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de queîqu’autre maladie, ou en conféquencë de
quelque irritation particulière, telle que celle du
mercure,ou de quelque fubftance vénéneufe.Slegel,
Médecin Allemand , étant à Paris ,ver$ le milieu du
17e fiècle , eut occafion d’y voir un bourgeois à
qui l’admiftration desfriélions mercurielles, avoit
procuré la falivation. La Langue devint li démé-
lurément gonflée, que la bouche ne pouvoit la
contenir, elle grofliffoit à vue d’oeil. Pimprenellè,
célèbre Chirurgien de ce tems, fut mandé, &
ayanl appris que tout ce qu’on avoir fait pour
remédier à cet accident, avoir été inutile, dans
la crainte de la gangrèné, il .coupa la moitié de
la Langue. La plaie étant guérie, le malade dit on,
parla auffi diftinélement qu’auparavant.M. Louis,
de qui nous empruntons ce fa it, remarque avec
raifon que le remède employé par Pimprenelle
étoit bien violent, puifqu’il a vu nombie de fois
des accidens urgens, occafionnés dans la falivation
par le gonflement rapide & exccffif de la
Langue , lèfquels ont toujours cédé promptement
aux faignées, aux lavemens purgatifs, au tranf-
port du malade dans une autre atmofphère, à la
cefFation de toute application mercurielle.
Trincavellius parie du gonflement confidéra-
hle de la Langue chez deux femmes, dont l’une,
jeune , avoir été frottée inconfidérément de pommade
mercurielle jufques fur la tête*, & l’autre,
figée d'environ cinquante an s , fouffroit les ravages
de la petite vérole fur la Langue. La tu-
méfaélion extrême de cet organe fe termina, dans
les deux cas, par réfolution & par la chûre de
la membrane externe. On a eu recours, en cas
pareils, à la faignée des veines ranines; & à
l ’application des fangfues. Mais dans les cas où
des accidens menaçans font defirer de pourvoir
calmer promptement les fymptômes , rien ne
réuffit mieux , que de faire fur-le-champ une ou
deux incifions profondes & longitudinales fur cet
organe. C ’eft ce que prouvent particulièrement
les Obfenaàons de M. de la Malle , inf-rées
dans le Tome Y des Mémoires de l’Académie
de Chirurgie, & quelques autres rapportées par
M. Louis dans le Mémoire que nous avons déjà
ciré. Ces observations font intéreflantes, & nous
allons en rapporter une ou deux pour les faire
connoîrre à nos Leéfeurrs, & leur montrer l’importance
de la méthode dont nous parlons.
Un homme convalefcem d’une fièvre maligne ,
fut attaqué tout-à-coup d’une douleur à la langue
fuivie d’une tuméfaélioîi aulfi confidérable que
prompte. En moins de cinq heures cette partie
devint trois fois plus grone que dans fon état
naturel', & dans cet intervalle, M. de la Malle,
qui avoit été appellé au fecours de cet homme,
l ’avoit faigné fucceflfivement du bras, de la veine
jugulaire & du pied fans fuccès. Le malade ref-
fèr.toit une douleur aiguë } la chaleur de la peau
étoit brûlante; le vifage étoit gonflé $ le pouls
dur & «^rentré $ la vue égarée ) le malade pou- 1
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voit à peine refpirer*, la Langue remplifloit toiffe
la cavité de la bouche, & faifoit faillie hors des
lèvres. Le Chirurgien, dans ce cas très-urgent,
ne trouva d’autre expédient que de mettre un coin
• entre les dents, pour tenir la bouche un peu plus
ouverte quelle ne l’étoit par le gonflement de
la Langue, & de faire avec un biftouri, fur la
longueur de cette partie, depuis la bafe jufqu’à
la pointe, trois incifions parallèles, l’une aü milieu,
& les deux autres à égale diflance du milieu,
& de chaque bord} elles pénétroienr dans
les deux tiers de l’épaiffeur contre nature. Ces
taillades eurent tout l’effet qu’on pouvoit en attendre
•, il en fortit une grande quantité de fang , &.
la Langue fut dégonflée au point que le malade
pût parler une heure après. Les Incifions ne parurent
le lendemain que des fcarifications fuperfi-
cielles, lorfque la Langue eût repris fon premier
état, & elles furent guéries"en peu de jours,
pendant lefquels le malade fe fervit de tems en
tems, en forme de gargarifme, d’une inftifion
de fommiçés de menthe & de fleurs de fureau 9
avec un peu d’eau vulnéraire.
M. de la Malle cite plufieurs autres obferva-
fions, qui toutes tendent à montrer-l’avantage
q uil a tiré de cette pratique dans d’autres cas
de la même nature. Il confirme fon opinion par
le témoignage de quelques Auteurs plus anciens
I qui l’avoient déjà recommandée. Nous rapporterons
encore une obfervation du même genre tirée
de celles de Job à Méekren, célèbre Chirurgien
Hollandois, qui vivoit dans le milieu du fiècle
dernier. Cet Auteur raconte que la femme d’un
matelot, qui avoir fouffert pendant trois ou quatre
jours, une grande aridité dans la gorge , fut menacée
tout-à-coup de fuffocation par une humeur
furabondanre qu'elle faifoit des efforts pour rejeter
} la Langue, les amygdales & tout le palais
fegonflèrem en très-peu de tems. Les gargarifmes,
les cataplafmts, les lavemens ne produisirent aucun
effer. On ne jugea pas à propos de faigner
là malade, parce que les parties tuméfiéesétoient.
h lynches, & que J e gonflement ne paroiffoir pas
inflammatoire. On infifta fur les moyens dérivatifs,
tels que les lavemens purgatifs, les ven-
toufes fcaiifiées à la nuque & aux épaules, &
les véficatoires derrière les oreilles. Ces remèdes
ne diminuèrent point le mal, qui, au contraire,
augmentait fenfiblement*, & la couleur livide
de la Langue & des parties voifines faifoit craindre
la gangrène. Job à Méekren appel la en co'n-
fnltatioTi François de Y ic q , Chirurgien d’une
grande expérience, qui avoua n’avoir pas rencontré
un cas femblahle dans toute fa prarique.
II confeilla la faignée du bras & celle des rani-
nes, qu’on fit avec bien de la difficulté} la refpt-
ration devint d’abord un peu moins difficile \
mais enfuite les accidens demeurant toujours menaçans,
on prit la réfolution de faire une longue
& profonde incifion fur la Langue ^ à droite &
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à gauche; il en fortit beaucoup de fang, & fur
I le-chatnp !a refpiration fut plus libre, la tumeur
I diminua, la facilité de parler revint, enfin tous
^ les fymptômes fe diffipèrent d une manière înet-
; pérée. Les fvrops de rofes & de pourpier fem-
rent de Uniment à la Langue, dont les plaies tu-
rem bientôt guéries. j
On peut inférer de ces obfervations que les,
£ incifions de la Langue auroient empêché la
p mort de bien des malades, qui ont péri de
l fuffocation par le gonflement de cet organe. Dans
la petite vér.ole, on le voit quelquefois s enfler
; à un point extrême} & il cfi plus <[ue probable
que ,’ dans bien des c a s , on ponrroil, par 1 ufage 1 de cette méthode, procurer un grand foulagemeut 1 aux malades chez qui cet accident va quelquefois
au point d’empêcher totalement la déglutition.
L A R G IL L A T A (Pierre) CetAuteur, cpie quel- I ques-uns nomment encore de la Cerlata & Ar-
geliata , vivoit dans le quatrième fiècle. Il étoit
né à Bologne , où il fit fes premières études relatives
à Ja Médecine & à la Chirurgie} on peut
préfumer que ce fut vers l’an 1415 > époque où
; il dit avoir ouvert & embaumé le cadavre d A -
lexandre V . Largillata fut très-édairé pour fon
- fiècle-, il a compofé un corps de Chirurgie en fix
livres dont le manuferir fe trouve dans la Bi-
bliothèquedu Roi, N .°7 I3 7 . L ’ouvrage de Lar-
■iî gillata eft très-intéreffant & annonce dans fon
Auteur une grande ingénuité & franchife qu’ il fe~
roit à fouhaiter qu’on retrouvât dans ceux qui
paroiffent aujourd’hui. L ’ordre que tient Largii-
Jata n’eft point le même que celui des Auteurs de
noj jours. Il traite d’abord du phlegmon de l’é-
réfipèle , & généralement de toutes les maladies
inflammatoires} il paffe enfuite à l’hifioire de la
gangrène du chârbon. On trouve dans fon fécond
I livre tout ce quia rapport aux abcès,aux écrouelles,
* au cancer, & les remèdes qu’il penfe convenir à-ces
^maladies. De-là il paffe aux plaies, dans fon troi-
fiéme livre }il les confidère en général & en particulier.
Il rapporte , en parlant des plaies du bras,
4 que dans une, qu’il eut occafion de voir, leblef-
| fé perdit tout-à-coup le mouvement, l’inflr^ment
Payant percé le bras de part-en-part : V id i, dit-
. il , in uno , cui nornen efl Jacobus Perolti, qui cum
telo in aajutorio fuit vulneratus , & vulnus penetra-
vit ex utraque parte adjutorii, nec os fuit leefum,
fedfolumille mufculus novem chordas brachii y &
Qtr.continentér manus in rare ta cadebat, & hodierna
die cadit & perdit motum & non Jinfum. Cette
dernière circonflance efl à noter pour un Phyfio-
logifie. Largillata recommande les futures dans
les plaies profondes} mais il confeille des’enab-
H flenir fur les nerfs, crainte des accidens graves
, qu entraînoit ce genre de moyens lorfqu’on radin
et toit indifféremment. Il y a une édition de la
■} Chirurgie de Largillata , qui ne fait qu’un même
volume^ avec les OEuvres de Matthieu de Gradi* ,
bus & d Albucafis. Elle parut dès le commence-^
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ment avec ce titre : E x i mit artium & Medicince
Doâoris, Magiflri Pétri de Largillata, BononienJlft
Chirurgies libri fe x > novijjim 'e pcft omnes imprejjîones
ubique terrarum excuffds , collaiis multis extmpla-
ribus apprime recogniti , cunctifquc retendis & erro-
ribus expurgati. (M . P e t i t -R jidel.')
L A r MQYEMENT. Lacrymatio. Affeéîion des
yeux dans laquelle les larmes Torrent, involontairement
, & fpontanément. Voye\ l’article E ph i-
pn oRA. / M . P e t i t - R a d e z . )
L A R YN G O TOM IE , d e A ^ f ,& >Seâio
Laryngis. Incifion qu’ on pratique non au larynx,
comme l’indiqueroit la racine du nom, mais à
la trachée-artere, pour donner paffage à l’air
dans les cas de füfîbcations qui exigent les plus
prompts fecours. Cette opération efl la même
que la Bronchomie. Voyc\, pour de plus grands
détails ,ce dernier Article. ( M. P e t i t -R a d e l .)
LESSIVE DES SAVONNIERS. C ’efl une
folntion aqueufe de l’alkali fixe végétal rendu
cauflique par l’addition de la chaux. Cette liqueur
a été fort célébrée pendant un tems fous diffé-
rens noms , comme un excellent lithontriprique,
Ôql’efl encore fouvent par des Charlatans. Voyé\
Alkali.
LEU COMA , AîVKKjWdt & Awncôriç-tNubeCula. Gor-
tée défignè fpécialement fous ces dénominations
les cicatrices blanches & comme calleufes, qui
font toujours la fuite des plaies & ulcères qui
affeèlent la cornéq tranfpârente. On confond fou-
vent le Leucoma avec l'albugo & bien à tort,
voye\ à ce fujet l’article Albugo. Le Leucoma
n’eft point fufceptible de réfolution comme l’a L—
bugo, à moins qu’on ne le traite lorfque l’ulcération
d’où il dérive , a encore lieu. La tache
f it une partie de la cornée, elle n y eft point
furajoutée, comme dahs l’albugo, on ne peur l'en
féparer fans détruire une partie de cette tunique,
ce qui n’a point lieu à l’égard de l’albugo. Le
Leucoma nuit à la vifion, à raifon de fa pofi-
tion , de fon étendue & de fon épaiffeur. Quand
il n’eft que fuperficiel & firué vers le limbe de la
cornée, il eft de peu de conféquence & ne mérite
aucune attention. 11 n’ en eft pas ainfi dans
les circonflances contraires. Quand le Leucoma
efl accompagné d’ulcération, il faut fe conduire
différemment que dans l’aibugo , i l faut éviter les
efearptiques qui rongeroient lés larmes de la cornée
, fans qu’il s’enfuive aucun bien. Les déterfifs,
notamment l’eau de Daquin, le vin miellé , ou le
vin dans lequel on a fait féjourner quelques pièces
de cuivre , font les plus Amples remèdes & en
même-tems les meilleurs. A mefure que la dé-
terfion s’opère, les lames gonflées de la cornée
reprennent leur premier volume, s’affaiffent & la
cornée redevient transparente ou du moins pref-
que telle. Les ulcétations de ce genre font très-
difficiles à fecicatrifer} elles perfiftenr quelquefois
long-tems après que l'inflammation s eft diffipée,