
Pour faire l’amputation des grandes
extrémités , on commence par couper
la peau & les chairs qui recouvrent les
os , que l’on divife enfuite avec la fcie , à
moins que Fqn né falî'é l’amputation dans
l ’article.
On s’êft fervi long-tems , & quelques
chirurgiens fe fervent encore du couteau
courbe ; la figure de cet infiniment
femble annoncer que c’e fi1 la feule qui
ptufiè convenir à ce couteau pour faire
promptement & cbmm'ôdéineflt la feâion
dont il s’agit'. On en étoit 'tellement prévenu
, qu’on attribuoit toujours au défaut
d’attention, l’inexa&itude de la coupe
des chairs , tandis que cela ne dépend
réellementquedel’infirument dontle tranchant
trop fin s’émoufîe promptement, &
n’eft plus capable que de divifer inégalement,
lorfqu’il relie encore environ le
tiers de la 'feâion des parties à achever.
Ce défaut de l ’inftrument a été reconnu
par les praticiens de nos jours; quelques-
uns , pour y obvier , ont donné plus
d’épailfeur à la lame fans rien diminuer
de fa largeur ; d’autres-, ont préféré le
couteau à la-lame duquel ils ont donné
une longueur fu-ffifaute , pour que la
feclion puifie fe faire en deux tours de
mains.
Le cit. Defini l t , qui n’a pas été’ des derniers
à reeorvnoître les nvconvchiens du
couteau courbe, lui a fubflitué celui à
poignard , f i g . 2 , dont la lame efi longue
d’environ douze pouces , fur huit à neuf
lignes dans fa plus grande largeur , tranchante
de deux côtés , avec une vive- ar- |
rête moufle fur fes faces & dans toute fa
longueur. Cette vive-arrète foïriye la plus
grande épailfeur de la lame & lui dotilië
de la forcé -; le tranchant efi moins mince
& ne s’émoulfe pour ainfî dire point • il
fait la feâion plus nette & plus égale que
celle" du couteau courbe. -
Quand on fe fort du couteau droit , on i
n’a point befoin de changer d’iriftrunient
pour couper les chairs entré les os , ni
pour tracer fur l’os le lieu où l’hn doit
faire agir la fcie , parce qu’il peut remplir
cet ufage , ce qui abrège en quelque
lotte l’opération. Cependant il faut le
d ire , -celui qui ne feroit point exercé
avec le couteau droit à deux tranchans,
cûurroit le rifque ou de fe blefler, ou
de faire une feâion qui ne feroit point
circulaire. Bien des chirurgiens préfèrent
le couteau d ro it, f i g . 3 , parce que la
lime n’ayant qu’un feul tranchant, il efi
plus facile à manier. Cette lame doit avoir
an moins onze pouces de longueur, fut
fix à fept lignes de large.
C ’efi d’ailleurs de ce couteau dont il faut
fe fervir, fi on veut faire l’amputation de
la cuifîe, félon le procédé deM. Alanfon,
chirurgien de Liv e rp o o l, en Angleterre.
On fait que le but de ce chirurgien efi,
i ° . de faire une plaie telle qu’elle puifie être
réunie par la première intention; 2 ° , que
le moignon forme un cône dont la bâfe.
réponde au-tronc, & que le moignon foit
recouvert de plus de peau & de moins de
chairs poffible, (V o y e z le procédé qui efi
décrit au mot A m p u t a t io n , de ce Dictionnaire.
)
Nous devons obferver que ces inflru-
mens doivent être plus courts pour l’amputation
de l’extrémité fupérieure. C ’efi
pour cela que dans les caifles il y a toujours
deux couteaux courbés, l’un grand,
& l’autre petit, &c, -
Le couteau interoflèux , f ig . 4 , efi encore
un infiniment que l’habitude a fait
çonferver. J .-L . Petit le rejette, & lui
préfère avec raifon , celui f i g . ƒ.
Les couteaux à tranchans convexes,
f ig . 6 & j , ont été propofés par leC , Braf-
dor pour faire l’amputation de -la jambe
dans l’articulation du genou , ou celle de
l’ avant-bras dans l’articulation du coude. La
lame du plus grand doit avoir enyiron fix
à fept pouces de longueur, fur environ
dix lignes de largeur. Le cit. Brafdor veut
q’ue les couteaux foient fermés comme les
couteaux de poche.
P l a n c h e X.
S u it e d e s in f ir u m e n s r e l a t i f i a u x a m p u t
a t io n s .
* F i g . I . La fcie ordinaire, a , a , a ,
l’arbre;, qui paroît compofé de trois branches
, une parallèle au feuillet, & deux
autres prefque tranfverfales. Le feuillet b ,
efi reçu & fixé par une petite vis à l ’ex-
rrémité de lalonguebranche tranfverfale c ,
qui fe trouve fendue dans fon épailfeur
pour la recevoir. La courte branche. efi
percée d’un trou pour recevoir la vis
à patte, <d, dans laquelle l’autre bout du
feuillet efi fixé par une vis. e , L ’écrou au
moyen duquel on tend le feuillet./, Le
inancheeftde bois&:taillé à pans. Ce man-
* che porte une petite avance recourbée, g ,
tournée du côté des dents de la fcie. Cette
courbure fert de borne à la main du
chirurgien.
F i g . 2 . Petite fc ie , appellée aufii fcie
d’horloger.
F ig . 3 & 4. Petite fcie'à main.
F ig . y. Petite fcie convexe.
Dans les caifiès d’inftrumens il y a
ordinairement deux ,-fcies; l ’une grande,
dont le feuillet a douze pouces de .longueur
l’autre moyenne , dont le feuillet
u’en a que. huit.
L ’ufage: de la fcie efi trop connu, pour
qu’il foit befoin de le décrire; mais nous
devons dire que quoique l’on ait bien examiné
& difpofé la fcie avant d’opérer, le
chirurgien doit toujours en ce moment ,
avoir l’attention de porter la main fur
l’écrou pour s’aflurer fi le feuillet efi bien
tendu : car il feroit fort défagréable de ne
s en appercevoir que lorfque i’infirument
efi,placé fur l’os, Ce n’eft pas fans raifons
que les maîtres recommandent cette prévoyante
attention; & pour en faire con
noitre toute l ’importance, on ne manque
jamais, d’inftruire les élèves de ce qui efi
arrivé, à Lapeyrpnie à cette occafion. Ce
chirurgien faifoit l’amputation , l’aide
charge de I t f i préfenter la fcie , foit par
mégarde ou par diftraâion, avoit détendu
le feuillet, deforte que II l ’opérateur n’eût
pas porté la main fur l ’écrou , il ne s’en
feroit apperçu qu’après avoir placé l’inftrument
fur l’os : aufii d’après cet événement
, toutes les fois que ce chirurgien
failoit quelqu’opérauon , il ne confioit
jamais 1e foin des infirumens , qu’à des
. aides fur qui il pût compter.
Une autre précaution qu’il efi encore
j bon de prendre, c’efi d’avoir deux feies ,
& à chacune un feuillet de rechange.
On a quelquefois obfervé , après
l’amputation de la cuifle fur-tout , que
les chairs trop rétraâées , laiffbient à découvert
l’extrémité de l’o s , & que cette
faillie augmentoit à mefure que la guéri-
lon du moignon avançoit , ce qui y met-
toit obftacle. Nous favons qu’un praticien
fort célèbre a fait trois fois la réfeâion
de l’os l'aillant à un homme dont il avoit
fait l’amputation de la cuiife ; opération
douloureufe en ce quelle néceflite toujours
une nouvelle feâion des chairs.
. On fait que Louis a examiné quelle
pouvoit être la caufe de cet accident qui
s ’oppofe, tant qu’il fubfifle, à la guérifon
du moignon , & qu’il a firopofé un procédé
particulier qui femble devoir fnettre
à l’abri de la faillie de l’os. Louis efi;
le premier qui ait fixé l’attention des
chirurgiens fur les caules de cet accident,
& qui les ait fait connoître ; & quand fon
procédé ne l’emporteroit point fur ceux
qui ont été. propofés depuis, c ’efi tou-
i jours à lui que l’on doit les lumières nouvelles
fur cet objet.
Il efi certain que les Chirurgiens étoient
fort embarrafies pour faire là réfeâion de
l’os faillant. Comme il n’a point alfez
de longueur pour être aflujetti par un
aide , la fcie ordinaire occafionnoit beaucoup
de fecouffes douloureufes ; la fcie à
main n’étoit pas plus favorable. Bertrandi
a eu l’idée de placer le bout ofleux fur un
chevalet, ce qui rendit l’ opération extrêmement
facile. Lafaye qui ne méçon-
npifîoit point l’utilité de ce chevalet,