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de leur écoulement. Ceux qui fe diftinguent par
quelqu’affcèlion remarquable des parties folides
exigent une méthode curative, diflinèle & féparée,
& forment, comme nous l’avons déjà remarqué,
autant d'efpèces différentes dont nous parlerons
féparétnent. Les Ulcères, qui diffèrent de l’Ulcère
{impie , uniquement ou particulièrement par la
nature de leur écoulement, ne peuvent former
des efpèces féparées, pour plu fleurs raifons,mais
fur -‘ tout en ce qu’ils exigent tous à - p eu- près
la même méthode curative, & que leurs différences
ne font qu’accidentelles.
1. Des Symptômes , des Caufes & du Pro-
gnojiic de l'Ulc'ere Jimple vicié.
Les variétés qui s’obfervent le plus communément
dans la matière que rendent les Ulcères,
Jorfqu’elle s’écarte de fon état le plus naturel,
qui eft celui de purulence , font les fuivans :
i.° Un écoulement aqueux, limpide, quelquefois
verdâtre, que l’on nomme fanie.
l . ° Une matière légèrement rouge , aqueufe &
généralement très-â-re} appellée matière icho-
reufe, &
Une efpèce de matière plus vifqueufe, appellée
fordide.
Souvent cette dernière eft d’un rouge tirant
fur le brun , & reffemble un peu au marc de
caffé, ou à des grumeaux de fang mêlés avec
de l’eau. Toutes ces efpèces exhalent une odeur
beaucoup plus fétide que la matière purulente,
& il n’y en a aucune qui n’ait un peu d’acrimonie
} mais celle que l’on nomme généralement
matière ichoreufe l’emporte beaucoup fur les
autres par fon âcreté*, fouvent elle eft fi irritante
& fi corrofive qu’elle détruit une grande étendue
des parties voifines.
L ’acrimonie de ces différentes matières empêche
les Ulcères qui les prodttifent de fe remplir
de tubercules charnus ; ces Ulcères s’étendent
en conféquence de plus en plus} & , au lieu d’avoir
une couleur vermeille, ils font d’un brun
foncé, ou ils ont quelquefois l’apparence d’efi-
carres noires, Tous excitent des douleurs plus
ou moins v ive s , fuivant le degré d’acrimonie
de la matière qu’ ils rendent.
On peut mettre au nombre des caufes de
cette efpèce d’Ulcère toutes celles que nous avons
indiquées dans-la feélion précédente, telles que
les playes de toute efpèce, les brûlures, les
contufions •, toutes les caufes enfin capables de
produire l'Ulcère fimple purulent *, car cetre dernière
efpèce même, toute «bénigne qu’ellç pa-
«roifi’e , dégénère facilement en celle qui nous
occupe , fi on la néglige, ou fi l’on y applique
des fubftanc.es irritantes, propres à aggraver le
mal,
L ’Ulcère fimple fe change en efpèces du plus
mauvais genre, bien plus facilement encore quand l
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il eff fur certaines parties plutôt que fur d’autres-,
ainfi, comme les tendons & les expanfion? apo.
neurotiques des mufcles ne fourniffent pas ordinairement
un bon pus*, les Ulcères qui s’y
forment font communément beaucoup plus fà-
cheux & plus difficiles à guérir que ceux qqj
font firués dans le rift'u cellulaire, où il fefair
en général, à la fuite d’une ciufe quelconque
d’inflammation, une fécrétion abondante d’un
pus doux & louable.
Le prognoftic des Ulcères du genre de celui
dont nous parlons eft toujours favorable, lorf-
qu’ils font purement locaux, lorfqu'ifs ne dépendent
pas d’une maladie du fyflême, & . lorfqu’ils
ne fnbfiftent pas depuis long-tems, fur-tout s’ils
affeélent des jeunes gens qui jouiffent d’une bonne
fanté. Mais, dans le cas contraire , c’eft - à - dire,
lorfque le malade eft fort âgé , lorfque l ’Ulcère
eft fort étendu, qu’il,dépend de quelque vice de
la conftitution , & qu’il fubfifte depuis long-tems,
le prognoftic doit toujours être fort douteux.
§. II. De la Curation de VUlcère fimple vicié.
Nous avons déjà remarqué que la maüvaife
qualité de la matière que rendent les Ulcères,
procède, en général, de quelqu’affeélion particulière
des folides, qui nuit à la fécrétion d’un
bon pus. Nous avons tâché de développer la nature
de cette affection \voye\ P u s , & il eft évident
, par les preuves que nous en avons données,
qu’elle dépend du degré d’inflammation ou d’action
augmentée dans les yaifleaux des parties
affrétées, qui varie fuivant que les Ulcères ont
été produits par telle ou telle caufe.
Indépendamment de ce que nous avons avancé
potîr tâcher d'établir cette opinion , elle parole
encore confirmée par la nature des remèdes que
l’expérience a prouvé être les plus efficaces pour
la guérifon de ces fortes de maladies *, car ces
remèdes fe tirent particulièrement de la clalfe
de ceux qui font évidemment les plus propres à
modérer la douleur & à diffiper l’irritation.
Ainfi, l’on voit fréquemment dans un efpace
très-court, quelquefois même en vingt-quatre
heures, lçs fomentations émollienres & lescata-
plafmes , non-feulement diminuer beaucoup la
douleur, mais même produire un mieux fenfible
dans la nature.de l’écoulement*, & en les contb
nuanr plus lon g-tem s , c’e ft-à -d ire , jufqu’à
ce que la difpofition à l’inflammation Toit en-,
fièrement diffipée , ils fuffifent très-fouventpour
convertir la matière,. quelque maüvaife quelle
puifte être, en un pus naturel & louable.
En conféquence , la méthode la plus conve-r
nable de traiter ces Ulcères eft de fomenter la
partie trois ou quatre fois par jou r , pendant une
demi-heure à chaque fois, avec une décoélion
émolliente •, d’y appliquer enfui te des plumaceaux
enduits de quelqu’un des cérajs que nous avons
indiqués,
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indiqués, & de recouvrir le tout de grands ca-
taplafmes émoi liens que l’on renouvellera , lorfqu’ils
fe réfroidiront.
’ Rien n’accélère plus la guérifon des Ulcères
[ de ce genre que la ceffation de la douleur } c’eft
pourquoi il eft fréquemment néceflaire, lorfque
]a douleur eft vive, d’avoir recours aux narcotiques
dont l ’ufage eft fouvenr fort avantageux
| dans ces circonftances. Mais , lorfqu’on les pref-
crit, il faut en augmenter la dofe, & toujours
les réitérer fuivant que l'indique fa violence.
Il faut en même - tems faire attention à la
conftitution, & varier en conféquence le traite-
ment, fuivant la fituaiion dans laquelle fe trouve
le malade *, par exemple, lorfqu’il eft fort affoibli
par un Ulcère de longue durée, ou par toute
autre caufe,, i! faut tâcher de réparer les forces,
en augmentant la nourriture *, s’il eft au contraire
fort pléthorique & fujet aux maladies inflammatoires
, il convient dé le tenir à un régime
: plus févère.
Dans les Ulcères de ce genre qui furviennent
dans la première de ces circonftances, c’eft - à -
dire , lorfqu’il y a un état de foiblefle conlidé-
rable, le quinquina eft fouvent efficace } il agit
fréquemment dans ces cas comme un remède
très-puiflant, & améliore fur - tout Ja nature de
l’écoulement ; mais, pour que le quinquina ait
cet effet, il faut le preferire en dofes paffable-
ment fortes. Un gros de ce remède donné en
fubftance toutes les trois ou quatre heures, manque
rarement de produire fur J’Ulcère un changement
très-avantageux. II faut prendre garde
cependant à ne pas le donner, fur - tout en
grandes dofes aux perfonnes d’une conftinuion
inflammatoire ou pléthorique , jufqu’à ce que
cette difpofition ait été fumfamment combattue.
Voyei Q u i n q u i n a .
En faiftm une attention convenable aux différentes
circonftances dont nous venons de faire
1 énumération, & en tenant en même-rems la
partie malade en repos & dans unepofitionconvenable,
il en réfulre communément ou même
toujours, que la matière fe convertit promptement
en un bon pus. Lorfque l’on a une fois
obtenu cet avantage, tous les autres fymptômes
de l’Ulcère s’améliorent en peu de tems*, au
moins cela arrive communément quand l’Ulcère
j?e dépend pas de quelque maladie générale du
»ynême; circonftance que nous n’a imercons pas
1CU parce qu’elle conftkueroit une efpèce d’Ul-
cere différente de celle dont nous nous occupons
préfehtetnenr.-
Dès que l’écoulement eft converti en une fup-
pnration louable, l'on a', en quelque forte, ob-
|enu le point le plus effentiel de la guérifon } car
es partie^ n’étant plus corrodées par la matière
Cr? dont elles éroientcontinuellement humeclées,
étant au contraire recouvertes d’un bon pus,
Chirurgie. Tome JJ} ÏJ.e Partie.
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!e meilleur Baume qui puifle y être appliqué ,
elles prennent ordinairement en peu de tems
une belle couleur rouge vermeille. Alors tien
n empêche les nouveaux tubercules charnus de
fe former, & la perte de fubftance fe répare,
autant qu’il eft pofîible, avec plus ou moins
de promptitude, fuivant la profondeur & l'étendue
de l’Ulcère, luiva'nr la fituation de la
parité aftêélée, & fuivant l’âge & la conftitution
du malade.
Lorfque l'on eft parvenu, par ces moyens i
ramener lès Ulcères de ce genre à l’état de l’Ulcère
purulent fimple, il faut les traiter infqu’à
leur guérifon parfaire, exaéiement de la même
manière que nous avons indiquée pour le traitement
de ce derniër, c’e f t - à - d i r e , n’y appliquer
que des Inbftances adouciflantes, avoir
en même-tems foin de conferver les parties dans
un degré de chaleur convenable , & les comprimer
légèrement dès que les fymptôntes inflam-
matoires font totalement diffipés.
Il arrive fréquemment quand on eft parvenu
par un traitement convenable, à procurer à cette
efpèce d’Ulcère, la meilleure apparence, & à
convenir la matière en un pus très - louable
que l’on ne peut néanmoins le cicarrifer , & que
l'écoulement en eft toujours aulft abondant. On
tentera , en pareilles'’circonftances, les mêmes
moyens que nous avons indiqués dans la dernière
fcéliôn, & s’ils ne réuflïflent p a s , on parviendra
pour l’ordinaire à obrenir.la guérifon , en ouvrant
dans quelque partie du corps, un cautère allez
grand pour que la quantité de matière qu’il doit
rendre foir , jnfqu’à un certain point, proportionnée
à celle que l’Ulcère avoir coutume de
produire. L ’on a coutume d'établir ces exuroires
le plus près polfible de la partie affeélée; il eft
probable néanmoins que la fituation du cautère
eft peu inip'ofrante, pourvu qu’il rende autant
dé matière que l’Ulcère.
Dans les Ulcères qui n’ont pas fublîfté long,
tems, il ne convtendroit nullement, quelle que
foit leur étendue, d’affujettir le malade à un
cautère pour obtenir la guérifon ; la conftitution
dans ces cas n’a pas été aflez long - tems accoutumée
à l’évacuation du pus pour qu’il puifie
réfulrer aucun danger de la fttpprimer. Mais, dans
le traitement de ceux qui font très - anciens une
pareille précaution eft non- feulement une’ nte-
(ttre de prudence , mais quelquefois une mefure
abfolunieni néceffaire.
L ’on a pareillement recommandé l’ufage du
nirre dans l’efpèce d’Ulcère dont nous nous occupons
aéhtellement ; il ne paroit pas néanmoins
qu’ il* ait des effets fenfibles pour accélérer la
guérifon , & quelque remède interne qu'on emploie
, il ne faut jamais négliger les moyens externes
dont nous avons parlé , fans lesquels aucun
médicament ne fauroit être d’une grande
utilité- ' 6
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