
en placer une à chaque angle, quelque peu cou«
fidérable qu’il foir.
Il faut être très-attentif, en faifant une Suture,
à ne percer la peau qu’à une diltance convenable
du bord de la playe; car, fi les fils ne renferment
pas une épaifleur de chairs à peu-près
proportionnée à la profondeur de la blefiure , &
à la force de rétraction que l’on peut attendre,
ils couperont les parties qu'ils font defiinés à
contenir. Quelques Chirurgiens confeillent de
percer la peau à une difiance des bords de la
playe égale à fa profondeur. Mais cette règle ne
fauroit être admife dans la pratique. Dans une :
playe, par exemple, qui auroit trois ponces de
profondeur , il ne peut y avoir aucune nécef-
fité de paffer les ligatures à trois pouces de fes
bords. D'un autre côté, dans les cas de blefiures
fnperficielles, il arrive quelquefois que l’on eft
obligé de mettre la ligature à une difiance du
bord plus'grande que celle delà fui face au fond
de la playe. Il n’y a prefque aucun cas où cette
difiance puiffe être moindre de demi-ponce, &
dans prefque tous, il fuffira de lui donner un
pouce , même dans les. playes les plus con-
fidérables.
On comprendra facilement que la grofleur des
Aiguilles, & la force des fils doit être proportionnée
à la profondeur de la playe, & à la force
avec laquelle les parties tendent à fe retirer. O»
verra, dans les planches, la forme & la grofleur
des Aiguilles que l’on a coutume d’employer.
Voyei A iguille. Les fils doivent être un peu
moins gros qu’il ne faudrait pour remplir exactement
les chas des Aiguilles. Dans le but de
les rendre plus faciles à introduire & moins fuf-
ceptibles de fe pourrir, & en même-tems afin
de pouvoir leur donner plus aifément une forme
applatie qui les empêche de couper les chairs
suffi facilement que s’ils étoient ronds, il faut
avoir foin de les bien garnir de cire avant de
s’én fervir.
Lorfqu’on a pafle foutes les ligatures dont, on
a befoin, on rapproche avec beaucoup de foin
les bords de la playe, & on les fait foütenir par
un aide dans la pofition convenable, jufqu’à ce
qu’on ait noué tous les fils, de manière qu’ils
ne puiffent plus fe relâcher y il importe peu que
l ’on commence par ceux qu'on a mis au milieu
de la playe , ou à l’un des bouts. En faifant le
noeud , on pafle ordinairement le bout du fil fieux
fois dans la première anfe qu’on a formée pour
lui donner plus de folidité, & l ’on dit que le
noeud étant fait de çette manière, un feul fnffit
à chaque ligature ; mais, comme il eft fort aifé
d’eu faire un fécond , & comme par ce moyen
on empêche abfolumçnt que la ligature ne puiflfe
fe relâcher, on ne devrait jamais négliger cette
précaution. Quelques Chirurgiens font dans Tillage
de mettre un peu de charpie entre le premier
& le fécond noeud , ou entre la peau & le premier
noeud pour défendre les parties qui font au-defTong
& que leur compreffion pourrait blefler; mais
ces précautions ne fervent pas à grand’-chofe •
&, comme elles peuvent empêcher que les noeuds
ne fe faflent avec route Texaêlitude néceffaire, il
vaut mieux les abandonner tout-à-fàir.
Quelques Praticiens,confèillent de ne pas faire
les noeuds fur les bords même de la playe, mais
à l’un des côtés, fur la peau faine. Quiconque
cependant aura effayé les deux méthodes, fe
fera bien-tôt apgerçu que cette dernière ne doit
point être préférée ; car les bords de la playe
ne feront jamais loutenus ,aufti également que
lorfque Ton aura fait les noeuds exactement fur
le lieu de leur réunion*
I I . De la Suture enchevillée.
Comme la Suture enchevillée eft encore en ufage
chez quelques Praticiens, nous croyons devoir
en décrire le procédé.
Dans lés blefiures profondes accompagnées
d’une rétraCtion forte dés mufcles, il faut toujours
prendre la précaution d’aider à l’effet des
Sutures, par des bandages placés de manière à
contenir,autant qu’il eft poftîble,lçs parties divi-
fées. Mais,malgré tous les feçours de cette nature,
il arrive quelquefois qu’on ne peut maintenir en
conraCt les bords de la playe, les chairs fe retirent
plus ou moins, & les ligatures coupent les parties
qu’elles doivent feulement embraffer.
Afin de prévenir cet écartement dts bords de
la peau, & fies autres parties, il y a long-tems
qu’on avoit propofé de joindre à la Suture entrecoupée
une chpfe que l’on regard oit comme très-
propre à foütenir les parties y c’étoièm des tuyaux
déplumés, ou des rouleaux de quelque emplâtre
de la même forme. On plaçoit un de ces rouleaux
de chaque côté fie la playe, l'un étoit paffé dans
une anfe de la ligature , & le noeud fe faifoit fur
l’autre, au lieu de fe faire fur les bords de la
playe comme dans la Suture entrecoupée.
On voit cependant, du premier coup-d’oeil, qu’ici
les figarures doivent exercer fur les parties quelles
renferment la même preffion que dans la Suture
entrecoupée; & cela étant, il eft également
évident que Tinrerpofition de ces rouleaux ne
peut être d'aucun ufage, Aufti cette efpèce de
Suture n’eft’-elle'que bien rarement employée,
& il eft probable que Ton ne tardera pas à l’abandonner
tout-rà-faif.
III. De la Suture du Pelletier.
Cette Suture eft ainfi nommée, parce qu’elle
reffemble à celle dont ori fe fêrt pour côudre des
gants. Comme elle eft extrêmement fimple &
très->généralement connue, nous ne la décrirons
I pas d’une manière bien particulière. Nous nous
1 contenterons de dire qu’elle confifte en une fin*6
S U T
de points liés les uns aux autres, continués en
forme de Spirale oblique autour des bords des
parties que Ton a intention de rapprocher.
V On a généralement employé cette Suture pour
les blefiures du canal inteftinal; mais la Suture
entrecoupée remplit mieux, & avec moins de
danger, l’intention qu’on fe propofe dans leur
traitement ; & comme on n'en a jamais fait
ufage que pour ces fortes de cas, il eft très-
vranemblable qu’on l’abandonnera bien-tôt ainfi
que la précédente.
IV . De la Suture entortillée.
On entend par-là cette efpèce de ligature qui
fe fait au moyen d’un fil paffé à plulieurs re-
prifes aurour des extrémités d’une aiguille, qu’on
a fait pénétrer auparavant au travers des bords il
des parties divifées, de manière que fes deux
bouts, /oient hors de la peau de part & d’autre.
Cette Suture s'emploie ordinairement pour opérer
la réunion des parties dans les cas de bec-
de-lièvre , & c’eft prefque le feul ufage qu’on
en ait jamais fait. Voye[ Bec- d e - Lièvre.
Cependant on pourroit s’en fervir très-utilement
dans une multitude d’autres occafions, particu,-
lièrement dans toutes les divifions artificielles ou
accidentelles des lèvres ou des joues. C ’eft encore
elle qu’on doit préférer dans toute efp.èce de
blefiure des autres parties qui n’a pas beaucoup
de profondeur, & où cependant il eft néceflaire
de faire une Suture.
Dans les cas de blefiures très-profondes, l’on
peut nommer ainfi toutes celles qui ont plus d’un
pouce & demi de profondeur, la Surure entrecoupée
eft la feule admiffible; car ici Ton ne
pourroit, ni introduire, à une aflez grande
profondeur, les aiguilles néceflaires pour la Suture
entortillée, ni les garnir de fils de manière
à réunir efficacement les parties divifées,
fans faire beaucoup fouffrir le malade. En pareil
cas, s’il faut une Suture, on n,e peut avoir
recours qu’à la Suture entrecoupée. Mais il eft
bien rare de voir des blefiures aufti profondes
qui requièrent ce fecours ; le plus grand nombre
de beaucoup de celles où il eft néceflaire
font de nature à admettre l’ufage de la Suture
entortillée. Quand cela fe trouve ainfi, il ne faut
jamais héfit.er à la préférer, comme ayant Tavan-
tage, même fur la Suture entrecoupée ; pour contenir
les parties divifées. Les aiguilles employées
dans cette opération, doivent être plâtres ,de manière
qu’elles ne puiffent pas couper les parties
dans lesquelles on lésa fait pénétrer, comme
font fquvent les ligatures qu’on emploie pour
la Suture entrecoupée. Par ce moyen, on fe
met efficacement à l’abri des plus grands in-
convéniens de cette dernière efpèce de Suture ;
tout Praticien doit s’être apperçu que dans
es cas de blefiures .profondes des parties muf-
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cultures, où la force de rérraélion eft confidé-
ra b le .le s ligatures, qu'on emploie pour empêcher
iécartement des bords, viennent prefque
toujours à les couper avant qu’ils ayent pu fe
réunir, tandis que la forme piaffe des aiguilles
fur lefquelles s'exerce toute la compreffion des
ligatures entortillées,eft un sûr préfervaiif contre
cet accident.
On a coutume de faire ces aiguilles en argent,
& , pour les introduire plus ëciiement, on a
cru devoir y ajouter des pointes d’acier. Cependant,
comme il eft poflible de faire des aiguilles
d or fuffifamment pointues, les pointes d’acier
deviennent parfaitement inutiles, & , comme
l ’or eft plus propre que l’argent, en raifon de
ce qu’il ne contraéle pas aufti facilement cette
efpèce d’enduit que l’immetfion dans les fluides
produit fouvent fur ce dernier, il vaut mieux
les faire de ce méral.
Pour faire cette opération, on commence par
rapprocher les parties qu’on veut réunir, & on
les fait tenir par un aide de manière qu’elles
foient à peu-près en conraél, ne laiflant entre
elles que juftement aflez de diftance pour que
le Chirurgien puiffe voir fi les aiguilles pénètrent
à la profondeur convenable. Enfüite on introduit
une aiguille par l’extérieur à une certaine dif-
tàrtce de la playe, on la fait pénétrer S M fe .
affez près de fon fond , & on la fait reffortir par
1 autre côté à peu-près à la même diftance du
bord qu’elle eft entrée.
Cette diftance doit être déterminée par la
profondeur de la plaie ,& par la force avec laquelle
les parties tendent à fe retirer. La maxime
qu’il faut qu’elle foit à peu - près égale à la
profondeur it laquelle on fait pénétrer les aiguillés
, eft. bonne en général pour les cas de blef-
tures profondes. Il convi nt àùffi de les faire
pénétrer jufques auprès du fond de la bleffure,
autrement il pourroit arriver que le s parties
voifines du fond ne fe réuniroient pas; ce qui feroit
une cîrcorfiance fàcheufe à caufe des dépôts de
pus qui pourroient eu réfui ter.
Pour l’ordinaire on paffis facilt m:nt les aiguilles
d un côté i l’autre d'une playe , fur-tout fi
elles ont une tête arrondie fur laquelle le doigt
puiffe preffer; mais fi la dureté dts tëgumens ou
quelqu’autre circonflance rend la chofe plus difficile
, i infiniment nommé Porte-aiguille remédie
parfaitement à cet inconvénient. Vov. Porte
Aiguillé.'- -,
La première aiguille étant paflée près d’un
des.bouts d elà playe, & les parties étant toujours
fouteniies par un aide, le Chiiurgien au
moyen d’un .fil aflez fort & bien ciré ,
qu’tl paffera trois ou quatre fois autour des extrémités
de l'aiguille en le croifant, de manière
à I»?. donner à peu - près la forme d’un 8 ,
rapprochera les parties au travers defqueiles elle
a pénétré, de manière qu’elles fe touchent. exac