
invétérées peut s'êrre relâché au point qu’i l en
fan* faire 1 amputation. L'ufage des remèdes ophtalmiques
fort aflringens ne paroît pas pouvoir
être mis au nombre des caufes de la Lagophtalmie.
Mais, pour ne parler ici que de la paupière fu-
périeure , les Auteurs ont admis quatre caufes
principales de fon raccourciflement qui font ;
i . a un vice de conformation; i.° la convulilon
de fon mufcie releveur & la paralyfie fimulranée
de l’orbiculaire qui fert à Tabaifl'er -, 3.0 le def-
féchement de la paupière-, 4.0 enfin les cicatrices
qui fticcèdent aux plaies , aux ulcères , & aux
foulures de cette partie. Maître-Jan. ne difpure
point l’exifience des trois premières caufes, quoiqu’il
ne les ait jamais obfervéesdans fa pratique;
mais il foutient , avec raifon, que l’opération
que quelques Praticiens ont propofé contre cette
maladie ne’ft point admilfible. Cette opération
confifte à faire fur la paupière fupérieure une in-
cifion en forme de croisant dont les extrémités
feroient vers le bord de la paupière •, on rempli-
roit la p laie de charpie , & on auroit foin d’en
entretenir les lèvres écartées , jufqu’à ce que la
cicatrice fut formée. Maître-Jan prouve bien fondement
que toute cicatrice, caufant un retrécif-
fement de la peau , & étant beaucoup plus courte
qiie la plaie qui l’a occafionnée, l’opération
propofée doit rendre la difformité plus grande,
parce que la paupière en fëroit néceffairement un
peu raccourcie. L ’expérience,dit notre Auteur, m*a
montré la vérité de cette affertion. Cette opération
a été pratiquée fur un homme qui , à la
fuite d’un abfcès,avoit la peàu de la paupière
fupérieure raccourcie, la membrane interne étoit
lin peu Caillante & rebrouffée. Après l’opération ,
elle devint fort {aillante & couvrit tout le globe
de i’ceil; je fus obligé d'en faire l'extirpation.
Le malade fentit qu’il avoir la paupière beaucoup
plus courte qu’avant l'opération qu’on lui
avoir Lite pour lui alonger. J ’ai traité quelque
tems après un homme d’un phlegmon gangreneux
à la paupière fupérieure-, pendant le tems de la
fuppuration St affez long-terns aptès la chiite de
l'efearre , on n'avoit pu craindre que la paupière
demeurât trop longue : le dégorgement permit aux
parties tuméfiées de fe refferrer au point que, malgré
mes précautions, le malade ne guérit qu'avec
upe Lagophtalmie ; preuve bien certaine de l’inutilité
de l’opération propofée, & grand argument
contre la régénération des fubftancës perdues dans
les ulcères. Voÿc\ l’article In c a r n a t io n . La
membranç interne forma un bourlet fort lâche
fur le globe de l’oeil au-deffus de la cornée tranf-
parente. Le feul ufage de lotions avec l’eau de
planrin a donne à cetre membrane le reffort né-
ceffaire pour ne pas s'éloigner de la peau des
panpières. Cet état ne doit pas être confondu
avec l’éraillement caufé, comme nous l’avons dit,
par la fimple foJution de continuité qui s'étend
jufqu’ au cartilage qui la borde, comme la fente
de la lèvre dans le bec-de-lièvre. Pourquoi donner
le nom de mutilation à une fimple fente 2
Le renverfement de la paupière ou l’éraillement
qui réfui te de ce qu’on a entamé la commiffure
des paupières dans l’opération de la fiftule lacrymale,
étant fans déperdition de fubftance ^peut
être affez facilement corrigée. On a dit à 1 article
Ectropium que la paupière a trop peu dé-
paiffeur pour pouvoir être retaillée-, unie , confo-
lid é e ,& remife dans l’état qu’elle doit avoir naturellement.
La,ralfon montre la paffibilité de cetre
opération & l ’expérience en a prouvé le fuccès.
Le premier tome de l’Académie Royale de Chirurgie
contient une obfervâtion de M. le Dran
fur un oeil éraillé > dans laquelle il décrit les procédés
qu’il a fuivis pour corriger efficacement
cette difformité. ( M P e t i t -R a d z i .')
L A IT . Les Chirurgiens emploient le Lait de
vache, comme véhicule, pour les cataplafmes
émoi liens , dans les cas de tumeurs inflammatoires.
Il fert de collyre dans ceux d’ophtalmie
féche, de lotion dans ceux de gale à la tête, &
de gargarifme dans ceux d'angine fuppuratoire.
La crème de lait eft émollienteSt rafraîchi flan te,
lorfqu’eile eft acidulé. On l’emploie avec, ou
fans jaune d’oeuf, dans le cas de croûtes laiteufes,
ou de brûlures ; on en fait un liniment fur les
gencives enflammées par I4 dentition. Dans les
cas de brûlures au gofier, ou à i'oefophage,
caufée par la déglutition d’alimens trop chauds,
l'on s’eft fervi avec avantage de la crème acidulé.
LAMBEAU. Amputation à Lambeau. C’e ftle
nom qu’on a donné à uae méthode d’amputer les
membres, par laquelle on laiffe au-deffous du
niveau de l’os une quantité fuffifanre de chair
& de tégumens pour recouvrir toure l’extrémité
du moignon. L ’état d’imperfeétion où a été
jufqu’à ces derniers tema, l’opération par laquelle
on retranche l’une des extrémités fupérieures ou
inférieures, les accidens qui en étoient fouvent
la conféquence, tels que les hémorrhagies, la
faillie de l ’os qu’on a été dans bien des cas
obligé de feier une fécondé fo is , l’inflammation
& la fuppuration abondante de la plaie, &c.
ont fait imaginer à quelques Chirurgiens, qu’en
confervant un Lambeau de chair & de tégumens,
pour en couvrir le moignon, onrendroitTopéra-
tion moins douloureufe j & plus fûre, & la cure
beaucoup plus prompte. Mais quoique depuis quelques
années, on foit parvenu à tirer un grand
parti de cette id é e , , ainfi que nous l'avons vu
à l'article Amputation , les premiers effais
qu’on a faits de fon application à la pratique, ont
été peu fructueux. Nous allons tracer ici une
efquiffe de ces premières tentatives.
L ’amputarjon à Lambeau eft récente. Quelques
perfonnes néanmoins ont cru que Çelfe l’avoir indiquée
par ces paroles. Levanâa eft, fupraque indu*
cenda cutis , quæfub cjufnwdi cumtionc taxa effi
debet, ut quant maxime undiqueos contegat.v) Il faut
retirer La peau vers le haut de la partie, afin
qu’après l’opération, on puiffe la ramener pour
en couvrir l’os. Mais nous ne faurions voir dans
ce paflage autre chofe que la méthode ordinaire, j
& non une amputation dans laquelle on conferve
un Lambeau. C’eft dans les Aéles d^s Savans de
Leipfick, de l’année 1697» ||^aul c^ercfler l^P0*
que de cette méthode. On y trouve cité un Livre
écrit en Anglots avec ce titre latin Cuitus triom~
phalis^eqc. Terebintk , donné au Public , en l, 1679,
parJafob Yonge > Chirurgien Anglois, 6t l extrait
d’une lettre que cet Auteur a fait imprimer à
la fin de fon Livre. Dans cette lettre, il fait
mention d’un nommé Lowdham Anglois, qui avoir
imagine une nouvelle manière de faire 1 amputation.
Suivant cette méthode, on conferve un
morceau de chair & de peau à un des côtés
de la partie qu’on veut retrancher; & , après a
réparation du membre, on applique ce morceau
fur le moignon ; ce qui abrège le tems de la cure,
& facilite l’application d’une jambe de bois, On
ne fit pas d’abord beaucoup d'attention à 1 utilité
_de cette nouvelle méthode, mais dix-huit ans
après, c’eft-à-dire, en 1696, Verduin, Chirurgien
d’Amfterdam, après l’avoir pratiquée, fit fur ce
fujet une differtation latine que Manget a inférée
dans fa Bibliothèque Chirurgîque. L'année fui-
vante, les Journaux de Leipfick U donnèrent
dans un Extrait, comme nous venons de le dire.
En 1702, Sabourin, Chirurgien de Genève, la
propofa à l’Académie Royale des Sciences, qui
fufpendit fon jugement, en attendant les preuves
de fon utilité, que l’expérience peurroit fournir.
On ignore fi Verduin & Sabourin avoient lu le
Livre de Yonge; ainfi, l’on ne fait fi l’on doit
leur attribuer la gloire de l’invention de la
nouvelle méthode. On ne peut du moins leur
refufer. celle de l’avoir mife en vogue. Yerduin
imagina certains bandages, & Sabourin étendit
la pratique de l’amputation à lambeau jufqu'aux
articulations..
Ce furent les imperfections que Verduin trou voit
dans la manière dont on faifoit alors 1 amputation
, l’embarras de l’appareil & le danger de la
gangrène qui dégoûtèrent ce Praticien delà méthode
or dmaire. La facilité , avec laquelle la nature
réunit les parties divifées, facilité qu’on remarque
principalement dans l’opération du bec-de-
lièvre, & dans les plaies de tète, où le crâne fe
trouve découvert, fut le principal motif qui le
porta à chercher, ou à fnivre la nouvelle méthode.
Une difficulté affez confid érable l’arrêta pendant
quelque tems. Il ne favoit pas fi les chairs pour-
roient fe réunir à un os fcié & rempli de moelle.
Hippocrate, Celfe, Paul d’Egine, Paré , Taliacot,
les Fabrices & plufieurs autres Auteurs qu’il
confulta, ne lui donnèrent aucunes lumières fur
ce fujet. De plus, il craignoit l’envie & lacalomnie
-, mais la Lettre d’ un de fes amis, qui avoir
été autrefois fon Élève, leva tous-fes fcrupules.
Cette lettre lui apprit que la méthode qu’i l mé-
ditoir avoit été pratiquée avec tout le fuccès poffible
par un fameux Chirurgien de Londres; c’étoit probablement
Lowdham,dont nous avons parlé. Ceci
femble prouver que Verduin avoir effectivement
inventé ce qu’un autre avoit trouvé dix-huit ans
avant lui* La defeription qu’il a donnée de fa
nouvelle méthode eft très-exacte, nous penfons
que nos Lecteurs nousTauront gré de la leur faire
connaître.
On applique deux compreffes, l'une fous le
jarret, & l’autre fur4e trajet des gros vaiffeaux.
On enveloppe la cuiffe d’ un linge fin, que l ’on
foutient par quelques tours de bande. On entoure
enfuite toute la partie d’une bande de cuir apprêté,
large de ftx pouces, & garnie de trois
courroies à boucle, pour l’affiiietfir autour de la
partie. On place le tourniquet à l ordinaire. Oti
lie avec une courroie de cuir à boucle la partie
au-deffus de l’endroit où l’on veut-conper. On
fait tenir la jambe par des Aides ; on embraffe,
avec la main gauche, le gras de la jambe au-
deffous de la (econde ligature ; on enfonce a I un
des côtés la pointe d’un couteau courbe , que l’on
fait pafler le plus près des os qu'il eft polfible,
& fôrtir de l’autre côté. L ’on fait defeendre le
couteau jufqu’au près du tendon d’A chille, 8c
l’on fépare ainfi prefqu.e tour le gras de la jambe,
qui n’y tient plus que par le haut, & que Ion
relève vers la cuiffe; après quoi l’on achève
l’opération comme à l’ordinaire. On lave enfuite
la plaie,avec une éponge mouillée > pour ôter la
fciùre; on défait la courroie de cuir, qui a fervi
à affujettir les chairs; on applique le gras de
la jambe fur le moignon; on le comprime un
peu en le pouffant de la partie poflérieure vers
l’antérieure. Pour le maintenir , on garnit la plaie
de veffe de loup, de charpie & d’étoupe. L ’on
enveloppe tout le moignon avec une veffie,
,qu’on maintient par des bandes d’emplâtre agglu-
tinatif. On applique fur cette veffie une plaque
concave, que l’on comprime par le moyen de
deux courroies paffées en fautoir, & attachées
à la bande large de cuir qui enveloppe la cuiffe.
Pour le fécond appareil , on fe fert d’un inf-
trument dè fer blanc, que Yerduin appelle fon tien.
U eft garni de compreffes, & compofé de trois
pièces, d’une efpècé de gouttière d'une gaine &
d’une plaque.La gouttière enveloppe la partie poflé*
rieure de la cuiffe, jufqu'à l’articulation du genou.
La gaine, qui tient il la gouttière , couvre la partie
poftéfieure de ce qui refle de la jambe. La plaque
couvre la face du moignon , & tient à la gaine
par une lame que l'on paflè entre les deux mor-
ceaox de fer blanc qui compofent cette fécondé
pièce, & que l’on maintient par le moyen d'une
vis. L ’ufage de cette r roi fié me pièce eft de maintenir
le Lambeau appliqué fur le mignon, en