
y a des médicamens qui fe diffipent fort promptement
, tels font les liquides, & particulièrement
les fpiiitueux; il y en a qui perdent promptement
leur vertu, tels font les digeftifs, les on-
guens, les embrocations, & c .; il y en a qui s’allèrent
& fe corrompent en peu de tems, tels font
les cataplafmes faits avec du lait -, il y en a dont
l ’effet eft fort prompt, & qui peuvent, par un
féjour trop long, endommager certaines parties
tels font les dilatans & les cauftiques prçmpts, &c.
Il faut donc, lorfqu’on fe fert de ces fortes de
remèdes, les renouveler fouvent. Il n’en eft pas
de même de ceux dont l’aâion eft lente, parce
que leurs parties ne fe développent & ne pénètrent
qu’avec peine, tels font les emplâtres. Il
fout leur donner le tems de faire leur effet.
Toutes ces confidérations font voir qu’on ne
peut point prefcrire, par rapport à chaque efpèce
de maladie, la longueur des intervalles qu’il faut
mettre entre les panfemens. Ce qu’on peut dire,
en général, à ce fujet, c'eft que le Chirurgien,
n’étant que le miniltre & l’aide de la Nature,
il doit tai prêter fon fecours toutes les fois quelle
en a befoin, & prendre garde de la déranger,
dans fes opérations, par un zèle immodéré, ou
par des Panfemens très - fréquens. Extrait des
Principes de Chirurgie , de la Paye.
PARACENTÈSE, ou PONCTION. Petite ouverture
qu’on fait à quelqu’une des cavités naturelles
du corps, pour en faire forrir un fluide
qui s’y trouve, épanché contre nature, ou qui s’y
trouve retenu en plus grande quantité que ne le
comporte l’état naturel de l’organe. Ce nom s’applique
plus particuliérement à l'opération qu’on
pratique fur les parois du bas-ventre; pour donner
un écoulement aux fluides qui s'amaffent fréquemment
dans fa c,aviré, en conféquence de di-
verfes maladies, & dont l’accumulation produit
la maladie connue fous le nom d’hydropifie af-
cite. Nous traiterons d'abord de cette efpèce de
Paracentèse-, nous parlerons enfui te de celles de
It poitrine & de la veffie, qui demandent fur-
t-Jiu notre coniidéiation.
De la Paracentefe du bas-ventre.
II s’exhale naturellement, & en tout tems”',
dans la cavité du péritoine, un fluide féreux,
deftiné à lubréfier la furface des inteftins & des
autres vifeères abdominaux. Différentes caufes
peuvent concourir à augmenter la quantité de ce
fluide au-de-Ià des befoins de l’économie; & lorf-
que cet effet a lieu, quel qu’en ait été le principe
, le gonflement qui en réfulte fe nomme
afeite.
Cette efpèce d’hydropi fie eft fouvent la conféquence
d’une affection générale du fyfiême &
fe manifefte conjointement avec l’anafarque; fouvent
anfli elle eft une maladie locale, dépendante
évidemment d’un vice des vaiffeaux abfoibans,
& particulièrement de leur compreffion par une
tuméfaélion de quelqu'un des vifeères abdominaux.
Les affeétions fquirrheufes du foie font
celles qui produifent le plus fouvent cet effet.
L ’on connoît qu’il y a un fluide épanché dans
la cavité du bas-ventre, par le volume de cette
partie, dont l’augmentation eft quelquefois énorme
par une fenfation particulière que les malades y
éprouvent, comme ft elle étoit fortement ferrée-,
par l’état de la refpiration qui devient difficile
& Iaborieufe, fur-tout lorfque le malad»eft dans
une pofition horizontale, & par la fluctuation
manifefte qui fe fait fentir, lorfque, tenant une
main fur un des côtés du ventre, on le frappe
de l'autre avec l’autre main. Ces fymptômes fuf-
fifent pour le diagnoftic, que confirmeront, dans
la plupart des cas, la foif, la léchereffi# de la
peau, la diminution des urines, les autre* tfirarc*
tères de fhydropifie.
Lorfque l’enflure s’étend également fur tout le
bas-ventre, l’eau, pour l’ordinaire, eft répandue
clans toute fa capacité,& entre tous les vifeères,
n’étant circonfcrire nulle part, que par le péritoine.
Souvent auffi elle fe trouve renfermée dans
différent kiftes ( voye% ce mot ) formés le plus
fréquemment dans l'un des ovaires-, & , en ce
cas, la tumeur quelle pccafionne, n’eft pas auffi
uniforme, la fluctuation auffi n’eft pas auffi dif-
tinéle que dam le premier cas, au moins lorfque
la maladie n'a pas fait encore de très-grands
progrès. Il faut obferver auffi que Fe degré de
confiftance du fluide épanché,, rend la fluctuation
plus ou moins difficile à appercevoiri Lorfque
ce fluide eft renfermé dans différens kiftes, il
eft fouvent épais & gélatineux; il l’e ft, en général,
beaucoup moins, & paroît même tout-à-fait
aqueux, lorfqu'ii eft uniformément répandu dans
toute lacavitédu péritoine. Quelquefois on trouve
un nombre prodigieux d’hydatide qui nagent dans
les eaux des afeitides. Voye\ Hyd a t id e s .
Quelle que puiffe être l ’efficacité des remèdes
diurétiques, & des autres évacuans, dans le traitement
des hydropifies générales, il eft bien rare
qu’ils foient d’aucune utilité dans les hydropifies
locales & enkiftées. Le principal objet du Praticien
doit donc être, en pareil cas, dtévacugr
les eaux épanchées par une opération chirurgicale,
en même-rems qu’il fera ufage des moyens médicaux
les plus efficaces, pour tâcher d’en difîi—
per la caufe.— Il faut avouer que ces tentatives,
pour opérer une cure radicale, même dans le
premier cas d’hydro-pifie afeite, dont nous avons
parlé, ont rarement du fuccès; cependant il n’eft
pas, fans exemple, qu'elles aient réuffi; & probablement
on en verroit plus fouvent de bons
effets,,fi l’on avoit recours à la Ponction plutôt
qu'on ne le fait ordinairement. Malis,en'gér
néral, on tarde beaucoup trop à faire ufage de
ce moyen*, les entrailles fouffrent d’une immer-
ûon trop long-tems continuée dans un fluide four
vent vicié-, & lés vaiffeaux lymphatiques perdent,
à la longue, leur faculté abforbante. Cependant
la Ponction eft une opération par elle-
même peu importante, fimple, facile à exécuter,
très-peu douloureufe, & qui n’eft accompagnée
prefque d’aucun danger, fi ce n’eft par les c<pn-
féquences qui réfultent de la longueur du mal,
& de l’état de foibleffe où il a jetté le malade -,
ce qui eft une nouvelle raifon de ne pas trop
différer d’y recourir. On devroit le faire dès
que la tenfion du ventre & la fluctuation ne
laiffent aucun doute fur la nature de latrtaladie,
fur-tout ft les premières tentatives, qu’on aura
pu faire avec des remèdes internes, [n’ont pas
paru promettre quelque luccès. On lit , dans le
4.e Vol. des Recherches & Obfervations de Médecine,
un Mémoire de M. Fothergill, qui démontre
les avantages de cette méthode, en s’appuyant
fur des faits. Lorfqu’une hydropifie afeite
commence à fe manifefter, ce Praticien, jufte-
ment célèbre, confeille d’attaquer le mal par
l’ufage des médicamens diurétiques, & des au-
très évacuans. et Mais, ajoute t i l , fi-, après avoir
fuivi quelque tems^ce traitement, on ne voit pas
que le malade fe trouve mieux -, fi les entrailles
ne font pas évidemment affrétées, de manière à
faire craindre quelles ne foient plus en état de
remplir convenablement leurs fondions -, ft la
maladie n'eft pas l’effet d’une longue habitude
d’intempérance; ft l’âge & l'état des forces n’ô-
tent pas tout efpoir, j’abandonne alors tout médicament
, excepté ceux qui font de nature à
reflaurer & à fortifier, & jeiaifle aller la maladie
jufqua ce que l’opéiation foit praticable, après
quoi je reviens à l’ufage des diurétiques, des
martiaux & des amers, afin de prévenir, s'il eft
poffible, par leur moyen, un nouvel'épanchement.
>3 Le même Auteur obferve qu’il n’eft
j)as très-rare de voir des hydropifies enk) fiées,
fe guérir radicalement par la PonClion, fans autres
remèdes.
Toutes les fois qu’il s’eft formé un amas con-
fidérable d’un fluide quelconque, en quelque
partie du corps que ce foit, mais fur-tour dans
le bas-ventre, où les liqueurs épanchées environnent
& compriment beaucoup de vaiffeaux
fanguins des plus important, on ne peut, fans
danger, évacuer très-rapidement ces fluides, à
caufe du changement qu’éprouve le fyfiême fan-
guin , lorfque quelques-uns de fes principaux
troncs perdent tout à-coup un foutien qui leur
étoit devenu habituel ou ceffent d’éprouver une
réfiflance à laquelle ils étoient > depuis long-tems,
accoutumés.
Quoi <ju il en loir de cette explication, le fait
certain; on a fouvent vu des défaillances,
« même quelquefois une mort fubite, à la fuite
Q évacuations de cette nature. Ces accidens fai-
oient regarder, chez les Anciens, la Ponction
lomme une opération très-dangereufe ; & > lorfqu’ils
y avoient recours, ils avoient foin de n._
laiffer fortiJr le fluide que p eu-à -peu, & à diffé
rentes reprifes, laiffant quelquefois un intervalle
d’un ou deux jours entre les différens tems de
l’opération. Mais ces fortes de précautions étoient
mal-entendues-, elles fatiguoient & fai foient fouf-
frir les malades-, & la fréquente introduction du
trocar occafionnoit fouvent des accidens inflammatoires,
& même la gangrène autonr des plaies.
L eD . Méad, réfléchiflant fur ce qui pouvoir
être la caufe des accidens qui font la conféquence
de l’évacuation trop fubite d'un amas confidéra-
ble "der fluides, fut conduit à effayer ce que la
compreffion extérieure pourroit faire pour les
prévenir; imaginant qu’il pourroit, par ce moyen,
luppléer à la preffion que les liqueurs épanchées
exercent fur les vaiffeaux fanguins. Le fuccès de
, ces tentatives juftifia pleinement l’opinion qu’il
en avoit conçue ; car, lorfque cette compreffion
fe fait avec les foins convenables, on peut, fans
aucun danger, tirer, auffi rapidement qu’on le
juge à propos, toute l’eau contenue dans l’abdomen
d’un hydropique ; mais il faut, pour cela,
comprimer tout le bas-ventre uniformément, 8c
proportionnément aux progrès de l’évacuation,
& maintenir cet état de compreffion plufieurs
jours de fuite. Le fimple bandage du corps ( Voy.
B andag-e ) fuffity pour l’ordinaire, pour remplir
cette intention. On en a imaginé d autres particulièrement
adaptés à ce but; nous renvoyons
aux Planches pour la defeription de celui qui
nous a paru le plus convenable. Il faut que ce
bandage foit allez grand pour couvrir tout l’abdomen,
8l conftruit de manière à en embraffer
également toutes les parties.
Les Anciens, & particulièrement Hippocrate,
ont propofé, pour le traitement palliatif de l’afiche
, l’application du fe u , des in cillons faites
en diverfes parties de l’abdomen, qu’ils n’ofoient
cependant faire pénétrer jufques dans la cavité
du péritoine, de peur de procurer une évacuation
trop prompte des eaux, dont ils avoient
reconnu le danger ; & d’autres moyens dont nous
ne nous occuperons pas, comme étant, avec rai—
fo n , tout-à-fait abandonnés par nos Praticiens
modernes. Le trocar eft aujourd'hui le feul inf—
; trament dont on faffe ufage dans cette intention.
L ’on préfère, en général, que le corps de cet
infiniment ait une forme cylindrique, avec une
pointe triangulaire; quelques perfonnes cependant
trouvent de l’avantage à lui donner une forme
applatie, & une pointe faite à-peu-près comme
celle d’une lancette ; mais peut-être cette dernière
forme eft-elle plus fujette à occaiionner des hémorrhagies.
Voyei T r o c a r >
Le choix de l’endroit où l ’on- doit faire fa
Ponction n’eft pas indifférent, quoiqu’il y ail
eu des Praticiens qui aient foutenu l’opinion
contraire. Ainfi, en plongeant l’infirumcnt vers
le milieu du bas-ventre t au-de^-ous du. nombri^.