, l’humérus étoit dépouillé
jufqu’à la jointure, qui paroiffbit à découver.
Les mufcles & la peau étoient déchirés bien aur-
delà & en différens fens. On amputa ce qui reftoil
de l’humérus dans la jointure, ne laiffant des
chairs & des tégumens que ce qu’ il falloit pour
couvrir la plaie, & l’enfant fut guéri en deux
mois.
On trouve de même dans le II.e Voî. des
Mémoires de l’Académie de Chirurgie, l’hiftoire
d’une jambe arrachée dans l’articulation par une
roue de carroffe, chexun enfant de neuf à dix ans.
Cet accident, non plus que les précédens , ne
fut accompagné d’aucuie hémorrhagie j on amputa
la portion inférieure du fémur, qui avoit
été mife à nud , on emporta auffi les chairs
déchirées & contufes, & le malade guérit promptement.
M. Morand , qui a raffemblé quelques obferva-
tions du genre de celles qui nous occupent,
dans le deuxième Volume des Mémoires de
Chirurgie , en rapporte pïufieurs de doigts &
d’orteils arrachés par divers accidens, & qui
toutes préfentent à-peu-près les mêmes phénomènes.
En fe représentant, dit ce célèbre Praticien
, les bleffures produites par l’arrachement de
membres auffi confidérables qu’un bras ou une
jambe, il eft tout Ample d’imaginer que de telles
bleffures doivent mettre la vie du bleffé dans un
A