
coupé net avec les mufcles & les tégumens qui
le couvroient, en forte que ce bras ne tenoit
qu'à une bande de peau , de la largeur d'un
pouce , fous laquelle étoit le cordon des vaif-
feaux. M. de la Peyronie tenta la réunion, bien
perfuadé qu’il feroir toujours à tems d’ôter le
membre, fi le cas le requéroit. Il mit les deux
extrémités de l’os divifé dans leur fituation naturelle
} fit plufieurs points de Suture , pour la
réunion des parties molles, & appliqua un bandage
capable de contenir la fraéture*, ce bandage
étoit fenêtré, vis-à-vis de la playe, pour la facilité
des panfemens. On employa pour topique
1 eau-de-vie avec un peu de feLammoniac^ dont
on fomenta auffi Pavant - bras & la main qui
étoit froide, livide & fans fentiment} on parvint
à rappeller la chaleur naturelle •, on panfa la
playe. Le huitième jour, l'appareil en fut levé
par la fenêtre du bandage ; le quatorzième jour
on leva le fécond appareil, & la playe parut
difpofée à la réunion. L e dix-huitième la cicatrice
fe trouva avancée, la partie prefque dans
fon état naturel, & le battement du pouls fen-
fible j alors, M. de la Peyronie fubfiitua un bandage
roulé au fenêtré ; on eut foin de lever
l’appareil de dix jours en dix jours ; au bout
de cinquante jours on l’ôta entièrement > & au
b ourde deux mois, le malade fut entièrement
guéri, à un peu d’engourdifiement près dans la
partie. On doit conclure de cette observation,
quil faut tenter la réunion, quelque grande que
foit la playe , & qu’il n’y a point d’inconvénient
à l'eflayer, pour peu que la confervation
d'un membre foit vraifemblable.
^ Les Chirurgiens modernes font beaucoup moins
d ufage de la Suture que les anciens, fur-tout
depuis la Differtatiqn de M. Pibrac fur ce fujet,
inférée dans le troilîème volume des Mémoires
de l’Académie de Chirurgie. Ce Praticien judicieux
& éclairé, s’élève contre cette méthode
de réunir les playes qui , fuivant lu i, ne devroit
jamais être mife en pratique que dans les cas
ou il feroit abfoltiment impoffible de maintenir
les lèvres de la playe rapprochées par la fituation
& à l'aide d'un bandage méthodique*, cir-
conftances , qu il préfente comme extrêmement
rares, & quil pa'roît même regarder comme ne
pouvant jamais avoir lieu. Il parle des Surures
comme rempliflanr rarement l’intention du Chirurgien,
q u i, dans la plupart des cas où il les
emploie, fe voit obligé d'y renoncer avant d’en
avoir obtenu Teff.r defiré,- il croit quelles Ton r
en général plus nuifibles qu’utiles à la réunion
des playes , & , que lorfqu’elles réutfiflenr le
mieux , elles ne procurent pas une guérifon
plus prompte qu’un bandage bien fait. Il cire
beaucoup d’obfervations de playes très-étendues
de l'abdomen, du col , &c. où le bandage avoir
fuffi pour la guérifon, même dans plufieurs cas
où les points de Suture avoient manqué, & coupé
les chairs comprifes dans l'anfe du fil. M. louis
avoir adopté la même doélrine & a publié une
Diflertation dans le 4.® volume des Mémoires de
l'Académie de Chirurgie , où il s’attache à prouver
que la réunion du bec-de-lièvre réufiït mieux
avec le bandage unifiant que Iorfqu’on la fait au
moyen des aiguilles. Voye\ Bec- de-Lièvre.
Mais, quoique perfonne ne puiffe contefier que
le bandage, aidé fur-tout de la Suture sèche,
ne puiffe fiiflire dans le plus grand nombre des
ca s , & que ce moyen ne foit infiniment préférable
à la Suture, toutes les fois qu’on a lieu de
fe flatter qu’il réuffira, on ne peut nier qu’il
n’offre beaucoup moins de fécurité pour contenir
les bords des playes dans la pofition con*
venabie', & qu’il ne demande bien plus de
dextérité que la Suture pour affurér, par fon
application , la guérifon dés playes.
SYMPHYSE (feétion de la ) . Suv^ovJ'poTo/m,
Synchondrototnie. Severin Pineau étoit perfuadé,
il y a plus de deux cens ans, que l’accouchement
ne pouvoir fe faire qu’au tant que les Symphyfes
cartilagineufes des os du baffin , en fe relâchant,
prenoient plus d’étendue, & ainfi agrandifloient
la capacité totale de cet efpace. Dans cette perfua-
fion , quand le travail traînoit en longueur, il
recouroit aux bains , aux lotions émollientes,
anx corps gras & nnkiiagineux , dans l’intention
de fubvenir à la Nature, toutes les fois qu’elle
étoit lente dans fes opération?. Voye\ fur ce relâchement
dès Symphyfes, ce que nous en avons
dit à l’article Bassin. Il n'y avoit qu’un pas à
faire de cequ’avoient dit les Anciens, à*la feélion
de la Symphyfe des pubis, & ce pas ce;fur M.Si-
gàult, Médecin de la Faculté de Paris, qui le fit.
Sans doute il s'y détermina d’après la ieéiure de
Severin Pineau *, c a r cet Auteur eft on ne peut
plus clair, dans le paflage qui a trait à cette
matière. Après avoir parlé des précautions que
la Nature a prifes dans la ftrnclure delà tête du
fétus, pour aider à l’accouchuûent, il s’étend
furies grands avantages de l’écartunenr des os
du baffin, & dit expreffément que , non - feule- ’
ment les Symphyfes peuvent être dilatées, mais
même encore êrre coupées avec, toute fureté. Si
enim, dit - il , naturel ojja capitis non perfecerit
in utero, neque futuras ullas efinx'ènt, ut de -
flexis ojjihus & utcumque comprejjo capite foetus
enixii fàciliiis expellantur utero exeantque foras ;
quanto rriagis in dilatandis maternis ojjibus fagax,
& provida eadem erit , contra eorum opinionem
qui ijia ojfa ddatari negant. Preetereà ignobiliores
partes nobilioribusfèmper miniflrant & obfequuntur,
neenon continentes feu externes non tantum dilatari,
Jed etiam fecari tuto poffunt ut internis fuccuratur
ut Gaîenus ait. A t nemofane efl mediocriter in Me-
decina verfatus qui non noverit pueros in utero
cohtentos multo nobiliores effe maternis ojfibus,
pelvim , ut vulgo loquimur, conjiituentibus. Que
M. Sigault ait eu ou non le mérite d’inventer
cet opération, on ne peut lui contefier le cou-
raaç de l’avoir mis le premier en exécution.
Auffi le fuccès qu’il e u t , dès la première tentative,
lui valut - il une récompense du Gouvernement
& les diftinéHons honorifiques de fon
Corps. La Faculté de Médecine de Paris dont il
étoit Membre , fit frapper en fon honneur une
médaille d’or , qui , d’un côté, repréfente le
Doyen de l’année , & de l’autre i'infeription
fuivante: Seâio Symphys. OJJ. Pub. Lucinà nova
ann. 1768 , invenit , & propofuit 1777 ; fe ci c fé liciter
J. R • Sigault D. M. P . Juvit Alph. Le Roi
V. M. P.
M. Sigault, en préfentam fon opération, ne
la propoloit que dans des cas extrêmement rares,
où la mauvàife conformation du balfin ne laiflbit
d'autres reflources que l'opération céfarienne, &
à dire vrai, le fuccès dont on s’en flattoit,en pareil
cas, devoit lui donner la préférence fur cette
dernière. Mais dans une découverte qui fait honneur
& qui mène à grands pas vers la réputation ,
& néceffairement enfuite à la fortune, il eft
difficile de fe tenir dans les bornes d’une pré-
cifion raifonnée, on empiète toujours fur ce
qui peut lui donner plus de confiftance ; & de-là
l’attrait qui porta M. Sigault & fes adhère ns à
fubftituer leur nouvelle méthode à une patience
raifonnée, à l’extraélion par les; pieds ou au *
forceps même qui enflent expofé la mere , &
même fon enfant à de bien moins grands acei-
dens. Ils voyoient par-tout des accouchemens
interminables par les moyens connus , parce
qu’ils avoient une nouvelle méthode qu'ils cher-
choient à meure en pratique*, en forte que, dans
l’efpace de quatre à cinq arts, Pon fit plus de
feétions de Symphyfes, qu’on avoit fait d'opération
céfarienne en vingt ans-,, & même plus. La
fimplicité du procédé , la facilité des parties
coupées à fe réunir , tout devenoit un motif
d’exclufion de l’opération céfarienne, & de la
préexcellence de la nouvelle méthode fur celle-ci.
Mais cette méthode a - t - e l l e réellement les
avantages qu’on lui attribue? On ne peut fatis-
faire à cette queftion que par des expériences,fur
le cadavre, dont le réfultat foit pefé d’après un
examen le plus fcrupuleux. Voici celui qu’on a
eu après piufieurs effais. La feélion faire fur un
baffin dont le détroit fupérieur n’avoit que trois
pouces & un quart de petit diamètre, & cinq
pouces de largeur tranfverfalement , à peine
eut-on écarté les parties divifées de l'étendue
dun pouce, qu’une des Symphyfes facro-iliaques
parut s’entr'ouvrir d’une ligne & demie,& l'autre
d'une ligne feulement. On porta l’écartement des
pubis jufques à deux pouces & demi *, mais,
avant qu’il fur parvenu à ce point, le période
des Symphyfes facro-iliaques fe détacha,& d’afifez
loin, &. leurs ligamens antérieurs furent déchi-
r« , quoique l’écartement de l’une n’augmentât
pas de cinq lignes, & celui de l’autre de trois
feulement. Dans une autre expérience fur un baffin
de quatre pouces fept lignes de petit diamètre,
& de quatre pouces trois-quarts dans l’autre fens,
les pubis ne purent s'écarter de vingt-&-une
•lignes r fans que le période ne fût également détaché
des Symphyfes facro-iliaques, & ne fe fût
déchiré un pouce au-devant d’elles. Les Symphyfes
en réouvertes au point d'admettre le bout
du doigt, s’écartent dans la fuite, de manière à
recevoir librement le bout du pouce.
Dans ces expériences, on a trouvé une variété
dans l’accroiffement du badin à laquelle on étoit
loin de penfer, quoique l ’écartement des os pubis
fût toujours de deux pouces & demi. Dans la
première, la diftance naturelle de l'angle du pubis
droit au centre de la ligne du facrum s’eft augmentée
de cinq lignes feulement & le diamètre
tranfverfal s'eft agrandi de dix lignes. Dans
la fécondé, l'angle de chaque os pubis s’eft éloigné
de cinq lignes cju centre de la faillie 'du
facrum, & l’accroifiement du diamètre tranfverfal
a été la même que dans le premier. Le diamètre
tranfverfal du détroit inférieur s’eft augmenté
beaucoup plus que celui-ci du détroit inferieur,
& le haut de l’arcade du pubis s’eft élargi prefque
toujours dans les mêmes proportions que les os
fe font écartés. Dans des expériences faites à 1 Hôtel-Dieu de Paris, on a remarqué qu’un
écartement d’un pouce entre les pubis, n’a donné
qu’ une ligne & demie de plus au petit diamètre
du détroit \ qu’il a fa llu , dans un autre cas ,
porter cet écartement à neuf lignes en fus, pour
en obtenir le même produit, tandis que ftx lignes
d’ouverture fur un troifième baffin, ont donné
ce réfultat, & qu’un écartement de deux pouces
& un quart ne produifit que trois ligues & demie
chez une autre femme.
Il eft conflant, d’après le réfultat de toutes les
expériences tentées à ce fujet, que le petit diamètre
du détroit fupérieur, qui eft celui qui met
le plus conftamment obftacle à l’accouchement,
ne peut s’accroître que de quatre à ftx lignes
au moyen d’un écarteme-nt de deux pouces &
demi delà part des os pubis. Ce qui, dit M. Bau-
deloque, ne fauroit , dans tous les cas , faire
ce fier la difpro portion qui exifte enfre ce diamètre
& celui que la tête de l’enfant doit y pré-
fenrer, quand même on pourroir, fans inconvé-
nièns, obtenir cet écartement de deux pouces &
demi fur le vivant. Mais, pour mettre plus la
chofe en évidence , fuppofons avec l’Auteur que
nous venons de citer, un baffin dont l'entrée n’a
de petit diamètre que quatorze à quinze ligres,
tel qu'il eft repréfenté dans la Planche relative à
cet article, & admettons qu’au moyen d’un écartement
de deux pouces & demi, les angles des
os pubis s’éloignent de neuf lignes au-delà de
leur diftance naturelle du centre de la faillie du
facrum , ainfi qu’il eft reprélenté dans la Planche
citée. Admettons, comme il le d i t , que le petit