M A T
V e ta Defcente de Matrice.
La Defcente de Matrice diffère de la hernie
en ce que le vifeère ne promine point à travers
les ouvertures naturelles ou faéliccs des parois
du bas-ventre, comme dans la hernie, mais bien
en ce quil tombe par fou propre poids dans l’intérieur
du vagin où il manque defoutien. M.Sab-
batier, qui a donné für cette matière un Mémoire
qifon: trouve dans le erpifième volume de ceux
de FAcadémie Royale de Chirurgie, & dont
nous prendrons beaucoup, oblerve avec jufte rai-
fon qu’on, peut diflinguer trois degrés diiférens
dans, la defcente de Matrice : le premier efi la
relaxation, Je fécond la defcente , & letroiflème
la:chute ou la précipitation. Lorfque la maladie
n’eft encore. qu’à-fon premier, même à fon
fécond degré-, la Matrice dèfcend plus, ou moins
daps Je vagin; on.y fent, continue cet Auteur,
iine rumeur pyriforme autour de laquelle il eft
facile de promener l’extrémité d'un d oigt, & qui
eft, percée à fon extrémité d’une ouverture placée
eu travers. Cette tumeur eft fit.uée plus haut
dans Ja relaxation de Matrice, & plus bas dans
la defcente. La Defcente de Matrice a quelquefois
lieu dans les premiers mois de la groflèfl’e,
& eile efl d'autant plus grande alors , que 1«
baffin eft. plus fpacieux , & que la femme a eu
plus d’enfans. Chez les unes la Matrice vient
s'appuyer fur le périnée, & .chez d.’autres fon
col , & même la totalité de fon corp* franchit
la vulve, & paroît au.rdehors ; on voit de ces
Defcentes le quatrième mois & même le fixième.
Lorfqu’au contraire la maladie eft parvenue à,
fon dernier degré, la Matrice fe précipite tout-
à-fait au-dehors, elle entraîne pour lors le vagin
retourné fur lui-même, & une partie de la
veffie qui lui eft fort adhérente: piufieurs des
vifeères du bas - ventre s’enfoncent quelquefois
dans l'efpèce de cul-de-fac formé par le vagin,
& rendent la tumeur monftrueufe. La Matrice
ainfi précipitée forme une tumeur aiongée, pref-
que cylindrique & terminée par une extrémité
étroite, à laquelle fe- voit une ouverture tranf-
verfale qui laide échapper le fang menftruel aux
tems preferits-p^r la Nature. Les Defcentes de
Matrice - reçonnoiffent fouvent pour caufes une
foibltffe exceffive & un relâchement dans les
ligamens latéraux ou larges de ce vifeère. Elles
peuvent également venir d'un excès de pefanteur
de ce vifeère ? comme lorfqu’elle eft affeélée d'un
fehirre ou à la fuite d’un effort précédent pour i
foutenir un fardeau ou autrement. Les filles y font
rarement lujett.es, & les.femmes g rodes beaucoup .
plus ; celles-ci communément accouchent avant
terme. Lorfque Faccidem date de loin, la tumeur
*11 fi unie & li pâle quelle a la couleur de
la peau ; les- règles, en pareil cas, fuinrent de
tome la ljurface dans les tems ordinaires; mais le
M A T
volume en.augmente , lorfque l’évacuation menf.
truelle eft prête à se faire. Les fymprômes, qui accompagnent
les relaxations & la defcente de Matrice
, le réduifent à une pefanteur & à un tirai!!«
ment incommodes dans les reins, qui augmentent
beaucoup lorfque les malades fe tiennent debout
: ou marchent long-rems , & qui diminuent au
| contraire, & même fe diffipent totalement, lorf-
qu’elles ont refié couchées pendant quelque tems,
l a précîpira'rion de Matrice eft accompagnée de
fymptômes plus preflans ; la pefanteur & le tiraillement
font pi us conlidérables. Les malades
prouvent aflez fouvent une grande difficulté
d’uriner; elles font fujettes à un tenefme continuel,
& reffentent quelquefois des douleurs
très-vives.dans la tumeur même, qui s’enflamme
& s’ulcère aifémenr, à caufe de fa fituation, du
frottement auquel elle eft expofée;, & de l’âcreté
de l'urine qui la baigne toujours.
La relaxation & la Defcente de la Matrice fe
réduifent avec beaucoup de facilité: une fituation
favorable, qui confifte à être couchée fur le dos
les reins un peu plus élevés que la poitrine,
fuffit fouvent pour remettre la Matrice dans le
lieu qui lui eft propre; ou fi elle ne fuffit pas,
une preftion bien ménagée la fait rentrer aifémenr.
La malade ne reffent aucune douleur pendant.
Cette réduélion qui fouvent eft fpontanée.
La Matrice totalement précipitée ne préfenre plus
la même facilité pour la réduction. Le grand
nombre de parties qu’elle entraîne avec elle , &
le gonflement qui y furvient quelquefois, rendent
cette opération prefqn’impoffible. 11 faut pour
lors y difpofer les parties par les remèdes généraux,
Si par une fltuation convenable qu’on fera
garder plus ou moins long-tems à la malade. Cette
fituation confifte à être couchée fur fon d o s , la
tête hafle , les cuiftes un peu élevées, & à ne
faire aucun effort pour changer de pofture. On
appliquera fur la partie des cataplafmes de pulpes
émollientes , & l’on fera obferver un régime plus
o.u moins, févère. Par l’ufage confiant de ces
moyens, on peur parvenir à réduire la Matrice,
quei que foit fon volume & l ’ancienneté de fon
déplacement. On doit également tenter la même
opération dans les cas où la Matrice feroit ulcérée;
.car ici l'ulcération doit être regardée comme
accidentelle , & il y a tout à préfumer qu’elle
ceffera quand la tumeur ne fera plus expofée au
frottement ni à i’âcreté des urines, comme elle
l'étoit auparavant : ce qui efl conftaté par Fob-
fervarion. If faut > dans tous les cas, avant de
tenter la réduction , évacuer la veffie & le rectum,
au moyen de la fonde & des lavemens; &
quand on a réuffi, on applique fur les lombes
& le bas-ventre des fachers de poudre de plantes
aromatiques & légèrement aft fin genres , qu'on
aura auparavant fait tremper dans le vin aiiftère
ou- le; vinaigre.
La précipitation dç la Matrice arrive quelquefois.
M A T
fois il tirie époque à laquelle on ne s attendoit
pas il la rencontrer, c’elï-à-dire , au plein terme
de la profleffe ; Portai &Hoin en citent des exemples
auxquels il n’y a rien à répliquer. Ce cas
demande des attentions particulières. Lorfque la
précipitation arrive dans le courant de la grof-
fèffe , il faut ëflayer d’en faire la réduction , ce
qui eft quelquefois aflez facile dans un terme
peu avancé, fl l’on opère for-le-champ , en prenant
la précaution de folUcirer avant la fortie des
cxcrémens & de 1 urine par des lavemens & par
là fonde. L’introduélion de ce dernier inftrument
n’eft pas toujours auffi facile qu’on le' pourroit
croire, vu le dérangement fnrvcnu dans m portion
naturelle de la' veffie &. du canal de Fu-
fètre. Il eft même des cas où, la fonde à femme
me pouvant convenir, il faut recourir aux fondés
courbes ufiréès pour les hommes, & les introduire
par - deffiis le ventre. Mais fi la groftefle
■ feft déjà fort avancée , que la maladie date de
long-tems, la réduction devenant très-difficile,
al eft plus prudent de ne rien faire. On fe contente
alors de foutenir la Matrice par un bandage
convenable , 5c de faire garder le lit à la
femme; & lorfque le tems do l’accouchement eft
arrivé , on facilire la fortie de l ’enfant en dilatant
peu-à-pèu l’orifice, & l’on procède aufli-tôt
à 1 ’extraction du placenta , en ponant la main
dans la Matrice pour le déco 1e r , & non en titan
t fur le cordon ; la réduction fe fait alors
d’autant plus facilement, que les contractions qui
Surviennent dans le corps de la matière en diminuent
de beaucoup le volume,
tf-; Il eft des Praticiens qui ont ofé ici faire une
încifion à la Matrice pouf extraire l’enfant. On
en trouve un exemple dans les Ephémérides
■ d’Allemagne , année 3e. décad. 3®. On ne dit
point fi la malade a échappé aux fuites de cette
épération ; mais quel qu’en air été le-fuccès, il
ne doit point porter à le mettre en pratique.
La Matrice réduite, il refte une indication eflen-
fieile à remplir, c’eft de s’oppofer à fa fortie, ce en
quoi on réuffit en ayant recours aux pefiairès.
Les peffaires ne font pas àbfoiument riéceflairés
quand la defcente eft nouvelle & qu’elle eft venue
brufquemenr ; mais ils font indifpenfables
pour celles qui font anciennes & volumineufes.
,;Dans les cas dont il s’agit i c i , cet inftrument doit
être figuré comme un anneau applati fur deux
faces, & percé dans fon milieu pour recevoir le
col de la Matrice, & permettre l'écoulement des
menftrués. On fait des peffaires d 'or, d’argent,
divoire, & plus fouvent encore dé liège recouvert
d’une couche de cire ; ces derniers font
sujets à moins d’inconvéniens que les autres. Le
peffairé, pour répondre aux vues des Praticiens
dans le cas • de précipitation- de Matrice , doit
€trê aflez a longé pour porter -fur le rebord de l'un
■ B ? utre jfch’i'um. & pouvoir, réfiffer à l'effort des
parties qui tendent à le charter; mais alors il caufe
Chirurgie, Terne I I , ƒ/< fa r tic.
M A T S7
des aceidens aflez inquiétans; il amène dès difficultés
d’uriner, d’aller à la telle, aceompagnéeî
de douleurs très-vives & d’une cenflon dans le
bas-ventre. Que, s'il efl proportionné à la dilatation
du, vagin , ou le poids de la Matrice &
des vifeères qu’il efl obligé d'entrerenir, le pouffe
en bas au moindre effort que la malade fait, foit
pour uriner, ou pour rendre des excrémens endurcis
, ou, malgré fapréfence, la malade éprouve
une pefanteur continuelle dans l ’hypogaftre, des
tiraillemcns dans les reins & des douleurs dans
les cuifles, qui la mettent quelquefois dans Finir
poffibiliré de marcher. Le peffaire de Jean Eau-
lieu , compofé d'un cerclé d’argent fouterm par
une efpèce de fourche à trois branches, paroît
devoir remédier â cet inconvénient. Sasinrd en
a imaginé auffi un; mais tous font tombés dans
l’oubli depuis ceux inventés par M. Suret. Voye%,
pour de plus grands détails , l’article P e ï s.mu.es.
II eft des attentions que doivent avoir les
femmes qui ont des Defcentes, & Hernies de
Matrice • elles ne doivent prendre ni bain«
ni vomitifs ; elles prendront tous les jours im
lavement pour peu quelles éprouvent de la difficulté
à aller à la garde-robe, elles ne retiendront
leur urine que le moins quelles pourront, elles
marcheront peu dans les premiers jours qu’elles feront
nfage du peftâire ; & modéreront, autant què
faire fe pourra, les partions violentes-qui -pour-
roient les animer. Elles s'injeéleront tous les jours
le vagin avec de l ’eau froide, animée d’un -peu
d’eau vulnéraire. -Il furvient quelquefois un écoulement
fereux & comme purulent quelques jours
après l’application du pefiaire, fur-tout quand la
•defcente de matrice efl compliquée de l ’engorgement
de ce vifeère. On ne doir rien craindre
en pareil cas , la matière provenant du dégorgement
qui furvient alors; mais il n’en efl pas ainff
quand les douleurs font vive s, foit à la Matrice
ou à fon col ; elles dénotent toujours une ulcération
qu’on a droit de craindre. En général, le
peffaire devient inutile quand il ballote dans le j vagin, & que la femme devient groffe ; car alors
! la-Matrice remonte considérablement, & fon col
& fon orifice font retirés en haut.
Du Renversement de Matrice.
Le Renverfement de Matrice efl une affeélion
de ce vifeère, dans laquelle une partie on fa totalisé,
partant par fon orifice, fe retourne fur lu i,
& fort plus ou moins. On peur diflinguer deux
Renverfeméns ; l'un compler, qui arrive quand le
fond' feul de la Matrice parte par J’ouvermre de
fon col Si fe fait fentir dans le vagin; & Kautre
1 incomplet, quand font le vifeère fe retourne fur
! ' lui-même , & partant par fon orifice , entraîne
j une partie du vagin avec lui & defeend juf-
! qu'entreJès coiffes. Hippoc; are paroît avoir connu
I Ce - dernier cas , car- il s’explique ainfi : Si
|