
meur, il femblc qu’elle n’ait aucune enveloppe
particulière.
Le Spina-bifida eft quelquefois accompagné d’un
hydrocéphale*, l ’on a même v u , en pareil cas,
le volume de la têté fingulièremem diminuer,
après l’ouverture fortuite de la tumeur & l’iflùe
de l’humeur qu’elle contient, preuve d’une communication
établie entre ces deux parties. Voyez
pour des faits confirmatifs de cette affertion, les
Ephéméride* des Curieux de la Nature , Décade
I I I , art. i . Décade II* art. 2. Les eaux, qui
alors étôient contenues dens les ventricules latéraux
& le troifième ventricule, gagnant le quatrième,
par l’aqueduc de Sylvius, rompent la
cavité dite Calamus feriptorius 3 & tombent dans
le canal de l’épine. Communément elles s’arrêtent
à la partie la plus déclivè^ mais quelquefois elles j
s’accumulent vers la nuque, où elles forment
une tumeur qui offre les mêmes caraélères que
celles où elles féjournent vers le facrum; c ’eft ce
qui eft confirmé par piufieurs faits, qu’on trouve ■
dans les Obfervations Anatomiques de Ruifch. j
La caufe proëgumène du Spina-bifida eft la j
même que celle de toutes les tumeurs ab ïlluvie
Jerofâ. I ln ’efi pas évident en quoi .la mauvaife
-iituation du fétus dans la matrice pourroit le
déterminer, comme l’ont cru Titfingh & Ulhorn *,
encore moins comment l’imagination de la mère
le produiroit. Les Auteurs ont beaucoup raifonné
à ce fujet} mais'aucun n’a propofé, pour appuyer
fa doèlrine, des argumens auxquels on
ne puiffe rien répliquer. Il n’en eft pas de même
des fuites fâcheufes auxquelles on doit s’attendre,
quand fe méprenant furie caraélère de la tumeur,
on l’attaque brufquement par le fermia mort en
effet n’eft point tardive , & quelquefois même
elle arrive fur - le - champ. Quam^calamitatemfi
quidem reformides, Ckirurge, cave fis improvide
apc ri as quod tam facile eccidit hominem, dit à
cet égard Tulpjus, dans fes Obfervationes Me-
dicoe.
Mais qu’on ouvre la tumeur ou non, cette
maladie n’en eft pas moins une des plus fâcheufes
auxquelles les enfans foient les plus fujets j il eft
rare qu’avec ejle ilspuiflent parvenir à leur troifième
année j ordinairement ils languiffem pendant
piufieurs mois après leur naiffance, & pé-
riffent enfuite inopinément. Cette maladie eft
communément une de celles qu’on apporte en
naiffam -} les enfans qui-viennent avec e lle , ont
toujours les extrémités inférieures paralyfées *, ils
font quelquefois affoupis, infenfibles, fans mouvement
-, ils ne font des efforts pour fe mouvoir
que quand ils cherchent le mamelon -, fouvem
ils rendent leurs urines & leurs felles fans s’en
apperçevoir.
Toutes les obfervations qu’on a fur le Spina-
bifida annoncent le danger qu’il .y a d’tn tenter
' la cure par l’ouverture j car les malades, en pareil
cas ? font toujours morts fur - Jç- çjismp pu
très - peu de tems après l’opération. M. Bell ’
malgré ce témoignage de tous les Auteurs, ofe
cependant concevoir des efpérances plus favorables
qu’on ne les a eues jufqu’ ici, d’après le
caraélère connu du mal. et Si la tumeur , dit-il,
provient d’un défordre de la moelle épiniaire
ou de fes membranes, il eft hors de toute probabilité
qu’on puiffe jamais découvrir quelque
remède qui puifle la guérir. Mais fi la déhifcence
des apophyfés épineules des vertèbres dont elle
eft toujours accompagnée, n’eft point un effet de
la maladie, comme on le croit communément,
mais que le peu de réfiftance de la dure-mère
qui dérive du défaut d’oftification , foit la caufe
du féjour de la férofité dans la tumeur, ne
conviendroit* il pas de faire une ligature à fa
bafe, non - feulement dans la vue de T’emporter
mais encore pour rapprocher du centre les parois
du kyfte, pour quelles puiffent contrebalancer
l'effort de ce qui'tendroit à les pouffer au-
dehors. Le bien qui peut réfuter d’une pareille
pratique eft fans doute fort incértain; mais
dans une maladie qui ne peut que mal tourner,
on ne peut que me favoir gré de propofer une
méthode qui porte avec elle la moindre chance
de fuccès*, auffi a i - je deffein d’y avoir recours
à la première occafion. Après avoir fait une
ligature, auffi près qu’il me fera poflible de la
bafe de la tumeur , quand celle - ci fera tombée,
j ’appliquerai un coulfinet , femblable à celui ufité
dans la confeélion des bandages à l’ouverture
des vertèbres, & je le louriendrai par une bande
convenablement ferrée > pour fixer & maintenir
les parties qui font au - dedans. jj Cette méthode
de M. Bell fuppofe qu’il n’y a aucun défordre
dans la moelle épiniaire, aucun dans le cerveau ,
ou ïes membranes qui tapiffent le canal fpina! ;
mais ce cas eft infiniment rare , anifi qu’il confie
d’après le témoignage des Obfervateurs quand
même on pourroit croire qu’il a lieu, beaucoup
plus fréquemment qu’on ne penfe, comme il eft
impoffible alors de s’en affurer, on pourroit
louvent faire une opération inutile, ce qui eft
contre les règles de la méthode, reconnues &
fuivies dans la pratique de l’Art. Ajou ez qu’on
ne porteroit point un fil fur une femblable tu^
meur recouverte de la peau, fans occafionner
des douleur violentes, & que le plus fou vent
la bafe en eft fi large qu’elle rejette abfolument
ce genre de moyen , qui ne peut convenir que
fur les tumeurs à pédicule. ( M. P e t i t - Ra-
DEI. )
S Pi NA - V EN TO SA . ? u*/c
ctp0pôv, & Pcedarthrocacc. Maladie que les
Auteurs rapportent communément à une corruption
de la moelle, & qui eft toujours accompagnée
d’un gonflement apparent dans la
fubftance de l’o s , & quelquefois d’érofion ou de
carie. Quoique lè Spina- ventofa s’obferve auüi
bien che£ les enfans que chez les adultes, néanmoins
on le rencontre plus fouvent chez ces derniers,
& aux extrémités des os longs. 11 n’eft
même pas rare que la maladie s’empare à - la -
fois de différens o s , ou qu’elle occupe divers
endroits féparés d’un même. La douleur eft le
feul (yinptôme qui d’abord l’indique j elle eft fi
profondément fituée que le malade la rapporte
toujours au centre de l’os *, elle perfifte la nuit
comme le, jour, & quand elle a duré quelque
tems , il eft rare qu’il ne pafoiffe pas au milieu
des, chairs un gonflement qu’on fent provenir
de l’bs. Le mal alors eft dans ce qu’on appelle
fon premier état. Dans le fécond , non-feule-
ment l’ôs & le période font affeélés, mais encore
les parties molles & les chairs qui l’entourent.
Il y a tuméfaélion y inflammation ; la fu.ppi.ira- tioïi bien - tôt leur fuçcède , & il fe’ forme des
abcès qui, s’ouvrant fpontanémerit, dégénèrent
en filiale. La douleur alors eft beaucoup moindre
de ce qu’elle étoit précédemment, & l’humeur
qui étoit maintenue dans l’intérieur de l’os , pouvant
s’échapper dans le tiflù des chairs , les rend
molles , lâches, & quelquefois fans changement
de couleur à la peau 3 le gonflement étant en
partie féreux & inflammatoire, femble tenir de
l’emphylême. Les Arabes, pour exprimer cette
apparence, ont ajouté le mot ventofa à celui de
Spina y qui étoit déjà reçu, pour mieux rendre
la nature de la douleur qui accompagne la maladie.
Dans la fuite quelques Auteurs, qui ne fe
firent point de fcrupule de forger des termes,
admirent cèlui de Ventofitas fpitiæ, qui n’a aucune
lignification réelle. Quand la maladie eft
parvenue au point que nous indiquons, il s’y ?
joint ordinairement une fièvre lente, & le malade
meurt dans le dernier degré du marâfme.
Le Spina-ventofa eft une maladie, dont on
doit l’hiftoire aux Arabes» Avicene eft le premier
Auteur qui en ait traité, quoique Freind, dafls-
fon Hiftoire de la Médecine, en faffe honneur
à Rhasès. Pandolphe a fait fur elle quelques remarques
intéreffantes, qui font noyées dans -une
théorie fort obfcurd. Voyez fon TraSatus de ven-
tofitatefpince , fcevijfimomorbo. Fitmi, 1614 ; Ouvrage
qui ne valoir pas les notes dont l’a orné
Mercklin. Nous n’en dirons point de même de |
Çequenous alaiffé fur cette maladie, M. A.Seve-
ym, dans fon Livre De reconditâ abcefiuum naturâi
imprimé, à Naples, en 1632. Cet Auteur s’étend
fort au long fur tout ce qui a rapport à cette
maladie , & fes réflexions, très-judiciéufes, font
fondées fur l’expérience & l’obfervation. Le Spi-
na-vqntofa paroît être dû à une acrimonie fpéci-
jique du fuc médullaire, qui n’’a point encore été I
blen examinée, & fur laquelle il y auroit certai- !
nement beaucoup d’ôbfervations à faire’, mais, ;
comme jufqu’à préfent on a vu cette maladie d’une
manière fort empyriqué , les faits réels font encore
°in d’avoir été appréciés. Boërrhave lui trouve
un î rand rapport avec la carie -, toute la diffé-
Chirurgie. Tome I I . II.e Partie.
rence e ft , que celle-ci commence à l’extérieur
pendant que l’autre a fon principe au-dedans ,fi
autem ex interno malo , dit-il, tum f ie Spina-
ventofa audit \ mais la carie n’eft point accompagnée
du genre de douleur qui fe trouve toujours
avec le Spina-ventofa, & d'ailleurs les autres fym-
tômes font bien différens. Lorfque cette maladie occupe
la diapbyfe de V o s , on obferve des altérations
fingùlières dans les fibres, que l’on fait être
très-rapprochées dans cette région *, les unes font
Amplement .écartées, d’autres s’cntrecroifent en
différens fens, & font comm° en ta fiées les unes
fur les autres , pendant que d’autres font incruf-
tées de différentes couches de matières oîTeufes
ou hériffées de poirttes. La matière qui, dans le
commencement, fort du Spina-ventofa, eft toujours
mêlée avec celle que fourniffent les chairs
fuppurées des environs •, elle eft le plus fouvent
fanieufe, puante*, mais àmefiire elle s’éclaircit,
elle devient tenue ; & l’air trouvant un facile accès
dans l’intérieur de l’o s , la fétidité augmente, &
quelquefois devient infoutenable.. La matière en
continuant de couler, entraîne avec elle toute la
moelle 3 & l’os, tel dur & épais qu’il fo it , fe convertit
fouvent en une poche très-mince, dont l’apparence
imite exaélemetit celle d’une veflie \ en
forte que quand on y introduit un ftylet, & qu’on
le promène de toute part intérieurement, on eft
étonné de ne trouver par-tout aucune réfiftance.
Cependant la dégénérefcence au lieu d’être toujours
te lle , imite fouvent celle qui a lieu dans
la carie , particulièrement quand la maladie occupe
les extrémités des os longs j les Auteurs lui
donnent indifféremment alors le nom d’Arrhrocace
ou de Pédarthrocace. Voyez ces mots à leurs
articles refpeéHfs ; mais , dans tous ces cas,
une apparence qui diftingue toujours la maladie
de ce genre d’érofion, eft le gonflement de l’o s ,
qui n’a jamais lieu dans une (impie carie, & la
douleur confidérabte, qui dans les rachytis eft
très-obfcure. Le liège le plus ordinaire du Spina
ventofa eft dans les os de la main & du pied.
Heffter , qui aflùre en avoir vu des exemples dans
ces o s , dit qu’il n’y en a peut-être pas un feul
qui ne puiffe être expofé à cette cruelle maladieô
Nous renvoyons à cet Auteur poux nombre de
détails, tant relativement aux caufes, qu’aux effets
de cette dégénérefcence *, & nous pafferonj aux
moyens curatifs qu’on juge les plus convenables
félon les circonftances.
Si cette maladie avoit des lignes qui annonçaf-
fent bien pofitivement fon commencement, l’in dication
la plus Ample, & celle qui préfenteroit
une plus grande efpérance de fuccès, feroit d’ouvrir
les tégumens, de trépaner l’os pour en évacuer
l’huile médullaire, dont la,dépravation occafionne
tout le défordre. Ce moyen , en effet, a eu les
plus heureux fuccès dans quelques cas particuliers
\ mais communément on ne prend pas volontiers
un parti violent*, on temporife \ on fait
Y v