
confulérables. Mais la fuppuration ne détruit,
pour l’ordinaire, que le tiffu graiffeux de la
partie dans laquelle elle fe forme ou fe dépofe,
pendant quelle ménage les vaifieaux fanguins &
les nerfs. Un hafard heureux peut conduire une
épée , ou touté autre arme offenflve, à travers
le tiffu des parties délicates fans qu’ elles foient
bleffées grièvement, an lieu que le biftouri porté
profondément, coupe tout ce qui fe préfente à
fon tranchant.
L e peu de valeur alléguée en faveur de la Néphrotomie,
dans le cas où il s’agit ici , n’eft pas
le feul motif qui doit engager à rejeter cette
opération. Il y en a d’antres tirés du défaiit de
lignes qui indiquent la préfence de la pierre ;&
la difficulté de parvenir jufquau rein à raifon
de leur pofition, de la grande quantité de parties
qui la recouvrent. Cette difficuitéeft telle que
Jacques Douglas, Chirurgien d’Edimbourg, ayant
renté de le faire fur le cadavre d’ un calcuîeux,
âgé de cinquante-trois an s , il ne put en venir à
bout, & fut obligé d’ouvrir le ventre pour aller
chercher les reins , qu’ il ouvrit félon le procédé
ufité par les Anatomiftes , & dont il tira deux
pierres, l’une triangulaire qui pefoit une demi-
once, & l’autre de la figure d’ un quarré irrégulier
& du poids de feize grains feulement.
Outre cela, les pierres fe forment en différens
endroits des reins,* fouvent elles font enclavées
dans la fubftance d'où il feroit impolfiblede-ies
tirer fans caufer des déchiremens fort dangereux*,
fouvent, au contraire, elles fe rencontrent dans
le balfinet , & la tête de l ’uretère eft- pleine
de gravier qu’on ne p.ourroit faire fortir. Enfin,
il n'y a qu’un rein de malade, ou ils le font tous
deux. Dans le premier cas, le malade peur vivre
long-tems; dans le fécond, il ferait inutile de
ne l’opérer que d’un côté feulement.
Si la Néphrotomie n’eft point praticable lorfque
les reins font dans leur état d’intégrité, il n’en
eft pas de même lorfque la préfence de la pierre
a donné lieu à un abcès à la région lombaire ,
ou lorfqu’à la fuite d’ un abcès de cette efpèce
il refte une fiftule dans le trajet de laquelle on
fenr une pierre au bout du ftiler. Alors il faut
en venir à l’opération,* c’e f t - à -d ir e , qu’il faut
ouvrir l’abcès & chercher avec les doigts portés
profondément dans fon foyer, le corps étranger,
dont on foupçonne l’exifience, ou élargir la fiftule
pour parvenir à ce corps & en faire l’ex-
tracHon. La plaie doit être énfuite panfée relativement
aux circonftances. Si c’ eft un abcès on
en favorife le dégorgement ; fi c’eft une fiftule
qu’on ait élargie, on ne fe fert que de charpie fèche,
au lieu de l’employer couverte d’un digeftif; &
cette première pièce d’appareil eft contenue par
des compreffes,& par un bandage de corps avec t on
feapuiaire. Article communiqué par M. Sabbatier.
( lif. P e t i t -R adel . )
NEZ, R'y, Nqfus. Ouverture extérieure des
narines, dont l’ufage principal eft de recevou
les corpu feules odorans deftinés à. opérer immédiatement
a fenfation de l’odorat. Cette partie du
viffige, dont la forme régulière afiùjettiejà certaines
ioix de convention , en fait le plus bel ornement,
offre fouvent une difformité plus ou moins apparente
, qu’on rapporte à un vice des parties
molles ou dures qui la conftituenr. Voyons d a-
bord en quoi les premières peuvent contribuer
à cette difformité, puis nous pafferons aux défor
dres que peuvent occafionner les autres.
1 Des Plaies du Ne^ , & autres affections
de la peau.
Un infiniment tranchant porté fur le nez peut
y faire une plaie dont la nature diffère à raifon
de fa profondeur & de fa direction. Ces plaies
offrent les indications générales qui ont été pré-
fentées à l’article Plaies. Si elles font fuperfi-
cieiles, on en maintient les bords rapprochés au
moyen de petites languettes agglutinatives , on
met une comprefle fimple d’un linge très-fin ,
& l’on termine par l’épervier ou la fronde,
dont nous renvoyons la defcription à leur ar-
ricle. Si la plaie eft à lambeau, & que celui-ci
foir entièrement féparé depuis p e u ,& fans meur-
triffure, on les réunira avec un point de future
& des languettes d’emplâtre agglutinatif. On
remplira les narines avec un rouleau de linge,
au milieu duquel on aura mis un tuyau de
plume ouvert de chaque côté pour faciliter la
refpiration , & l’on terminera par une petite com-
• preffe fimple & le bandage. Si le • lambeau
ne fê colle point , & qu’au contraire il fe putréfie
, on coupera l’efcarre, & l’on panfera la
plaie avec le vin miellé & les balfamiques, ainft
qu’on le fait des plaies -en pleine fuppuration.
Quelques Auteurs diient qu’un Nez féparé entièrement
peut reprendre fi on l’applique exactement
fur l’endroit d’ où il a été coupé. Le bon
Garengeot va plus loin dans l’obfervation qu’ il
( nous a laifieé *, mais s’il la croit réellement concluante
, ne pourroit-on pas lui appliquer ce vers
d’Horace , Quandoquè bonus dormitat Homerus ?
M. delà fa y e , qui a voulu éprouver cette méthode
, dit qu’ il n’en a jamais pu obtenir le
moindre fuccès fur plufieurs chiens qu’il confa-
cra à fes expériences.
On a cherché à réparer la difformité que laiffe
le défaut du Ne z, après une phie où cette partie
ayoit éré emportée. On en doit les procédés
à Taliacot. Cet Auteur confeilloit de faire au bras
une incifion, dans laquelle il mettoit ce qui ref-
toit du Nez coupé, après en avoir rafraîchi la
.plaie quand il y avoir déjà eu cicatrice. Lorfque
le refte du Nez étoit bien confolidé à la
plaie du bras, il vouloir qu’on coupât de la peau
ce qu’ il en fai Soit pour réparer le manque du
Nez. Cette méthode n’a point pris, parce qu’on
a trouvé qu’il étoit beaucoup plus fimple de
remédier
remédier à ce défaut par un Nez artificiel, que
par cette méthode cruelle dont le fuccès nétoit
rien moins que certain.
La peau du Nez eft fujette à bourgeonner*, il
s’y forme quelquefois des boutons & des verrues
qui, quand on les traite par le cauftique,
caufent quelquefois des douleors fympathiques à
l'oeil, l’ophtalmie, & même un éréfypèle qui
s’étend plus ou moins fur toute la face. On remédie
à tous ces accidens par les remèdes généraux
& topiques ; quelquefois néanmoins il s’y
forme des abcès dont la fluéluation eft fenfible
au-dehors. Une attention bien effentielle , en
pareil cas, eft de ne les ouvrir qu’en-dedans des
narines, pour éviter la difformité d’une cicatrice.
Si les cartilages & les os font dénudés, on aura
recours aux injeélions d’eau d’o rge, avec le miel
rofat ou le vin miellé. Quelquefois on eft obligé
de fe fervir d’un petit féton fait de quelques fils
de coton qu’on paffe par une contre-ouverture*,
on tirera fes portions féparéés ou affedlées de carie
par une incifion extérieure, fi celle des narines
ne peut fuffire.
De la Fracture des os du Ne^.
La manière dont fes os du Nez font implantés
entre les apophyfes montantes des os maxillaires
, & dont ils font foutenus fur le vomer
& le coronal, fait qu’ils font plus rarement rom'
pus, à la fuite des violences extériéures portées
lur eux , qu’ils l’euffcnt été fi leur difpolition eût
été autre. Cependant ils cèdent quelquefois , &
ils s’enfoncent &rfe féparent des os voifins ; mats
ils ne font pas toujours rompus tous deux ; quelquefois
un l’eft dans toute fa largeur, pen -
dant que l’autre, fans avoir fouffert aucune
folution de continuité , fe trouve élevé ou
déprimé. Il iveft pas rare que cette frathire foit
accompagnée de celle de la lame perpendiculaire
de l’os éthmoïde; dans ces cas, cette lame
eft toujours déjettée d’un cô té , & on la fait
aifément mouvoir, foit avec le petit doigt, ou
un flilet introduit dans la narine. En général,
cette fraélure eft fouvent accompagnée d’accidens
fâcheux *, la membrane pituitaire s’enflamme ; le
Nez & le vifage fe gonflent ; les yeux partagent
fympaffiiquement le défordre; l’hémorrhagie qui
quelquëfois ,(urvient g eft difficile à arrêter *, la
refpiration eft gênée*, & li la violence du coup
a été telle qu’elle n’ ait pu être perdue dans la
fraélure, mais quelle fe foit tranfmife jufqu’à
la lamecriblée, les effets delà commotion s’enfui
vent quelquefois, & même fouvent il fe forme
nn épanchement dans le crâne, ainfi qu’il eft
conftaté par le témoignage des Obfervateurs. Il
eft facile de reconnoîcre la fraéture du Nez dès
le commencement,.lediagnoftic eft plus difficile,
quand il y a gonflement & inflammation; mais alors
qn attend que les accidens foient calmés, pour
Çhirurgie. Tome IJ , L ere Partie. '
chercher à s’aflurer de la véritable nature du mal.
On remédie à la fraélure en replaçant les portions
d’os dérangées au moyen du manche d une
fpatule garnie de charpie, qu’on introduit dans
la narine , & qu’on relève pendant qu’on fait
la conformation au-dehors, en appuyant convenablement
fur ce qui fait faillie. On répétera
ce procédé fur l’autre , fi la fraélure eft des deux
côtés. Si la cloifon eft dejetrée, on la redreffera
avec 1e même infiniment, prenant garde de le
porter trop haut pour ne faire aucun effort fur
la lame tranfverfale de l’éthmoïde, qui eft très-
fragile. S'il furvenoit un éternuement , on dif-
contrnueroit pour recommencer quelque te ms
après', s’il y a plaie, & que les fragmensfoient
tellement détachés qu’il n’y ait aucune efpérance
de réunion, il faudroit les extraire avec le plus
grand ménagement, pour ne point irriter les
parties déjà trop en fouffrance. Il convienr,
dans les fraélures fimples, de traiter la maladie
comme une plaie fimple du N e z ; mais, dans
les autres où les pièces peuvent fi facilement fe
déranger, il faut les maintenir avec de petits
tuyaux de plume, ouverts par fes deux bouts
& garnis mollêment d’agaric , pour remédier à
l’hémorrhagie, qui accompagne toujours ces fortes
de cas. Ges moyens font préférables aux corps
folides qu’employoit Hippocrate, & même aux
doigts du malade que cet Auteur préféroit dans
le plus grand nombre de cas. Foreftus les recommande
d’après Gui-de-Chauliac, qui dit qu’ils
fervent non-feulement à faciliter la refpiration ,
mais encore au rétabliffement des parties dans
leur état primitif. On applique enfuite une légère
comprefle trempée dans de l’e a u -d e -v ie camphrée
; on en met d’autres pour remplir le vuide
qui eft entre les joues & le Nez, & ion maintient
le tout avec la fronde. Ce bandage eft préférable
a l’épervier dont l’application eft plus difficile ,
qu’on n’a pas toujours {fous la main , & qui
d’ailleurs a des inconvéniens dont Hippocrate
avoit déjà fait mention dans fon Traité de A r ii-
cülis. C a r , en parlant de lu i, il dit : Inventio
enim noxia eft , abund'eque Medico eft oftcndijfe
peritiam quant habet nafum varie deligandi. Efftcit
autem heee vinciendi tatio contra atque oporteat
tum quod qui ob fracturant fimi fiant} fi àfuperiori
parte aftringuntur, magis adhucfimi évadent. Quand
la fraéture eft accompagnée d’une telle cômmi-
nution qu’on ne peut efpérer d’en remettre les
portions d’os déplacées de manière à ce qu’elles
puiftent reprendre, il faut les enlever>en pratiquant
des incifions convenables, & en dilatant la plaie,
s’il y en déjà une. Les Auteurs confeiHent,
en pareil cas, d’appliquer une lamine de plomb
affez creufée pour recevoir le dos du Nez, 8c
fuffifamment épaifle pour empêcher le progrès
des chairs qui pourraient chercher à fe développer.
Voye\ ce qu’en dit Gornée à l’article
çuotW.^M. P e t i t-Ra d z u )
M