
fe continue. Mais fi les forces font égales de part I
& d’autre , la communication peut arriver , & la
fracture ou fi flore fe former à l’oppofire. S ii’im-
pulfion cfl inférieure à la réfiftance, la fraélure
ne s’établit nulle part, mais il peut furvenirun dérangement
, une rupture dans les vaifleaux où
fe réunifient les forces, notamment dans ou fur
la furface du cerveau , & de-là l’inflammation
& lés épanchemens confécutifs.
Il efl très-difficile, fouvent même impoflîblé,'
de reconnoître le fiège des contre-coups , fur-
tout quand ils ont lieu vers la bâfe du crâne;
la mort emportant lé blefl'é avant qu’on afi pu
s’aflurer de la véritable caufe des accidens, qu’on
ne fait que foupçonner. On ouvre le crâne, &
alors on découvre une fraélure vers le rocher ,
les ailes du fphènoïde , ou le trou impair, &
du fang coagulé qui comprime plus ou moins la
moelle alongée en fe portant dans le canal vertébral.
On peut les foupçonner quand / après un
un coup reçu dans un endroit » le blefl'é dit éprouver
une douleur continue vers un autre , qu’ on
en augmente la violence en appuyant fortement
le doigt fur lu i ; quand le blefl'é étant dans un
état comateux y porte fpontanément la main,
quand la partie rafée , on y découvre une petite
élévation ou une dépreffion; quand y ayant appliqué
un cataplafme de farine de. fèves cuite)
dans l’oxicrat , & l’y ayant -laifle vingt-quatre
heures, on découvre fur le cataplafme une trace
de fécherefle qui a l’ ap'parence plus ou moins
étoilée, ( i ) Quand tous ces lignes ont lieu' ou
plufieurs d’eux , il fau t, fans plus différer , in-
cifer fur l’endroit, & fi l’on y trouve le péricrâne
détaché y ce fera une raifon de plus pour recourir
promptement à l’opération du trépan. Mais
quelquefois, au lieu d’une fraélure , on trouve
lin fimple écartement des fubures, ce cas arrive
particulièrement vers la région des tempes, quel-
( i ) C e s top iq u e s do n t on. d o it, tou fours fa i r e mo ins
de c a s , en p areilles c ir co n ftan c e s , que. d ’un ta ft ju d ic
ieu x St e xe rcé , ont é té en v o g u e dans la P ra tiq u e ,
d epu is l’Hifto ire de Borel, d é ta illé e dans le Sepulcrhetùm
d e Bon ne t. U n S e ig n e u r , y eft • i l d i t , tom b a de haut
à la r en v e r fe , St .refta fans, fen t im en t ni mouvement.
I l n'y a v o it aucune tumeur ni dépreffion à-la tête. D eu x
des plus hab iles C h iru rg ien s d e . P a r is fu ren t ap.peliés,,
c ’ é to ien t P im pe rne lle ôc le J u i f I ls ordonnè rent un catap
la fm e de f è v e s , ap rès a v o ir pro bab lem ent fa i t rafer
l a t ê t e ; ils fu ren t occupés p en d antfix heures à de lféche r
le c a t a p la f ; e » .par l’ap p lica tio n des lin g e s chauds- A la
le v é e de ce t o p iq u e , on t ro u va les t ra its de la fraélure
fu r le ca taplafm e . A in f i , d it l’ A u te u r , l’art fit dé cou v rir
-ce ’ qu’ on n ’auFok jamais a p perçu par la vue. Il y a v o it
■ une t r è s - g r a n d e fra é lu re fur le m ilieu du m u fc le c.ro-
t a p h y te ; le- J u i f y fit une in cifion , tira, u n e grande ef-
q u jfle dont. le v u id e t in t lieu de trépan ; le fang épanché
io r i i t , Ôc le malade rappelle !ù r - le - ch am p à la Gonnoif-
fan c e , 'g u é r ; t enfuite par des fo ins mé th o d iq u es . Depuis
la connoiffjnce- de c e fa i t ju fq u 'i c i , ce g en re de ca ta -
p iafm e a é té emp lo yé dans des cas f em b la b le s , mais a v e c
une fi g rande d i v e f r é de lucc ès . q u ’on n e çompte plus
lu i,. ’
qùtfois aulTi vers lefregma; alors l’effet du contre*
coup paroît évidemment , & les fuites en font
fouvent fâcheufes ; car alors il y a toujours un
déchirement dans la dure-mère qui eft fort adhérente
dans cet endroit, & rupture des vaifîèaux
& quelquefois même des finus qui la parcourent*
d’où s’tnfuivem des épanchemens qui fe portent
-plus ou moins loin.
Ltfions du Cerveau & dé fis Membranes..
La réjfiftance du crâne n’abforbe pas toujours
la violence du coup , celle-ci alors le propre
fouvent fur les parties contenues ,. & fe perd fur
ou vers les environs du lieu frappé, ou fort au
loin , ce qui établit un genre de contre-coup dont
les Obfervareurs citent plufieurs exemples. On-
peut diflinguer les affeélions qui fur viennent
alors, en celles qui ont leur principal fiègefur
la dure-mère, & celles où je cerveau efl fpécia-
lement léfée\ quoiqu’à dire vrai ^communément
ces affeélions fe confondent de manière à offrir des
cas trèsv-compliqués, ainfi qu’on le peut voirdans
la pratique journalière , & particulièrement dans
les. hôpitaux. Commençons par ce qui regarde
la dure-mère. r/ \
I. .La féparation de cette membrane fuccède
fouvent à la fimple contufion du crâne, toutes
les fois que l'inflammation qui furvient alors,,
pafl*e promptement à la fuppuration. Cette inflammation
& la formation du pus entre elle & le
crâne font ordinairement indiquées & précédées
par deux fympiômes que Pott dit n’avoir jamais
vu manquer , c’efi-à-dire uneenflûre circonfcrite
& indolente des tégumens , & une féparation
fpontanée du péricrâne au-deflus d’elle..La dure-
mère corrodée par l’acrimonie du pus qui fe
forme alors, ronge également la’lame vitrée de
- l’os, l'ulcère bien-tôt, & le mal, fe propageant
à la longue, mine l’os , & le réduit en puni*
lage. Les malades , en pareil cas , éprouvent à
l’endroit frappé une douleur continue & fi violente.
qu’elle les empêche de s’appliquer à aucun
travail- Quelquefois ils éprouvent quelques
accès épileptiques qui durent plus ou moins long»
tems. Pott prouve tous ces laits par i’obferva*
tion fuivante. Un matelot reçut à la tête un coup-
d’tcJai de bois dans ce combat où le Capitaine
GiJchrtft , à bord du Sputhampton , ■ fit- une défis
nfe <? jamais mémorable contre les François
t ès-fupériëurs en nombre. Une petite plaie &
une large contufion furent: les finies immédiates
de ce. coup -, mais elles fe guérirent en fi peu de
tems que' ce matelot reprit fies fonéfions au bout
de quelques jours.. Cependant environ fiept %
maines après,. à. compter, du. moment de l’accl*
d lm , il commença .à ife plaindre d’une grandô
douleur de tête qui , dans l’efpace de quelque
jours, le mit tellement hors d’état de travailla
qu’on le dépofa dans fhôpi&al de Gorporf. X*»J5
refta environ trois femaines, fonffrant toujours,
rnais non pas continuelkment ; pendant, ce
Tems il éprouva trois ou quatre accès aflxz feiu-
blables â c:ux de i epilepfie. Il fut alors envoyé
à l’hôpital Sainr-Barthélemi, & confié aux foins
du D. Pitcairn qui le fit faigner & purger ;
niais, ayant appris les circonftances de fon accident,
il invita Pott à l’examiner. Ce Praticien ne
trouva aucun gonflement ni aucune inflammation
, pas même aucun vertige de cicatrice. Mais
tandis qu’il faifoitfon examen, le malade éprouva
quelques fpafmes qui difeontinuèrent du moment
où il le ce fia , chofe qui le frappa. Le lendemain
, ayant répété l'expérience , il obtint le
même réfui rat; le jour fuivant,il y revint encore ;
mais le malade eut de fi fortes convulfions qu’il
réfolut de ne plus farisfaire fa curiofité. Il informa
le D. Pitcairn de ce qui s’étoir paffé, &
iis réfolurent enfemble, vu l’ inefficacité de tous
les remèdes qu’on avoit précédemment tentés
qu’il falloir découvrir le crâne à l’endroit où la
preflion avoit produit un effet fi extraordinaire.
Le lendemain, Pott emporta une. portion circulaire
des tégumens, & trouva que la couleur du
péricrâne étoit altérée , & qu’il n’adhéroit plus à
l’os; que celui-ci étoit carié , & qu’il y avoit
plufieurs petits trous d’où s’élevoit & découloir
une matière fanieufe. Il appliqua alors une large
couronne de trépan fans aucun égard à la future,
& il emporta une portion du crâne. Le malade
eut des mouvemens fpafinodiqués, qui ceffèrent
auffi-rôt que l’opération fut finie. La dure-mère
étoit détachée du crâne , & fa furface couverte
d’une matière extrêmement p u a n t e & chargée
de manière à faire croire que le défordre daroit
de loin. Le malade pafla mal la nuit fuivante ;
&, le lendemain , il eut un fi violent friflon qu’on
le crut à fon dernier moment. Le jour fcivanr, il
fut mieux , la matière qui découloit de l’ouverture
faite à la tête , étoit abondante, il n’y eut
plus de fpafmes ni de friflons , mais la langue
étoit extrême', les remèdes qu’on lui prefcrivic
intérieurement paroifloient avoir un bon effet,
& tout fenibloit affez bien aller quand il fut, tout-
acoup , attaqué d’une péripneumonie dont il
nioqrut en trois jours. On ne découvrit aucune
autre çattfe extérieure où intérieure du mal à
1 ouverture de fa tête ; la dure-mère étoit bien
incarnée; il n’y avoit aucun foyer de matière.
La dure-mère dans les cas de ce genre éprouve
quelquefois des changemensqui furviennent d’une
maaière lente & beaucoup plus tardive ; il s’y
forme des tumeurs fongneufes qui infenfiblement
Ùiinent le crâne , ou paffent à travers les futures,
quand l’écartement de celles-ci eft la fuite immédiate
du eoup , comme il arrive quelquefois
c“ ?2 ^es îeunes fujets. L'ouverture des cadavres
oirre quelquefois de pareilles tumeurs dans un
♦ tat vpifin de celui où elles aurojënt fiien-tôt
intéreffé le crâne • fi .les .fujets enflent vécu plu)
long-rems.
Mais fouvent les progrès de l’affeèlion que la
dure-mère éprouve font beaucoup plus prom ,
fur-tour quand ils tiennent du caraèlère dé:idément
inflammatoire, les fymprômes qui accompagnent
l’état inflammatoire des membranes, d r
P ott, diffèrent beaucoup , ils font plu- ou unir s
de la nature fébrile, & n’indiquent d’abord aucune
preflion contre nature. Ces lympiômes font
la douleur de tête, l’agitation, l’infomnie , en
pouls dur & fréquent, la chaleur-, la fécherefle
de la peau , les rougeurs du vifage & des yeux-,
les naufées, les vomiffemens, & enfin fuccèlent
-le friflon , le délire & les convulfions qui annoncent
toujours la pourriture. Tout ceci n’a
point échappé à Bérenger; car il. d it, interdum
etiatn a contujîone non rumpitur aliqua vena , fed
rumpuntur ligamenta ilia daroe matris a quibus
refiudat aliquid. Hifice vero nififuccarratur , acci -
dunt foeva accidenda & mors. Et Hippocrate fait
voir combien il croyoit difficile de prendre uns
notion jufle du mal lorfqu’il d it , nullo autem
harwn contujionum afpectu dignofei potefi qualis
nempe quantave f i t , non protinus ab iclu malum
Je videndum preebet. Les faignées répétées font
le meilleur remède qu’on puiffe employer dans
le premier période de la maladie ; mais il faut,
pour qu’elles deviennent réellement prophylactiques,
les mettre en ufage fans différer, & avec
hardieffe; car c’eft de ce remède employé à tems 3
ou négligé > que dépend la v ie , ou la mort du
bielfé. Une ventoufè fearifiée , appliquée fur le
lieu même frappé , aurait fon utilité. Lorfque,
par la continuité des fyinptôines , il y a lieu de
croire que la matière eft fo r c é e . fous le crâne,
l ’opération du trépan ne fauroir être trop tôt
faite , c’eft ce dont avertit Archigènes dont Galien
rend un fi bon témoignage, en difant , kis ubi
cito manus admovetur- fialutis aliqua fpes fubeft ;
ubi feriiis, ploerique omnes monuntur. Prouvons,
cette affertion par une obfervation prife de Port.
Un garçon rraVerfant Tower H II , fut aflailjî
par une populace qui s’efforçoir de fauver un
matelot de la preffe. Il reçut un coup à la tête ;
& fut renverfé par terre. Lorfque la foule fut
diffipée, on le nouva étendu fans fentimenr, &
dans cet état il fut porté à l’hôpital Sainr-Bar-
thélemi, où il fut faigné aufli-tôt. En deux heures
y il recouvra tellement fes Cens qu’il put donner
des détails furfon état. M. Nourfe , qui le
vit le lendemain, ne trouva fur la tête a. cime-
marque de violence , excepté une petite contufion
, mais fi légère qu’on pouvoir avec" plus de
probabilité l’attribuer à la chûte qu’au coup. Cependant
comme il fut que le coup avoit été violent
, que l’inftrument qui l’avoit porté étoit
pefanr, & que la perte des fenss’en éioit fuivia
pendant un tems çonfidérable, ce. Praticien lui
preferivit une faigçée^ le fit tenir au lit , & 1g.