
5 <4 T AI
'ouvertures au plancher , direèlement au-deffus
de la chaife où on plaçoit les malades pour
Êrre taillés, St ils apprirent ainfi fa méthode qu'ils
enfcignèrent à d’antres, i l eft cependant fort vrai-
fetnbiable que Laurent Colot ne fut pas le ieul
Elève d’o àavian de V i lle , & que Marianus.dt
lui en avoient fait d’autres en Italie.
Le Grand-Appareil étoitconnu en France &
ailleurs avant la fin du feizième .fiècle, puifqu’il
eft décrit comme une méthode ordinaire dé tailler
par Ambroile Paré, Fabrice de Hildan, Covil-
lard & antres. L’Auteur des Recherches critiques
fur l’origine à lès différent états.de la Chirurgie
en France,fait remonter l’inventiondu Grand-
Appareil, à la fin du quinzième fiècle, & l’attribue
à Jérôme Colot, le même qui .eft dit avoir opéré
le franc Archer de Bagnolet. il penfe que çe .
fut l’opération qui fut faite à ce malheureux;
plufieurs admettent cette opinion, mais elle
paroît trop peu fondée pour enlever à jean
de Romanis un honneur qui ne lui a jamais été,
contefté. . .
Les inflrumens dont on fe fervoit pour le Grand-
Appareil font un cathéter , un lithotome, des
conducteurs, l’un mâle & l’autre femelle, & à
leur place le gorgeret, les. recettes & le bouton,
à quoi il faut ajouter le dilatatoire : il eft d’autant
plus effemiel de faire connoître ces inftru-
mens.que la plupart font en ufage dans.les méthodes
de tailler,les plus accréditées.', j .
Le cathéter eft une fonde qui, par fa longueur,
fa «rôdeur St fa forme, rtflembleaux algalies,
dont on fe fert pour s’affurer de t’exiftence de
la pierre ; il en diffère cependant en ce qu’il
eft d’acier pour mieux conl'erver fa courbure ;
6 pour qu’il ne fe laifle pas entamer par le
lithotome qui doit gliffer avec facilité le long
de fa cannelure. Cette cannelure règne fur la
convexité jufqu à ; ou 4 lippes de fou extrémité
il faut quelle foit parfaitementévidée. Je
me fuis trouvé très-embarraffé, en raillant un
malade, félon le procédé de Chefelden, parqe
qu’il y avoir dans la cannelure du cathéter une
paille qui ne me permetroit pas de poulîer le
litho.ome en avant. L ’extrémité de cet inftru-
ment doit être arrondie irès^exaélement & fon
manche plat pour pouvoir être tenu avec plus de
fermeté. n i •
La forme du lithotome varie, beaucoup ^.ordinairement
.il eft à double tranchant j$c ,d.’une
largeur médiocre. L ’ un de fes tranchans. êft le/
gèremènt convexe, & l’autre médiocrement"con,
cave. Sa lame eft enfermée entre deux, pièces
d’écaille mobile qui forment une chalTei Lorf-,
qn’on veut s’enfervir, il, faut l’affpjettir de manière
qu’il ne puiffe fe, fermer; pour ce!a on
prend une bandelette longue d’un pied & plus;
& fendue par un de fes deux bouts de la longueur
de cinq à fix travers de doigts, on roule,
cette bande autour du lithotome ouvert en eommençant
par une de fes extrémités qui.n.eft pas
fendue, & on l’arrête en nouant enfemble les deux
chefs qui la terminent ; la lame de l infirmaient
ne doit relier à découvert que dans un ponce
d’étendue. ..
Les conduéieurs font deux fondes prefqne
droites, furmonfées chacune d’une vis arrêtée fur
leur longueur., & terminées d’un côté par une
forte de croix qui leur fert de manches „ il n’y
a que leur extrémité qui les diftingtfe 1 une de
i autre. Dans le conducteur mâle, elle forme une
languette, polie & arrondie qui puiffe gliffer le
long de la cannelure du cathéter julque dans la
veflie, fans craindre de la bleffer, & dans le conducteur
femelle elle fait une échancrure affez
profonde. , , _ *
Le gorgeret qu’on fubftitue aux conducreurs,
eft d’une invention plus récente ,. on 1 attribue à
Fabrice de Hildan, qui vivoit encore au com-
mencemenr du fiècle dernier.Cu inftrument forme
une gouttière qui va en diminuant de largeur
depuis un bout jufqu a l’autre, fa P^tie la plus
étroite eft garnie d’une' languette femblable a celle
du conduaeur mâle , & la plus large aboutit à
un manche dont la figure varie beaucoup. Une
chofe digne d’attention; c’eft que le gorgeretfo.t
d’une longueur & d'une largeur fufhfante , pour
entrer dans la veflie & .y,conduire les tenettes
d’une manière’sûre! c
. Les tenettes font de grandeur & de forme
différente ; les unes font petites & médiocres &
les autres grandes. Celles-ci font droites & celles,
là font courbes. En g'énéral , elles doivent être
affez fortes pour né pas fe fauffer fors de lex-
traélion de la pierre ; il faut auffi quelles foient
fort polies:& bien ëvidées à. l’endroit de leur jonction;
enfin les mors ou cnillerons qut lés terminent
, doivent être légèrement^ courbés, garnis
d’afpérités en-dedans, fui-tout à leur extrémité,
& difpofées de‘ façon qu’ils éé puiffent jamais
s’ approcher entièrement' l ’une ’deTanrre,de peur
qu’ils ne pincent la veflié dans les difrérens^mou-
vemens qu'on eft obligé de fairè pour faftir la
pierre. Outre ces tenettes,on doit en avoir d autres
dont les mors. s’approchent dans toute leur longueur
& qui reprëlentent un bec dé canne, celles-
ci font utiles & abfolument néceffaires pour 1 ex-
traèlion des pierres de forme platte & pour celles
d’un petit volume qui pafferoient entre Tes mors
dés tenettes ordinaires & leur échaperoient.
Le bouton eft une longue tige d acier, terminé'
d’un cô,té par un bout arrondi & de
l’autre par une efpèce de cuillère qui porte lur
fa longueur une vive-arrête lemblable à celle
qui tègne le long des conducteurs! *\ '
Enfin le dilatatoire eft un inftrument. jffen-
tiellement compofé de deux branches d'acter
parallèles,longues & convexes en-dehors, & Jlu,>
par;une mfte.anjq.ue fort fimple, s’écartent lune
de l’autre avec une force affez grande, §t sn
Jamais perdre leur pofirion refpeCHve. Les
Modernes avoient abandonné l’ufage du dilata*
toire auquel ils fuppléoient par l'inrroduélion
lente & graduée du doigt indicateur de la main
droire, le long de la gouttière du gorgeret, juf-
quace qu’ils euffent élargi le trajet de la plaie,
de manière à permettre aux tenettes d’entrer
aifément.
Ces inflrumens dévoient être rangés fur un
p’at fuivant l'ordre où il convenoit de les employer
; on difpofoit auffi fur un autre l’appareil
qui devoit fervir au panlement du malade.
Les pièces, de cet appareil étoient, i.° des canules
, les unes foiides & les autres flexibles,
ceft-à-dire, faites d'une lame d’argent tournée
en fpirale & couverte extérieurement avec une
bandelette de linge effilée roulée autour. z.°
Des bourdonnets dont quelques-uns dévoient
être trempés dans une forte <liff©lufion de vitriol
& fortement exprimés, & en dés pluinaceaux de
diverfes grandeurs. 3.0 Des compreffes les unes
oblongues & les autres difpofées en triangle.
4.0 Un bandage en double T avec une bande
fimple qu'on nommoit le Collier & qui faifoit fonction
de fcapulaire, & une antre qu’on appeiloir
Jarretière, parce qu’elle fervoit à tenir les genoux
l’un contre l’autré. 5.0 Quelques morceaux de
flanelle a fît z grands pour couvrir le ventre, s’il
étoit, népeffaire d’y faire des fomentations ou
des embrocations. 6.° Un rouléau qui pût être
placé fous les genoux du malade pour lui tenir
lescuiffes & les jambes médiocrement fléchies.
7.0 Plufieurs draps dont les uns étoient deftinés
à être mis fous les feffes & les autres à couvrir
le ventre & la poitrine du malade, pour le garantir
du froid. 8.° Enfin deux terrines, l’une
remplie d’huile pour y tremper tous les inflrumens,
excepté le lithotome} &. l’autre plus grande
pleine d’eau tiède avec une éponge pour nettoyer
la plaie & faire des injeéîions dans la veflie avec
une feringué qu’on tenoit prête pour cet ufage.
Toutes ces chofes ainfi difpofées, on garniffoit
le lit qui devoir recevoir le malade, avec un grand
morceau de toile cirée que l'on couvroit 'd'un
drap plié en plufieurs doubles. On difpofoit auffi
la table fur laquelle devoit être placé le malade.
Dans les hôpitaux où l’on opéroit fouvent,
©n avpit une table faite exprès, laquelle étoit
fur montée d’un doflier qu’on pouvoir élever ou
abaiffer au' moyen d’une cramaillère; chez les
particuliers, on y fuppléoir avec une table ordinaire
fur un des bouts de laquelle on ren-
verfoit une cbaife qn’ ôn y affujettiffoit
avec des cordes.'Cette table étoit couverte
d un oreiller pour recevoir le malade, & de
plufieurs draps pliés en double & qui pendoient
jufqu’à terre.
P plfis qu’à y placer le malade &
affùjetdr, avec des liens' convenables ; ces
Ums'étaient ïaiis :dé deux lâfges cordons de
fils , de laine, de foie, longs de deux auneg
& demie chacune, & confus enfemble par leur
milieu : le malade aflis au bout de la table &
renverfé fur le dollïer, on lui appliquoir le milieu
des liens à la partie poftérieure & inférieure
du c o l , de forte que les chefs qu'ils préfentoient
de chaque côté, pendiffent fur les épaules, l’un
en devant & l’autre en arrière : Ces chefs
étoient croifés plufieurs fois & comme cordelés
fous les aiffelles} on fi.ifoit fléchir lescuiffes du
malade pour les cordeler de même au-deffous,
puis, faifanr approcher les talons des feffes &
alonger les bras, on recommandoit aux malades
de faifir fes pieds avec fes mains & chacun de
ceux qui étoient chargés de le lie r , fixoit la
main & le pied l’un à l’autre, en les entourant
plufieurs fois avec ce qui reftoit des liens qui
étoient enfin arrêtés par une rofette double.
Le malade ainfi retenu, étoit encore fixé par
trois aides, dont un monté fur la table, appuyoic
fes deux mains fur fes épaules, & les deux
autres écarroient les genoux & les pieds; un
quatrième placé à la droite du Chirurgien
étoit chargé de lui préfenter les inflrumens & J de les recevoir de lui. Alors celui-ci prenoit
le cathéter qu’il introduisit dans la veflie, fuivant
l'un des procédés indiqués à l’article Sonde.
Il cherchoit de nouveau la pierre, & après
l’avoir fende, il faifoit relever les bourfes par
un cinquième Aide deftirié à cet emploi. Celui-
ci monté fur un fiège médiocrement élevé &
à la droite du malade, prenoit le ferotum
d’une main, le relevoif doucement en pliant les
deux doigts, il âppüquoit périnée, de manière] que celuexs ddee ulxa amutariens dfuror irlee
cgoauuvchrief fesn'etn leé craartpahffée,n t &à gqauuec hcee.ux de la main
Alors le Chirurgien prenant le cathéter de
la main gauche fans l’incliner d'aucun côté il
: lui faifoit faire faillie an périnée; & , après s’être
bien affuré de fa pofiiion & de celle de la
canelure , il faififfoit le lithotome , qu’il
tenoit comme une plume à écrire , & avec
lequel il incifoit les régumens de haut en bas
depuis le defibus .des bourfes, jufqu’à un Travers
de doigt de l’anus., en préfenranr fon tranchant
aux parties qu’il fe propofoit de divifer. Çet
inftrument porté une fécondé fois & plus profondément
dans la plaie, coupoit le mufcle
bulb'o-caverneux du côté gauche, le tiffu fpon-
j gieux de l ’urètre & pénétroit jufque dans ce con-
j duit; quand l’Opérateur étoit sûr d’ y être parvenu
] & de l’avoir ouvert dans route l'étendue de la
'1 playe des tégumens , il relevoit le cathéter
| pour l’éloigner du rééîum, puis le rame- 1 nant un peu à lui par une forte de bafcule,
| de derrière en devant , il y faifoit gliffer
J la pointe du lithotome , qu'il portoit auffi loin
| qu’ il lui étoit poffible du côté du col delà veflie;
I c’eft ce qu’on appelioit do.nner le coup de Maître.