
la Méthode de C e lfe , Cdfiana feciïo ; parce
que cet Auteur eft le premier qui L’ait décrite ;
il eft cependant vraifeinblable qu’il n’en, eft pas
l'inventeur, & que cette opération étoit connue,
lô.ng-tems avant lu i; Florus Hijïortcus. rapporte
que le fils d’Alexandre,Roi de Syrie,âgé d’environ
dix ans, périt des fuites de la Taille qui lui- avoit
été faite par dés Médecins gagnés par Diodore,
fon tuteur. Le Petit - Appareil a été connu quelque
tems fous le nom de Guidoniana fecHo, de
Gui de ChauIiac,Profeffeur en Médecine à Montpellier,
puis à Avignon où il fut Médecin du
Pape Clément V , Ce Praticien le releva du dif-
crédit où il étoit tombé , mais le Grand-,Appareil
ayant prévalu vers le,commencement; du
fixième fiècle, on ne le défigna plus que -fous
le nom où il eft connu aujourd’h u i, eù égard
au petit nombre d’inftrumens & d’aides qui font
Décefiaires pour le pratiquer.
Pour opérer dans cette méthode , il fie faut
que deux inftruinem, fa voir un biftouri bien tranchant
& une curette ; deux aides, un defquels
foutient & affujettit le malade, & l’autre qui
relève les bourfes. L e premier doit être grand
& fort ; il s’aflit fur une chaife élevée ;, & , après
avoir fait mettre un oreiller fur fes genoux, &
par-deffus un drap en plufieurs doubles & qui
pend jufqu’à terre, il fait placer le malade fur
lu i , de manière que fes feffes portent fur le bord
de l’oreiller, que fon dosfoit renverfé en arrière,
les cuiffes étant écartées l’une de l’autre, & fes
bras placés dans leur .intervalle. Cet aide'faifit
alors de chaque main le poignet & le bas de la
jambedu malade, & le retient ainfi dans la fitua-
lion où il fe trouvé. Les bourfes relevées, par le i
fécond aide, le Chirurgien affis fur une chaife ;
moins haute ou agenouillé du côté gauche vis-
à-vis du malade, lui introduit.le doigt indicateur
& celui du milieu de la main gauche bien
graiffé, dans le reétum, avec la précaution- de
tourner la paume de la main en haut ; il lui
met en même-tems la main droite fur Thypô-
gafire afin de pouffer la pierre de haut en bas
& de l’amener vers le col de la veffië avec les ;
doigts placés .dans le reélum lorfqù il a pu lesév
introduite.'Il tire à lui la pierre , autant qu’il petit i
de dedans en dehors, afin de luifaire fairefailîie
au périnée, puis il coupe tout ce qui fe p r é -»
fente par une incifion profonde & légèrement
oblique. Il ne doit pas craindre d’appuyer le
tranchant de i ’ inflrumcnt, de peur de Témouf-
fe r ; il faut au contraire fendre avec exaélitude ;
jufqu’au col de la veflie, afin que rien ne s’op-
pofe à la; fortie du corps qu’on veut extraire.
X.orfque l’incilion eft faite* le Chirurgien quitte
le biftouri pour prendre la curette qu’il pôle :
derrière fa pierre. pour l’attirer de dgdans en
dehors, en quoi il eft aidé par les deux doigts
qui font dansTanus, il cherche enfuire s’il n’y
en auroit pas quelques autres pour les tirer de
même ; après' quoi il! fait porter le malade/dans
fon lit, & fe conduit pour le relié comme nous
, le dirons en parlant, de l’appareil, latéral , félon
le procédé de Chefeîden.
Les parties intéreflfées dans:J,e]Pëtit-Appareil
font les tégumetis , le . mufcle : tranfverfa] ou
triangulaire de l’urètre, les graiffes profondes
du périnée & lé col de la veflie*-'
Cette méthode femble aVantageufe à quelque
égard, elle eft beaucoup moins effrayante pour
leÿ malades qui ne font point liés ni affujetfis
comme on a coutume de le faire dans les autres
méthodes, elle exige moins d’inftrumens; ce qui
la rend du ne exécution plus facile & plus prompte.
L ’urètré & le col de la veflie ,ne font pas èx-
pofés aux contufions. & aux déchiremens forcés
qui font lés fuites1 de. beaucoup d’autres manières
d’opérer.(Enfin l ’extraéKçn de :1a pierre fe fait
de la manière la plus favorable, eeft-à-dire,
par la fcéKon du col de la veflie &. par la par-
lie. la plus large de l ’angle des os pubis/ Mais
ces avantages font compenfés par trois in -
çonyéniens bien grands » de premier eft la léfion
du col de la veflie, foit par lesTàfpérjités de la
pierre q u i, devant être pouffée. aVec-ifforce de
dedans en-dehors y peut meurtrir les parties fur
lefquelles on l’appuié ,.ou par l’aélion du bif-
touri qui, n’éram dirigé que:par la pierre dont
la pofit ion n’eft pas confiante, peut, étant porté
plus haut, plus bas .ou en travers, féparer entièrement
le col du refte de l’urètre. Le fécond
inconvénient efl ladifficulté de couper avec exaéli-
tude la veflie fur làpicrre,iorfqu’elle eflraboteufe,
à r-aifon de là peine que Ja l.pôinte du biftouri
rrpuvéà. s’introduire dansrlés enfoncemens qu’elle
préfeptçrî'.rè troiftèmejefl i’in\pDfSbilitë de ramener
Ja pierre j| vers le. col de la veflie chez les
homme.s faits, ce. qui borne] l’ufâgfe.: dé cette
opération aux enfansi;_& empêche de la pratiquer
chez fes adultes, à /moins qu’ils ne (oient d'une
fort petite taille. Ces inconvéniens; dii Petit-
Appareil étoient fî: bien connus -des rAnciens v
qu’ils rfy. avoient recours que fur les ..enfans
parvenu^ à, rJeuro quatotzième! année ;,- ®
^eor, ifofpçfîe ,\quod: jatnn^ovtn^: annos \.:nohàuM
quatapideüm extejjïi, dit Çelfe^ paffé .cet âge,
les'Xrakifteux rie/ dévoient plus' rien attendre de
la Chirurgie.; CependantTHiftoire fait mention
de quelques petfonnes qui fe vantoient de pouvoir
la pratiquer fur les fujets de tout âge & de
toute grandeur; mais elle dit aufli que c’étoit
des Charlatans & des impofleurs qui, après avoir
fait à leurs malades une incifion au périnée comme
pour l’opénaiion de la T a ille , y mettoieni adroitement
une ,pierre qu’ils av'oient teintedertfang;
qui fortoit de*, la plaie; pour; faire, croire au malade
& aux aftiflans qu'ils .venoicïit de la tirer de
la veflie. T e l étoit, ce Raioüx dont plqfieurs
Auteurshous ont çonfer.vé la mémoire.;Cet honr
me s’attira d’abord quelques confédérations
ja’, haï di.efté avec laque!fe il" parloir & ' par Ia:
promptitude des pures .,^u’il entréjjrehmts mà'i.s-
les douleurs qui reftoient àù‘plus’grand Ombré
de Tes malades, côrrirn'ncèrènr à 'dônnefdes’.fo'up-
çoj$.';.qp,i furent „vérifiés. ..On dit que ' Jéfofiîé
Collo.t, affilant à l’opération qu’il faifdit à.Un
vieillard;, ^’appprçur d e , fa fourberie,' !& qu'il
s’écria; que le inaja,de n’étoit pas taillé'; en effet,
Us!,douleurs fé réveilTèrent & Côlldt fut'obligé'
de. .Kopérer.. Raôux ■. eur par la fuite lé cb.âtinàem;'
qu’il 'avoit ft bièn iftéritéf '
Quelques foiçnt. les inçonvéaièns dont il vient
d’être parlé', il y' a . néanmoins’ ’un" cas “ôù Te
Petit- Appareil doit ' être mis en ufage fur
les adultes & mèmè préférablement à touté aurre
méthode de tailler.; c’eft lorfque la pierre s’eft
pratiqué dans Je ,col de la veflie un logement
où elle a pris des accroiffemçns tels qu’ellé fait
fn mème-tems faillie au périnée. Il faut pour lors
fiiuer 8c affuj^ttir le malade ’éommè daùs l’appa-
reil-latéral & préparer avant d'o'pérér uh bouton
avec plufteurs .tenéfte.s. de différentes grandeurs,
afin de faire l’exrradiion dés pierres qui ■ pouf-
r,oient fe trouver dans la yeffie &' qui feroient
thuéds frop profondément pour pou;voir être t?rée^;
avec la. curette.
Du Grànd:A ppaïtilÿ:
Le Grand-Appareil naété ainfi nommé, que
puce qu’il exige, un plus, grand nombre d’inf-
trumens que le petit. On Tâppêlïe ’ ençoté Secîto
Mariana du ; nom de Marianus'Sanélus de Bar-
letii,, qui en a donné le pfetnief lafrfêfcripi’ionf
Ce Médecin n'en , étoit pas' PlMenteur/, il lè
tenqit.de J,pannes de Romanis dè Cafa'l, Chi-
ru.'gicn de Crémone, qui l’imagina, d i t - o n ,
vtrs l’année. 1510. ou, 1525 ; mais ‘cètre'époque
efi encore incertaine. On/ ne/ fait pas non plus
en quefle année“ Marianiis1 publia'' le Traité De
Calculo. extrafieqdo dans/Jféqüéf il décrit cette
méthpdp ^, ;q*ttülques-unsJ/çfoyent que ce fut en
Douglas penfe que ce fut fenf 1522;
mon exemplaire ne. porte“ ni l’année, ni lé; lieu
où il a . été, imprimé ; .ce 'ne peut poùrtantJ pas
être.avant 1540, car,on y voit une lettre adreiTéë
a Mariatips $an^.ùs ».laquelle eft datée de; bette
?nnée.. Il y en .a unèàutré de. Joannes de RoV
manis qui f^licifé. ^larianusTur l’exaélimde &
J élégance d t fon Ouyragé , èri même-Téms ‘qu’il
lui fait des. rçpro.ches d'avoir .publié fa méthode, 1
parce qu’ il craint- qiie des/.gens^'fahs'"ad'reffè &
fans fayoir Te mêlent dq la pratiquer. L’événement
a juflifië(Marianus à cet égard , car quoi-
que fa defçripîipn du Grand-Appareil foit fort
bien faite,,pprfonde, dit-on , ri’ ofa fentreprendre
il en refla.fe Teuî poffeffeur. fl en fit part,
avant de mo.iirir,'à ;Oè|àyian dé Ville,Chirurgien
de Rome, .acquit une réputation fort éten-
^ue5 qui le faifôif’appeîîer “dé Tôbi côté.
r Oflayiàn d e 'V 'fllè 'fit plufiénrî voyages en
France :où' les calcnleux font foit communs, •&
il ÿ eût des ‘ fücdèV étOnnans'. Tl avoir Couvent
paffé à Trefneijprès de Troyes,en Champagne;-
&:;ce fut là - qu’il conrraéla une amitié étroite
avec Laurent .Colot Médecin , qui pratiquoit les
opérations de Chirurgie les moins ulitées.-Oélavian
dé Ville mourut peu de tems après, et Laurent
ColpC, étant-le feiil q u i, en 1556, pratiquât
fa-;.méthode, fut obligé de venir s’ établir à Paris
par 'un ordre1 exprès de Henri II qui l’honora
dé fa proteélion, & créa pour lui une charge de.
Lfthotomifle :poür fa maifon. Trois de fus def*
cendans ont joui de cetre charge ^près lui, 8c Philippe
Coiot, forr-petir-fils ,fe trouva feul capable
de’ continuer la profeflion de Lirhotomifte;
mais le nombre des malades devenant exceflir
fl ne pin bieh-tôt fuffiré à un fardeau fi pefanC
D ’ailleurs’1 il étoit valétudinaire & ne pouvoit
fédi/pénfèr de Tu ivre là Cour , ni. des’attacher
Ù la Peffonné de Henri II qui lui avoir donné:
fa confiance; c’eft pourquoi il prit la réfolution,
pour Te' foùiagèr & fe rendre titi'e au P ublic,
d’inftruire deux fujets. L ’un d’eux fut Reftin.it
Girault ,'auquel il donna fa fille en mariage , à
condition-qu’il donneroit dès leçons ;à fon fils,.
nommé1 aufli Philippe* Çèlui-ci , ayant, teçu de,
Girault des inftruélions flifffanfes f-devint bien-;
tô t 1 fort habile1, il lui fut alfocié; & . enfuire,
entra dans çettè-TôCiéiê-Jaccjues Girault, fils de
Rèflitut. L ’aurrë Elève de Philippe C'olot fut
Sèvérin Pineau,'Chirurgien ordinaire du R oi,
a. qui il fit époufèr (à Cou fine. Duiaureor, alors
premier Médç'cin, perfuadé qu’il éro-it du droit
de fa cli’àrge dé conféryer à là poftéritc un fe-.
cret •.d'une'-aufli grande importance, repréfenta ù
Henri IV la'nécèlfité d’avoir des Opérateurs pour
ceux qui étoi.ent attaqués de la pierre, ce fut la
rajfon pour laquéllé ce Roi ordonna que Sèvérin
Piri^au, qui alors n’avoir pas. d’enfans, inf-
rruifôit dix jeunes Chirurgiens choifis, & qu’on
iùi donneront une récompenfe proportionnée à
fes ^peines & à l ’importance de. la choie; on
p'affa/un contrat en conféquence. Pineau prit des
mefurè^ pour y farisfaire avec honneur & bonne-
fo i; niais foir qa’il mourût peu de tems après,
où que-fès Elèves-ne répondiflent point à fes
foins, le Public ne tira pas de cet établiffe-
niéht, les avantages qu’ il s'en étoit promis; ce
qui fit que Rèflitut Girault/&■ Tes deux Elèves
relièrent Teüïs en état de pratiquer la méthode
de Màrianilsr' 1
Ce fut d’eux que le dernier des Colot, nommé
François, reçut lé fecret de cetre méthode qui
ne Teroit pas devenue fi commune , fi la corn-
paflibn naturelle aux hommes ne les eut engagé
à tàiilef les pauvres qui* fe préfemoient à la
Charité & .à l’Hôfÿ^Dieü de Paris. Les Chirurgiens'
de ‘ces' deilx maifons s’inftruifircn't en
fes Turprenanr. ' Hs firénr fcdrèttrnent quelques