
importons; Toit qu'elles portent très-avant des 1
corps étrangers difficiles à extraire*, foit que le
pus foit plus fujet à y former des finus, foit
çnfin quelles foient plus difficiles à cicatrifer.
11 en évident que le danger de ces fortes de
Playes vient particulièrement de ce quelles font
fi étroites qu’on ne peut porter aifément juf-
qu’au fond les fecours néceffaires. Il l'eft éga—
lement que le plus sûr moyen de parer à cet
inconvénient, eft de dilater leur ouverture extérieure;
& cela eft fi vrai que l’on ne devroit
jamais perdre de v u e , dans le traitement des
Playe* de cette nature, l'idée de les réduire à
l ’état de Playe fimple par incîfion, en dilatant
leur orifice toutes les fois que cela fe trouvera
praticable. Les Praticiens ne font pas d'accord
fur ce point; les uns confeilient de procéder
dans rous les cas à cette dilatation, foit avec
k biftouri, foit avec des tentes, tandis que
d’antres regardent cette précaution comme rarement
néceffaire. E t , parmi ceux qui en admettent
la néceffité, les uns n’y ont recours que lorfque
le mauvais état de la Playe les y détermine, les
autres cioyent qu’on ne fauroit trop fe hâter de
le faire.
Le Chirurgien doit avoir ici le même objet en
vue que dans le traitement des finus. ( Voyez
F istule) Une bleffure faite par un inftrument
pointu doit être regardée comme un finus dans
un état récent ; & cette manière de la confidérer
indique, fur-le-champ, la conduite qu’on doit
tenir, pour en procurer la guérifon. Dans toute
efpèce de fifiule, on doit avoir en vue de réunir
les parois qui forment fa cavité ; mais nous
lavons que cette réunion ne peut avoir lieu qu'à
laide d'un certain degré d’inflammation.. C’efi
pour y déterminer cet état inflammatoire que
tantôt on y pafle une mèche de féron . tantôt
on y fait des injeéiions irritantes ; lorfqu’on en
eft venu à bout, il ne s’agit plus pour achever la
guérifon que de comprimer les parties malades
de manière à mettre en conta# celles qui-doivent
être réunies.- Dans les cas de Playes récentes, on
n’auroit pas befoin de tous ces moyens dont on
vient de parler pour exciter l'inflammation, que
la fimple divifion des parties ne tardera pas à faire
naître; & Ven. pourroit fuppofer a priori qu’il
fuffiroit de les comprimer pour les guérir. Mais
l ’on fe tromperoit fi l’on vouloir agir d’après
cette fuppofuion ; l’inflammation, dans ces fortes
deblefftires, eft généralement, trop vive pour que
l ’on puifte faire ufage de: cette méthode. L ’im-
poftibilité où l’on eft d’ailleurs de décider s'il
n^eft point refté quelque corps étranger dans la
Fiaye* ne fauroit permettre d y avoir recours,
2u moins dans les cas où l’inftrument a pénétré
à une- certaine profondeur. Dans ceux de Playés
te » profondes & voifines de la furface, on peut
quelquefois employer ces moyens avec fuccès.
JLorfqus Ja direéhonde la Playe. eft telle qu’on
ne peut y faire pafler un féron , il faut l’ouvrir
d’un bout à l'autre,, ou du moins auffi loin que
cela peut fe faire fans danger, au moyen dun
biflouri & d’une fonde cannelée;, on traite en-
fuite cette plaie comme les plaies par fimple in-
cifion. Mais, fi l’on peut faire ufage: du féton,
on préférera cette méthode :on appliquera d’abord:
un cataplafme émollient fur la partie, & l ’on continuera
cette application jnfqu’à ce que la fup-
puratian feit bien établie. Enfuite, on paflerale
féton, dont la mèche fera d’une groffeur à-peu-
près proportionnée à l’ouverture de la Playe, &
après l’avoir laifl'ée affez long-tems pour s-alîurer
qu’elle a entraîné les corps étrangers qui auroient
pu fe loger dans les chair*, on en diminue peu-
à-peu la grofteur,. en ôtant un fil tous les deux
ou trois jours. Lorfqu’on l’a ainfi réduite au
tiers ou au quart, de ce quelle étoit d’abord,
on l ’ôte tout-à-fai't, & l'on comprime doucement
la Playe dans tout fon- trajety afin d’en
achever la guérifon _
Il n’eft pas difficile de pafler un féton le long
d’une Playe qui a deux ouvertures à l’extérieur,,
il fuffit pour cela d’une fonde,, ou d’un ftilet
moufle, avec unechafle à fon extrémité. Mais,
, lorfque l’inftrument n’a pas percé les tégumens
du côté oppofé à celui par où il eft entré ,fil faut
faire une contre-ouverture avec le biftouri, fur
l’extrémité du ftilet, ou en inrroduifant le long,
du finus une aiguille à féton recouverte d’une
cannule.
La méthode d’ouvrir la Playe dans toute fa
longueur a divèr* avantages fur Toute autre ; elle
. met, fur-le-champ, en évidence les corps étrangers
qui peuvent s'y.être logés, elle donne plus-
: de facilité pour fe rendre maître de l’hémorrhagie
ff elle eft considérable; elle tend à diminuer plutôt
qu'à augmenter l’inflammation fubféquente..
Msiâ on répugne fouvent à la mettre en ufage,,
parce qu’il paroît cruel de convertir une petite
. Playe en une très-grande, fans une néceffitéma-
nifefie. Cependant les Praticiens qui favent, par
leur propre expérience, combien les Playes dort;
nous traitons en ce moment, leur donnent quelquefois
d’embarras, & oecafionnenr de,fouffran-
' ces aux malades, doivent fentir 1'uiiliré de ces
incifions, & l'avantagé de lés‘faire le plutôt pof-
fible, avant que les parties bleffées s'enflamment
[ & deviennent douloureufes. Geci s’applique particulièrement
aûxcas de bleffures faites, par des
coups d’épée, bu de baÿonnette, qu’on devroit
• ouvrir dans toute leur longueur lorfque cela fe
?. trouve praticable, & au premier inftant où l’on
eft appeilé à les foigner.
Nous-avons obfcrvé, néanmoins , qu’il y a des
■ cas où-l’on ne peut point adopter cette méthode;,
tels font ceux où- la Playe s’enfonce profondément
dans les mufcles, & ceux ofoelie pénètre,
dans, le voifioagé de nerfs, ou de vaifleauxfan-
guifls cenfidérables. Qn comprend aifément qu’il:
alors plus de danger â courir en fai-
iant une incîfion , qu’en lailfant la Playe à elle-
ïnème, ou en nela dilatant qu’en partie; on pourra
quelquefois y fnppléer en imroduifam un féton,
qui n’aura pas les mêmes inconvéniens. Mais, fi
la Playe n’eft pas fituée de manière à admettre la
contre-ouverture néceffaire pour paffer le féton
on fe bornera à l'ufage d’une légère comprelîîon,
'non-feulement dans l’intention d’empêcher le pus
de s’accumufér & de former des finus, mais afin
de favori fer la réunion des parties divifèes.
Lorfque ces moyens ne réuftiflent pas, on emploie
quelquefois avec avantage des in jetions
légèrement aftringentes^; mais comme les remèdes
de cette e%èoe font contraires jufqu’à un certain
point au but qu’on fe propofe dans l’ufage du
•féton, on ne devroit jamais y avoir recours que,
lorfque ce moyen, ou d’autres analogues, auroient
manqué de fuccès. Le but du féton eft
d’exciter un certain degré d’inflammation le long
du finus; l ’effet des injeélions aftringentes eft de jj
diminuer l'inflammation. Leur utilité par confé- !
quent paroît être bornée aux cas ou la Playe,
foit par relâchement, foit par une trop grande
îrritabHtté des parties, fournit une fuppuration
trop abondante.
Les Praticiens diffèrent beaucoup dans leur
•opinion fur i’ulâge des injeflions aftringentes
dans les Playes ; c a r , tandis que les uns les emploient
prefque par-tour, d’autres les regardent
comme-fi dangereufes qu’ils ne les admettent dans
aucun cas. Les uns & les antres nous paroiffent
égalemetfl: ’ma1! fondés dans leur opinion. Dans
les Playes récentes, elles ne font jamais née affaires;
& lorfque la fuppuration eft établie, elles
peuvent être dangereufes en entraînant trop rapidement
le pus; auffi ne doit-on jamais y avoir
secours tant que la guérifon paroît cheminer convenablement
; mais on peut quelquefois en tirer
parti lorfque la Playe ne fe cicatrife pas, & que
la fuppuration eft trop abondante. Les Auteurs
ont recommandé différentes fortes d’injeétions de
cette nature ; les folutions de plomb font celles j
fur lefquelîes on doit le plus compter; On fe j
fert auffi avec fuccès dans la même intention j
d’eau de chaux , ou d’une foludon d’alun dans ,
de l’eau pure ou mêlée de vin rouge. * !
Dans le traitement de .piquures profondes ou
Von ne peut pas faire ufage du féton, il eft quelquefois
difficile d’empêcher l’ouverture extérieure
de fe fermer, même long-tems avant que le fond
de la Playe ait commencé à fe cicatrifer; il eft
néanmoins très-important de maintenir cette ouverture,
de peur que le pus ne s'amaffe dans la
cavité, & n’occafionne des accidens. C ’eft dans
cette intention qu’on fe fert de tentes faites d’éponge
préparée, de racine de gentiane, & d’autres
•ïubftances qui, ayant la propriété de fé gonfler
à l’humidité , tiennent l’orifice de la Playe dans
un état de dilatation, en imbibant le pus. Mais,
û elles ont cet avantage, elles ont auffi des inconvéniens.
Lorfqu'une Playe eft bouchée par
une tente, le pus ne peut eh fortir qu'aux époques.
des panfemens, & fon accumulation en favori
fe l’abforption, ainfi que la formation des
finus. Ceft pourquoi lorfqu’on en fait ufage, il
faut avoir foin qu’elles ne bouchent pas enrière-
menr l ’orifice de la Playe ; il faut , ou que leur
diamètre'foit plus petit que celui de cet orifice,
ou s’il y a des rai fon s pour les faire telles qu’elles
en compriment exactement toute la circonférence,
il faut 'quelles foient creufes intérieurement;
elles auront alors le double avantage de maintenir
l'ouverture de la P la y e , & de laiffer au
pus une libre iffue. On fe fert ordinairement
dans cette intention de cannules d'argent; celles
de plomb valent mieux, parce qu'étant moins
dures, ellesbleffent moins les parties, & parce
•qu’on peut mieux leur donner la forme qu’on
veut pour les adapter à toutes fortes de Playes,
en les applatiffant, en les courbant, &c.
Même avec les précautions que nous venons
d'indiquer, il ne faut pas fe fervir de tentes ii>
différemment & à tout propos. Les jeunes Cifo
rurgiens inftruits de bonne-heure du danger de
laiffer accumuler ie pus dans les Playes, font
toujours prêrs à faire ufage de bourdonners &
de tentes dans tous les cas de fiflulesou de Playes
étroites & profondes, afin d’empêcher qu'elles
ne fe ferment trop tôt- Mais on ne fauroit trop
leur répéter que ces moyens font rarement né-
ceffaires, & que, dans le plus grand nombre des
cas, l’ouverture s’entretiendra par le fimple écoulement
du pus, lorfqu’il aura commencé à fe
former. Il eft vrai que l'on voit des exceptions
à cette règle ; c’eft pourquoi le Chirurgien doit
être attentif à ne pas s’en laiffer impofer parunè
fauffe apparence de guérifon; & lorfqu'il verra
une Playe difpofée à fe cicatrifer à l ’extérieur,
avant d’être fermée par le fond, il fera bien d’en
maintenir l'ouverture , & fe fervira pour cet effet
de cannules de plomb, plutôt que de tout autre
moyen de ce genre.
Des Play€s déchirées Gr cotitufes.
On nomme Playes déchirées celles où lès parties,
au lieu d’être divifées par un inftrument
tranchant, le font pour avoir été tirées avec une
violence capable de furmonter leur force d’adhé-
fion. Les bords de ces fortes de Playes, au lieu
d’être égaux & uniformes * font dentelés &
inégaux. On nomme Playe contufe celle qui eft
faite par un inftrument obtus, qui a frappé le corps
avec violence* Ces deux genres de Playes fe ref-
femblent beaucoup, & comme elles demanden»
à-peu-près le même traitement, nous allons nous
i occuper à-la-fois des unes & des autres.
Les déchiremens ( Voyei Déchirement) &
les comuûons ( Voyez Contusion ) diffèrent dis
B b j j