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mencent à s'y étendre de tous les points de la
furface enflammée , & pouffant des branches dans
toute fa fubflance, réparent complètement le dé-
fordre occafionné par la folution de continuité,
& forment un tout organique des parties , qui
avoient été féparées.
La quantité de matière qui fe dépofe ainfi par
une forte d’exfudation fur les furfaces enflammées
, n eft pas affez abondante pour former une
couche très - épaiffe , & par conféquent ne peut
fervir à leur réunion, à moins qu’elles nefoient
à-peu-p rès encornait. Quelquefois le fang ex-
Vavafé dans une playe aide à cette réunion. Au
lieu d’être abforbé, comme il Tefi ordinairement
dans les parties où il n’y a pas d’inflammation,
il fe coagule , s’unit à la couche formée par l’ex-
fudation inflammatoire, & reçoit les vaiffaux formés
dans c e lle -c i, qui s’étendent bien- tôt dans
foute fa fubflance , & y donnent par - tout la.vie.
Ç ’eft aux travaux de M. Jean Hunier que nous
fbmmes redèvables de la connoiffance de ces
fa its , également curieux & intéreflâns.
Comme le fang coagulé, & l'exfudation inflammatoire,
font les fubliances au moyen defquetles
la Nature réunit les parties divifées, il s’enfuit
que lorfque Pane ou l’autre fe trouve manquer
de la qualité ndceffaire pour remplir cet office,
la réunion ne fauroir avoir lieu.
Nous ignorons fi un état de maladie, ou d’autres
caufes, peuvent ôter au fang cette propriété ; mais
c'eft un fait qu’il la perd, lorfqu’il refie un certain
tems expofé à l’air libre. S'il s'épanche dans
quelqu’une des parties internes du corps, excepté
les inteflins & les poumons, les tégumens demeurant
entiers, l’air n’y peur avoir aucun accès,
& ne fauroit par conféquent Paltérer. Mais, dans
les cas de playes & de fraélures compliquées , le
fang extravafé efl néceffairement expofé à l’air.
S’il ne l’eft que pour un tems très-court, il n’en
réfulte pas de mauvais effets ; mais fi ce tems fe
prolonge au-delà d’un certain terme, le fang fe
corrompt, & perd p a r - là même la faculté de
fervir_de lien entre les parties qu'il s’agit de
réunir.
Mais fi le fang peut fervir de milieu pour cette
réunion , fa préfence n'y efl point néceffaire. Il
n'en eft pas de même de l exî’udation infiamma- i
foire, fans laquelle cette opération de la Nature
ne fauroit avoir lieu ; celle - c i , pour remplir
fon o b je t , doit aufii avoir certaines qualités qui
paroiffenr dépendre abfolument du degré d’inflammation
de la partie affrétée. C ’eft une opinion
généralement reçue , que les côtés d’une
playe fe réunifient plus facilement quand elle n'efi
accompagnée que d'une légère inflammation, que
lorfque celle - ci efi plus forte. Mais cette opinion
n’efi pas fondée dans tous les cas ; l ’expérience
journalière monrre que les playes fe ferment
en général, plus facilement chez les fujets ro-
bufies & vigoureux ?ique dans les individus foibles
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& mal fains; & nul Praticien n’ignore que l’in;
flammation eft plus foible chez les derniers que
chez les premiers.
Les forces médicatrices de la Nature dévelop.
pent fur- toutleur efficacité fur les gens robuftes
pendant les premières époques de l’âge viril. Anflî
voyons-nous que c’eft dans ces corps qui ont ac.
quis toute fa vigueur dont ils font fufceptibles
que l'inflammation fe manifefte dans le degré lé
plus convenable , pour opérer la réunion & |a
cicatrifation des playes. Elle eft fouvent trop vio.
lente dans le tempérament fanguin ; dans le tempérament
phlegmaticjue , elle efl fujetie à manquer
de vivacité. Mats ce jufte degré, requis pour
opérer l’oblitération des cavités contre Nature
ne tient point au tempérament de l'individu ;iï
fe rencontre dans ces corps heureufement orga-
nifés , où aucun tempérament particulier ne pré.
domine. Si l'inflammation eft trop languiflante
l ’esfudation fera trop peu abondante ou de mau-
vaife qualité', & n’opérera point la réunion des
parties féparées. Si elle eft trop violente, l’afiion
exceflive des vaiffeaux la rendra également impropre
au procédé par lequel doit s’opérer la
réunion.
Lorfque, dans des fujets lâches & foibles ,on
veut opérer la réunion d’une playe fimple ( Voy,
Pl a y e ) , il arrive fouvent qu’au lieu de voir une
vive inflammation fe manifefier atr boutdê quelques
heures, on ohferve-au contraire qu’il fe
paffe quelques jours fans quon en apperçoive
aucun fymptôme -, mais qu’enfin elle furvienr, fe
porte à un, degré très • confidérable, & fe termine
par une fuppuration abondante de toute la fur-
race. Mais au lieu d’imputer , comme on le fait,
cet accident à la violence de l’inflaïhmation, on
ne doit l’attribuer qu’au peu d’énergie de l’inflammation
adhéfive , qui a déterminé la Nature
à exciter la fuppuration, pour parvenir à cicatrifer
la playe.
Les fymptômes de l'inflammation adhéfive
font exactement les mêmes que ceux de l’inflammation
phlegmoneufe, fi ce n’efi qu’ils ont moins
dintenfité, &qu ils font, pour l’ordinaire , moins
violens. Dans un cas de playe légère & fuper-
fictelle, où l’inflammation adhéfive eft telle quelle
doit être, les fymptômes locaux font peu con*
fidérables, & les fymptômes généraux ou fébriles
font tout - à-fait nuis.Dans ies grandes playes,
les fymptômes inflammatoires ont proportion-
nément plus de gravité \ ils font généralement accompagnés
d'un peu de fièvre; il y a au fin plus
ou moins de chaleur , de gonflement & de douleur
dans la partie affeétée.
Ces fymptômes montrent la préfence d’un degré
d'inflammation fuf&fant pour oblitérer la
cavité de la playe, fans avoir là vivacité néceffaire
pour déterminer la fuppurarion, ou pour
faire appréhender qu’elle ne furvienne. On pourra
être parfaitement tranquille à cet égard, fi l’on
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voit les fymptômes dont nous venons de parler 1
s’appaifer en peu de tems, éomme au bout de
douze ou dé vingt - quatre heures au plus ;m a is ,
fi au lieu de diminuer , on les voit aller en augmentant
à cette époque, & fu r - to u t après le
fécond ou lq troifième jour , il y a tout lieu de
s'attendre à la fuppuration.
Un trop grand degré ^’inflammation eft plus
fouvent un obftacle à la réunion des playes que
le contraire. Aufii cette réunion a - 1 - elle plus
fûrement lieu dans lés cas de playes dont les bords
ont peu foufferrs, que dans ceux où les parties
ont été fort contufes & lacérées, & où par conféquent
l’inflammation devient néceffairement plus
violente, ainfi que nous l’avons dit à l’article
Playe. D ’ailleurs quand les parties <5>iviCée.s ont
été tellement maltraitées que la vie n’y fubfifte
plus, on comprend aifément qu’il ne peut plus y
avoir lieu à leur réunion. Les corps étrangers
empêchent aufii qu’ il ne fe forme d’adhérence
entre les parties divifées
De VOblitération des cavités par l'inflammation
Juppurâtive.
Lorfque la fimple réunion ne peut pas avoir
lieu , la Nature fuit une autre marche , pour fermer
les cavités & cicatrifer les playes *, elle excite
dans ce but la fuppuration , à moins que le
défordre des parties affeélées ne foit tel qu’il y
détermine la formation delà gangrène. Voye[ GANGRENE.
L'inflammation adhéfive a lieu dans toute e f-
pèce de playe jtnais lorfque , par quelqu’une des
caufes ci - deffus mentionnées, elle ne peut opérer
la réunion des parties divifées, au lieuded imi-
nuer au bout de vingt - quatre heures, elle acquiert
plus de vivacité( Voye\ P l a y e ). Lafur-é-
race de la playe fournit d’abord un écoulemonr,
qui n’efi autre chofe que du fang plus ou moins
altéré; mais bientôt il s'y joint une férofiré très-
fluide, qui peu-à-peu s’épaiflit, devient blanche,
& préfehte , au bout de quatre ou cinq jours,
tous les caractères du pus.
Dans les playes qui viennent à fuppuration,
il y a toujours un vuide plus ou moins grand
formé par la perte de fubflance, ou feulement
parlarétradion des parties. Pour remplir ce vuide,
la Nature crée une nouvelle fubflance, qn'pn
nomme bourgeons ou tubercules charnus ,& q u i
végète fur toute la furface enflammée. Cette fubftance
de couleur vermeille s’élève en forme de
petites pointes irrégulières, arrondies au fommet,
humeôlées par le pus qui s’y prépare & qui en
découle, & fi délicates qu’elles faignent pour peu
qu'on les touche rudement. Ces bourgeons font,
en général, plus nombreux & plus confidérables
au fond des playes que vers leurs bords. Lorfque
deux bourgeons fe trouvent en contaél, ils fe
réunifient & croiffem énfemble jufqu’à ce que la
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cavité de la playe en foit remplie au niveau de
la peau.
De quelque partie du corps que naiffe cette
nouvelle fubflance, elle efi toujours de mime nature
; celle même qui végète fur les os ne diffère
en rien de celle qui fort dîs parties molles les
plus délicates. Lorfqu’on coupe Us bourgeons,
on n’y découvre aucune apparence de fibres ; on
n’y voit qu’une maffe charnue d’un tiffu très -
uniforme ; ils fefflblent être principalement com-
pofés de vaiffeaux fanguins. Iis paroiffent avoir
aufii des vaiffeaux lymphatiques & des nerfs, &
probablement ils renferment une fubflance qui
fert à lés réunir. Ils commencent à fe montrer
vers le troifième ou le quatrième jour, & à me-/
fure qu’ils fe développent, Les bords de la playe
fe rapprochent, ce qui en diminue la cavité.
C’eft une chofe qui paroît affez fingulière que
ce rapprochaient des bords d’une playe, auquel
! il femble que l’élafticiié des parties devroit s'op-
; pofer. Cependant, fi on examiné avec attention
i ce phénomène , on verra qu'il tient uniquement
i à l'affaiffement des parties. Au premier infiant
’ d’une playe, l’élafticité des tégumens & des chairs
les fait contraéler de part & d’amre, & le gonflement
qui furvient bien - tôt après, augmente
encore leur diftance. Mais, lorfque l'enflure diminue,
cette' diftance diminue p ar-là même;
de plus, les parties voifines de la bleffure s'af-
faîffent toujours plus ou moins, au-delà de leur
état naturel, ce qui relâche la peau & lui permet
de s’étendre plus qu'auparavant.
Le procédé par lequel fe cicatrifent les playes,
en conféquence de la fuppuration, eft le même
par lequel la Nature ferme la cavité d'un abcès.
| L'évacuation naturelle ou artificielle du pus permettant
aux parois de cette cavité de fe rapprocher
, les bourgeons charnus qui fe forment àr
leur furface interne, croiffent, viennent bien-tôt
en contaél les uns avec les autres, & complètent
la réunion des parties qui avoient été féparées.
Telle eft la manière dont les cavités fe ferment
par la fuppuration. Pour que cette opération fe f jflfc
de la manière la plus convenable, il faut,comme
dans le cas de réunion par fimple adhéfion des
parties, un certain degré d’inflammation , qui ne
foit ni trop violent ni trop foible , tel qu'on
l’obferve chez des fujets jeunes, robuftes & bien
conftitués.Elle doit être, en général, accompagnée
d’ un peu de fièvre, au moins lorfque la cavité
à remplir eft d’une certaine étendue ; c a r , eu
pareil c a s , s 'il n’y a ni foif ni chaleur, ni aucun
autre fymptôme d’affeélion générale , l’inflammation
, pour l’ordinaire , efi très - légère, la fuppuration
fera d’une mauvaife qualité, & les granulations
n’aurom point les caraélères convenables
pour opérer la cicatrifation. D’un autre
côté, fi la fièvrq eft très-forte ; fi , au lieu de
fe modérer au bout d'un certain intervalle, fes
fymptômes vont enaugmentant; fi elle fe prolonge