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V A L E T -à -P A T I N. Pincettes dont le bec
alongé refftmble à celui d’une canne & dont on
fe fèrvoit autrefois pour faire la ligature desvaif-
feaux après l’amputation. Voye[ les Planches
relatives aux dents.
Cet infiniment eft compofé principalement de
deux branches, l ’une mâle & l’autre femelle.
On peut divifer chaque branche en trois parties
, qui font l’extrémité antérieure, le corps
& l’extrémité poftérienre.
- Le corps de la branche mâle a eu dedans
une avance plate, arrondie dans fon contour
de quatre lignes de faillie, longue d’un demi-
pouce & épaiffe d’une ligne & demie. Cette émi^-
hence eft perçée dans Ion milieu, & l’on remarque
à chaque côté de fa bafe une échancrure
femi-lunaire ou ceintrée & çreufée fur lç ventre
de la branche.
Le corps de la branche femelle porte intérieurement
deux avances dont les dimenfions
font les mêmes que celles de la branche mâle ;
elles font percées dans leur milieu ; elles font
fur les côtés & laiflent entr’elles une cavité ou
mortaife qui reçoit l’avance de la branche mâ'e
pour compofer une charnière. La jonélion des
deux pièces eft fixée par un .clou rivé fur lès
deux éminences de la branche femelle.
L ’extrémité antérieure de l’ infirument eft la
continuation des branches*, elles fe jettent légèrement
en-dehors de la longueur d’un pouce
quatre lignes, puis formant un coude très-moufle,
elles diminuent confidérablement d’épaiffeur pour
former le bec qui a près d’un pouce de long
& qui eft garni intérieurement de petites rainures
& éminences tranfverfales qui fe reçoivent mutuel
lemenr.
L ’extrémité poftérieure eft la continuation des
branches qui fe jettent beaucoup en-^dehers *,
ces branches diminuent d’épaifieur & augmen^
tent en largeur depuis le corps jufqu'à l’extré-
ipité, afin de préfemer une furface plus étendue
& d’être empoignées avec plus d’aifance, l’extrémité
eft un peu recourbée en-dedans,
Enfin il y a un double refïort formé par un
morceau d'acier plié en deux, dont la bafe eft
arrêtée par une vis fur la branche femelle tout
auprès de la charnière & dont l’ufage eft d’écarter
avec force les branches pofiérîeures del’inftrnment
pour que le bec pince fans rifquer de lâcher prife.
On recommandoit de faifir avec le Valet-à-
patin l’extrémité du vaiflèau qu’on vouloit lier
de laiffer enfuire pendre l’inftrument & de faire
Ja ligature avec le fil & , l’aiguille. Voye{ Hé-
£10 R. R If A GIE.
On ne fe fert plus de cet inftrument, du
moins pour le cas en queflion *, mais il peut
j&tre utile dans d’autres circonflarçces.. L ’avantage
qu’il a fur toutes nos pincettes, c’efl qu’au moyen
de fon reffort on eft difpenfé du foin de ferrer-,
& que l’on peut être affurc que ce qui a été
bien faifi avec le Yalet-à-patin n’échappera pas,
Article de l ’ancienne Encyclopédie.
VAGIN. Koxsoç^ Vagina.Cax\àn\\ qui de la vulve
fe porte obliquement vers le col de la matrice
qu’il embrafl’e de toute part. Ce conduit eft d’une
tiflùre ferrée, fes parois formées de fibres charnues
& ligamenteuses, font fortifiées par un tiffu
cellulaire très-denfe & arrofé par des v aideaux
très - nombreux qui compliquent ftngulièrement
fa ftruffure. Le Vagin eft fujet à deux affections
qui méritent la plus grande conlidéra-
tion , favoir , la rupture- & la defeente.
La rupture du Vagin arrive afil-z fouvent à
l’époque de l’accouchement dans les violens
efforts que les femmes font pour fe délivrer,
& iorfqu’elle fe fait à l’endroit où ce conduit
s’insère au col de- la matrice, il eft alors très-
difficile de la diftinguer de la rupture de matrice ;
& tellement, que les Praticiens les plus inftruits
peuvent tomber ici dans de grandes cireurs, en
prenant une de ces maladies l’une pour l’autre ;
ç eft ce qu’on préfume être arrivé fouvent, en
lifant les Obfervateurs,' notamment Vander-
W ie l, Bonnet , Douglafs , Pouf eau & autres.
M, Goidfon, dans une petite brochure
qui parut à Londres, en 1787, eft entré à ce
fujet dans des détails on ne peut plus in té refis ns ■
il- y fait voir que les cas qu’ont rapporté ces
Auteurs, même celui de M. Maning détaillé
par le D. Douglafs, n’étoiem qu’une rupture du
Vagin-, ce qui explique la facilité qu’ ont pu
rencontrer ces Obfervateurs à faire l’extraélion
de l’enfant, lorfqu’ii étoit entièrement paffé dans
la cavité du ventre, en portanr la main par la
rupture qui y avoit été faite. Il eft même porté à
croire que la totalité de l’enfant s’échappe bien
rarement dans une rupture de matrice, & quand
cela arrive , c’eft toujours à la fuite d’une déchirure
du Vagin. Ilpenfe également que le placenta
ne fe trouve que bien rarement dans le
bas-ventre, fi ce n’eft lorfqu’il y a déchirure
I du Vagin -, car., obferve-t-il, quand la rupture
arrive à la matrice, l'ouverture doit diminuer
prefqu'aufli-tôt, après que l’enfant s eft échappé
par e lle , & à un tel point qu’il eft impofiible
que le. placenta puifie le fuivre. Cela ne pourrait
guères avoir lieu qu’au tant que le cordon feroit
entortillé autour du col ou du ventre de l’enfant.
Mais il en eft tout autrement dans la rupiure
du V a gin ;le placenta, par les contrariions de
la matrice, eft forcé par l’ouverture du mufeau
de tanche, d’où enfuite il paffe d’ autant plus
facilement dans le bas-^vemre que l ’ouverture dp
Vagin ne fe rétrécit aucunement lors des contractions
de la matrice.
La difficulté qu’on trouve à extraire l'enfant>
quand il y a rupture du Yagin, doit être U&
légère, fi on la compare à celle qui fe préfente
dans le cas de rupture de matrice. La difficulté
dans cette dernière circonftance fera augmentée
ou diminuée, félon qu’une plus ou moins grande
portion de l’enfant le fera échappée dans la ca viré
du ventre. Si la rupture eft a fiez étendue pour
avoir labié paffer entièrement l'enfant, l’ouverture
diminue aufli-tôt, & d’ autant plus que la
contraction qui fuccède, eft plus grande ; fi elle
eft beaucoup moindre, & qu’il n’y ait qu’une
portion de l ’enfant qui ait paffé à travers ; il
le fera fur celle-ci un reflerrement difficile à
vaincre. Rien de tout ceci n’arrive dans les ruptures
du Vagin, à raifon du degré de contraction
infiniment moindre dont il jouit ; auflï ce cas
eft-il bien moins fâcheux que l’autre , foit à
raifon de la facilité qu’on trouve à extraire l’enfant,
ou à caufe du peu de fan g qui ordinairement
s’échappe à la fuite d’une pareille rupture.
Veflingius obferve cependant, relativement à ce
dernier p o in t, qu’il a vu une hémorrhagie
fticcéder à une rupture du Vagin d’une manière
fi abondante qu’on eut pu croire qu’elle vint
d’une rupture de matrice. Bifenim mtavï, dit-il,
cum u te ri Vagina Jecundum latus dextrum effet
Mfrupta, quàmvis foetus extinBus intégré cunife-
cundinis educeretur, Jubfequekte ex laceraûs hy-
pogaftricisvajïs enormi fanguinis profluvio, matrem
paulo pofi pariter fato cejjiÿe. Mais Veflingius ne
s’eft-il point mépris fur le lieu qu’occupoit la
rupture. Les limites du Vagin , avec ceux du col,
font en effet très-difficiles à établir, à l’époque
de la délivrance , & II les Auteurs que nous avons
cités plus hau t, s’y font mépris, notre Obfer-
vateur pourroit fort bien être tombé dans une
pareille erreur.
La defeente du Vagin, qu’on défigne encore
fous les noms de Relaxation ou Chûte , félon
quelle eft plus ou moins confidérable, eft un
genre de déplacement dans lequel, dit-on, la
tunique intérieure, fe relâchant peu-à-peu , fe
retourne, pour ainfi dire, fur e lle -m ême , &
fort au-dehors. Quand on fe rappelle la texture
infiniment ferrée de la tunique intérieure
du Vagin & la manière dont elle fait corps
avec les autres, on a peine à concevoir ce genre
de déplacement, tel que nous venons de l’expliquer
; il eft bien plus facile à imaginer, en
admettant une invagination d’une partie rétrécie
du calibre dans l’autre qui eft plus élargie. Le
renverfement du Vagin fe préfente pour l’ordinaire
fous la forme d’un bourrelet irrégulièrement
pliffé, au milieu duquel, fi l’on introduit
un doigt, on fent le col de la matrice qui,
pour lors, eft placé plus bas qu’à l’ordinaire ;
circonftance favorable à l’opinion que nous venons
«établir. Ce bourrelet augmente ou diminue,
buvant que la malade fe tient debout ou cou-
chée pendant long-terns; elle eft communément
accompagnée, dit M- Sabbatier, d’ un fentiment
de pèfanteu’r dans la région hypogaftrique, d’un
tenefme fréquent & d’une difficulté d’uriner, à
raifon d’un changement de direction dans le canal
de l’urètre.
Tels font les phénomènes qui accompagnent
la chute du Vagin , dans fon commencement;
mais, lorlque la maladie date de loin-, que la
femme a refté long-tems fans fecours, il fe forme
un engorgement ■ dans le bourrelet; la tumeur
qu il forme , s’alonge & fe durcit; elle conferve
encore en cet état une ouverture, dans fa parrie
inférieure, par laquelle on voit le fan g menftruel
s écouler à l’épeque des règles. Les fymptômes,
qui paroiffent alors, ont allez de rapport avec
ceux qui accompagnent la defeente de matrice,
& tellement que Bartholin , Widman, Job à
Meckreen, y ont été trompés. C’eft fans doute
cette fimilitude d’apparences qui a fait dire à
plufieurs Praticiens, que la précipitation de
matrice ne pouvoit avoir lieu , & que ce qu’on
prenait pour elle n’éto;t qu’un renverfement de
Vagin.
Il eft aifé, quand la chûte du Vagin n’eft pas confidérable, d en faire la réduction ; on prévient
alors le retour de la maladie , en faifarit
u.'age de fomentations aftringentes, & d’un pef-
laire convenable à la circonftance. Mais cette
réduélion eft fouvent très-difficile, lorfque la
chûte eft ancienne, & lorfqu’on y eft parvenu ,
après l’emploi des remèdes appropriés aux cir-
con fiances, on eft fouvent obligé d'avoir recours
à un bandage, à reffort qui d’ une part foit affu-
jetti à une ceinture , & de l’autre appuyé fur
une compreffe ou une éponge pofée à l’entrée
du Vagin. Mais la protrufion eft quelquefois
telle, & 1 engorgement porté à un fi haut poinr,
que la mortification s en empare. Dans ce cas ,
dit M. Sabbatier, la plupart des Praticiens n’héfi-
tent pas à en confeiiier l’exiirpation ; ils s’ap-
puyent fur le fuccès avec lequel Roonhuilen,
Job a Meckreen & autres l’ont pratiquée, &
fur le peu de danger qui paroît devoir enréfulter.
S il étoit poftible de diftinguer le renverfement du
.Vagin , parvenu au point dont il s’agit, d’avec
ia précipitation de matrice , le moyen qu’ils
propofent feroit fans doute le plus fftr& le plus
avantageux; mais le danger inévitable de l'extir—
pationde la matrice, qui feroit faite dans cette
circonftance , & le défaut de fignes qui puifie
la faire reconnoître, doivent retenir tout Chirurgien
prudent. 11 vaut mieux s’en tenir à l’Ad-
miniftration des médicamens, tant internes qu’externes,
capables de fixer la gangrène ; fi cette
méthode eft la moins prompte, au moins on
peut la regarder comme la pi us fûre.
Il eft des tumeurs qui paroiiîenr dans l’intérieur
du Vagin, au-devant ou en arrière de ce
canal, fans que ces parois foient aucunement
léfées dans leur textures. Ces tumeur viennent
de la faillie de la partie correfpondante du rec^