
:t 44 P A R .
bas en h au t, ou de (e régler fur la direftion T
du doigt index de la main gauche, qu’on aura I
introduit dans le fondement j on peut être par- »
faitement fur, en même-tems, de pénétrer dans
la veflie, li Ton enfonce fuffifamment le trocar.
On a remarqué , & peut - être avec affez de
raifon, que , dans cette partie de l’opération ,
le Chirurgien doit quelquefois être un peu em-
barraffé pour s’affurer du moment où l’inftru-
Uient a pénétré dans la veflie} & voici le moyen
qu’on a imaginé pour obvier à cet inconvénient.
On a un trocar de la forme ordinaire ? fur la
tige duquel eft une profonde rainure qui règne
dans toute fa longueur. Dès que la pointe de
l’inflrument a pénétré dans la veflie, l’urine, à
l ’infianr, commence à couler le long de la rainure
& avertit l'Opérateur qu’il peut retirer
le poinçon , & affujemr là cannule, ce qui fe
fait au moyen de deux bouts de ruban pafles
dans deux anneaux qui tiennent à fon bord , &
qu’on.arrête à un bandage qui fait le tour du
corps du malade. Un de ces rubans étant fixé
par-derrière, au - defîùs du facrum > & l’autre
par-devant, au-deffus du pubis, la cannule ne
peut pas fe déranger aifément.
Il fera néceflaire, dans cette opération, comme
dans la précédente, de nettoyer de tems en tems
la cannule-, & auflï long-tems qu’on jugera convenable
de la laiffer, on pourra évacuer l ’urine
à volonté, au moyen d’un petit bouchon adapté'
à fon extrémité.
La Ponélion de la veflie par le périnée, telle
que nous venons de la décrire, qui paroîr avoir
de grands avantages fur celle qu’on pratique au-r ’
deffus du pubis, & que des Praticiens diflînguës
recommandent par-deffùs toute autre méthode,
eft cependant fujette à un grand inconvénient,
c’eft q ue , dans bien des cas, on ne peut la pra-
tiquer, fans porter TinArument fur des parties
malades. Lorfque la rétention dépend d’une obf- •
traélion de l’urètre,Je périnée, & même quelquefois
le fcrotum, fe reffenrént plus ou moins
de l’inflammation qui a lieu alors dans ce canal j
& il n’ eft pas rare de voir ces parties attaquées
de dépôts gangréneux confidérables, quifouvent
font l’effet de l’irri.ration excitée par les moyens
dont on s’eft fervi pour rétablir le cours des
urines.
La Paracentèfe de la veflie , par le reélum,
eft plus généralement praticable que ne le font
l ’ une & l’autre des deux Méthodes que nous
venons de décrire *, car elle n’a pas contre elle
l’objeélion que nous avons faite à la dernière -, !
& comme elle n’exige pas autant que la première
une diftenfion confidérable de la veflie, il n’y
a peut-être que le gonflement de la proftate qui
puifle quelquefois mettre un obfiacle réel à fon
exécution. Dans plufieurs maladies de l’urèrre,
la glande proftate eft fort tuméfiée, ce qui peut
P A R
jetter de l’incertitude fur l ’endroit ou l’on doit
faire la Ponélion-, car pour lors cette glande fera
preffée contre l’anus, en-devant de la veflie, &
elle fera la première partie qu’on touchera avec
le doigt. 11 eft donc très-effentiel de diflinguer
limé d’avec l’autre ; & l’on y.pourra réuflir , en
paflant le doigt derrière la proftate -, mais ceci
n’eft pas toujours praticable , & lors même qu’on
y parvient, il n’eft pas. toujours ailé de faire
cette ditlinélion ,- & il pourra arriver que la vef-
fie très-diftendue ne. paroifle qu’une continuation
de la même tumeur.
Lorfqu’onfe détermine à faire la Paracentèfe de
, la velfie par le reélum, il convient d’introduire deux
doigts dans l’inteftin, au-lieu d’un feul, comme on
l’avoit recommandé-, car,de cette manière,on dirige
mieux la cannule , & on la retient plus facilement
dans la pofition convenable, tandis qu’on
pouffe le trocar de l’autre main \ mais on ne de-
vroit jamais le pafferdans la cannule, que. lorfque
celle-ci eft en place, & que fon extrémité
repôfe fur l’endroit même ou l ’on fe propofe de
faire la Ponélion.
On l i t , dans les Tranfaélions Philosophiques,
un cas de rétention totale d u r ia e , occafionnée
par un relferrement de l’urètre, où l’on fit avec
fuccès la Ponélion de la veflie par le reélum.
M. Hamilton , qui fit cette opération, en conçut
l’idée pour avoir trouvé la veflie extrêmement
Caillante dans l’inteftin, en introduisant fon doigt
dans le fondement, où l’on n’avoit pas pu faire
pénétrer la cannule d’une feringue. On plaça,
pour cet effet, le malade dans la même pofition
que pour l ’opération de la taille*, on introduiiit
. un trocar le long du doigt, dans l’anus, & on
le pouffa dans la partie la plus baffe & la plus
Taillante de la tumeur, dans la direélion de l’axe
de la veflie. On introduifit enfuite une fonde
droite par la cannule , de peur , que la veflie,
en fe contraélant, n’abandonnât c e l le - c i , que
l’on ôta fur-le-champj on retira auffi la fonde
dès que l’urine fut entièrement évacuée.
Malgré cette perforation, la veflie retint l’urine,
comme à l’ordinaire , jufqu’à ce qu’il Survînt
un befoin de l ’évacuer *, alors l’orifice fait
par l ’inflrument, parut s’ouvrir, & l’urine fortit
avec impétuofité par l’anus. Cette manière d’u-
- riner dura environ deux jours, après quoi l’urine
commença à paffer par la voie naturelle,
au moyen d’une bougie qu’on introduisit dans la
veflie par l’urètre, & dont l’ufage fut continué
jufqu’au parfait rétabliffement du canal. Voyq
Bougie.
Cette Méthode fut propofée, pour la première
fois , par M. Fleurant, Chirurgien de l’Hôpital
de la Charité, à Lyon > en 1750 j & M. Pou-
teau en publia la relation > en 1760, avec l’Hif-
toire de trois cas où M. Fleurant l’avoit pratiquée.
Ce fut auffi l’apparence de la veflie qui
P A R
détermina ce Praticien à la perforer en cet
endroit, comme il paflbit le doigt dans le rectum
pour l’examiner. Il en tira l’urine fur-le-
ch'amp, & ü maintint la cannule en place, au
moyen d'un bandage en T , jufqu’à ce que le
paffü„e naturel eût repris fa liberté. Mais la cannule
par fon féjour dans le reélum, devenoît
incommode au malade quand il alloit à la Celle,
& l’urine, qui couloir continuellement par fon
ouverture , ajoutoit beaucoup à l'incommodité; 11. Hamilton évita ce double inconvénient, en
retirant la cannule d’abord après l’opération.
Chez un autre malade, M. Fleurant laiffa, pendant
trente-neuf jours., la cannule dans' l’anus &
la veflie, fans le.moindre inconvénient; ce qui
ferait préfumer que les objeélions qu’on a faites
contre cette partie de l’opération , ne font pas
bien importantes. - .
Dans le premier Volume des Mémoires de la
Société de. Médecine de Londres, il eft fait mention
de deux cas o ù , après la Ponélion de la
veflie par le reélum , on ôta la cannule fans aucun
inconvéniént avec.le même fuccès que
dans le cas rapporté ci-deifus----On trouve encore
un fait femblable dans le premier Volume
des Medical Communications..
Les réfervoirs appellés véficules féminales, &
les vaiffeaux hémorrhcïdaux, ont été regardés
comme des parties füjettes à être bleffées dans
l’opération , & q u i, par conféquent, ne.pouvaient
que la rendre dangereufe; mais io.rs même
qu’on bfefferoit quelqu’une de ces parties, il ne
fauroit en réfui ter de grands inconvéniens. Pour
éviter les véficules féminales, on recommande de
porrer l’inflrument allez haut, & de perforer la
veflie vers le milieu. Cet endroit eft, en même-
tems, celui où les. vaiffeaux hémorrhoïdaux font
les plus petits, & où , par conféquent, la blef-
fure de quelqu’une de leurs branches fera de la
moindre importance.
Nous ne finirons pas cet article fans faire obfcr-
ver que, chez les femmes., la Ponélion'.de la
veflie, à laquelle on eft beaucoup plus rarement
dans le cas de recourir, pour elfes que pour les
hommes , fe pratique d’une manière bien plus
fûre & bien plus facile par le vagin que par tout
autre endroit. Quand la veille eft très-g,onfiée
par l’urine , on la fient très - aifément avec le
doigt, en le portant dans cet organe; & en s'en
forçant comme de conduéleurpour paffer l’inf-
trument, on plongera la pointe de celui-ci au
travers des membranes du vagin, dans cette partie
de la veffie qui fe préfente la première lous
le doigt. Lorfque le trocar eft entré dans la veffie,
& que l’urine eft entièrement évacuée, on iaiffe
la cannule en' place, & elle doit y refter auffi
long-tems , que la caufe qui a produit la rétention
fubfifte. Pour la pouvoir afïujet-lir, il faut
qu’elle ait affez de longueur pour que. fon extrémité
paroifle hors du' vagin, & puiffe être.fixée
P A R .145
par des cordons.à un bandage en T .
Peut-être qu’il y auroit de l’avantage à ne point
laiffer la cannule après l ’opération, Sc que l’action
de la veffie fuffiroir pour forcer l’urine à
fortir par l’ouverture, quand le befoin fe feroit
fentir, comme cela eft arrivé dans l’opération par
le reélum, tandis qu’elle pourroit y être retenue
auffi long-tems que la veilie ne fe contraétc-roit
pas. On évitëtoit d’autant pins furement, de
cette manière1; l ’inflammation de la partie perforée
, & les accidens qui peuvent quelquefois en
être la conféq.uence.
PARÉ. ( Âmbroife, ) né à Laval dans le
Maine, & de la religion prétendue réformée.
L ’exiguité de la forrune de fes parens ne leur
permit point de donner au jeune Paré une éducation
foignée, auffi fut-il entièrement abandon?
né dans un tems., où communément on difpofe
l’efprit des enfans qu’on deftine aux hautes
fciençes. Un fecret penchant le porta pour la
Chirurgie,, qui alors s’apprenoit comme un vil
métier; il fuivit différens Maîtres, & s’inftruifit
de la partie miniftrame de cet Air. Mais une
pareille étude ne rempliffoit point [’imagination
fingulièrement pénétrante de Pqré ; il fentit
dès-lors qu’ il ne pouvoir fe faire un fond de
connoiflances, borné comme il l’étoir, dans un
cercle étroit de perfonnes qui ne pouvoienr le
fatisfaire dans fes incertitudes. II vint à Paris ,
s’y promettant une bien plus riche moiffon à récolter,
& il ne fut point trompé dans fon efpérance.
Il s’occupa d'abord de labafe fon A r t , l'Anatomie
I qu’il étudia aux écoles de Médecine, feul
endroit alors, où cette fcience étoit enfeignée
dans fes plus grands détails. 11 y apprit également
à pratiquer les opérations Chirurgicales ;
& plus affermi dans fes connoiflances, il fe mit
à fnivre les armées. Ce fut là, où il mit en
pratique les préceptes qu’il avoit reçus de fes
Maîtres, & qu’il fçut s’en former d’autres, félon
que. fon jugement & fon expérience le lui fug-,
géroient. Il recueillit tout ce qu’il obfervoit, ïe
boa, comme, ie mauvais, & par un choix combiné
il fut en tirer les .meilleurs réfultats, pour
d’autres circonftances. La guerre eft fans contredit
le. théâtre où un Chirurgien peut plus
facilement faire çonrtoître fes talens, & ayec
plus de fruit, relativement à l’avancement de
fa fortune. Les chefs,qui ont un fi grand intérêt
a la confervation de leurs jours, ne .voyent-
pas un homme de mérite qui les a fecourus dans
un moment critique, fans fe- refibuveiiir de lui
après, leur campagne. La réputation de Paré
paffa ainfi des lbldats aux Généraux & de ceux-
ci à Henri I I , Roi deFrance,qui bien-tôt l’adopta
pour fon premier Chirurgien. Il le fut enfuite 4e François I I , de Henri III & de Charles IX.
Ce dernier qui avoit ordonné le maffacre de la
Saint-Barthélemi, appréciant le mérite de Paré,
l'avoit indiqué, comme devant en êrre excepté.
V ij