la devoir mettre à l’ ufage de la ciguë, elle étoit
attaquée de la plus forte Ophtalmie qu’elle eût
déjà éprouvée. Son pouls étoit petit & foib le ,
elle a voit peu de repos & d’appétit, fes règles
éroienr fingulièreinenr diminuées & fans couleur.
Les glandes du“ col de chaque côté ju-fqu'aux
clavicules, étoient fort gonflées particulièrement
d’un côté, & la fenfibilité de fa vue étoit telle
qu’elle fe tenoit continuellement dans fon lit,
les rideaux fermés. Telle étoit fon état quand
elle commença l’ufage de la ciguë j c’éroir dans
le commencement de la réputation du r e mède
; suffi les dofes furent - elles petites.
Quelques femaines s’éroient écoulées avant
qu’elle en prît vingt grains par jour. I/ex-
irait dont je faifois ufage , étoit bien fait ,
mais quelques petites que furent d’abord les
dofes, le bien qui s’enfuivir , encouragea à le
continuer & même à les augmenter. L ’Ophtalmie
ne tarda pas à fe diffiper, & le gonflement
des glandes les plus grofl'es diminua confidéra-
blemenr, & les plus petites difparurentj la fanté
devint meilleure*, la malade continua l’extrait
conflamment pendant plus d’un an fans en
éprouver le moindre mal.
L ’Ophtalmie chez les vieillards & les fujets
phlegmatiques tient moins du caractère inflammatoire
que celles que nous venons de confidé-
rer: en général, elle demande qu’on infifle moins
fur les faignées plus fur les purgatifs & les
répereuffifs, mais ceux-ci ne doivent point non
plus être trop forts. Avicenne prétend même
qu’on doit en différer l’application jufqu’au
troifième jour , oportet, d it - il, ut in principio
non adhibeantur infpijjantia fortia 6* quoe fint ve-
kementer fiyptica , quoniam infpiffant tuni cas &
prohibent refolutionem & augent dolorem. Quoiqu’il
n’y air que l’expérience qui puiffe ftatuer
ici quelque chofe, cependant Riyièré n’en con-
feiile pas moins des épithèmes doués de cette
propriété, fur le front & fur les tempes dans
le commencement de l’Ophtalmie*, illis enimy
d it- il, venoe per quas kumores defluunt ad ocülos\
comprimuntur humorque influais repcllitur. Ces
fortes d’épirhèmes ont une vertu dont les Praticiens
ne font point affez de cas en Europe.'
L a routine les inet en ufage, & avec fruit dans
les Indes où les Ophtalmies par relâchement
régnent fi fréquemment dans la faifon des pluies.
I l eft très - commun alors de voir les Indigènes
à Surate, fur-tout où j ’ai pratiqué quelques
années, courir les rues, le front enduit d’un
mélange de terre de Para, de fuc de citron, &
de blancs d’oeufs qu’ ils regardent comme un
excellent remède en pareil cas. Les topiques qui
cofivienenr le plus, font ceux qu’on prépare avec
l ’eau de rofe & de plantain, fur quatre onces desquelles
on ajoute une vingtaine de grains de
vitriol blanc. L ’eau célefie de la Pharmacopée
de Londres efl également très - convenable en
pareil cas, ainfi que la pierre médicamenteufe de
Croilius & l’extrait de Saturne à une dofe modérée.
Comme on trouve dans les Matières Médicales
plufieurs formules relatives aux cas dont
nous parlons, nous y renvoyons ceux qui fur
ce point voudroient avoir de plus grands détails.
Il efl à obferver que les véficatoires & autres
dérivatifs ont moins de fuccès dans' cette efpè-
ce que dans un autre où- un principe d’acrimonie
entre pour quelque ebofe dans la maladie.
On a remarqué encore que les légers diaphoré-
tiques, telles que l’infufion de coquelicot, de
fleur de fureau, la décoéfion des fquines, de
faifepareille étoient préférables au petit lait 5c
aux boiffons nicrées, fi efficaces dans les cas complet
tement inflammatoires.
L ’Ophtalmie, qui furvjent chez les enfans ca*
cochymes, ne Ce guérit que par un long ufage
,des altérans & l’emploi des dérivatifs, tels que
les cautères bu le garou , & par l’ ufage de l’aquila
alba ou du calomel. Il fe forme louvent entre
les lames de la cornée des épanchemens de
fucs qui s’endurçiflanr, dégénèrent en une tache
ou albugo qui efl1 très-difficile à diffiper fur-tout
à cet âge où l’on ne fenr pas tout le prix de
l’organe affeClé , & où le malade n’a pas toujours
la docilité qui conviendroir en pareil cas.
Quand ces taches ne font point épaifles, qu’elles
font filamenteufes, comme une toile d’araignée,
qu’ elles ne font point placées fur le centre de
la cornée, elles doivent peu inquiéter *, elles
difparoiffent toujours à mefure que l’ inflammation
fe diffipej mais, quand c’efl le contraire,
qu’il y a même ulcération, dès que' les premiers
accidens de l’inflammation font paffés, il faut
en venir aux fondans locaux & y perfifier d’une
manière continue. Une folution de fublimé cor-
rofifdansuneeaudiflillée, dans la proportion d’un
grain , pour quatre onces d’excipient, efl reconnu
un excellent topique en pareil cas, comme dans
ceux où il y a excroiffance fur la cornée. M.
Ware, non-feulement emploie alors ce collyre,
mais encore il confeille de toucher l’opacité
une ou deux fois par jour avec l’onguent citrin
du Difpepfaire d’Edimbourg, qu’on applique
tout chaud avec un petit pinceau. La coutume,
en pareil cas, eft de fouffler fur la tache la
poudre fine de verre & du fucre candi bien
porphyrifé, de la frotter avec une brofle &
même de la ratifier: mais ces moyens font
moins efficaces ou plus fujets à inconvéniens,
que les topiques dont nous parlons. Nous renvoyons
pour beaucoup de faits confirmatifs de
la doCtrine , que nous venons d’établir, aux
Obfervateurs 8l notamment à l’ouvrage de M.
Ware publié à Londres fous ces titres : Remarks
on ht Ophtalmy , Pforopktalmy and purulent eyes
■ with methods o f cure, 8c c.
Terminons par quelques règles propres à empêcher
le retour périodique de l’Ophtalmie,
Ceux qui y font fujets feront très—bien de ne
point trop tôt fe bander l’oeil malade, car on
a remarqué que la chaleur trop grande étoit
toujours nuifible. Un fimple taffetas verd, qu’on
tient devant l’oeil au moyen du chapeau, eft
l ’appareil qui convient le mieux. Ils feront bien
de te laver, tous les matins, les yeux avec de
l’eau fraîche aiguifée d’uft peu d’ eau-de-vie ou
de vitriol j on fe fert, en pareil cas, du baffin
oculaire qui eft très-bien imaginé pour ces
fortes de lotions. Se laver régulièrement tous les
jours a été pour plufieurs un excellent moyen,
& qui n’eft nullement à méprifer. Enfin on confeille
le kinkina dans les Ophtalmies fujettes à
retour j mais ce remède doit toujours être précédé
par les purgatifs. (M. P e t i t -Ra d e l ).
OPHTALMOXSE ou B LEPHAROXYSIS,
Scarification ou dégorgement des vaifléaux de
l’oeil, au moyen de l’inftrument fuivanr.
O PH TALM O X YSTR E . 0 9 *^ 0 * & Infiniment
propre à ratifier l’GEil, comme le défigne
Ja racine de fon nom. Il eft compofé d’une petite
brofle qu’on fait avec douze ou quinze barbes
d’épi de feigle, réunis enfemble au moyen d’un
fil ou de la foie. Woolhoufe inventa cet inf-
trument pour fearifier les vaiffeaux variqueux de
la conjonctive ou des paupières. La fàcrifica-
tion des yeux, dit Heifler, qui en afpécialement
traité, eft une opération qui remonte au tems
d’Hippocrate*, depuis cet Auteur, Celle & Paul,
notamment ce dernier, chapitre De Trackomate,
en ont fpécialement traité. Woolhoufe eft celui
des Modernes qui en ait rappellé l’ufage*, voici
en quoi confifte fon procédé. Le malade placé
commodément fur une chaife & à l’ombre, la
tête appuyée fur la poitrine d’un aide & bien
aflùjettie, on renverfe avec le doigt index &
le pouce d’une main la paupière, de manière
que fa furface interne ou rongé fe montre bien
à découvert, on prend la petite brofle de l’autre
main,on l’appuye très-vite & plufieurs fois de
fuite fur la partie intérieure des paupières, &
même quelquefois fur la conjonctive & la caroncule
lacrymale, évitant, dans ce dernier cas, la
cornée & le cartilage des paupières. Lorfqu’on
aura ouvert une fuffifante quantité de vaiffeaux,
on aidera leur dégorgement en fomentant l’oeil
avec une infufion chaude de fleurs de fureau,
& l’on fera répéter cette fomentation plufieurs
fois le jour, recommandant au malade de remuer
fou vent les paupières pour'éviter tout collement
qui pourroit fur venir entre elles & le globe de
l’oeil. Woolhoufe, en pareil cas, mettoit entre l’oeil
& les paupières un petit morceau convenablement
taillé de la pellicule qu’emploient les batteurs
d’or, il en recouvroit les deux faces avec un
péu d’onguent ophtalmique de fa compofition.
On réitérera l’opération à des intervalles plus ou
moins difiantes félon la gravité du mal, & en
même-tems on travaillera à en détruire la caufé,
par les remèdes tant externes qu’internes qu’on
croit les plus favorables.
Hippocrate, pour faire cette opération, paroît
s’être fervi de l’efpèce de chardon qu’on appelle
AttraCtylis. Ceux qui lui ont fuccédé , em*
ployoient une rugine en forme de cuillère avec
laquelle ils racloient la furface interne de la paupière
jufqu’à ce que le fang en coulât. C'eft à
raifon de cette manière d’agir, que Paul appelloit
cet inflrument Blepharoxyjlon5 & Celfe Afperatum
fpecillum. On a fubftitué à cet infiniment la
prefle connue des Botaniftes fous le nom à'Efqui-
fetum majus nudum, la feuille de figuier, la
pierre-ponce & l’os de fèche.
La fcarification des yeux, à en croire Woolhoufe,
eft ftngulièretrent utile. i.° Dans les-
cas de varices & même dans celui de chemofis
decaufe interne ou externe, mais particulièrement
dans ce dernier cas. 2.0 Lorfqué l'oeil eft affeCté
d’un pterygium, d’un leucoma*, 3.0 pour fortifier
la vue, guérir l’amaurofe & la cararaCte
commençante. 4.0 Dans les épanchemens fan-
guins dans l’une ou l’autre chambre de l’oeil.
5.0 enfin, fi l’on en croit Mauchart 8c Platner,
dans la paralyfie & antre maladie de cette claffe
où l ’oeil & les paupières font plus ou moins
affeCtés. Platner la rejette dans la Xérophtalmie
ou lippitude fè ch e , dans les affeClions
des yeux fomentées par un virus vénérien ou
fcobürique, dans la cataraCte, la gotute- fereine,
l’hypopion invétéré & dans l’eCtropium, le
tridîiafis, l’anchylops & autres maladies de ce
genre. Heifler, qui a médité la nature de tous
ces avantages, elt très-loin de les reconnoître,
& conféquemment d’admettre ia fcarification de
l’oeil*, voyez à ce fujet ce que cet Auteur dit
dans le i i . e paragraphe de fon chapitre fur la
fcarification des yeux*, ce que rapporte Mauchart
dans une Differtation publiée à Tubinge,en 1726,
fous le titre fingulier de Ophtalmoxyfi-nov-antiquâ
feu Hippocratico- Woolhoufîanâ, & ce que nous
, avons dit nous-mêmes à l’article Ophtalmie.
(M. P e t i t - R adez. )
OPIUM, fuc épaifli provenant des têtes ou
cap'fules du pavot h\anc,Papaverfomniferum Lin.
Cette drogue qui poffède au plus haut degré la
qualité narcotique, ( Voye^ ce 1110r ) , & qui peut
la déployer fans nuire à l'économie animale, eft
peut-être la plus utile de toutes celles que renferme
la matière médicale, dans les maladies
douloureufes, & dans celles par conféquenr qui
font particulièrement du reffort de la Chirurgie.
Non-feulement on fufpend par fon moyen chez
le malade tout fentiment de fes maux, & on lui
procure ainsi un repos falutaire, mais encore,
dans bien des cas, cette fufpenfion produite par
l’Opium concourt puiffamment à la guérifon ,
foit directement, foit en favorifant l’effet des
autres remèdes.
Ce n’eft pasici le lieu d’entrer dans de grands