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De P Ulcère fongueux.
Il fe forme fréquemment dans les Ulcères des
excroiflances fongueufes , qui acquièrent communément
un tel volume qu’il en réfulte des Ulcères
fort diffé ens de l’Ulcère primitif, par leurs
apparences, leurs effets & la curation. -
I. Dgs Symptômes & des Caufes
de l ’ Ulcère fongueux.
On entend par fongofités, des excroiflances
contre nature, qui s’élèvent dans les Ulcères,
communément plus molles & plus fpongieufes
que les tubercules charnus, qui fe manifeflent
dans letar de fanté. Ces excroiflances ne parviennent
pas, en général, à un volume fort con-
iidérable,néanmoinslorfqu’clles durent long-tems,
on qu’on les néglige, elles' deviennent, dans
certains cas , très-volumineufes , & quoique leur
fubflance foit lâche & molle dans les commen-
cemens, elles'acquièrent quelquefois en vieil—
liftant un très - grand degré de dureté.
La douleur, qui accompagne ces excroiflances,
eft communément légère, & le contraire s’ob-
ferve rarement. L ’écoulement qu’elles produifent
varie fuivant l’efpèce d’Ulçère dont elles dépendent.
Ainfi , lorfqu’ une fongofité ou hyperfarcofe,
( ce font ces noms par iefquels on défigne ces
excroiflances ) Mr,vient dans un Ulcère Ample
purulent, uniquement par défaut de foin, l’é coulement
continue fréquemment à être d’une
a fiez bonne qualité', mais, au contraire, lorfque
l ’hyperfarcofe dépend d’un Ulcère qui rend une
matière viciée fort âcre, comme il arrive quelquefois
; l’écoulement eft communément de la
même nature.
Quant aux caufes de la maladie, nous avons
obfervé , en parlant de l’Ulcère Ample purulent,
que dans l’état de fanté, & fur-tout chez les
jeunes gens, les nouveaux tubercules qui fe forment
dans cet Ulcère, étoienr fujets à prendre un
tel accroiflement qu’ils s’élevoient au- cleffus de
la furface des parties voiAnes. L ’on prévient généralement
cet inconvénient, en fuivant les préceptes
que nous avons donnés', mais la maladie
dont nous flous occupons présentement, a lieu
lorfque, faute d’attention , l’on permet alors aux
tubercules de prendre un accroiflement plus con-
Adérable -, A l’on néglige mêm& encore plus long-
tems l’Ulcère, comme il arrive fouvenr, fur-tout
chez le peuple, cette efpèce de fongoAré peut
dégénérer en une maladie très -fâcheufe. C’eAde
cette manière que fe forment communément lés
excroiflances les plus dure«. _
Il y a une autre variété d’hyperfarcofe que l’on
obftrve quelquefois dans le cours du traitement
des Ulcères, lorfque l’on a pas eu la précaution
d’en guérir le fond, avant de peç,retire au* nouveaux
tubercules charnus de prendre un certafi,
accroiflement. 11 fuffit alors qu’il refte des clapiers
ou quelques matières corrompues qui n’ont
être pouffées au -d eh o r s, agiffent comme corps
étrangers:, pour que les tubercules charnus qïj
s étoienr manifefiés d’abord continuent àcroîrre*.
mais au lieu de former la cicatrice , lotfqu’j|s
font parvenus au niveau des parties faines, ils
les furpaiTenr de jour en jour, conAiiuent enfin
la maladie dont il s'agit.
Lorfqu’une fongofiré s’eft ainfi formée, fes
progrès ne ceflent que quand l’on eft parvenu à découvrir
ou à détruire par l’A r t , ou naturellement
la caufe qui l’a originairement produite, ce qui
arrive lorfqu’il_s’établit au-deffous dé la tumeur
une fuppuration abondante, & .que la matière
s’ouvre une iliue au - dehors. Alors le fiège de
la maladie étant à découvert, on peut recourir
au traitement convenable.
§. II. Du traitement de V Ulcère fongueux.
En faifant attention aux cas & aux deux caufes
dont'nous avons parlé, il eft aifé de découvrir
celle qui a originairement donné lieu à la maladie
; & cette caufe étant bien connue, on
peut déterminer avec certitude la méthode curative
que l’on doit adopter j mais, fans cela, il
n eft pas poflible d’en fnivre aucune, parce que
les remèdes néceflaires dans chacun de ces deux
cas font d’une nature fort oppofée.
Lorfque 1 on s’eft afluré ,que les fongofités ne
font que l’effet de l’accroiflement exceflîf des
parties, & qu’ il n’y a aucune maladie cachée
dans le fond de l’Ulcère ; lorfque la tumeur eft ;
fort large, & fu r - to u t lorfqu’elle ne s’élève
pas beaucoup, il faut encore fu r - le -champre*
courir aux efearotiques. La pierre infernale eft
le meilleur remède de ce genre que l’on puilTe
employer; elle a par-deffus tous les autres l’avantage
de ne jamais manquer fon effet, & de
ne point s’étendre fur les parties voifines ; inconvénient
qui rend l’ufage des autres cauftiques
fouvent fort embarraflanr. Quelquefois cependant
on eft dans le cas d’employer un caufiique
plus fort que la pierre infernale, afin d’accélérer
la deftruélion des fongofités.
En faifant difloudre une once de mercure pur
dans une once & demie, d’acide nitreux concentré
, Ion obtient peut - être un des plusforts-
cauAiqttes que l’on puifte préparer , & qui rénfti
parfaitement, iorfqu’il s’agit de détruire des
excroiflances dures & cal leu fes, des poireaux de
toute efpèce , & particulièrement ceux qui fout
vénériens. Lorfqu’on fe fert de ce cauftique pour
les poireaux ou pour les excroiflances fongueufes
dont il s agit ic i, il ne faut jamais l’appliquer j
tout d’un coup fur une furface étendue. Lorf-
que les fongofités font peu confidérables, on peu1
fans danger étejidre fur tome leur furface, uDÎ I
«eîîte quantité de diflolurion; mais, dans lesaf-
feftions de cette nature qui font fort étendues,
il vaut mieux fe borner à une petite portion~de
lexcroiflan.ee-, car il fuffit d’en toucher tous les
jours une petite partie pour- parvenir, en général
,à la détruire en entier en peu de rems. Après
j’ufage de l’un des cauftiques dont on vient de
parler, on recouvrira les parties de charpie,
& l’on fe gardera d'y appliquer , comme on le f
fait communément , aucune efpèce d’onguens,
parce qu’ils tendent toujours à détruire l’aélivité
du cauftique.^
Lorfque l’exCroiflance s’élève beaucoup , &
que fa bafe eft étroite , la méthode la plus courte
& la plus facile eft de l’enlever par le moyen !
d’une ligature fuffifamment ferrée que l’on paffe
autour de fa racine , & qu’on refferre un peu chaque
jour. Ce moyen détruit promptement lacir-
culation dans la tumeur, & la fait tomber en peu
de tems. Mais lorfque la bafe de la tumeur eft
beaucoup plus large que fa partie fupérieure , il
n’eft pas poflible, fans employer d’autres fecours,
d’empêcher la ligature de glifter. On y réuflit
en obfervant la méthode fuivanre.
On prend uneaiguille droite fixée à un manche,
& percée vers fa pointe ; on l’ introduit tout au
travers de la bafe de la tumeur ; on fait pafler
dans l’oeil de l’aiguille deux fils cirés d’uneforce
fuffifante ^enfuite on la retire, & on laiffe les
bouts de fil pendre de chaque côté de la tumeur.
On fait alors une forte ligature autour delà moitié
de la fongofité avéc les deux, extrémités de
l’un des fils, & l’on ferre de la même manière
l’autre moitié avec les deux autres bouts de fils *,
il fuffit de ferrer de tems r en - tems chacun de
ces fils, pour que les deux hémifphères de la tumeur
tombent très-promptement. Cette méthode
a été recommandée par M. Chefelden.
Lorfqu’on eft parvenu à détruire les fongofités
par l’une de ces méthodes, il faut traiter la playe
de la manière que npus avons indiquée pour
l’Ulcère fimple purulent.
La fécondé efpèce de fongofité eft, comme
nous l’avons obfervé, l’effet des nouveaux tubercules
charnus de l’Ulcère , qui ne portent
pas fur une bafe foüd e, parce que le fond eft
rempli d’une matière purulente ou de quelques
autres corps étrangers. Cette efpèce fe diftingue,
en général, très-facilement de la précédente j
elle s*élève avec beaucoup plus de facilité, & fa
fubflance eft toujours molle & flafque.
En faifant attention à ces circonftances, & à
toutes celles qui accompagnent l’Ulcère, il eft
rare que l’on refte long - tems en doute fur la
caufe des carnofités ; dès que l’on eft parvenu à
la découvrir, il faut commencer par donner jour
a la matière renfermée dans la tumeur, en y
faifant une ouverture convenable. Il fuffit enfuite
de prendre garde que la playe commence à fe
remplir par fon fon d , pour obfenir facilement
la guérifon, en fuivant le traitement ordinaire.
On ne doit jamais en ce cas recourir aux efea-
rotiques, à moins que les fongofités ne foient
très -confidërables \ car les tubercules font communément
fi mous & fi fpongieux dans ces fortes
d’Ulcères, qu’ils fedifiîpent d’eux - mêmes pendant
le traitement, (ans le fecours d’aucun cauftique.
De V Ulcère fifiuleux.
Nous renverrons, pour la defeription & le
traitement de cette efpèce d’Ulcère, à l’article
F istule , où nous fournies entrés à ce fujet dans
tous les détails néceflaires.
De V Ulcère calleux ou variqueux.
On nomme calleux tout Ulcère dont les bords;
au lieu de fe contrarier & de diminuer la grandeur
de la playe, fe tiennent écartés, fe rident,
& acquièrent enfin une ép ai fleur contre nature ,
qui fouvent les élève beaucoup au-deflus du
niveau des parties voifines. Les Ulcères deviennent
, en général, calleux par négligence on par
un mauvais traitement *, & la matière qu’ils rendent
alors eft communément âcre & viciée.
L ’on obferve aufli particulièrement dans cette
efpèce des veines variqueufes plus ou moins con-
fidérables , fu r - to u t lorfque l’ü k è re eft finie
fur les extrémités inférieures. Ce fymprôme, qui
eft en quelque forte caraélériflique de cette maladie
, a été regardé comme l’effet de la gêne
que les callofités apportent au retour du fan g
vers le coeur -, mais, outre que cette caufe ne pa-
roît pas fuffifante pour expliquer un pareil effet.,
il eft d’autant plus difficile d'admertre cette explication,
que la compreflion, feul remède curatif
des varices, fuffit, en général, pour dif-
ftper aufli les callofités.
C ’eft particulièrement cette efpèce d’Ulcère
qui, de tout tems, a été la croix delà plupart
des Praticiens, fous les noms d’ Ulcères phagé-
déniques, malins, chironiens, téléphiens , invétérés.
La difficulté qu’ils rrouvoienr à les guérir
leur en faifoit chercher au loin les caufes. On
en accufoit les vices des humeurs , l’acrimonie
du fang, fon extrême ténuité, ou fon épaiflifie-
[ ment, la mauvaife difpofition du corps , & fur--
; tout les maladies de la rate & du foye. On avoir
obfervé cependant que la dilatation^des veines,
& lengorgement des jambes précèdent ou fui vent
toujours cette efpèce d’Ulcère'. On avoit même
été plus lo in , puifque les Auteurs les plus anciens
reconnoiffent qu’on ne peut obtenir de guérifon
, ou du moins de cicatrice durable que
par la deftrutfion des varices. Mais on a long-
tems regardé ces varices comme produites elles-
mêmes par un fang épais & mélancholique, par
un fang^ d’une nature particulière.-De-là l’opinion
qu’il étoit avantageux que ce fang fe portât
Mmm Ij