
principes d’infeélion dans leurs propres foyers.
Boërrhave a été un des premiers à croire qu’ils
traverfoient les cellules du riffu adipeux, mêlé intimement
à leurs fucs *, & , pour donner une plus
grande apparence de vérité à fa théorie, il fe vit
forcé d’admettre cette membrane dans des parties
où l’on n’en trouve aucun vertige. C ’ert d'après
ces idées qu’il partit pour prôner la méthode fu-
dorifique qu'on a obfervée avoir d’aufii fâcheufes
fuites, quand on la mettoit indifiinélement en
pratique. Mais un fait qui renverfe totalement fon
fyflême , ert celui que lui oppofa le Doéleur
Aflruc*, lavoir, que la plupart des effets du virus
fe partent fur des parties dénuées de cette membrane.
On peut ajouter que les perfonnes les plus
grades font les moins propres à la propagation
des principes d’infeélion, ce qui ert prouvé par
l’expérience & l’obfervation. D autres ont cru que
ces principes fe portoiem dans la marte du fan g ,
an moyen d’une abforption veineufe, telle qu’on
l’admeftoir , il y a quelques années, dans les différentes
régions & cavités du corps où il fe fait une
réforption. On a cru que ces principes féjour-
noient dans les voies de la circulation, intimement
mêlés & combinés avec ceux, du fang & des
humeurs qui en dérivent. On a même été jufqn’à
dire que le lait, l’urine, la fueuren étoient imbues^
afferçion que nuis faits démonrrent être
vraie , quand ils font réduits à leur jurte valeur.
Un Auteur récent, croyant trouver un rapport
entre le fluide éleélrique & le virus, tant à raifon
de leur nature, qu’au mode de leur communication
, admet, pour la rranfmiffion de celui-ci, des
loix analogues à celle que fuit le premier de ces
fluides. Nous n’entrerons point dans des détails
fur cette nouvelle théorie, qu’aucun fait réel ne
confirme, & qui ert conféquemment bien éloignée
d’avoir le degré de fanélion qu’il lui faudroit pour
que nous l'admettions comme doélrine. Une plus
vraifemblable ert ceilequi attribue tout au fyflême
abforbanf. On fait que cet ordre de vaifleàux
charrie une cia fie d humeurs avec laquelle le virus
véroiique a la plus grande affinité, & fur laquelle
il opère de préférence, lorfqu’il ert laiffé à fes
propres a étions. On en a la preuve journalière
dans ce qui arrive lors de la formation du bubon,
à la fuite d’un chancre fur le prépuce , qu’on a
imprudemment combattu par des cathéréiiques
impuiffans. Le virus fe propage le long du corps
de la verge , jufqu'aux glandes inguinales, du
même côté du chancre, y développe une fphère
d'aélion dont les effets premiers font une flâfe
dans les fucs de la glande, & quelquefois même
leur épanchement dans les tiffus cellulaires d’alentour
, ce qui donne à la tumeur une étendue
qu’elle nauroit point, fans une pareille complication.
Cette propagation ert fouvent annoncée,
non-feulement par une douleur qui fuit la marche
-des lymphatiques de la Verge*, mais encore par
une efpèce de corde ou nodofité qui les accompagne
jufqu’à l’aine. On obferve le même ph£.
nomène, lorfque l’abforption fe fait par le mante.
Ion, chez une nourrice faine, ou par les lèvres
chez un enfant qui efl allaité par une gâtée. Il fe’
forme alors des tumeurs vers les angles de h
mâchoire ou aux aiffelles, qui offrent les mêmes
caraétères que les bubons à l’aine. Les principe
d’infeclion peuvent fuivre cette route des abfor-
bans, pour être mêlés à la maffe des humeurs^
mais bien-tôt ils (e féparent de celle-ci, dès qu’une
ou plufieurs fphères d’aélivitë, établies dans quel-
ques régions du corps , y attirent & fixent le
délétère d’une manière quia peut-être quelqti’ana-
logie avec le mécahifme des fécrérions.
Les phénomènes morbifiques qui fur viennent
alors, font très-variés, tant à raifon du degré
d’aélion du délétère , qu’à raifon de la fenfibiiité
des parties qui éprouvent fes effets. Ils paroiflent
communément fix femaines après l’abforprion du
délétère*, mais, chez quelques fujers, le rems efl
plus court *, on les a vu fe manifefler douze ou
quinze jours après, les mêmes circonftances qui
influent fur la première apparition des fymptômes,
ayant également lieu ici. Quand le foyer eft
unique & convenablement placé, ainfî qu’il arrive
quand le virus n’affeéle qu’ une feule glande qui
puiffe être enlevée, foit à l’aiffelle ou ailleurs, on
peut, en extirpant la tumeur, èxtirper également
la caufe de la maladie , comme M. Humer a eu
occafion de l’obferver *, preuve que ni le fang, ni
aucun des autres fluides des feerétoires ordinaires
ne font affeétés par le virus. Mais, le plus communément
, les circonflances ne font point telles,
les foyers font multipliés, ils'font plus ou moins
profondément cachés dans le fyflême, & s’y développent
plus ou moins rapidement. On rapporte
les changemens qui fe partent alors , à un genre
caché d’irritation , au moyen de laquelle les principes
d’infeélion recevant une plus grande acrimonie
, enflamment les vaiffeaux , & rendent leurs
humeurs un foyer plus propre à leur développement
, en les converti fiant en p u s , ou en une
matière qui en approche.
L ’obfervation conflate que l ’extérieur du corps,
comme étant la plus expofée aux variations de
température de l’atmofphère, ert auffi la région
qui commence à être la première infeétée. Ainfi,
après la .disparition d’une gonorrhée négligée,
d’un bubon répercuté, l’ on voit fouvent des pustules
ou des dartres paroître à la peau, & offrir
tontes les marques de celles qui dérivent d’une
infeélion vraiment vénérienne. Les mêmes dé-
fordres ont fouvent lieu fur les furfàces intérieures,
celles qui étant continuellement arroféci
par des humeurs muqueufes, n’en font que plus
propres à retenir & fixer le délétère : c’eft ce qu’on
obferve fouvent fur les amygdales , les narines, b
palais, la luette & le larynx, q u i, quand ils font
le liège de l’infeclion , éprouvent bien-tôt l,ne
très-rgrande déperdition de fubftance. Ses ^ elt
{or ce dernier genre de parties, font d’abord une
rougeur, mais qui ne participe point du genre
inflammatoire *, la douleur ne fe fait point fentir j
le pus fe forme , & il s’échappe déjà, qu’à peine
fis malades fe font plaints de quelques incommodités*,
l’ulcération fuccède bien tôt, & elle continue
d’être fans intuméfaélion *, fa furface ert fa le,
blanchâtre, & fes bords acquièrent une dureté
qui s’étend peu au-delà y ils Jont déchiquetés &
irréguliers. Lès dartres & purtules vénériennes
font plus long-rems à fe former. Les premières
commencent par une tache plus ou moins rougeâtre,
fouvent bigarrée, qui d’abord n’occupe
que l’épiderme, & q u i, enfuite, pénètre plus
profondément dans le corps de la peau , & la fait
tomber par écailles allez épaiffes : les purtules
paroiflent d’abord comme un petit bouton dont
la bafe ert beaucoup plus rouge que le Commet,
qui ert, en quelque forte, tranfparent. Dès que
celui-ci s’eft rompu, l’humeur vifqueufe qui en
fort s’épaiffit & forme croûte*, la bafe s’étend ,
s’épaiffit, & il continue à s’en détacher des écailles
de couleur cuivrée, jufqu’à ce que le fond ulcéré :
foit entièrement à découvert. Il n’eft point rare
qu'à cette époque , les ongles tombent, ainfi que
les cheveux : ce phénomène a particulièrement
lieu chez les fujers d’une frêle confiitution, & qui
n’ont rien fait pour arrêter le cours de la maladie.
A ce premier ordre de fymptômes, en fuccède
un autre qui fiége particulièrement fur le période
& les membranes qui entourent les articulations.
M. Humer les regarde comme indiquant le fécond
degré de la vérole $ il fuccède à la difparition des
premiers fymptômes, quia quelquefois lieu fpon-
tanément, fans que les malades aient rien fait
pour en cnerver la caufe. Quand le fiége du mal
efl à la tête, dans le canal auditif, il s’en fuit
fouvent une furdité complette , & , d’autres fois ,
une fiippuration accompagnée de douleurs violentes
dans l’oreille du même côté, & même par
toute la tête. Mais, quand te mal occupe les extrémités,
' les apparences qui ont lieu paroiflent avoir
une identité avec celles qui font fomentées par un
principefcropbuleux. D’autres fois, elles fembbnt
plus tenir de la nature du rhumatifme chronique,
avec néanmoins cette différence, obferve M. Hunier,
que, dans cette maladie, les jointures font
moins fujettes à être affrétées que dans le rhumatifme.
Lorfque le mal occuppe le périofte, la
tumeur à laquelle il donne lieu,offre l’apparence
d un vrai gonflement de l’os j elle ert dure & infiniment
unie avec lu i, comme le feroit la matière
d’une exoftofe. Quand la matière travaille, le pus
qui en réfulre, ert moins un vrai pus qu’une matièreépaiffe,
vifqueufe, entremêlée de quelques
portions fuppurées qui viennent des parties environnantes
qui avoient contracté inflammation. En
pareil cas, les ,tégumens deviennent peu-à-peu
parties de la tumeur *, ils fe collent & deviennent
moins mobiles fur elles j ils s’enflamment même
quelquefois \ mais ce n’efl jamais que fecondaire-
tnent. Lorfque les chofes fe pafllnt ainfi, la douleur
furvient, & même elle ert quelquefois portée
à un très-haut point. Les douleurs , obferve
M. Humer , font ordinairement périodiques,
c’eft-à-dire qu’elles ont leurs exacerbations, étant
communément plus violentes pendant la nuit, ce
qui ert commun à d’autres douleurs *, particulièrement
celles de l’éfpèce rhumatifmale, avec lef-
quelles les vénériennes ont beaucoup de rapport.
Les douleurs q u i, par elles-mêmes , font décidément
vénériennes, ne font cependant point un
figne pathognomonique de la maladie, par la raifon
quelles peuvent également avoir lieu dans les
affeélions d’un tout autre genre.
Enfin, un dernier ordre de fymptômes, ert celui
qui indique une afféélion profonde dans la fubftance
même des o s } telles font les douleurs qu’on
appelle les ofiéocopes, & qui font le prélude
d’une exoftofe , d’une carie, ou d’ une telle altération
de l’o s , qu’ils fe carter.t fouvent auffi facilement
que le verre, ou qu’ils fe convertiffent en
une fubflance qui a toute l’apparence de la chair.
Comme ces fymptômes ont fouvent lieu dans des
circonflances où l’on ne peut nullement fufpeéler
la Vérole, ils deviennent', par cela même, autant
de lignes équivoques de l’ infeélion , ainfi qu’on a
occafion de l’obftrver dans la pratique journalière,
notamment chez ceux q u i, étant intéreffés à cacher
leur état, font tout ce qu’ils peuvent pour
faire prendre le change à cet égard.
Mais tels diftinéls que paroiflent fouvent les
fymptômes dont nous venons de faire l'énumération,
il leur arrive fréquemment de fe confondre,
& de paroître en même - tems chez un grand
nombre de fujets, fnivam que les parties font
plus ou moins portées à fubir les effets du délétère
mis en circulation. Ainfi, l’on voit, pendant
que la maladie fe manifefle dans fon premier période
, par des purtules ; des condylomes, des
poireaux ou des choux - fleurs , des tophus, des
périortofes, & même de vraies exoftofes fe former,
& parcourir trè — promptement Uurs tems, ce qui
n’arrive cependant que dans des circonflances fort
rares, & qu’ on (Tourroit rapporter à une fpéci-
ficité particulière d’organes, plutôt qu’à un ca-
raélère différent du virus, ainfi que quelques-uns
l’ont cru.
Il ert rare que les fymptômes que nous venons
d’énoncer | parcourent leurs tems fans intéreffer
quelques-uns des vifeères renfermés dans les principales
cavités. Les mêmes eau fes qui ont donné
naiffance aux foyers qui paroiflent à l’extérieur ,
peuvent également les fufeirer.intérieurement, & ,
par-là, produire des effets morbifiques dont quelquefois
on efl bien éloigné de connoîrre la véritable
caufe, quand on néglige d’infifter fur les
circonflances qui pourroient donner lieu à un bon
diagnofiie. Les vifeères du bas-ventre & de la
poitrine font alors ceux qui éprouvent le plus