
che eft bien léger, en comparaifon de l’avantage '
ineftimable dont il eft accompagné. La forme de
l’inftrument de Moreau , & les mouvemens combinés
qu’ il lui fait éxécuer , femblent rapprocher fon
procédé de celui de Raw, plus qu’aucun de ceux qui
font connus. , . '
Procède de Poutéau.. '
Petite au , Chirurgien de L y on , pour faire Titra
eifion de la proftare & du col de la veffie, avec
toute la précition poffible, avoit imaginé d’employer
des lithotomes de longueur différente, qui
doivent être conduits le long de la fonde canèlée
droite, garnie d’une languette femblable à celle du
conducteur mâle ou d’un gorgeret ordinaire. A l’une
de fes extrémités étoient deux jumelles , entre
lefquélles' le lithotomie.dévoit être introduit.
Cette fondeétoit en outre furmonrée d’un niveau,
qui indiquoit la pofition qu’on devoit lui donner
pour que la canelure regardât obliquement en-
deffus & en bas. Sans doute cet inftrument lui a
paru trop compliqué & d’un ufage.trop difficile,
puifqu’il ne la point décrit dans fes Mélanges de
Chirurgie , imprimés en 1760 , & qu’il n’en eft pas
parlé dans fes (Euvres Poflhurnes, publiés en 1788.
Ceux qu’il leur a fubftitùés font plus fimples j ils
confiftent en un cathéter ordinaire', dont le manche
, moins long que les autres, eft terminé par
un anneau, & en une efpèce de couteau, fixé fur
un manche folide > & qui diffère peu de celui de
Chefelden.
L e malade fîtué eft affujetri, & le cathéter introduit
dans la veffie -, Pouteau tenoit lui-même cet
inftrument, en paffant le petit doigt de la main
gauche dans l’anneau qui le termine, pour avoir
la facilité de relever lès bourfes , & de tendre les
tégumens du périnée, avec les autres doigts de
cette main. Tout étant ainfî difpofé, il prènoit
le iithorome avec la main droite, & incifoir les
tégumens du périnée, entre l’anüs. & la tnbéro-
fité de l’ifchium ; puis, après s’être affuré que la
canelure de la fonde étoit placée vis à-vis lmcï-
fîon , il reprenoitle lithotome, fur lequel il pla-
çoii le doigt index , de manière que l’extrémité de
ce doig» entré, paffâr la pointé de 1 inftrument,
pouT femir la faillie du cathéter. Il retiroit ce doigt
fur le dos du lithotome > afin d'en pouffer la pointe
dans la canelure du cathéter, & îllafaifoit gliffer
jufqne dans la veffie. L’ incifion commençant à la
parois inférieure du bulbe de Turètre., coupoit la
portion membranenk de ce canal, & la plus grande
'partie de Tépaiffcur de la proftate. L ’introduélion
du bec du gorgeret dans la canelure du cathéter,
fe faifoit comme celle de la pointe du lithotome;
les tenettes étoient introduites avec lenteur, pour
ne rien forcer , & le relie fe ' paffoit comme dans
les autres procédés dont nous avons, parlé. j
Ce procédé de Pouteau, fernbalable en apparence
à celui de Chefelden , en diffère effenffeile-
àient, en ce que le lithotonie introduit dafis la
veffie, n’en étant pas retiré obliquement én-deffus
& en bas,des graiffes du voifinage, & les vaiffeaux
quelles renfetment, ne font pas entamées. L’incifion
des parties intérieures n’a d’autre étendue qile
celle qui réfulte de la longueur plus ou moins
grande de l’ inftrument ; & fon trajet, au lieu d'avoir
la forme d’un triangle , a celle d’un entonnoir
, dont l’ouverture eft évaféè & lé bec alôngé.
Si ce -procédé pouvoit être comparé à un autre, ce
feroit avec Ceux de Le Dr an Si de Moreau , qu’il
pâroîtroit avoir le plus d’analogie. Comme lui,
il a eu de nombreux fuccès, qui font même avoués
par TAuteiir d’une Critique amère- publiée en
17 6 1 , fous le titre : à’Avis d’un ferviteur d’Efcu-
lape y fur les Mélanges de Chirurgie de M. Pou-
iean , aux Habitans de Lyon.
Procédé de Foubert..
La perfuafion où l’on étoit que Raw ouvroit
la veffie, fans incifer fon c o l , avoir fait faire un
grand nombre d’expériences, dont le fuccès n’a-
voit pas répondu à l’attente qu’on s’y i étoit formée,
Foubert, Chirurgien en chef de la Charité,
& Lieutenant du premier Chirurgien du R o i, en
avoit fait comme les autres, & il avoit trouvé que
la. proftate étoit tou jouis entamée , lorfqu’on fui-
voit le procédé décrit par Albinus. Il fe détermina
enfin , à examiner quelle partie de la velfie
fe préfente aù périnée, & à quel endroit de cette
région elle répond. Pour cela , il remplit la veffie
d’un cadavre avec de la cire molle, & celle d’un
autre avec de l’eau , après* en avoir préliminaire^-
ment injeélé les vaiffeaux. Il trouva, par la dif-
feélion, que là partie latérale du corps de ce vif-
cère y répondoit à la partie latérale, & inférieure
du périnée, & qu’on pouvoit y atteindre avec un
trois-quart. £n conféquence, il en fir conftruire un
dont le poinçon avoit cinq pouces & quelques
lignes de long , & lê manche trois pouces'& demi
. L e manche étoit creufé fur fa longueur,
pour recevoir celui d’un couteau , qui devoit.fer-
vir de lithotofrie.La canule, qui renferme lé poinçon,
étoit fendue dans toute fa longueur, excepté à
fa dernière extrémité, de manière à former une
canelure , le long de laquelle on eonduifoit
la pointe du couteau, longue de quatre pouces,
tranchante dans toute fâ longueur, & faifant avec
fon manche un angle très-obtus; Tels font les inflru-
mens que Foubert fe procura, pour les épreuves
qu’il méditoit, & qu’il commença dès l’année 1727.
Au mois de Mai 1731., il fe hafarda à tailler un
enfant de quatorze à qainze ans, par fon nouveau
procédé. La veffie fut diftendue par une injeélion,
qui caufa de la douleur y & fatigua beaucoup le
malade y le fuccès néanmoins fut heureux. AyanI
trouvé, Tannée d’après ^ l’occafion d’opérer un
füjêt de dix-nèuf ans , dont la veffie étoit fj>?.'
cieufe ^ Foubert fe contenta de lui faire refénir
fés urines pour le moment de l’opération, temî
auquel il appliqua le bandage de Nuck , pour empêcher
qu’il ne les rendît, & que la velfie ne fe vuidât. Au mois d’Oélobre de la même année,
il fe préfenta un vieillard, dont la veffie étoit
étroite ; Foubert imagina de l’engager à retenir
fes urines, en plus grande quantité de jour en
jour, afin d’accoutumer la veffie à fe dilater, ce
qui lui réuffit fort bien, de forte qu’il n’a pas
eu recours à d’autre expédient depuis.
Le malade préparé', fitué & affujetti , voici en
quoi confifte le procédé dont il s’agit ici. Le Chirurgien
doit commencer par s’aflurer fi la veffie eft
fuffifamment pleine; car faute de cette précaution,
il pourroi r manquer l’opération,& c’eft ce qui arriva
une fois à Foubert , lui-même. Le malade, au
moment d'être taillé, venoit d’uriner à fon infçu ;
il ne fortit que du fang par le trois-quart’, cependant,
l’incifion étant faite, on s’uppercut que la
veffie n’éioit pas ouverte ; mais le caihéter qu’on
y introduifit, donna la facilité de tailler à la manière
ordinaire. Le malade guérit aufli bien que le
fécond, qui avoît été pris pour un autre ; parce
qu’on l’avoit changé de lit, celui-ci ne fut pas
immolé, Foubert le tailla parle grand-appareil,
& là ponélion qui lui avoit été faite au périnée,
n’eut aucune fuite fâcheufe. Le moyen de prévenir
ce malheur eft facile, il ne faut que porter
profondément deux doigts de la main gauche
dans le reélum , & appuyer de la droite fur
la région hypogaftrique pour juger de l’état de
la veffie. Lorfqu’on s’en eft afluré , on détourne
le reétum de gauche à droite avec les doigts
quona laiffés, & prenant le trois-quart, comme
il eft d’ufage , on en porte la pointe le plus près
qu’on peut de la tubérofiré de fifehion gauche,
& à un grand travers de doigt au-deffus de l’anus.
Cet inftrument doit être pouffé horizontalement
fans incliner le poignet en aucun fens, fi ce
n eft légèrement en-dedans > pour s’éloigner de
la proftate. Quand on eft parvenu à la profondeur
de trois ou quatre pouces, & qu’on ceffe
de femir la réfiffance qui s’oppofoit à fon introduction,
il eft à préfumer qu’on eft parvenu
dans la veffie:, & Ton s’en affure en tirant le
poinçon du trois1- quart à foi ,• pour que l’eau
puiffe s’échapper le long de la canelure du
premier inftrument, jufqu’à ce qu’il foit arrivé
à la dernière extrémité, on le dégage alors en
Ifi tirant un peu à fo i, après quoi, élevant fon
manche, on tâche de faire faire le même mouvement
à la pointe qui eft dans la veffie, ayant
1 attention d’en diriger le tranchmt de bas en
haut de manière que l’incifion foit parallèle à
la branche de l’ifchion & à celle du pubis: On
retire cet inftrument en coupant tout ce qui fe
préfente à fon tranchant, & , quand on eft prêt
, terminer la feétion on en relève beaucoup le
manche pour donner à la playe externe toute
détendue qui lui, eft néceffaire. On'conduit en-
4 fuite le gorgeret dans la veffie le long de la canelure
du trois-quart, & l’on termihe le refte
de l’opération comme dans toutes les autres manières
de tailler.
La partie inférieure de l’incifion, qu’on fait au
périnée, en fütvant le procédé qui vient d’être
décrit, répond à l’endroit où commence celle
qu’on y fait lorfqu’on fuit ceux dont il a été
parlé précédemment, & c’ eft déjà un défavan-
rageconfidérable, pareeque la pierre ne peut fortir
que par la partie la plus étroite de l’angle des
os pubis. Cette incifion pénètre au-delà des tégumens
dans l’intervalle que laiffent entré eux les
mufcles ifehio & bulbo-caverneux & le tranverfe
dé l'urètre, fans entamer ce dernier mufcle, de
forte qu’il devient un grand obftacle à l'introduction
& à • la fortie des tenettes. Foubert, à
qui cet inconvénient n’a pas échappé , confeilloit
de couper le mufcle dont il s’agir avec un bif-
touri porté profondément dans la plaie, àinfi
qu’il a été obligé de le faire en quelques cir-
conffances. Le trajet de cette playe r.epréfente
un triangle ifocèle, comme celui que nous avons
dit être formé dans la méthode de Chefelden ;
mais le côté inférieur de ce triangle étant décrit
par le trois - quart eft horizontal, ’& n’offre point
cette pente favorable à la fortie des urines &
des matières purulentes qui peuvent s’infihre’r
dans le tiffu cellulaire du voiftnagé de la veffie ;
ce vifeère eft per é dans fa partie membraneufe
& charnue-, le lieu de l’ouverture qu’y forme
le trois-quart, & qui doit être aggrandi par Ië
couteau, ne peur être dérerminé, car pour peu
que le’ poinçon de l’inftrument ait d'obliquité,
fa poin:e s’élève pu s’abaiffe, s’approche ou
s’éloigne de la proftate; on ne petit*dire quelle
étendue cette ouverture peut avoir. L ’écartement
de la pointe du couteau d’avec celle du trois-^
quart ne fait qu’éloigner les fibres de la veffie
fans les divifer. Il faudroit que le couteau fut
engagé à une grande profondeur dans ce vifeère
pour, qu’en fortant, il pût avoir aélion fur
lu i , parce que les inftrumens rranehans, ne
coupent qu’aütant qu’ils gliffent à la manière
des feies. Il fe peut donc, & lpbfervation l’a
protivé , que l’ouverture de la veffie foit très-
petite ; d’où réfulte la difficulté d’introduire les
inftrumens néceffaires pour la recherche & l’extra
6lion des corps étrangers. Cette difficulté feroit
plus grande , fi l’on avoit manqué la pierre ,
ou qu’il y en eût plufieurs, parce que l’écoulement
des urines permet à la veffie de fe contrarier,
& parce que la playe de ce vifeère ceffe *tre
parallèle à celle des grailles & des tégumens.
Ce défaut de parallèlifme augmente la difpofi-
tion aux infiltrations intérieures. Telles font les
objeétions qu’on peut faire contre le procédé
de Foubert, & elles font d’une telle force qu’en
■ ne doit fe hafarder à le mettre en ufage en aucune
circonftanfce. Il n'y a qu’un homme de génie
qui ait- pu concevoir-le projet qu’il a ©fé exé