n é e , à des difcuffions' approfondies fur
cette matière ; 8 c quoiqu’en général on
ait paru convenir que les deux mémoires
pouvoient balancer les fuffrages, on s ’eft
entin convaincu que le fujet pouvoit être
encore plus approfondi , le prix fut remis
pour 1794. On ne doutoit point que les
concurrens ne reparuffent de nouveau &
avec, plus d’éclat ; la diffolution de l’Académie
qui eut lieu au. mois d’août 1793 ,
a fûrement fait perdre à l’art deux ouvrages
précieux & utiles ; quoique nous
connoiffions bien l’auteur d’un des mémoires
qui ont fixé l’attention de l’académie
, nous devons refpeâer ici
fon fecret. L ’autre nous eft abfolument
inconnu , mais il efi l’auteur des aiguilles
3 , 4 & y , qui par leur forme & leur
conllruâion ont paru mériter devoir l’emporter
fur les anciennes ; elles font courbes
& plates dans toute leur étendue ; la pointe
en eft fort acérée, les bords en font tran-
chans dans l’étendue d’environ deux à
trois lignes , où leur largeur déterminée
s’étend iufqu’au talon. L ’oeil ou chas eft
, oppofé aux tranchans. On remarque au-
deffous une échancrure pour recevoir le
ruban de fil.
6 . Cette figure n ’eft autre chofe que
l’ une de. ces aiguilles pour en faire can-
noître la forme , & pour mieux, apper-
cevoir la dilpofition du chas. S’il étoit de
notre objet de traiter de l’ufage des aiguilles
, il nous feroit facile de démontrer
combien celles qui ont abfolument
la forme d’un demi-cercle doivent l’emporter
fur les anciennes j fo'it que l’on
pratique la future , foit que l’on fafle la
ligature des vaifièaux. Mais comme cette
_ matière a dû être traitée par les auteurs
des articles lig a t u r e s , & f u t u r e s , nous
craindrions de répéter ce qu’ils ont dû
en dire.
7. Cette aiguille fert pour faire la future
entortillée. Tous les chirurgiens ne
font point d’accord fur la préférence que
l ’on doit donner aux différentes aiguilles
de cette efpèce , les uns veulent que l’on
emploie de préférence de petites aiguilles
fans pointes, que l’on introduit au moyen
d’une efpèce delardoire; d’autres veulent
que l’aiguille foit pointue & courte, qu’on
l’introduife dans le tiffu des parties avec
une petite pince élaftique à virole que
l’on nomme porte-aiguille. E n fin , des
praticiens confîdérant que l’aiguille d’acier
n’étant point flexible , ne peut fe prêter
à la convexité de l’arcade alvéolaire , ils
préfèrent de fe fervir d’épingles d’Allemagne
, qui font flexibles , & que l’on
réduit à la longueur que l ’on v eu t , en
les rognant lorfqu’elles font en pla ce , &
fe fervant à cet effet du petit cifoire des
horlogers.
8 & 9. Lorfque M. Louis voulut bien
nous prêter les aiguilles ci-deffus & dont il
étoit dépofîtaire- , comme fecrétaire de
l’Académie , il approuva le deffein q.ue
nous lui communiquâmes de les faire
graver dans lés planches, de l’E ncyclopédie
& de les fubftituer aux anciennes ;
il nous apprit aufli qu’il s’étoit appliqué à la
correétion de cet inftrument, il nous fit
voir celle-ci , & nous aflura qu’il y avoit
plus de dix ans qu’il s’en étoit occupé ; &
qu’alors il fit conilruire celle f i g . 8 ,
parce qu’il étoit convaincu qu’il étoit inu»
tile de faire traverfer l’aiguille e n totalité
pour paffer le fil ; qu’il n ’étoit pas non
plus néceflaire que l’inflrament fût plat
& tranchant fur les côtés.; enfin, il ajouta
qu’il avoit des vues fur cette matière , &
qu’il les communiqueroît inceflaniment à
l’Académie. Nous finies dès-lors defïïner
Ges aiguilles 8 & 10; mais la mort nous-
ayant ravi cet homme célèbre , nous avons
cru devoir à fa mémoire de lés tranf-
mettre à la poftérhé. Nous devons le
dire , quoique plufieurs concurrens au
prix de l’Académie aient propofé, des
aiguilles, à peu près femblables, il avoit
eu la difcrétion de ne point dire à l’affem-
blce , qu’il avoit imaginé il y a plus de
douze ans de placer l’oeil de l’aiguille
près de la pointe pour faire la future ; &
qu’il avait montré cette aiguille à beaucoup
de chirurgiens de province. Il nous
a avoué de bonne foi que cetté idée lui
étoit venue de l ’aiguille de Goulard.
Quoi qu’il en Toit , l’aiguille à future
f i g . 8 , mérite de fixer l'attention des
praticiens. Elle préfente un inftrument
folide & qui réunit bien des avantages en
c e -qu’elle eft plus facile à manie* que
celle où l ’oeil eft au talon. -
10. Cette aiguille , conftruite d’après
celle de Goulard , porte fur fa
convexité une cannelure allez large pour
y loger les chefs du ruban de fil qui eft
paffé dans les deux ouvertures parallèles,
îituées à un pouce environ de la pointe.
On peut dire que cette aiguille reffemble
parfaitement à un calhèter , & c’étoit
l’intention de M. Louis en lui donnant
cette forme. Il penfoit avec raifon qu’elle
devoit être beaucoup plus commode que
toute autre pour embrafler l ’artère fémorale
dans l’opération de l’anévrifme de l’artère
poplitée. 11 n’ignoroit point que Ton avoit
imaginé depuis quelque tems, diverfes
aiguilles pour faire cette opération. Malgré
les grands avantages que les auteurs attribuent
à celles qu’ils ont propofées, nous
ne penfons, pas moins avec M. Louis ,
qu’avec une aiguille dont le manche eft
très-long & n’eft point dans une diredion
oppofée à la pointe, on embrafle plus
promptement & plus aifément l’artère que
l ’on veut lier-; au relie., nous reviendrons
fur ce point en parlant des inftrumens
pour l’anévrifme.
La courbure des aiguilles doit varier
félon l’ufage auquel on les deftine ; mais
il eft reconnu que pour faire: la ligature
des vaiflfeaux , il faut qu’elles,foient très-
courbes.
Si on en croit quelques chirurgiens
modernes , il eft bien peu de cas où on
ne puiffe fe .paffer de ces inftrumens ;
après l’amputation on fait la ligature immédiate
de l ’artère. Suivant eux , elles ne
font utiles que pour lier .les artères dans
l’anévrifme; ou dans les plaies profondes
avec hémorrhagie, lorfque la compreffion
ne peut être exercée avec fuccès. Ils
font de la même opinion à l’égard des
futures ; quelques-uns ont affirmé qu’il
n’y a point de plaie qu’on ne puiffe réunir
par la fituation & le bandage. Il eft
certain qu’on a très-long-tems abufé de
ce moyen dé guérifon , & qu’on en abufe
peut-être encore; mais il ne s ’enfuit point
de là qu’il doive être profcrit; ce feroit,
félon m o i, tomber dans un excès oppofé ,
qui deviendroit préjudiciable aux progrès
de la chirurgie.
On a reconnu & enfeigné bien avant
nous que la plaie fintple pouvoit fe
guérir par le feul fecours de la future
sèche & du bandage. C ’étoit la pratique
de Paul d’Egine , qui décrit comme il
faut appliquer, la bande pour rapprocher
les lèvres de la plaie ( lib . 4. c. 36 ) . 11
ne prefcrit l’ufage de la future que quand
il n’eft pas poflible. de rapprocher & de
maintenir les bords de la divifion par
l’ufagé de la bande, mais il veut que cette
dernière, la bande , & les emplâtres agglu-
tinatives foient employées comme moyens
auxiliaires. Les meilleurs auteurs qui ont
écrit depuis , ont répété les mêmes préceptes
; cependant on- n ’en proftituoit pas
moins la future ; voilà l’abus.
Lafaye , commentateur de Dionis ,
témoin de cette pratique abufîve, a cru
devoir s’élever contre l’ufage inconfidéré
que l’on faifoit des futures. « Il eft inu-
» tile , d it-il, de faire, la future aux plaies
» des parties dont la fituation feule fuffit
» pour maintenir les lèvres rapprochées
» l’une de l’autre ; le bandage & la fitua-
» tion font des moyens préférables à 1*
» future, lorfqu’ils fuffife.nt » . L ’affertion
de ce praticien éclairé, qui ne s’eft jamais
écarté de I cette règle, a fixé l ’attention
des chirurgiens. Chacun a cru y trouver
la cenfure de fa conduite ; & on s’eft réformé.
Il ne s’agiffoit que de favoir appliquer
le précepte aux différens cas que
la pratique préfente, & bientôt on eût été
convaincu que ceux qui exigent la future ,
ne fqnt pas aufli fréqnens qu’on fe l’éto k