
nous nous arrêterons d’autant plus volontiers i c i ,
que la Société de Médecine lui a donné fes fuffra-
ges. Oh s’accorde affez fur les drogues qui entrent
dans fa recette : c’eft, dit-on, la falfepareiile, le
gay ac , le cumin, les fleurs de bourache , le
fenné, les rofes mufquées, le fucre & le miel.
Quelques-uns ont cru qu’il contenoir, de plus^ du
fublimé corrofif ; ce qu’on feroit d’autant plus
porté à croire , que fon ufage a été quelquefois
fuivi de faüvations qu’on a eu beaucoup de~pcjne
à réprimer. Mais les Commiffaires chargés par la
Société de Médecine, de fon analyfe,n'en ont point
trouvé; ils ont cependant dit qu’il pouvoit en
contenir fans qu’on pût le reconnoître : car, ayant
mis une certaine quan ité de fublimé dans une
bouteille de ce roh, ils ne purent jamais parvenir
à le reconnoître. Le fublimé corrolif a toujours
été le remède qu’ont admis les Empyriques dans
leurs compofitions, quoiqu'ils le décriaffent beaucoup
en public, ainfi que toutes les préparations
mercurielles , pour faire valoir leur remède, où,
difoienr-ils, il n’entre point de mercure. Tous
ont cette marche uniforme, de décrier pour louer.
Ils s'étudient à tellement déguifer ce fe l, qu’il eft
fouvent impofiible de le reconnoître ; ils le préfèrent
à tout autre, à raiF>n de fon extrême folu-
b ilité , & de la petite quantité qu’il en faut pour
opérer quelques effets momenranés. Les uns le
diflolvent dans une tifanne, dans un élixir, dans
un fyrop ; d’autres, & ceux-ci nous paroiffent
bien imprudtns, dans un opiat, un bifcuir, ou
fous toute autre forme folide. En général, la
Vér<de offre Ie pl,,s gran^ champ à la cupidité
des Empyriques, & tous y ayant une égale prétention
, ils fe jugent réciproquement aux yeux
des hommes inflruits. Les mauvais fuccès de; per-
fonnes de l'A r t, dont les pas ne font pas toujours
guidés par le (avoir & la prudence , ne leur
donnent que trop fouvent gain de caufe ; & leur
triomphe eft d’autant plus grand, qu’ils ont affaire
à d*-s ignorans qui font loin d'apprécier leur conduite.
Mais c’en eft affez fur un fujec qui mérite
fi peu lardifcuffion.
Telles font les différentes manières de traiter la
Vérole: mais il ne fuffir point de s’en tenir uniquement
au traitement général de cette affeétion ;
les fymptômes locaux drm indent quelquefois une
confidération toute particulière. Quand ces fymptômes
ne font point très-graves, on peut les abandonner
à eux-mêmes ; le remède général (uffira
pour les diflî per. Mais, quand ils font tels, îl faut y
remédier félon leur nature. Les bubons, les condylomes,
les choux-fleurs, lesexoftofes, la carie
font ceux qui demandent plus fréquemment un
traitement fuivi. En général, il faut éviter d’ouvrir
les bubons, tant pour ne point donner lieu à
des ulcérations qui1 font fouvent fort difficiles à
guérir, que pour éviter les défagrémens d'une
cicatrice > fur-tout chez les perfonnes qui ont intérêf
de cacher toutes les traces de leur maladie. Oa
le contente d’appliquer deilus un emplâtre de dia-
chylum gommé, ou de de V igo, avec le mercure;
& quand les duretés fe ramollilfent, que le pus
pointe, & a conodé'ie lommet de manière à
s'échapper par lui-même, on comprime le* environs
, en exprimant la matière, & l’on rechange
plus fouvent l'emplâtre. J ’ai v u , dans pluffeurs
cas de ce genre, la nuttère prête à s’échapper,
être réfoi bée infenûblement, & la tumeur difpa-
roître peu-à-peu, fans que la maladie ait éprouvé
plus de difficulté à guérir. Quand le bubon s’ouvre
par p udeurs crevafîes, il pafle toujours à l’état
d’ulcère; les portions de peau intermédiaires aux
ouvertures fe flétriflent, tombent par la fuppuration,
& la tumeur n’offre plus qu’un ulcère plus
ou moins large, dont la furface tend plus ou
moins à la cicatrifation. Il faut alors traiter l’ulcère
à fe c , & l’arrofer toutes Jes fois qu’on le
panfe , afin de pouvoir enlever plus facilement le
plumaceau qui le recouvre. Quand la furface en
eft érétifée, & les bords rongés, enflammés, on le
lave avec l'eau végéto-minérale, & l’on couvre
légèrement le plumaceau avec le cérat de faturne.
Voye[ , pour de plus grands détails , l’article
B ubon. Les condylomes, de même que les crêtes
& (es poireaux, fe défféchent communément au
milieu du traitement , & taillent une bafe en
fuppuration, qui fe cicatrife bitn-tôt. Quelquefois
cependant ils s’enflamment, fuppurent même à
leur extérieur , & tombent par parcelles. 11 faut
alors les tenir dans la plus grande propreté, les
lavant fréquemment avec de* lotions émollientes
& réfolutives, o u , tout uniment, avec l’eau de
Goulard , aiguifée d’un filet d'eau-de-vie. Quelquefois
ils exigent de plus grands foins ; il faut
alors fe comporter comme nous l’avons dit à
chacun de ces articles. Les choux-fleurs exigent
fouvent des moyens plus promptement effcjChb ;
il faut alors les emporter avec un biffouri, de
préférence aux cifeaux, qui font toujours beaucoup
plus fouffrir. On panfe enfuite leur bafe
avec l’onguent brun, qu'on rend plus ou moins
cathérétique. On ne fe détermine à ces opérations
que vers la fin du traitement. Les exofiofes qui ne
font point ouvertes, feront traitées avec les em-
plârres fondantes; on fera fur elles, de tems à
autre, des illinitions mercurielles ; & fi elles
viennent à s'ouvrir, on les traitera Amplement
jufqu'à la fin du traitement, où l’on avifera aux
moyens locaux , de la manière qu’il eft dit à l article
Exostose. On agira de même à l’égard de
la carie. Le traitement eft fouvent achevé , que
celle-ci eft dans le même état ; il faut alors s'occuper
du vice lo ca l, & recourir aux moyens qne
nous avons rapportés à l’article C arie. La pro*
prêté, les infecliôns fréquemment répétées par les
finus & ouvertures qui fourniffent la matière , &
le tems font fouvent plus que toutes les tentatives
ou l’on agit cumultuairement, fans confulxer la
nature* Il fe forme quelquefois,’ après le traitement
, une inflammation extérieure; le pus qui eft
deffous dégage une portion d’os qui cherche à fortir,
& lorfque celle-ci s eft échappée, les chairs reviennent;
elles font de bonne nature,& tendent facilement
à la cicairice. Il eft cependant descasde carie,
& même d exoftofes, où il faur recourir au traitement
local , avant tout autre. Fabrice de Hiidencite
une obf ervation qui, fur cette matière, n’eft nullement
indifférente. Une femme de cinquante ans
étoit, depuis trois ans, dans un état très-fâcheux,
par la maladie vénérienne, que fon mari lui avoir
communiquée. Elle avoir paffé inutilement trois
fois par les grands remèdes ; elle fouffroit des
douleurs aigues à la tête & dans les articulations;
elle ne pouvoit fe loutenir, & avoir en différentes
parties des ulcères malins, fordides , & un principalement
fur la clavicule droite, aveccarie. Eclairé
par l'expérience, Fabrice prépara fa malade pendant
trois femaines, & procéda enfuite préliminairement
à la guérifon du mal local, par l’application
du cautère aèluel fur la clavicule cariée.
Ce ne fut qu’après la chute de l'efearre qu’il commença
l’adminiftration des friélions mercurielles,
& il eut la fatisfaèHon de guérir, en très-peu de
tems, la malade, qui a vécu, depuis plulîeurs
années, en parfaite fanté. Fabrice, en fe condui-
fanr ainfi, regardoit, avec raifon, la carie comme
un foyer où le virus vérolique s’étoit dépofé.
Tous les traitemens ont été inutiles, tant que
cette carie n'a pas été détruite, parce qu’il repaf-
foit fans ceffe de cette partie dans tout le fyftême,
des principes d’itifeélions, qui en corrompoient les
diverfes régions. Que les Chirurgiens apprennent
donc par-là, dit Fabrice , qu’il faut fouvent faire
l’extraélion des os cariés, avant de paffer au traitement
fpécifique.
L’engorgement de la profiate, porté au point
d’occafionner la ftrangurie, eft un (ymptôme des
plus rébelles de la V érole. Cet engorgement fuc-
cède quelquefois au mauvais traitement de la gonorrhée
; & quand il eft ancien, on peut le regarder
copime un mal incurable, & d’autant plus
fâcheux qu'il devient fouvent caufe de rétention
d urine. Les malades n'ont de^ foulagement à
attendre que du continuel emploi des bougies.
Elles facilitent le cours des urines, quand on peut
Ls porter au-delà de l’obflacle, & les laifler.un
cert un tems. On en fait actuellement de creufts
& Toupies , qui peuvent mieux remplir les intentions
du Praticien que les précédentes ; mais il
faut que |es malades les portent habituellement ;
car , s’il? les difeonrinuent, la ftrangurie ne tarde
Pointé revenir au même point où elle étoit précédemment.
On a v u , mais malheureufement ces
cas font rares, la proftate le fondre par une fup-
p'>ration fpontanée ou déterminée par la bougie.
Les urinesét ient alors purulentes; elles donnoient
jnêtne de l ’inquiétude , lorfque, tout changeant,
«s malades revenoient à l'état de la plus parfaite
! fanté. La dureté de l'épididyme, fuite d'une gonorrhée
tombée dans les bourfes, comme s’expriment
communément les Praticiens , eft un
fymptôme qui Téfifle fouvent au traitement mercuriel
; il n’a rien d’inquiétant ; il fubfifte quelquefois
long-rems, quoique i’infeélion foir radicalement
détruite. Il le dilfipe ordinairement par le
tems, comme j’en ai beaucoup d'exemples.
Les ulcères vénériens feront traités avec un
mélange de digeflif & de Néapolitain ; on les lavera
avec les lotions fyphillitiques dont nous avons
fait précédemment mention, & l ’on fe comportera,
du refte,'comme le demanderont les cir-
conftances & indications particulières qu’ ils offriront
: ceux de la gorge offrent plus d embarras,
tant à caufe de la difficulté de les bien découvrir,
que d'y pouvoir maintenir les topiques qui pour-
roient en accélérer la guérifon. D’ailleurs, on les
confond fouvent avec ceux de nature feorbutique,
q u i, quelquefois, fuccèdent au traitement de la
Vérole, chez les fujets qui ne font déjà pas d'une
bien bonne cor.flirurion. L’expérience prouve qu'on
rifque peu de s’égarer, en trairant comme vénérien
tout ulcère profond qui tft couvert d'une croûte
blanche , cuenneufe, & terminé par un bord dur
& relevé, avec une rougeur obfcure tout-au-tour.
Çes ulcères, indépendamment du traitement général
, en exigent quelquefois un local. On pref-
crit alors les injeélions, les gargarismes , où
entre le fublimé corrofif, mêlé, fuivanr les cir-
conftances, aux teintures réfineufes , telles que
celle defuccin, de maftic ou de gomme laque. Les
ulcères qui font peu étendus, qui ont paru dans
le traitement, qui , loin de ronger profondément
, ne s’étendent point, & qui ont été précédés
de la chute d’une efearre , font réputés dûs
à l’effet du mercure. Il ne faut leur rien faire *
on fe contente des gargarifmes d’eau d’orge & de
miel rofat.
La Vérole, chez les enfans, offre quelques
circonftances affez intéreffantes pour que nous
nous en occupions féparémenr. Elle fe manifefte
plus fouvent vers les parties de la génération
qu'ail leurs, & prefque toujours par des pu fl u les
de couleur cuivreufe, affez femblabies à celles qui
paroiflent fur toute la furface du corps , chez
l'adulte. Succeflivement ces boutons paroiflent
ailleurs, & prennent bien-tôt la même apparence
que ceux de ta petite - vérole , qui tendent à
l’exficcation. L ’intérieur de la bouche fe charge
d’aphtes qui dégénèrent en ulcères, s’enfoncent
infenfiblement en arrière, dans le golier, ou s’avancent
fur les lèvres & les narrines, & portent
en cet état, obflacle à 1a refpiration & à la déglutition.
Le mammelon , chez les nourrices qui
allaitent ces fortes d’enfans, commence alors à fe
gercer; il offre enfin , par 1a fuite, l'apparence
d'un chancre qui indique évidemment ta tranf-
miffion de l’infeélion. Par 1a fuite, toute ta peau 4e l’enfant fe couvre d'ulcérations,* mais, avan*