
par des difficultés d’uriner, femblabl'es à celles
qui font caufées par l’ineriie de la vefiie, & à
laquelle on remédie par l’ufage des boiffons lé gèrement
diurétiques. Lorfqué le mal devient
plus preffanr, & que les. urines ne peuvent plus
lortir, on ne peut fe difpenfer de fonder le malade.
Cette opération, quoique facile en toutes
les circonftances , n’a pas toujours le fuccès déliré.
La fonde pénètre auffi avant qu’eile puiffe
aller , mais les urines ne fortent pas, parce que
le bout de cet infiniment, engagé entre les parois
de la proliate, ou entre le col de la vefiie, &
la tumeur formée par la luette véficale, ne parvient
pas jufqu’au fiège des urines. Il faut, dans
ce cas, employer les fondes, dont le bec foit
extrêmement alon'gé; & , fi on eft afilz heureux
pour tirer les urines, on laiffe la fonde dans la
vefiie , jufqu’à ce que ce vifcère ait repris fon
refforr, & on fe conduit en tout comme dans la
Rétention d’urine produite par la piralyfie. S i,
au contraire , l’on ne réuflit pas à la faire entrer,
il ne refte d’autres reffources que celle de la
ponélion de la vefiie au-deflus du pubis, & non
ailleurs, de peur que l’épaiffeur des parties à
traverfer ne s’oppofe à fon fuccès', fi on la pra-
tiquoit au périné ou à travers le reéhtm. Mais
cette reffource n’eft que momentanée, à moins
que la vefiie ne reprenne fon refîort, ou qu’on
ne puiffe y introduire une fonde par les voies ordinaires
: fi cela n’arrive pas,-il faut laiffer la
canule du trois-quart à demeure. L ’aèlion par laquelle
la nature cherche à fe débarraffer, la crainte
qu’il ne fe forme des incruftations, au-dedans &
au-dehorsde la canule , celle de ne pas retrouver
aifément le chemin qui mène à la vefiie, lorfqu’on
a retiré cet inftrumem & qu’on veut le remettre,
font autant de raifons qui doivent, s’y oppofer.
Cependant, on eft quelquefois parvenu à fixer
des canules dans la velïie -, Colot cite deux cas
où ce moyen lui a été utile : on trouve un exemple
d’un pareil fuccès, dans la thèfe fourenue fous
la préfidence de D. Murray, citée précédemment.
On avoit pratiqué une incifion au- deffus du pubis
, pour avoir plus de facilité à porter le trois-
quart dans la vefiie. La playe s’enflamma, fuppu-
r a , fe rétrécit & fe cicatrifa ; mais les urines
n’ayant pu reprendre leurs cours par l’ urètre , on
laifla la canule en place. Il y avoit déjà deux
ans que les chofes étoient en cet état, lorfque
le D. Murray vit le malade. Cet homme, âgé de
60 ans, jouiffoît dè la meilleure fanté , il débotv-
choit fa canule toutes les quatre heures, la cicatrice
de fa playe étoit belle & fans rougeur.
JOt la Rétention d urine produite par le retrécijje -
ment de Vuretre.
La Rétention d’urine produire par cette caufe,
arrive fi fouvent à la fuite de la gonorrhée vénérienne,
qu’ on pourroit croire qu’elle en eft
toujours reflet. Quelques - uns cependant difent
l’avoir vue furvenir à dès perfonnes qui rt’avoieni
jamais éprouvé ce genre d’incommodité. Elle ne
commence pas auffi-tôt que l’écoulement qui y a
donné lieu. Pour l ’ordinaire, les malades n’en
reffentent les premières atteintes qu’au bout d’un
tems plus ou moins long, & même quelques années
après. La caufe première n’en eft pas bien
conçue • l’opinion où l’on a été que l’humeur
de fa gonorrhée eft fournie par des ulcères, qui
fe forment au-dedans de l’urètre, a fait penfer
que ce canal fe remplifloit de chairs fongeufes,
auxquelles on a donné le nom de carnofités, ou
qu’il eft rétréci par des cicatrices. Mais l’urètre
n’eft point ulcéré dans cette maladie, l’humeur
qui en fort, paroît n’être qu’une excrétion abondante
& viciée , de celle qui lubréfie ce canal
dans l'état naturel , comme celle qui coule des
narines dans le coriza , vient dès glandes mu-
queufes dont la membrane pituitaire eft garnie.
D ’ailleurs dès obfervations exàétes, faites au
commencement de ce fiècle par Saviard & repérées
depuis, fur un grand nombre de fujets, par
J . L. Petit, La Faye & M. B è ll, prouvent qu’il
ne fe trouve prefque jamais de carnofités ou
de cicatrices chez ceux qui ont eu la gonorrhée;
il faut donc que le reiréciffement qui lui fuccè-
d e , vienne du fpafme ou de l’engorgement des
parois de l’ urètre.
La Rétention d’urine caufée par ce retréciffe-
ment a pour l’ordinaire une marche fort lente,
les malades éprouvent d’abord une difficulté d’urin
er, avec diminution du jet des urines. Cette
difficulté, à laquelle ils ne font pas d’attention
dans le commencement, eft fur-tout remarquable
lorfqu’ils font des excès dans la boiffon, ou qu’ils
fefont échauffés avec-les femmes *, elle augmente
peu-à-peu, & en même-tems la groffeur du jet
des urines devient moindre, fouvent ce jet eft
comme bifurqué, les befoins d’uriner font plus
fréqitens, l’urine fe trouble & prend de l ’odenr,
elle dépofe un fédiment de couleur blanche j
tirant fur le gris *, enfin le mal fait des progrès,
tels que-ceux qui en font attaqués, font forcés
de demander du fecours, fans quoi ils tombe-
roient dans une Rétention totale d’urine. Ce dernier‘
événement eft ordinairement précédé fie tumeurs
au périné , de fiftules ou d’abcès urinenx.
Nous avons donc à confidérer l’efpèce de Rétention
d’urine dont il s’agit, fous plufieurs afpeéls
différens. i.° Lorfqu’elle ne confifte encore que dans
une lenteur & une difficulté d’uriner plus ou
moins grande. 1.* Lorfqu’ il s’eft formé , en
même-tems, une ou plufieurs tumeurs au périné.
3.0 Lorfque ces tumeurs fe font ouvertes, «
quelles ont dégénéré en fiftules. 4* Lorfqu’il eft
furvenu un grand abcès. 5.® Enfin, lorfque la
ftràngurie eft complette.
i.° La lenteur avec laquelle les urines s’écou*
le n t , ainfi que la diminution & la groffeur du
{et quelles forment, montrent^ affez que , dans
ce premier cas , le calibre de l’urètre eft diminué^
& qu’il doit être ncceffairement élargi. On
remplit cette indication au moyen des bougies
qu’on y introduit peu-à-peu, & dont on aug-
mente Ja groffeur par degrés, jufqu’à et que le
canal ait repris fes dimenfions. Anciennement on
faifoit des bougies avec du plomb, de la baleine,
de la corde à boyau & de la cire , dans laquelle
on avoit trempé des mèches de coton. Actuellement
on les fait avec du linge, imprégné & couvert
de fubftancès emplaftiques, qui font bien préférables
aux premières. En effet, les bougies
de plomb ont une dureté qui les rend difficiles
à fnpporter. Le defir de les rendre en quelque
forte flexibles, & peut-être aufti celui de leur
procurer une vertu analogue, à la caufe antécédente
de la maladie qu’on fe propofe de combattre,
a engagé à les frotter avec du mercure, qui
s'amalgamant avec le plomb, lui ôte une partie
de fa ténacité. Lorfqu’elles ont été préparées de
cette manière, elles deviennent caffantes, ce qui
erpofe les malades au danger dune opération plus
pénible & plus grave qu’on ne penfe , fi la portion
de bougie rompue eft encore dans l’urètre,
pu à la néceflité d’être taillé, fi cette portion
de bougie s’eft gliffée dans la veflie, & qu’il fe
forme des connections pierreufes autour. Les
bougies de baleine ne font pas courir les mêmes
rifques ; mais elles font également dures, & l’effort
qu elles font pour fe redreffer, augmente la preffion
incommode qu’elles exercent fur l'urètre. Celles
de cordes à boyaux ont l’avantage de fe gonfler
par l’humiilifé qui tranfpire de ce canal ; avantage
pour lequel des Praticiens diftingués les ont
adoptés. La pratique cependan* montre qu’elles
font difficiles à introduire & à retirer , parce
quelles rb'ont pas de folidité quand elles font
fèches, & quelles fe gonflent inégalement dans
l’urètre dont elles bleffent les parois. Le Dran
veut qu’on les enfonce dans une efpèce d’étui de
linge, couvert de fubftance emplaflique *, M. Bell
les cohfeille préparées de cette manière, ce qui
les fait entrer dans la claffe de celles dont l’ufage
eft le plus généralement adopté. Enfin Tes bougies
faites de cire , étendues fur une mèche , font
fujettes à s’amollir ou à caffer *, & , dans ce dernier
cas, il eft poflible qu’une portion de cire
quitte la mèche & refte engagée dans l’urètre ,
ou qu’elle s’ introduife dans la veflie pour y devenir
le noyau d’une pierre. Celles qui font em- Ôues n’ont aucun de ces inconvéniens, on
onne à volonté le degré de confiftance qu’on
juge convenable ; on pourroit même leur procurer
dés qualités diverfts, fi l’on avoit d’autres
vîtes à remplir que celle d’élargir le canal. Toute
compofition d’emp!âtre eft bonne , pourvu qu’elle
ne foit pas trop dure, & qu’elle n’ait pas une
yertu aflringeme & irritante. Sharp & B e ll, pro-
pofent le diachylum , aeiqnd le premier ajoute
Chirurgie. Tome I I . I . er%Partie,
l’atitîltioîtle eh poudre, & le mercure éteint dans
du miel ; & le fécond, de l'huile & de la cire.
Ces fubftancès ayant été fondues à part, on les
mêle dans un vafe plat , puis on y plonge des
morceaux de linge, long de dix à douze pouces
, & larges de huit &. demi pour fix bougies,
lefquels font roulés & qu’on y déroule.
S’ils ne le chargent pas également, on y étend
de l’emplâtre avec une fpatule de f e r , qu’on a
fait chauffer , après quoi on les laiffe refroidir &
fécher.- Il ne s’agit plus que de les couper avec
un couteau & une règle , en bandelettes larges
de cinq huitièmes de pouces, dont on retranche
une petite portion angulaire, pour que les bougies
foient plus minces à l’une de leur extrémité
qu’à l’autre, & de rouler ces bandelettes entre
les doigts, & enfuite fur une table de marbre ou
de bois bien unie.
Lorfqu’il s’agit de faire ufage de la bougie,
on fait coucher le malade fur le bord de fou
lit, ou on le fait tenir debout devant foi, de manière
que fes genoux viennent appuyer fur ceux
du Chirurgien. Celui-ci faific enfuite la verge
de la main gauche , comme s’il vouloit porter
une fonde dans la veflie, & fait entrer la bougie,
qu’il a foin de bien graiffer avec de l’huile. Si
elle pénètre avec peine, il la pouffe avec ménagement
& lenteur , & s’arrête au premier
obftacle qu’il rencontre. Il convient pendant les
premiers jours de n’y laiffer que peu de tems ;
une demi-heure ou une heure, par exemple,
afin que le canal s’y habitue peu-à-peu. Dans la
fuite on la porte plus avant, & on la laiffe fé-
journ^r davantage, jufqu’à ce qu’elle entre de
toute fa longueur & qu’elle ceffe d’être doulou-
reufe ; alors on en emploie de plus greffes. Il
faut aufli, lorfqu’on eft parvenu à ce point, l’attacher
avec un lien de coton, de peur qu’elle ne fe
perde dans la veflie. Le lien qu’on fixe à la
greffe extrémité de la bougie par un noeud fimn
pie , qui répond au milieu de fa largeur, efi noué
une fécondé fois, à la dislance de quinze à dix-
huit ligues de l’ouverture du gland, & les deux
bouts paffés, l’ un à droite & l’autre à gauche,
autour de la verge, au-de.ffus du prépuce, ou
entre le prépuce & le gland, font réunis par un
troifième noeud , au-delà de la couronne de ce
corps. On ne peut dire précilément combien de
tems i l faut continuer l’ufage des bougies pour
affurer la guérifon. Si elles ont été faciles à
introduire, que le malade ait pu lefc garder dix
à douze heures, fur les vingt-quatre heures, fans
en être incommodé, & que les urines commencent
promptement à couler avec liberté & par
un gros je t , il efi moins néceffaire d’infifler fur
leur ufage. S i , au contraire, le malade eft long-
1tems à s y habituer, & que les urines continuent à lortir avec peine, il doit être plus long. La
guérifon eft rare avant le terme de crois ou quatre
mois, encore n’eit-eiie prefque jamais par-,
N n