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points lacrymaux .fur-teut avec une fonde boutonnée
j Colt à raifon de la petiteffe de leur orifice
ou de la difficulté de fixer la paupière fupé-
rieure. Mais, en fuppofant qu’on ait vaincu cet
obftade , on n’a point encore réuffi, le cornet
fupérieur fait un angle droit avec le fac lacrymal
& le canal nafal , de forte qu’en pouffant la
fonde dans le fac,'elle fe porte naturellement
contre la partie qui touche l’os unguis. La précaution
d’élever la fonde , autant qu on p eut,
n’ empêche point que fon bec ne frotte contre
cette partie , & ce frottement augmente toujours
jufqu’à l'extrémité du canal. Si cette portion du
conduit eft ulcéré, la fonde percera ailément la
membrane 8t fe frayera un chemin contre nature
entre lui & l’os , & pourra même palier dans les
narines entre le cornet fupérieur & l’ inférieur.
Elle pourrait également, quand la pointe en eft
bien fine, telle qu’on la recommande pour percer
des matières épaiffies dans le canal, fe faire route
entre le fac & l’os. Le procédé eft difficile, quelquefois
même impraticable quand le cornet inférieur
defcend trop bas vers le plancher des narines, A
force de tirer les fils par les peints lacrymaux,
fouvent on les coupe & l’on donne an tarfe une
inverfion en dedans , qui nuit à la paupière,
occafionne de la difformité, & quelquefois parla
fuite un petit larmoyctnem, à raifon de ce que
le conduit lacrymal ne fe termine plus comme
auparavant par un orifice capillaire, mais par une
grande ouverture. La fonde ne peut quelquefois
vaincre la réfiflance qui s’offre dans le canal à
raifon de fa trop grande faibleffe ; ces deux derniers
inconvéniens font évités dans le procédé
que M. Jurine, Chirurgien à Genève, a récemment
publié. Au lieu d’un ftilet mince & boutonné
ce Praticien emploie une canule d’or ou
d’argent, longue de deux pouces & demi & de
la groffeur d’une plume de corneille, légèrement
courbe , terminé par un côté d’une pointe d acier,
femblable à celle d'un trois-quart , ouverte de
l ’antre , & traverfée dans toute fa longueur par un
fiilet de même matière, mais battu , applatie &
fort coutbe, lequel peut en forrir par un trou
pratiqué auprès de fa pointe. Ce ftilet moufle,
garni d’un bouton à fon extrémité inférieure eft
percé fupérieurement d’un oe il, propre à recevoir
le fil qui doit, paffer du fac lacrymal dans
le nez, & fervir à tirer le féron qu la fonde flexible.
M. Méjean fait entrer le léton par le point
& le conduit lacrimal fupérieur, il faut qu’il foit
mince pour s’engager dans ce conduit, il doit
parcourir le fac & le canal nal'at & defcendre
jufque dans le nez. M. Jurine prend une voie
pms courte. Après avoir fitué le malade &
s’être bien affiné de la potirion du fac lacrymal,
11 y plonge la pointe qui termine la canule , cet
infiniment eft enfuite dirigé de haut en bas le
long du canal nafal ; lorfqu’il eft parvenu dans
e n e z ,il pouffe le ftilet qu’ il contient, pour en.
faire fortir l'extrémité par en bas. La courbure
qui eft propre à ce ftilet & quil ^reprend lorfqu’il
eft en liberté , le pouffe vers l’ouverture des
narines, où il e f t ’ facile à faiftr avec des pinces
ou autrement. Il eft retiré en entier & à tnefure
qu’il defcend'il entraîne avec lui le fil dont il
eft muni} il ne refte plus qu à ôter la canule &
à faire ufage de ce fil, comme M. Méjean. En
plongeant inmédiatement fon infttument dans lë
fac & le canal nafal, M. Jurine ne fait qu'une
ouverture, fi petite que par la fuite la cicatrice
en eft imperceptible. Les voies lacrymales fontfû-
rement débouchées , parce que l infiniment ^ a
beaucoup de force j le f i l , traverfant des parties
peu fenfibtes, ne caufe prefque pas d'irritation*
& on peut le choifir d’une groffeur qui réponde
à l’ufage auquel on le deftine } tout ce qu on peut
craindre, c’eft que la pointe du trois-quart ne
| bleffe la parois du canal ou qu elle ne glifle dans
leur épaiffeur. Il femble , obferve M. Sabba-
tie r , que l'inftrument & le procédé de M. Jurine
\ rempliroit mieux le bout de l Art fi la canule
étoit terminée par une pointe mouffe , & que,
pour l'introduire , on fit une petite incifion aux
tégumens & à la partie extérieure du fac j le fil
' une fois placé, on traiteroit cette incifion comme
une plaie fimple , qu'on lai fier oit cicatrifer &
qui fe réduiroit au trou néceffaire à Ion paffage.
L ’opération pratiquée de cette manière réuniroit
les avantages que promettent la méthode de J . L*
Petit & celle de Méjean & n auroit ni les inconvéniens
ni les incertitudes & la difficulté de
l ’autre.
Enfin M. Laforeft, s'arrêtant à un paffage des
notes de La F a y e , fur les Opérations de Dio-
nis, imagina un procédé où quelques-uns de ces
inconvéniens font entièrement évités, et S'il étoit
poffible, dit ce Commentateur , de faire des injections
dans le canal nafal par fon orifice inférieur,
qui eft dans le nez ,, en fe fervant d une petite
feringue dont le tuyau feroit tourné de manière
qu’on pût la faire entrer dans cette pente ouverture
, & fi l’on s’acourumoit à fe fervir de
cette méthode , on .la préféreroit peut-être aux
aurresenbien des cas.?» La méthode de M. Lafi>
refi eft fondée fur cette poffibilité. M. Allouai lui
en a revendiqué la priorité j mais la vérité eft
qu’elle n’eft dûe ni à l’un ni à l’autre, & qu'ils-
avoient été tous les deux prévenus, en 17 15 , par
Bianchi, Profeffeur à T urin, qui a fait a cefujet
imprimer une lettre inférée dans le Théâtre Anatomique
de Manget, où l’on voit qu il fondoit le
canal nafal par le nez. Il ajoute qu'on pourroil
fe fervir d’une fonde creufe , pour y faire des
injeélions. Mais , laiffant de côté cette priorité.»
il n’en eft pas moins vrai que M. Laforeft a
expofé fon procédé mieux que les deux autres *
& voici en quoi il confifie. On commence d’abord
par porter une fonde pleine,, recourbée , &-
peu-près comme uns algalie > d’une groffeur re!ative
au canal nafal & dont, la courbure foit proportionnée
à l’âge des fujets On en voit de différentes
grandeurs dans les P anches qui ont rapport
à cet Article ; on fe !ert de ces fondes quand
on préfutne que les obflacles à vaincre font ton- j
fidérables, & que 1 engorgement du canal nafal eft 1
fort ancien. L e malade étant affis & fa tête appuyée
fur la poitrine d’un aide, on porte fur le
plancher des foffes nafales le bec de la fonde
pleine, de manière que fa convexité foit en
dedans & en haut. Enfuite l'on fait faire" un»de-
pii-tour à la fonde en en portant le bout qu on
tient de bas en haut & de. dehors en dedans;
de cette manière l’autre fe dirige vers 1 arcade
que forme la conque inférieure pour y chercher
l’orifice inférieur du canal nafal. On connaîtra
que le bout de.la fonde eft entré, lorfque celle-ci
n’aura plus de jeu fous la conque. Pour lors on
fera faire la bafcule à la tête de la fonde par
petites fecouffes plus ou moins réitérées, jufquà
ce qu’on en apperçoive la pointe dans Je fac nafal.
Quelquefois néanmoins on ne découvre point
la fonde, quoiqu’elle loir parvenue à la partie
Supérieure du canal nafal; comme en pareil cas
elle fe trouve engagée fous un petit rebord de
l ’os maxillaire , il fau t, pour la dégager relever
un peu la tête de la fonde & en même-tems la
pouffer de devant en arrière, & de bas en haut,
& alors on ne tardera point à la voir. La fonde
une fois entrée, M. Laforeft confeille de la laif-
fer plufteurs jours, tant pour détruire l’obfiruc-
îion que pour faire place à une algalie , qui doit y
fuccéder. Cette algalie a la même figure & les mêmes
dimenfions que la fonde »mais elle eft creufe j
on porte plufieurs fois le jo u r , au moyen de fa
tubulure des injeélions déterfives qu'on pouffe
avec une feringue dont l'orifice du fiphon lui
réponde, & ainfi l'on répète ce proeédé, ôtant
de tems à autre l'algalie, jufqu’à parfaite guéri-
fon. M. Laforeft cite plufiewrs fifiules très • compliquées
qui ont cédé à cette méthode en moins
de quatre femaines. La fiftule fe déterge , fe cicatrice
, & on augure bien du fuccès quand les injeélions
fortent par les points lacrymaux fans entraîner
aucune matière purulente. Ce Praticien
obferve que , dans les cas de fiftule fimple fans engorgement
du canal nafal, on peut fe difpenfer
de commencer par l’ufage de la fonde pleine 5 il
faut Amplement faire des injeélions avec la feringue
à fiphon recourbé. Mais s’il y avoit engorgement
& qu’on pût.l'attribuer à des fongofités
dans le canal, il confeille d’y placer un féton. On
porte alors une fonde terminée en manière d’oeil,
©nia fait monter dans le canal nafal »jufqu’à ce
que fon extrémité forte par l’ulcération ; on paffe
plufieurs fils dans l’ouverture de la fonde, & on
les entraîne dans le canal en retirant celle-ci. M.
Laforeft a fait ufage de ce moyen fur deux malades
avec fuccès, d’abord fur une demoifelle,
£ui avoit une hydropifie du fac , qu’il vouloir guérîr
par des injeélions. Un des confnltans s y oP
pofa, en difant qu'il falloir abfolument ouvrirj e
fac , mais celte opération n’ayant pas réufli,
M. Laforeft fe fervit du féton pour compléter 1*
cure. L é fécond malade avoit une fiflule compliquée
de carie à l’os unguis & an maxi.latre ; le
féton fut employé pendant quinze jours, enluite
on fe contenta de laiffer dans le canal une fonde au
moyen de laquelle on faifoit journellement des
injeélions. De cette manière la carie s exfolia,
l’ouverture des narines fut fermée & 1 ulcère par
vint à une bonne cicatrice.
Telle fimple que foit la méthode que nous venons
d'expofer, on peut-néanmoins 1 employer
avec fruit dans les cas mêmes où il y a carie a
l’os unguis, ainfi qu’il eft conftaté par plufieurs
autres observations. La polbbilité de fes fuccès
eft prouvée par ceux qu’a eu la méthode d Anel
dans les mêmes cirçonftances ; elle eft , lans contredit,
celle qui offre le moins d inconvéniens oc
les plus grands avantages. Ce quelle a comr elle,
c’tft que quelquefois on ne peut introduire-que
difficilement la fonde ou | l’algalie à raifon a un
prolongement du cornet inférieur vers le p an-
cher des narines, qu’on peut fraéluretv le cornet,
que la fonde ou l ’algalie occafionnent un chatouillement
douloureux auquel beaucoup de malades
ne peuvent fe faire ; que fouvent il s eniuit
des déchiremens de la membrane pituitaire une
inflammation, accidens qui pour la plupart avoient
déjà été objeélés par Morgagni à Blanchi, ainii
qu’on le peut voir dans fes Adverfaires} mais en
les réduilant à leur jufte valeur les comparant
enfuite avec les inconvéniens qui accojnçagnent
i................c ;i farile de voir au ils leuc
R É s u M é r
Si l'on fe rappelle tout ce que nous avons dit
fur les différens états par où paffe la maladie que
nous venons de confiderer dans cet Article, les
I différens procédés par lefquels on a cru devoir en
tenter la guérifon , on verra que chacun peut
avoir fon application en certaines circonftances.
11 ne s’agit donc en pareil cas que de bien adapter
les procédés opératoires au genre de vice actuellement
exiftanr. Ainfi , par exemple , dans le
cas où la compreffion du fac détèrmineroit 1 humeur
purulente à reûuer aufli-bien par^ le nez
que par les points lacrymaux, on pourroir, avec
raifon, regarder l’obftruélion comme peu confidé-
; rable & la fuppuration comme pouvant céder aux
moyens les plus Amples qui atneneroient la dé-
4 terfion du fac. La méthode d’A n e l, qui confifie à
injeéler par les points lacrymaux ,& celre des fumigations
peuvent alors être préférables aux aujres
tant par leur fimplicité que par le peu d inconvéniens
qu’elles entraînent avec elles. Mais fi les parois
du fac font fpécialement affrétées, qu'elles