
infeéle, on y remédie par les tomenf.aii.ops d’eau, j
diftiliée de cumin, aiguifée d'un peu d eau thé- J
riacale } on applique des coinprelfes fines, imbues J
de cette eau aiguifée d’un filet d’eau-de-vie*, &
on les renouvelle toutes les fois qu'elles font
trop fèchesi fi ces moyens nom aucune efficacité,
que le mal de tête foit violent & le pouls fébrile,
il faut en venir aux faignéts du pied. On
tirera donc huit à dix onces de fang, & l’on
réitérera fi les circonftances le demandent, cinq
ou fix fois en difFérens teins, jufqu’à ce que
les fymptômes généraux foient fufîifamment
abattus. 11 ne faut point être avare du fang dans
lès premiers inftaps *, Avicenne faifoit faigner
jufqu'à la défaillance & toujours avec fuccès.
Si l’inflammation continue toujours à être la
même, il faut tenter des déplétions qui agiffent
plus près de la caufe du mal. Les fangfues font
un moyen préférable à l’ouverture de l’artère
temporale & même de la jugulaire, elles attirent
plus immédiatement du lieu enflammé. M. Ware
cependant leur préfère la feélion totale en travers,
de l'artèrè temporale, que Galien cohfeil-
loit Amplement d'ouvrir. Il dit avoir vu des
malades qui en ont retiré un foulagement dans
le moment même, & qui ainfi ont été délivrés par
la fuite des fréquens retours delà maladie. Nous
ne pouvons fur ce point prononcer d’après l'expérience
j mais ce que nous pouvons aflurer^par
nous-mêmes ce font les heureux fuccès de l’application
des fangfpes vers le grand angle de l'oeil,
fur la veine angulaire, l'ouverture même de ces veines
par la lancette dans le cas où l’on en feroit dépourvu,
pourroit avoir ion efficacité ^ par des
raifons que l’Anatomie indique, & qui feroient
trop longues à rapporter. Le gonflement qu'oc-
cafionne quelquefois l ’application des fangfues
chez certains fujets, lorfqne ces infeéïes font
mal choifis, a déterminé Us Praticiens à les
placer à la région des tempes. On peut choifir
cet endroit quand des raifons fpéciales empêchent
de lui préférer celui que nous indiquons. En
même-tems qu'on fuit cette méthode, on en aide
les effets par les purgatifs pris de rems à autres,
fous forme d’apofème, avec la manne , le tamarin
} par les délayans généraux , tels que le
petit - lait> la ptifanne de graine £e lin , les
bouillons altérans & rafraîchi fia ns, & par les fomentations
& les cataplafmes de pulpes de pommes
& autres-, par lès dérivatifs, comme les
véficatoires & les fêtons. -r
Maisfouvent, malgré tous ces moyens, l'engorgement
perfifie vil efi moins inflammatoire que chronique
i les vaiffeaux femblent être comme variqueux
} ils couvrent tout le blanc de l'oeil, de
manière à ne rien laiffer voir de la tranfparence
de cette partie. On confeille, en pareil cas, les
iaignées locales qu’on fait différemment, félon
la dextérité dont on efi doué, & les moyens qu'on
a fous la main. Les Anciens avoient fréquemment
fecoürs à ceS; fortes de fcarifications } ils fçcon~.
rentoient Amplement d’ufer l’excédent de là conjonctive
avec une petite râpe ou un morceau de
pierre - ponce qu’ils promerioient fur fa furface.
En Allemagne, au commencement de ce fiècle,
& peut-être encore actuellement, on piqubic
de côté & d'autre les vaiffeaux au moyen d’une petite
broffe de poils fort roides. Platner a décrit
cet infiniment dans une Differtation , qui a pour
titre : De fcarificatione Oculorum. Woolhoufe,
Oculifle ambulant, lui a fubflitué les filets qui
terminent les balles de l’orge , & avec autant de
fuccès j mais on peut plus avanragenfement employer
les cifeaux courbes de Da vie l, ou une
lancette affermie dans fa chaffe, & voici la manière
de fe conduire dans cette petite opération.
L e malade étant affis un peu plus bas fur un
tabouret, l’Opérateur qui efi derrière lui fur une
chaife plus élevée, lui renverfera la tète furfes
cuiffes, puis relevant la paupière fupérieure, tandis
qu'ün aide abaiffe l’inférieure, il coupe foit
avec une lancette, foit avec une aiguille courbe
bien tranchante par la pointe, ou avecles-cifeaux,
les vaiffeaux qui font trop proéminens } il lave
l'oeil à mefure avec une petite éponge imbibée
d’eau tiède , pour faciliter le dégorgement. On
continuera également fur les paupières, fi elles
font trop gorgées, & l’on applique enfuite une
feuille de baudruche entre elles & l'oe il, pour
empêcher toute adhéfion, ce qu’on continueia de
faire pendant deux ou trois jours feulement. Ce
procédé, quelque laborieux qu’il femblc être,,
nous paroît préférable à celui dé Woolhoufe,
qui eft toujours long,quelquefois même accompagné
d’accidens*, car on a vu, en pareil cas, l’inflammation
fe continuer à raifon desperits Brins qui s’é -
toient détachés des filets, & fichés dans le tiffir
de' la partie. Cependant comme il s'agit moins
ici d’ouvrir Amplement, que (Temporter les vaiffeaux
gorgés, jè préférerois les cifeaux à l’aiguille
& à la lancette qui ne font que divifer.
L ’Ophtalmie de l'efpèce dont nous venons
de parler , c’eft - à - dire, celle qui provient de
caufe externe, cède toujours aux moyens dont
il vient d’être fait mention, quand on les met
convenablement en ufage *, mais, pour peu quelle
foit entretenue par un principe d’acrimonie, il
faut alors plus infifter fur les moyens qui peuvent
l'adoucir, le corriger ou le dériver ailleurs. Les
véficatoires font très-utiles fous ce dernier peint
de vue} mais les Praticiens ne font point d’accord
fur l’endroit où il faut les appliquer. Hoffman
penfe qu'il vaut mieux que ce foit aux
jambes qu’à la .nuque ; il dit avoir obfervé qu’en
ce dernier endroit ils augmemoienr toujours le
mal, ce qui n’avoit jamais lieu à celui qu’il
préfère: cependant ,1a Pratique journalière eft
en faveur de leur application à la nuque, comme
étant plus proche de l’endroit d'où il faut dériver.
M. Ware dit en avoir vu $e très - bons effets
quand on les fubflituoit aux fangfues qui avoient
affez tiré vers les tempes. Les purgatifs femblent
ici avoir les plus grands avantages*, leur efficacité
avoir été obfervée autrefois par Galien , qui dit
pofitivement à ce fujet , ex iis quibus oculi tentari
phlegmone coeperant , nonnullos folâ purgatione per
alvum uno die fanatos vidimus ; mais l'aphorifme
fuivant d'Hippocrate , lippientem alvi projluvio
corripi bonum, leur a donné la plus grande vogue
dans la Pratique. Les cathartiques & même les
draftiques font ceux qui conviennent le plus,
fur - tout dans les Ophtalmies habituelles qui
durent depuis long -tems. Dix grains de mercure
doux & douze de diagrède forment ainfi une
poudre 'fingulièfement propre en pareil cas pour
remplir les vues qu’on fe propofe. Le D. Stoll
a réuffi dans le traitement de plufieurs Ophtalmies
, évidemment occafionnées par une faburre
des premières voies, même accompagnées de l’opacité
de la cornée, en donnant deux fcrupules
d’ipécacuanha , mêlés à un grain de tartre émétique.
Il eft en effet à obferver que l’eflomac
fympathife beaucoup avec les yeux, & qu’en
évacuant les faburres que celui-ci contient, on
parvient à guérir chez les perfonnes fcrophuleufes
dont les digeftions fe. font mal, beaucoup d’in-
fiammations de ce genre, qu’on auroit vainement
cherché à combattre par tout autre moyen.
S i, malgré tous les remèdes, l'inflammation
continue à être accompagnée de douleurs, fi les
relâchons & les réfolutifs ne réuffiffent point,
on peut tenter l’application de L’opium, notamment
la teinture thébaïque. L ’hifioire de quelques perfonnes
qu’on dit être devenues aveugles pour
avoir appliqué de l'opium fur leurs yeux, a
en général éloigné les Praticiens de l’emploi de
ce remède, fans qu’on fâche trop pourquoi *, cependant
l’expérience prouve directement en fa faveur
dans beaucoup de cas, & notamment dans
l'Ophtalmie. M. Ware dit s’être bien trouvé
dans le cas dont il t'agit ic i , de l’inftillation d’une
ou deux gouttes de cette teinture, une ou deux
fois le jou r , félon la gravité plus ou moins urgente
de la .douleur. Il dit que cette teinture
caüfoit d'abord une douleur fort aigue , accompagnée
d’un écoulement fort abondant de larmes,
lequel continuoit quelques minutes & difparoiffoit
infenfiblement, après qr.oi le malade éprouvoitun
foulagement remarquable. L'inflammation , continue
- 1 - i l , efi vifiblement diminuée dès le premier
jour de l’ufage du remède, dt la guérifon ,
dans les cas les plus fâcheux, a été radicale en
moins de quinze jours, après que tous les remèdes
connus avoient été tentés inutilement pendant
plufieurs femaines & même plufieurs mois. Mais
pour que ce remède réuffiffe , il faut que les évacuations
générales aient précédé, & que l'irritation
inflammatoire ait perdu de fa première
force. Il paroît que l’tfficaciré du remède dépend
de la jufie mixtion des ingrédiens qui le
compofènt} car, par eux-mêmes , ils n’ont pas
produit un effet bien fenfible entre les mains de
M. Ware, auffi prefcrit-il fpécialement la teinture
du Difpenfaire de Londres, comme lui ayant
mieux réuffi.
On eft fou vent forcé, pour cBmplerter le traitement
de l'Ophtalmie, d’en venir aux altérans,'
notamment aux mercuriaux dont il faut long-tems
continuer l’ufage , particulièrement lorfqu on
foupçonne un levain vérolique ou écro ne lieux.
Il convient même quelquefois de fe décider à un
traitement mercuriel très-régulier , comme dans
les cas où l’Ophtalmie proviendroit de la ré-
pereuffion de la gonorrhée. J ’ai eu occafion de
voir plufieurs fois cette fâcheufe métaptofe du
flux gonorrhoïdal *, chez un malade les vaiffeaux
d e là conjonélive étoienc tellement gonflés qu’ils
formoient à l’entour de la cornée tranfparenre
un cercle charnu affez faillant *, on y voyoit différent points blanchâtres & jaunâtres d’où
fuintoit une matière puriforme. Ces points ref-
fembloient affez à ceux qui paroiffent à la furface
du gland dans les gonorrhées bâtardes: quelquefois
le retour de la gonorrhée diffipe la maladie }
mais le plus fouvent elle perûfte, & fi l’on tem-
porifo, elle va grand train} il fe forme des
foyers de fuppnration dans l’oeil même , & bientôt
l’organe efi entièrement perdu. Je n’ai point
éprouvé de plus prompts & dè plus fûrs moyens
en pareils cas que les frictions mercurielles}
mais il faut y recourir auffi-tôt & leurfaire aller
de pairs les bains, comme dans tous les cas où
la maladie efi urgente.
L ’Ophtalmie, qui eft entretenue par un vice
fcrophuleux, eft beaucoup plus opiniâtre que
celle dont nous venons de faire mention. Il
eft facile de la reconnoître aux Agnes de la
diathèfe qui la fomente*, elle arraque affez fou-
vent les deux yeux à-la-fois. Beaucoup de remèdes
ont été vantés contre celle-ci, mais toujours
fans un grand fuccès, excepté cependant
la ciguë dont Stork a beaucoup prifé l’efficacité.
Le D. Fothergill, qui a répété l'ufage de
ce remède, pour apprécier fa valeur dans les
différentes maladies où on le dit avoir eu beaucoup
de fuccès, a reconnu fon efficacité dans
celle dont il s'agit ici. Une fille, dit-il, dans
une de fes obfervauon , inférée dans le $.e vol.
des Medical Obfervations and Jnquiries, d’une
complexion foible, pâle, d’environ vingt-huit
ans, avoit été attaquée de fcrophule dès fon
bas-âge & à différentes fois. Elle avoit éprouvé
plufieurs Ophtalmies, des gonflemens aux glandes
& autres fymptômes de cette maladie. Elfe
avoit confulté plufieurs Médecins & Chirurgiens
& pris des remèdes de beaucoup de charlatans,
& tour récemment d’après mon confeil elle
avoir fait ufage de la décoCtion de fa! fe pareil le,
du kinkina, de doux mercuriaux, de l'eau de
mer, &. autres remèdes connus. Quand je crus