
partie. Il n’eft pas douteux qu’en pareil cas , une
certaine compreflion ne pus lie être très-utile en
fervant de foutien à la veine , & en prévenant
ainli l’accroiffement de la tumeur ; mais il n’ y a
aucune autre efpèce de gonflement caufé par l’épanchement
du fang, fourni par la bleffure d’une artère
, où la compreflion doive être mife en ufage :
il y a lieu de croire au contraire, par les raifons
ci-deffus expofées, qu’elle ne peut y faire que
du mal. Lorfque nous fommes affurés qu’une artère
a été ouverte , & que la tumeur formée dans
le voitinage de la playe eft occafionnée par le
fang épanché dans le tifîh cellulaire qui l’environne
, fi le parfait repos du corps, & du membre
en particulier où ell la bleffure, fi le foin de
ne point comprimer les vaiffeaux ouverts, fi tous
les autres moyens que nous avons indiqués ne
réuffiffent pas à empêcher l'augmentation de certe
tumeur, aucune autre méthode que nous cormoif-
fions ne fauroit avoir davantage de fuccès.La maladie
alors doit être confidérée comme formant une
efpèce d'aneurifme , & demande des fecours d'un
autre genre. Voye[ A n eu r ism e .
Des Piguures de Nerfs & de Tendons.
On ne devroit jamais avoir à craindre, à l’occa-
iion d’une Saignée, ni la piquure d'une artère,
ni celle d'un tendon , lorfque le foin de cette opération
eft confiée à un Chirurgien , qui a un certain
degré de dextérité dans la main-, car, comme
ces parties fe diftinguent facilement au ta é l, pour
que l’on puiffe aifémenten déterminer la fituation,
ce fera toujours la faute de l ’Opérateur, s’il ne
dirige pas la pointe de fa lancette de manière à les
éviter. Une des principales caufés des accidens de
cette efpèce eft, comme nous l’avons déjà fait voir,
1 ufage où l’on eft d’abaiffer la pointe de l’inftru-
ment, après qu’il a pénétré dans la veine, pratique
également dangeVeufe & inutile. Mais quoiqu’avec
de l’attention on puiffe toujours être fur d'éviter
les tendons & les artères , on pourra dire
cependant que les nerfs , trop petirs généralement
pour être diftingués de la même manière, courenr
toujours un grand danger d’être bleffés ; & que
les accidens que l’on voit arriver quelquefois à la
fuite de la piquure d’un nerf, font bien auffi terribles
qu aucun de ceux qui accompagnent jamais
la. Saignée.
Quoiqu'il foit vrai que les^ nerfs, en raifon de
leur petiteffe, ne peuvent jamais fe diftinguer au
taél avant l'opération^ cependant, fi le Chirurgien
eft ttès-attentif à diriger la pointe de fa lancette
de manière à être fût de ne pas percer la
veine d'outre en outre, cette même précaution qui
le met à l’abri du danger de bleffer les artères'
& les tendons, le garantira prefqu’auffi fàrement
de; celui de piquer les nerfs. Car, s’il plonge fa
laocette, comme il devroit toujours le faire, dans
te amétieure de la v e i n e & s’il évite en.
même-tems de couper ' le vaiffeau en travers
comme il le feroit néceffairement s’il enfonçoit
la pointe de l’inftrument jufques dans fa partie
‘ poftérieure , il ne courra jamais de rifqne de
bleffer les nerfs voifins, quelque près qu’ils foient
de la veine qu’il ouvre. En effet y ils fe trouvent
placés immédiatement au-deffous des veines} ou
du moins ils font fitués le long de leurs côtés affez
profondément, pour ne pouvoir être touchés par
la lancette, fi l'on a le foin de l’introduire où
il convient, & fi on ne lui fait pas percer le
vaiffeau de part en part, ce qui ne peut jamais
arriver que par la faute du Chirurgien.'Jamais
on ne bleffera de nerf en ouvrant une veine dans
fa partie antérieure *, on ne court ce danger, qu en
plôngeant la lancette jufques dans le côté oppofé;
o r , un Chirurgien devroit toujours être affez
fûr de fa inain pour éviter un pareil accident.
Mais, quoiqu avec un peu de précaution il fût
aifë de prévenir tous les accidens de cette efpèce,
il n’eft pas moins vrai qu’il en arrive quelquefois de.»
pareils, foit qu’on doive l’attribuer à un défaut
d’attention chez l’Opérateur , foit qu’il n'ait pas
dans la main toute la jfûreté néceffaire. C ’eft un
fait que l’on pique quelquefois des nerfs ou des
tendons en faifant une Saignée, & qu’il eft prefque
impoflible d’éviter les cruelles fuites de ces accidens.
Quelquefois donc on obferve qu’au moment
où l ’on introduit la lancette , le malade fe plaint
d'une douleur extrêmement vive , & d’après ces
fyrftptômes, on peut toujours être bien fûr qu’un
nerf ou un tendon a été bleffé. Dans quelques
cas , li l’on tire tout de fuite beaucoup de fang
par l’ouverture qu’on vient de faire, fi l’on tient
la partie bleffée dans le repos, le plus parfait, &
fi l'on fait obfervèr au malade un régime très—
rafraîchiffant, la douleur dont il fe plaighoits’ap-
paife peu-à-peu , & enfin fe, diffîpe entièrement
fans aucune autre conféquence, fâcheufe.
Mais- d’autres fois cette douleur, qui s’eft fait
fentir tout-à-coup au moment de la piquure, au
lieu de diminuer augmente bien-tôt apjès ; il fur*
vient de la tenfion, ou un petit degré d’enflure*
autour de la playe dont les bords fe durciffent
& s enflamment} & avant qu’il fe foit écoulé vingt-
quarre heures, il commence à fortir une-férolité
aqueufe par l’orifice.
Si les moyens qu’on emploie ne donnent pas
bien-rôt du loulagement, ces fymptômes fe maintiennent
à-peu-près au même degré, encore pendant
deux ou trois jours. Alors la vive douleur,
qui s étoit fait fentir dès le commencement, devient
plus infupportable en changeant de nature."
au lieu d’être aigue comme auparavant , elle eft
accompagnée d'une fenfation de chaleur brûlante,
qui continue à augmenter , & ne ceffe de tourmenter
lfe malade jufqu'à la fin. Les lèvres de la
playe continuent à fe gonfler & à fe durcir j l’en-
fture des gardes voifmes s'étend geu-à-geu fus
tout le membre, depuis le pied jufques au haut
de la cuiffe, quand l'opération s’eft‘faite fur l’une
des extrémités inférieures j & depuis le coude juf-
qu’à la main , & le k n g de l'humérus jufques
fur le mufcle peéloral & au-delà, lorfque la Saignée
s’eft faite au bras.
Enfin les parties devenant exceffivement dures
& tendues, une couleur éréfypéiateufe s’étend fur
tout le membre ; l'y ■ soûls à cette époque eft très-
dur & fréquent, la douSeut.-ea^êinement forte ,
l’agitation exceflive j il fur vient pu s c.i moins de
foubrefauts dans les tendons *, quelquefois il fe
manifefte un tétanos ou d’autres afflélions convul-
fives, & tous ces fymptômes continuant à augmenter
, il arrive fouvent que les fouffrances du malade
ne fe terminent que par la mort.
Bien dos gens accoutumés à voir pratiquer la
Saignée àuffi communément qu’on le fait, auront
de la peine à regarder cette opération comme
étant d’une exécution aufti délicate que nous l’avons
repréfentée , ou comme pouvant être accompagnée
de conféquences aufti terribles que celles que nous
venons de décrire. H faut avouer que de pareils
cas ne font pas fréqiiens, mais on en voit cependant
affez d’exemples, pour fe convaincre de la né-
ceffité qu’il y a d’ ufer de la plus grande précaution
en faifant une Saignée. Dans une pratique
très - étendue, un Chirurgien n’a que trop d’occa-
fions de voir cette opération fuivie d\cudens
funefies, où les fymptômes dont nous avons fait ,
l’énumération , fe préfentent uniformément dans
l'ordre que nous avons décrit.
On a eu différentes opinions fur la caufe de
çes fymptômes. Quelques-uns les ont attribués aux
bleflùres des tendons. D ’autres regardent les tendons
comme tellement deftitués de toute fenfibi-
lité, que leurs bleffures ne fauroient occafiônner
autant de fouffances, St ils fuppofènr, d’après
cela, que, dans tous les cas de cette nature, la
piquure de quelque filet nerveux eft la vraie caufe
de tout le mal.
C'tft d’après l’une ou l'autre de ces fuppofi-
tions, que l ’on a expliqué les diverfes phénomènes
qu’on obferve dans cette maladie, jufqu'au
moment où le célèbre M. Jean Hunter, de Londres,
a mis en avant une opinion différente. Il
penfe que tous les fâcheux fymptômes occafion-
nés par la Saignée , peuvent s’expliquer d’une manière
bitn plus fatisfaifante, par l'inflammation
de la furface interne de la veine que par toute
autre caufe. Il a fouvent reconnu cet état inflammatoire
de la veine dans des chevaux qui étoienr
morts, en conféquence d’accidens produits par
une Saignée, & il a trouvé la membrane interne
de la veine enflammée, non-feulement dans le
voifmage de la partie qui avoit été ouverte, mais
quelquefois tour le long deffon cours, & même
jufqu’au coeur. Il a vu auffi quelques exemples
d'une affeélion femblable dans le corps humain,
où, après la mort, il a trouvé la veine dans un
état de violente inflammation. Il a même obferve
quelques cas où certe inflammation s’étoit terminée
par la fuppuration , & le pus ainfi produir,
fe trouvant porté par la circulation jufqu’au coeur,
il penfe qu’alors cette circonftance feule a pu catifer
la mort.
Il n’y a aucun lieu de douter du fait expofé par
M. Hunter , que dans des cas de cette nature Ion
a trouvé, après la mort, les marques d'une inflammation
confidérable dans, les veines qui avoient
été ouvertes. Mais quelque ingénieux que puiffent
être les argumens, d’après iefquels il conclut que
c’eft l’état de la veine qui eft la caufe première de
tous lès fâcheux fymprômes. dont nous avons parlé
: & quoique nous ne puiflîons nier qu'une inflammation
de ce vaiffeau , ne doive beaucoup
contribuer à augmenter les divers fymptômes produits*
originairement par d’autres caufes, que ce
■ ne foit même cetre circonftance particulière, qui
fouvent leur donne une rerminaifon funefle, on
ne trouveroit peut-être pas un feu 1 cas où l’on
pût, d'après cetre théorie, rendre raifon d’une
manièrdffarisfaifante de leur première formation.
Dans la plupart de ceux que l’on a pu obfer-
v e r , le malade , au moment de l’opération, avoir
fend une douleur très-vive 5 quelquefois même
I cette douleur avoir été, dès le premier inftant 1 prefque infupportable. O r , on ne peut expliquer
' une pareille fenfation p:r la fimple piquure d’une
veine ; car , quoique les membranes des veines
ne foient pas abfolument infenfibles , nous
favons fort bien quelles n’ont pas un affez
grand degré de fenfibiliré, pour qu’en les piquant:
d’une manière quelconque, on puiffe jamais exciter
une bien vive douleur. Il faut donc regarder
cette inflammation des veines , que M. Humer a
obfervée dans le cadavre , plutôt comme un effet
que comme une caufe-, & il eft affez naturel de
penfer que des affrétions de la nature de celles
que nous venons de décrire, peuvent fouvent oc-
cafionnerune inflammation des veines voifiaes. En
moins de quarante-huit heures, après l’opération
lorfque les fymptômes fibriles commencent à fe
manifefter , tous les alentours de J’orince font
déjà dans un tel état de dureté & d'inflammation,
qu’il feroit affez étonnant que la veine , prefque
entièrement environnée de parties aufti violtm-
méct affeétées, ne participât en aucune manière
à cet état.
Suppofant donc, que l’inflammation des veines
eft plutôt une conféquence des autres fymptômes,
qui peuvent furvenir après une Saignée,
qu’elle n’en eft la caufe, nous revenons aux idées
qu’on avoit depuis long-rems adoptées fur ce fu-
j e t , & nous croyons qu’il faut attribuer ces fymptômes
à la piquure d’un nerf ou à celle d’un
tendon.
Jamais les Praticiens n’ont mis en doute qu’une
légère bleffure d’un nerf n’occafionnàt quelque-
1 fois les plus fâcheux fymptômes. Mais on a effaré
Q q i j