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ii favorable*, le Frère Jacques avoit mal réuffi
dans quelques opérations qu'il avoit faites depuis
.peu à Verfailles & à Paris ; néanmoins
cela ne parut pas fuffifant pour faire rejetter fa
méthode , & il fut arrêté qu’il feroit chargé de
la Taille dans les Hôpitaux. On lui confia à
l ’Hôtel-Dieu quarante-deux malades & dix-huit
à la Charité. L ’empreffement à voir opérer
fut extrême. Il n'y avoit pas de Médecin ni de Chirurgien,
qui n<T voulût afiifter à fes opérations;
il fallut des gardes pour empêcher la foule. De
ces foixante opérés, vingt-trois moururent, treize
lurent parfaitement guéris & encore apprit-on
enfuite que la plaie de quelques - unes s’étoit
r'ouvertes*, les-vingt-quatre autres relièrent dans
les Hôpitaux , les uns avec une incontinence
d’urine, les autres avec une fiftulè, & tous dans
un état de marafme & d’exténuation dont ils ne
revinrent pas. L'ouverture du cadavre de ceux
qui étoient morts, fit voir qu’aux uns la vefiie étoit
ouvert.e dans fon fond, aux autres que le col de
ce vifcère étoit entièrement féparé d’avec l’urètre;
é ue chez les femmes, le vagin étoit conftam-
ment percé en deux endroits oppofés, que le
reélum étoit fréquemment ouvert dans les deux
fexe s , & -que chez tous, il y avoit un délabrement
excelîif, fuites néceffaires du défaut de
guide pour le biftouri & pour le conduéleur
avec lefquels la veffie avoit été ouverte. Le Frère
Jacques affiftoit pour le plus fouvent à ces examens
& ne pouvoit difconvenir des conféquences
qui en réfultoient, contre fa manière d'opérer.
Cette précaution étoit d’autant plus utile qu’il
avoit accufé les Religieux & les Chirurgiens
de la Charité d’avoir fait périr fes malades
par des inftiumens qu’ils avoient pouffés dans la
veffie après l’opération*, ce qui lui fut reproché
par le Prieur de la Charité qui lui dit que de
pareilles inculpations étoient indignes d’un honnête
homme. ,
Les fuccès malheureux que le Frère Jacques
avoit e u , ne firent pas la même imprefiion fur
tout le monde*, Félix & Fagon jugèrent qu’on
pouvoit reétifier fon opération, & ils lui donnèrent
quelques avis dont il profita fans doute,
car ce Religieux tailla, en 1699,21 Aix-la-Chapelle,
environ foixante personnes dont le plus grand
nombre gué.tt. 11 revint paffer l'Hiver à Ver-
failtés chez Fagon qui le reçut dans fa maifon
& à fa table pendant ce tems, il lui fit faire
"un grand nombre d’effais fur les cadavres;. Du-
verney en faifoit la diflVétion, & quoiqu'il trouvât
la méthode du Frère Jacques fort fupérieure à
celle du grand-appareil, qui pour lors étoit feul
en u âge, il penfa comme Méry 1 avoir dit avant
J jj , qu’on pourroit la perfectionner en ajoutant
'une cannelure au cathéter, dont la forme folide
parfaitement ronde ne pouvoit diriger convenablement
le biftouri. Frère Jacques, docile &
raifonnable, faifit & approuva cette corredion. ■
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II fit faire de nouveaux cathéters & s'en fervfi
pendant tout le tems de fa vie. Il partir de nouveau
pour la Province, mais fans renoncer à Verfailles
où il tailla, pendant le Printems de 1701, trente-
huit calculeux qui guérirent. Fagon qui avoit 1*
pierre, ne put cependant fe réfoudre à fe mettre
entre fes mains, il fe fit opérer par Marefchal qui
le guérir. Alors le Frère Jacques dégoûté s'en
alla à ce qu’il paroît pour ne plus revenir; lorsqu'il
fut attiré de nouveau,en 1702,par le Maréchal
de Lorges. Vingt - deux calculeux raffemblés dans
l’Hôtel de çe Seigneur furent raillés par lui au
Printems dé cette année & guérirent tous ; mais
le Maréchal dont la vefiie ulcérée pleine de fon*
gofités & qui contenoit fept petites pierres dont
i’extraélion exigeoit un travail long & pénible
mourut le lendemain. Cet événement détermina
le Frère Jacques à paffer en Hollande où fes
fuccès durenrêtre fort grands,puifqu'il y fut gravé
trois fois ,& que les Magiftrats d'Amfterdam lui
envoyèrent à Bruxelles, où il étoit allé, une
médaille fur laquelle on voyoit fon portrait avec
cette infeription Pro Jervatis xivibus. L e revers
porte pour légende un paffage de Cicéron, agri
quia.nonomn.es convalefcunt, non iâcirco ars nulla
Mciicina efi. Faifant allufion par-là aux critiques
nombreufes qui s’étoient élevées contre lui.
La plus forte fans doute, parce qu’elle étoit W
plus raifonnable & la plus modérée, fut celle
que Méry publia en 1700* fous le titre d’Obfer-
vations fur la manière de tailler pratiquée par
Frère Jacques. Hunault, oncle de celui qui étoit
membre de l’Académie Royale des Sciences,& que
ce moine avoit eu oceafion de reeonnoître à1
Angers, entreprit de le venger dans un Ouvrage
orné de planches Anatomiques dont lui - même
avoit fait les deffeins„& qui contenoit la def-
cription de la méthode de Frère Jacques per-
fedionnée au point qu’il étoit sûr de couper
toujours les mêmes parties. Cet Ouvrage ne fut-
pas imprimé , mais Frère Jacques publia en
1702 , un petit Ecrit dans lequel il expofa fa
manière d’opérer & dont il n’a été tiré qu’un
petit nombre d’exemplaires. L ’hiftoire de cer
homme, fi intéreflant pour la Chirurgie, n’offre
plus rien qui puifle piquer la curiofité; il continua
quelque tems à mener la vie errante qu’il
avoit embraffée,& à exercer fes talens fur tous
ceux, qui fe pféfentoient fans en exiger ni même
en recevoir la moindre récompenfe.
A l’époque où le Frère Jacques paflà en Hollande,
Raw devenu depuis- très-célébre, donnoit
à Àmfierdam des- leçons- particulières d’Anaromie
& d’Opérations, & y prariquoit la grande Chirurgie
avec fuccès. Ce Médecin le vit opérer,,
& foit que le Frère Jacques eût déjà corrigé fa
méthode, ou que Raw connût les Obfervations
que Méry venoit de publier • il conçut qu’elle
devoit l’emporter de beaucoup fur le grand-appa«
r e il, & il fe mit à- en faire • des eliais fur des
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cadavres. Bien-tôî il fut en état de la pratiquer
fur les calculeux qui venoient fe mettre
entre fes mains. Jamais fuccès ne furent pareils
au fiens*, non-feulement il droit les pierres fort
aifément, mais il guériffoit tous fes malades. Sa
réputation devint étonnante, on fe rendoit de
toute part à Amfierdam, pour le voir & l’entendre
, il opéroit en préfence de tout le
monde, mais il ne s’expliquoit avec perfonne
fur fon procédé. Il n’étoit pas pofiible de le
pénétrer*, interrogé par fe^ élèves & par fes
amis, il répondoit que fa manière de tailler
étoit fon favoir faire, & qu’il ne pouvoit le
communiquer. Si on le preffoic davantage, Celfum
Ugitote étoit fa réplique ordinaire, & par elle
il donnoit à entendre qu’il enramoit les mêmes
parties que dans le petit-appareil. On a dit que
1540 malades opérés par lui font tous guéris,
& que jamais on a eu l’occafion d’ouvrir le
corps d’aûcun de ceux qu’il avoit taillés.
Les inftrumens dont il fe fervoit, étoient les
mêmes que ceux du grand-appareil, excepté le
cathéter dont la courbure étoit plus faillante &
le bec plus alon gé ,& fon lithotome q ui, renfermé
dans une chaffe mobile comme ceux qui
étoient d’ufage, avoit une forme plus alongée,
& étoit plus aigue.
Le malade couché à la renverfe avec un
oreiller fous fa tête, comme ceux du Frère
Jacques, & afliijetti par deux liens de quatre pieds de
long chacun, qui attachoient les poignets avec
le bas des jambes entre le mollet & le pied ;
Raw introduifoit le cathéter, en inclinoit le manche
vers l’aine droite, faifoit relever les bourfes,
& incifoit les tégumens à la partie inférieure du
périnée, commençant auprès du raphé, à un
pouce environ de l’anus & allant finir au bas &
à la partie interne de la tubérofiré de l’ifehium,
du côté gauche. Les grailles étoient coupées plus
profondément, après quoi Raw introduifoit le
doigt indicateur de la main droite dans le fond
de la playe, pour mieux juger de la pofition de
la fonde, & la replacer fi elle étoit dérangée. Reprenant
enfuite le lithotome, il recommandoit
au malade de refier le plus tranquille qu’il pourvoit;
& à ceux qui étoient chargés de le tenir,
de l’empêcher de faire le moindre mouvement;
& il portoit fon infiniment profondément dans,
ja playe , il incifoit fur la fonde & parvenoit
jufques dans la veffie. Alors il donnoit la fonde
a tenir, prenpit le lithotome de la main gauche
& gliffoit à fa fa\ .'eur un conducteur mâle;
|e litbotome ôté, ce conducteur fervoir à en
ïotrodnire un femelle, & il achevoit l’opération
comme il a été dit en parlant du grand-appareil.
On a long-tems préfumé que Raw parvenoit
au corps de la vetfie, fans en entamer le col &
jans couper la proftate; c’efi du moins l’avis d'Al-
hmus le pere, de qui loi) tient toux ce qu’on
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fait à ce fujet. Mais depuis on a penfé qu’il
devoit incifer le col de la vefiie comme on le
fait dans toute autre manière de pratiquer
par l’Appareil-Latéral. Raw ne s’en efi jamais
ouvert à perfonne , il efi mort avec fon fecrer,
& même fans avoir jamais rien publié* Son d'T-
fein, dès l’année 1707, étoit d’écrire ure D if-
fertation, intitulée : De negleâis quibuj'dam in oculo
& aure qu’il n’a point fait paroître; il y auroit
fans doute décrit l’apophyfe du manche du marteau
qui porte fon nom. On ne connoît de lui
que le difeours qu’il a prononcé à l’ouverture
des Ecoles, îorfqu’il fuccèda à Bidloo dans la
place de Profeffeur d’Anatomie & de Chirurgie
à Leyde.
Après la mort de ce Médecin, arrivée en 17 19 /
on fe mit à faire des tentatives de toute efpèce,
pour retrouver fa méthode ,* mais elles ne con-
duifirent point au réfulrat qu’on en attendoir.
Chefelden cependant étoit parvenu, à l’aide des
injeClions dont il rempliffoit la’ vefiie, à ouvrir
le col de ce vifcère. Ayant fait ufage de ce
procédé fur quelques malades, il éprouva bientôt
qu’il donnoit lieu à des infiltrations mortelles
dans le tiffu cellulaire du baftin, & il y renonça
pour toujours. Néanmoins il continua toujours
fes recherchés & fe convainquit enfin qu’en
opérant avec fes infirumens & fuivant Je procédé
de Raw décrit par Aibinus, on ne pouvoit
parvenir à la vefiie, fans incifer la partie
membraneufe de l’urètre & la proftate. II n’alla
pas plus loin, & n’eut plus d’autres defirs que
de remplir ce but avec facilité. L e couteau dont
il avoit coutume de fe fervir dans Le plus grand
nombre des autres méthodes, lui parut plus commode
que le lithotome aigu du Médecin Hol-
Iandois, & il lui donna la préférence. Il penfa
aufli qu’il vaudroit mieux fubftituer le gorgeret
aux conducteurs avec h précaution de changer
la forme du manche de cet inftrument, qui avant
lui repréfentoit une efpèce de noix, & qu’il fit
faire en manière d’ov a le , en même-tems qu’il
le faifoit incliner à gauche pour la faciliré de
l’introduClion des doigts & des tenettes dans la
vefiie.
Sa manière d’opérer étoit celle-ci : le malade
couché à la renverfe & Bien retenu, le cathéter
introduit dans la vefiie, Chefelden inclinoit le
manche de cet inftrument vers l ’aine droite
du malade , & le donnoit à tenir à un Aide qui
devoit l’empoigner fermement d’une main, pendant
que de l'autre il relevoit les bourfe« ; alors
tendant les tégumens du périnée avec le pouce
de la main gauche, il prenoit le couteau dont
la lame longue d’environ quinze ligne*, convexe
fur fon tranchant, concave fur fon d o s , étoit
fupporté fur une tige, d’un pouce de long & fur
un manche dé trois, & faifoit avec çeî infiniment,
qu’il tenoit à pleine main & fur le dos duquel
il étendoit le doigt indicateur, une inciüon obii