
E x p l i c a t i
fe Lorfqu’une dent efl gâtée , on ne doit
Le s anciens qui ignoroient l’art de
rendre maîtres du fang par la ligature des
artères , étoient obligés d’avoir recours à
l ’aâion du feu , quoiqu’ils en connuffent
bien tous les dangers ; & pour cet effet ,
ils avoient imaginé un très-grand nombre
de cautères ; il y en avoit même de
trancbans. ,
On ne peut nier que l’application du
feu ne foit d’une très-grande utilité en
Chirurgie, fur-tout quand, on fait l’employer
avec méthode ; on connoît l’ufage
du moxa pour le traitement des douleurs
de rhumatifme, on y a fubfhtué des petites
cônes de coton que l’on applique fur
la partie affeâée , on met le feu au fom-
m et, & à mefure que le coton fe con-
fume , la partie s’échauffe par degré,
jufqu’à ce qu’enfin la bâfe du cône venant
à brûler , elle cautérile le point fur lequel
on l’a appliqué. Pouteau affure avoir obtenu
les meilleurs effets de cette efpèce de
cautère.
On doit auffi à M. Faure un execellent
Ouvrage fur la chaleur adu e lle ,p ou r la
guérifon des ulcères. A l’en croire , j l
n’y a point d’ulcère qui réfiffe à l’adion
du feu, approché affez de la partie affedée
pour l ’échauffer fans la câutérifer.
On peut confulter fon ouvrage qui eft
inféré dans le cinquième tome des Mémoires
de l’Académie de Chirurgie.
P l a n c h e L X I I I .
In f ir u m e n s r e la t i f s a u n é to y e m e n t d e s
d e n t s .
* 1 , 2 , 3 , 4 , y, 6 . Rugines de différentes
formes pour nétoyer les dents.
7 & 8. Plomboirs.
ÿ . Poliffoir. ;
10. Stilet pour fonder les dents cariées.
1 1 . Déchauffoir,
12. 13 , 14 & iy . Limes de différentes
épaiffeurs & grandeurs.
16. Cifeaux à double courbure pour
exciier les tubercules qui naiffent à la
] furfacé externe des gencives ou à la furface
] interne des joues. Des cifeaux ordinaires
| bien fins & bien tranchans peuvent également
convenir.
Les dents q u i, en même-tems qu’elles
font un des plus beaux ornemcns de la
b ouche, fervent à la maflication des ali-
mens & à la prononciation, font auffi
fujettes que les autres parties du corps, à
des maladies qui les altèrent, les détrui-
fen t, & forcent fouvent d’en faire i’ex-
traâion. Leur utilité efl telle qu’on ne néglige
aucun moyen pour les conferver ; &
lorfqu’on efl obligé de faire le facrifice de
quelques-unes, principalement des incifives
& des canines, on en fubftitue d’autres
qui fans avoir la folidité des naturelles ,
corrigent au moins la difformité très-gênante
fur-tout pour ceux qui éxerçent le
talent d’orateurs. Tout l’art du dentifle
confîfle donc effentiellement à entretenir
la propreté des dents, à les conferver , &
à remplacer celles qui manquent par
d’autres , qui imitent au moins les naturelles.
On entretient la propreté des dents en
enlevant le tartre qui s’y accumule , ■ les
ternit, & comprime les gencives. Cette
matière s’y amaffe très-promptement, &
fe durcit quelquefois au point qu’elle fait
prelque corps avec les dents. Il y a des
exemples qu’elle s’efl amaffée très-promptement
, en telle quantité, que ceux qui
l’ont obfervé croyoient ou que les dents
foudées entre elles s’étoient accrues pour
former l’énorme amas qu’ils apperce-
voient, ou qu’il s’étoit formé une exof-
tofe ; mais avec quelques efforts on efl parvenu
à entamer la njaffe fous laquelle on
apperçoit les dents iritades. Le moyen de
guérifon n’étoit plus alors difficile à trouver
; mais ces cas font rares, nous n’en
connoiffons que deux exemples.
Dans les cas ordinaires , on enlève le
tartre avec des rugines accommodées à
la figure & à l ’atrangement des dents ;
tout l ’art confifle à ménager la gencive &
à prendre garde de l’altérer.
point en faire l’extraétion, à moins qu’elle
ne foit douloureufe, & qu’elle n’excite des
fluxions violentes & fouvent répétées. F.n
effet il efl quelquefois poffible de deffécher
la carie humide qui la mine peu à peu. Alors
dès qu’on efl affûté qu’il n’y a plus de fen
fibilité, on remplit de feuilles de plomb
la cavité contre nature qui relie ; on fe
fert pour cet effet des plomboirs, f i g . 7
& 8 , & quand la cavité efl exactement
remplie , on liffe 1* furface avec le po
liffoir, f ig .- p.
Le lliiet courbé , f i g 10 , fert à fonder
les dents pour s’affurer de leur état, lorf-
qu’il y en a de douloureufesr
Avec le déchauffoir, on fépare la gencive
de la dent. Les dentiffes étoient
autrefois dans l’ ufage de déchauffer les
dents avant de les extraire ; ils pen
foient que cette précaution étoit nécef-
faire pour éviter le déchirement de la
gencive pendant l’extraétion de la dent.
Les dentifles d’aujourd’hui s’en abftiennent
parce qu’ils regardent cette précaution
comme inutile; c’efl une douleur qu’ils
évitent & qui diminue la répugnance de
ceux qui fouffrent, pour fe. fou mettre à
laiffer extraire la dent dont ils ont le plus
grand befoin d’être débarraffés.
Il fuffit de voir les limes pour en con-
noîjxe i’ufage. On lime les dents, fur-
tout les incifives , lorfqu’elles font inégales
ou trop ferrées ; ou enfin lorfqu’elles
ne font attaquées que très-fuperficieilement
de carie.,
P L A N. C H E X L I V .
In f ir u m e n s r e la t i f s à 1 'c x t r a c lio n d e s d e n ts
* F ig . 1 , 2 & 3. Pinces droites pour
extraire les dents.
F i g . 4 , y & 6 . Pinces courbes , ou
daviers.
F ig . 7. Levier fimple,. pour extraire les
racines. •
F i g . 8. Levier compofé, pour extraire
les dents en les renverfant.
F i g . ÿ . Autre levier -, appellé repotif-
foir , oour enlever les racines; le petit
crochet fert à attirer au-dehors la racine
renverfée au-dedans de la bouche : cetinf-
tru ment s’appelle auffi pied-de-biche'.
F i g . 1 0 . Pélican double.
L ’extradion des dents n’efl point une
. opération auffi indifférente qu’elle le pa-
roît au vulgaire ; on ne doit jamais s’y
déterminer que lorfqu’on a reconnu qu’il
n’efl point poffible de conferver c es parties
fi néceffaires à la maflication.
Allez ordinairement, les dents primaires
ou dents de la it , tombent d'elles mêmes.
Quand leurs racines font ufées par leur
preffion für celles qui s’accroiffent pour
leur fuccéder , elles s’ébranlent, & il faut
peu d’efforts pour les détacher des gencives
; mais cela n’arrive pas toujours
ainfi. Quelquefois par une difpofition particulière
, la dent fecondaire s’élève à côté
de la racine de celle qu’elle devroit chaf-
fer , & fe fait, ainfi j iur à .travers de la
gencive , enforteque la rangée efl double;
ou la dent en s’élevant, prend une diredion
oppofée. Dès qu’on s’apperçoit de cette
circonflance, on fe hâte d’extraire la dent
de lait ,& 1 autre reprend petit à petit fa diredion
, à moins qu’elle ne foit abfolu-
ment trop inclinée en-dehors ou en-dedans
; dans ce cas , il faut l’extraire.
On efl obligé, d’extraire les dents lo r fqu’elles
font attaquées de carie douloureufe
qui occafionne des fluxions fréquentes
, & quand on ne peut parvenir
■ à les calmer, ou bien lorfque la carie,,
fans être douloureufe,imprime une odeur:
délagréable. Enfin , dans les maladies des
: finus maxillaires , lorfqu’il efl befoin de
les traiter par des injedions., on facrifie
l’une des molaires pour avoir un accès-
. dans le finus. " •
Les infirumens les plus en ufage pour
extraire les dents , font les pinces , les
daviers , - le pélican , & la clef de Ga-
‘rengpot.