
§
38 L U X
ou non , il faut toujours que l'effort fait relatif
à la réfiflance, que fon application foie graduée
pour que les mufcles moins irrités ,puiffent céder
.davantage*, qu’elle ait lieu fur le membre même
déplacé , & non fur un autre, pour que la plus
grande fomme des efforts ne fe perde point vainement
fur lui. Ce dernier précepte n’eft pas également
admis par tous les Praticiens. Voye\ ce
que nous avons dit à l’article B r a s , (Luxation du).
I l faut, dans toute réduction , porter l’extenfion
affez loin pour déplacer l’os, & en mettre la tête
en parallèle avec le fominet de celui avec lequel il
doit être uni; fans cela on rifque, dans les efforts
de répofition, de rompre le rebord de la cavité,
& d’occafionner de tiraillemens mutilés dans les
ligamens. 11 eft des cas où il faut fixer le corps,
pour qu’ il ne fuive point lçs itiouvemens qu'on
fait exécuter au membre ; & alors on Jui applique
des forces oppofées & contraires, qu’on nomme
Contre-extenlions *,on dirige leur aplicarion félon
le genre d’articulation où la Luxation a lieu , &la
nature de celle-ci. D’autres fois le poids du corps
feul eft le nijusle plus propre à rélifter , comme
dans la Luxation des doigts, de la vertèbre odontoïde,
& de la mâchoire inférieure. Les Anciens,
dont les connoiffances en Anatomie éfoient loin ;
d’être comparables à celles des Modernes, croyant
que le fuccès ne pouvoit dépendre que de l’emploi
des forces, fans avoir aucun égard à leur
direélion, avoient inventé différentes machines,
dont on peut voir leur application & la figure
dans Orïbafe, Fabrice de Hilden, Paré, Scultet,
& même dans Heifter, Platner & J . L. Petit,
qui ont écrit très-long tems après eux ; mais on
les a toutes abandonnées, pour n’tmployer que
les mains > dont l’application eft loin d’être 2ufti
doulonreufe, & dont le jeu eft beaucoup plus
facile à varier félon les circonftances. et Quand
les extenfions font fuffifantes, dit M. L o u is ,
dans cet article de l’ancienne Encyclopédie, il
faut conduire la tête de l ’os dans fa cavité naturelle
en faifant lâcher doucement ceux qui tirent
afin que l’os fe replace.il n’eft pas toujours nécef-
faire de pouffer l’os *, les mufcles & les ligamens
qui n’ont pas été trop forcés, le retirent avec
sélion; il eft même quelquefois dangereux d’abandonner
l’os à toute la force des mufcles; car on
court rifque „ i.° s’il y a «n rebord cartilagineux,
de le renverfer-, çn lâchant tuut-à-coup,
ce qui pourroit eau fer une anchylofe , du moins
les mouvemens du membre deviendroient-ils fort
difficile:, z /1 Quand même la vîreffe du retour I
de I’qs ne romproit pas le rebord cartilagineux,
la tête de l’ôs feroit une contulion plus ou moins ;
forte aux cartilages qui encroûtent la 1ère & la
cavité. Il eft donc néceffaire de pouffer l’os doucement
dans fa cavité, au moins jufqifa ce qu’on
foit affuré qu’il en prend bien la route. Il faut
obferver que cm te route n’eft pas toujours le plus
court cheinin que puiffe prendre l'ps pour ren*
L U X
trer ; mais celui par lequel il eft indiqué quit
eft forti de fa cavité. On eft obligé de fuivre ce
chemin, quand même il ne feroit pas le plus
court, tant parce qu’il eft déjà frayé par la tête
de l’os lu xé, que parce qu’il conduit à l’ouverture
qui a été faite à la capfule ligamenteufe par
la fortie de l’os. Mais il n’ eft pas bien prouvé
que ce dogme foit auffi important dans la pratique
, qu’il eft fpécieux dans la théorie. On dit
fort bien que fi l’on ne fuit pas le chemin frayé,
on en fait un avec peine pour l’Opérateur , &
douleur pour le malade*, que la têre de l’o s ,
arrivant à fa cavité, ne trouve point d’ouverture
à la capfule, qu’elle la renverfe avec elle dans la
cavité *v ce qui empêche i’exaéle réduction, &
caufe des douleurs, des gonflemens & autres accidens
funefiès. J ’ai toujours vu ces accidensdans la
pratique, & ils ne venoient pas dé cette caufe ; j ’ai
conduit beaucoup de Luxations , & je n*ai jamais
aPPerÇu qu’on pût diftinguer cette route précife
de lo s ; on le réduit toujours, ou plutôt il fe
réduit lui-même, par la feule route qui peut lui
permettre de rentrer, lorfque par des mouvemens
méthodiques ou empyriques, on a levé les obfta-
cles qui s’oppofoient au replacement. >5
On a tout lieu de croire que l’os eft rentré
dans fa propre cavité, quand, dans le tems de
la réduction, l’on a entendu un petit bruit occa-
fionné par la collifion des furfaces articulaires;
quand y en comparant le membre déplacé, on
Je trouve précifément de la même longueur &,
figure que l’autre ; quand, en le portant de côté,
& d’autre, on ne trouve plus aucun obftacleaux
mouvemens. Quand la Luxation aété occafionnée
par une violence extérieure, il n’eft point néceffaire
d’avoir recours à aucun bandage qui puiffe
empêcher l’ os de fe déplacer; fi l’on en emploie
un , ce n eft que pour foutenir les compreffes qu’on
tient humeélées fur la parrie; pour remédier au
gonflement qui pourroit furvenir , ou qui eft déjà
furvenu. On fe contente alors de mettre le membre
dans la fituation la plus commode pour le
malade *, & fi l’on craint pour l’inflammation ,
on faigne & l’on tient le malade au régime. Quand
on a plus à craindre des premiers accidens, on
fait faire de petits mouvemens à la partie, pour
y fortifier la vie; on y fait des friétions fèches
pour exciter l’aétion des mufcles, on la frotte
avec le vin aromatique oitl'eau dé vie camphrée,
pour peu peu.que les malades y éprouvent de
la ftupeur, ou"de l’engourdiffement. Quelquefois
dans les cas où la Luxation eft accompagnée de
contufion, îa douleur perfifte long-rems, & même
en une chronique qui demande une attention
toute particulière. L ’application du bandage eft
beaucoup plus néceflaire , elle eft même indifpen-
fable dans les Luxations de caufe interne , tant
pour retenir les topiques qu’on applique fur Je
ljeu de la Luxation, que pour fixée l’os dans
L U X
fa cavité ; au Si recommande-1-on , dans ces cas,
de le faire beaucoup plus ferre ; on emp o
communément alors différens bandages, connus
fous le nom de Spicas ,& ufués, tant pour les
extrémités fupérieures que pour les «renenres.
Dans les cas où il y auroit M u r e & Luxation
en même-rems, fi la première étoit fort éloignée
de la Luxation, il faudroit réduire celle-ci d a-
bord pour en venir enfuite au traitement de la
fraélure. Mais quand celle-ci eft fi proche de
l ’article y qu’on n’a aucune prife fur le membre ,
le cas eft beaucoup plus difficile. Dans les petites
jointures, tels qu’aux doigts & aux orteils, on
peut quelquefois remettre los en fa place ; mais
dans les grandes, la chofe eft impoflible, il faut
donc attendre que la fraélure foit confolidée ,
La nature différente des Luxations, tant par
rapport à celle des parties, & à la façon dont elles
ont été léfées, qu’aux caufes des défordres, aux
fymptômes & accidens qu’il produit, rend iin-
gulièrement variés les procédés que fuggère la
troifième indication. Comme il ne nous eft pas
poftible d’entrer dans tous ces détails, fans alon-
ger cet article, qui eft déjà très-étendu , nous renvoyons
à Pa ré, parmi les Anciens, & à J. L.
Petit parmi les Modernes, qui font les plus grands
Maîtres qu’on puiffe confulter fur cette matière.
Nous dirons feulement q u e , dans le cas de Luxation
, à la fuite d’un engorgement féreux dans
l ’article, l’application du moxa, ou des véfica-
loires, pourroient peut-être avoir les plus grands
avantages. Hippocrate , en pareil cas, appliquoit
un cautère fous l’aiffelle ; & voici comment il s’y
prenoit. Lorfque la Luxation avoit lieu, i) pin-
çoir la peau avec les doigts; puis la tirant à lui,
il paffoit au travers un fer ardent, oblong &
mince, évitant la léfion dangereufe des ghndes
& des nerfs dp la partie. Il avoit foin de couvrir
aüflï-rôr les endroits cauférifés, pour les
préferver de l’accès de l ’air froid , & de ne jamais
foulever le bras, que la commodité des
.panfemensne l ’exigeât; & , quand l’ulcère mondi-
fié étoîr prêt à fe cicatrifer, il lioit le bras rapproché
des côtes, le jour & la nuîr, pour o b tenir
une cicatrice plus folide , plus ferrée & plus
propre à retenir la tête de l’os dans fa cavité. Il
[avoit également recours à ce moyen, dans les
cas de LuxarioD de la cuifl’e ; en effet il d it , dans
un de fcs Apborifmes qui fuit celui que nous
avons cité plus haut, en parlant des caufes. Quibus
coccendicis dulore confliclatis fcmoïls cap ut J'uo
loco excidit, iis crus tabefeit, & claudicant} niji
wantyr. En pareil cas, M. Bell confeitle les bains
froid; mais il ne dit point fi la pratique les lui
a fait trouver favorables.
! LUXATION S des tendons & des mufcles.
Boërhaavç eft l'Auteur le plus, diftingué qui ait
parlé de ce genre de maladie, & qui ait notant-
L U X 3,
ment dit: que les mufcles fouvent fortoLnt de
leur place, quand leur gaine étoit tellement rc-
; lâchée qu’elle ne leur offtoit plus aucune
réfï fiance dans certains mouvemens un peu forcés»
Les tendons, qui parcourent les finuofités qui
leur font aflïgnées pour facilirer leur jeu, s’échappent
également quelquefois ; d’où il s’enfuit une
douleur & un engourdiffement qui, à l’épaule,
en a fouvent impofé pour une vraie Luxation.
Manger rapporte, à ce fujet, une obfervarion curie
ufe. Une femme, trois jours avant qu’elle ne
le eonfultâtf s’étoit luxée, à ce qu’elle foupçon-
noit, l’os du bras, en tordant des linges qu’elle
avoit lavés ; elle lui dit q ue , pendant cette aétion ,
elle avoir fenti quelque chofe fortir de l’on épaule.
En examinant la partie, il vit avec plaifir qu’iln ’v
avoit point deLuxation; mais il obferva une <léprei*
fîon du deltoïde, & les deux tendons inférieurs
| du biceps tendus, & ne permettant nullement
l ’exrenfion du coude. Il foupçonna dès-lors que
le tendon de ce mufcle, que renferme la finuofité
bicipitale , en étoit forti ; mais, comme il y avoit
du gonflement à la parrie , il confeilla les topiques
émolliens, & le lendemain il reconnur la vérité
de fa conjecture; il tourna le bras avec force dans
un fens oppofé; le tendon revint auffi-tôt en fa
pla ce, & la femme reprit l’ufage de fon bras.
Cowper fait mention, dans fon Anatomie, d’un
cas à'peu-près pareil. Les tendons e.xrenfeurs des
doigts delà main, font maintenus par un ligament
en Forme d’anneau, pour diriger les effers de la
force motrice jufqu’au bout des doigts. L ’on a
vu ce fort ligament manquer dans les~efforrs vio-'
lens pour porter un poids, ou faire réfifiance
& alors les tendons s’éparpiller & rendre nul
tout mouvement, jufqu’à ce qu’on ait remédié
au mal par un bracelet de cuir qui ferroit fortement
le poignet. M. Pouteau , dans fes Mêlantes
de Chirurgie, fait mention d’un genre de Luxation
d : mufcles, qui me paroît bien difficile, &
duquel on a peu d’exemple, fi ce n’efi ceux qu’il
rapporte. A l’entendre, la maladie eft infiniment
facile à comprendre; refie à favoir fi elle l’eft
également à fe former. Il cite l’obfervarion d’une
jeune demoifelle qui en offroir tous les fymptômes.
Comme nous ne pouvons ici rien affirmer
par nous-mêmes, nous renvoyons à fon O.uvrage,
tant pour le diagnoftic, que pour les moyens
curatifs, qu’il du être fondés fur la nature delà
maladie. (AI. P e t i t -R a d e i .)
L Y CO PO D E . C ’eft la poudre fine des anthères
du Lycopodium clavatum de Linnæus, qu’on
appelle aufli foufre de Lycopode. On applique
extérieurement cette poudre fur les excoriations
les gerçures desmammelons, &c. c’efl le topique
le plus doux & le plus commode, qu’on puiffe
employer pour les rougeurs & les excoriation qui
furviennent entre les cuiffes & aux plis des aines
chez les petits enfans.