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ne pût citer aucun exemple de guérifoti opérèb
par fon moyen, là où cette maladie exiftoit réellement,
& qu’il en cxiftàt baaucoup de ceux où
il avoir accéléré les progrès du mal. D’ un autre
côté, fi le Mercure a; des inconvéniens, il n’en
eft pas moins le plus précieux de tous les médi-
c amen s que nous connoiffons *, & rien n’eft plus-
abfurde que de renoncer par cette raifon à fon
nfage , pour lui en fubfiituer d’autres infiniment
moins certains dans leurs effets.« Rien, dit M.
Hunter , ne, montre mieux l’ingratitude & la
légèreté de l’efprit humain, que la manière dont
on a traité ce remède. C a r , s il en exifle un feul
qu’on puifle regarder comme fpécifique,. certainement
le Mercure eft le fpécifique de la vérole.
Cependant les hommes courent après d’autres
fpécifiques de cette maladie, comme fi k s fpé-
cifiques étoient plus communs que les maux,
tandis que trop fouvent on les voit fe contenter
des procédés les plus ordinaires pour le traitement
de diverfes maladies contre lefquelles i ln y
a point de fpécifique connu. Ces -préjugés font
entretenus par le Public, qui n’a pas encore pu
le délivrer des craintes que l’ignorance, des anciens
leur avoitfait concevoir contre ce médicament $
& beaucoup de Praticiens modernesnon moins
ignorans que les Anciens, profitent de ces craintes
& les perpétuent.
M É TASTASE , Mit* «■ *»*■ , Metajiafis. Con-
▼ erfion d’une maladie en une autre d une
nature abfolument différente, & q u i, offrant une
toute autre fuire de fymptômesdemande un traitement
qu’on ne pouvoir prévoir au commencement
de la maladie première. La Métaftafe arrive
communément aux apoftêmes, aux plaies & ulcères
qui font en pleine fuppuration*, & comme,
en pareil cas , la tumeur s’affaiffe , &que les fur-
faces qui fuppurent ne fournifienr plus d.e pus, la
matière s’étant portée ailleurs» les Auteurs ont dé*
fini vicieufement la maladie nouvelle,, par la caufe
qu’ils préfumoient la produire , en difant qu’elle
étoit un tranfport d’humeur morbifique d?une
partie vers une autre. Us ont caraélérifé, fous le
nom de Délitefcence,, la Métaftafe qui furvient aux
apoftêmes , & fous celui de Reflux de madères
purulentes celle qui arrive aux plaies & ulcères.
La matière qui quitte ainfi une partie pour en
aller occuper une autre,, fe jette communément
fur les vifcères, tel que le foie r les poumons
, la rate , & d’autres fois elle fe porte
dans le tiffu des chairs, fur les articulations -, ou
elle pafl'e par les couloirs & s’échappe avec les
humeurs qui naturellement s’y féparent y & alors
la caufe de la maladie première étant expulfée,.
tout rentre dans l’ordre, comme il arrive dans
le plus grand nombre de cas ou l’on dit qu’il
y a réfolution.
La Métaftafe fuppofe toujours, non-feulement
l’épanchement des matières, puis leur abforption
& tranfport ailleurs que de l’endroit où elles
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étoient épanchées $ mais encore une certains
crudité qui ne peut fympathifer avec les loix de
notre économie> fans quoi là matière élaborée
Gomme dans le cas de réfolution , ne feroit
qu’une avec les humeurs circulantes, & nocca-
fionneroit aucun trouble. On préfume avec raifon-
que la Métaftafe eft opérée par les racines des-
abforbans y cette préemption eft appuyée fur un
fi grand nombre de faits, qu’acluellement elle
pafte pour une vérité. La matière reforbée &
paffée dans le grand fyftême de la circulation ,,
occafionne une fuite de fymptômesdont la gravité
eft plus ou moins urgente à raifon de fa>
quantité, de fon genre fpécifique d’acrimonie, &
du lieu fur lequel elle cherche à fe dépofen.
Le fyftême fanguifère excité à upe aéîion plus-
répétée, acquiert une intenfité de mouvemens-
qui conftitue la fièvre , & les friflbns qui la pré-
; cèdent ou l’accompagnent*, quelques irrégularités-
I dans les aélions vitales > des fpafmes ou une
‘ torpeur annoncent également que le principe de
la vie fe relient de l’hétérogénéité du^ délétère:
m is en circulation. Enfin , ce qui n arrive point
dans la réfolution , la matière fixée * i l fe développe
de nouveaux phénomènes y fi elle occupe
les poumons,. une difficulté de refpirer, une douleur
fourde & profonde dans- un des côtés de
la poitrine ,. quelquefois dans tous les deux, des
crachats fanguins ou purulens*, lafterteur, le carus*.
& généralement des fymptômes relatifs à ceux*
de l’apoplexie , annoncent la flàfe fur cerveau *,
; comme ceux de l’hépatitis ou du fplénitis dé—
lignent qu’elle a lieu fur le foie ou la rare»-
L ’évènement eft plu» évident quand la matière
fe jette fur un membre à découvert,. le gonflement
y furvient d’une manière plus prompte que
| s’il eût été primitivement affeélé, l’inflammation
; & toutes fes fuites fe fuccèdent rapidement em
forte que le pus fe concentre déjà dans le fond-
i d’un tumeur , où tout n’annonce encore qu utï1
état de crudité.
Il eft certaines- maladies où Îa-Métaftafe fernble;
plus volontiers furvenir que dans d autres , &
telles font la galle, la goutte, la gonorrhée, le *
bubons vénérien» ou peftilentièls, & généralement'
le plus grand nombre des tumeurs chaudes- ou*
apoftêmes humoraux. Ces derniers forment ordi—
• nairement des dépôts qui fe terminent en fuppura-
tion $ mais il n’en eft pa»ainfi des autres qui communément
dans leurs Métaftafe» entraînent à leur
j fuite des embarras, des indurations, d ou s^en
- fuivent une foule d’accidens & de maladies, fur
' le caraékre primitif defqusiies on eft fort incertain.
LT humeur de la gonorrhée * par exemple *
en fe portant fur l’oeil,. l’oreille le tefticule oti'
fur les articulations, donne lieu à des douleurs
: & des abcès, qui non-feulement privent de l’ ufage
des parties, mais encore occafionnent une infeélion
à laquelle on ne peut remédier que par un traitement
général. Ces fortes.de Métaftafes foût toujours-
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ftcheufes » non-feulement en ce qu’elles donnent
lieu au délétère de fe fourvoyer dans les détours les
plus cachés de l’organifme, mais encore parce que
les parties, qui font fecondairement affrétées,
font peu fufceptibles de grandes aétions propres
à opérer une coèlion falutaire. Hippocrate auroit-
il eu en vue cette doétrine dans l’aphorifme faisant
: M Qui ab imbecillibus partïbus ad fortiores
rtmeaverint morbi y ii Jolutu funt faciliores ,* in-
fluxus enim facile à robore excluduntur ?
On ignore encore, & fans doute qu’on ignorera
long-temps la caufe première de la Métaftafe,
ou ce qui peut déterminer les abforbans à prendre
le délétère par le convoyer dans le fyftême général
de la circulation *, l’obfevation prouve cependant
que l'aélion nerveufe pourroit y entrer pour
quelque chofe, la colère, la joie exceftive, le
chagrin comme la triftefîe * affeélions de l’ame
qui montent ou dépriment les reflorts de notre
machine,en opérant immédiatement fur i’organifa-
tion nerveufe , la mauvaife adminiftration des
purgatifs, des afiringens ou réfolutifs qu’on préfume
opérer de la même manière, font entière- :
ment pour cette opinion. Mais, laiflant de côté
tout ce qui a rapport à ce point de doélrine fi fujet
à difcuffiôn, nous dirons feulement que Ja Métaftafe
aura d’autant plus de facilité à paroître que
l’apofiême où on le redoute, approchera plus du
caraélère chaud ou éréfipélateux , que la fenfi-
bilité du fujet fera plus grande, & fon moral plus
fufceptible de ces vives émotions qui troublent
la machine, & qui fouvent vont jufqu’à en boule-
verfer les plus grandes opérations. Les femmes
ne font jamais plus expofées à ces épanchemens
laiteux qu’on peut regarder comme métaftatiques,
puifque du moment qu’ils paroiftent les mamelles
s’affaifient, que dans le commencement de leurs
couches où tout annonce chez elles une hypé-
roefléfie que les inoindres circonfiances peuvent
faire tourner en maladie.
Si la matière mife en éirculation dans la Métaftafe
peut s’échapper par les couloirs, lorfque
d’heureufes circonftances favorifent une pareille
évacuation, elle peut aufli, comme il arrive le
plus fouvent, ftâfer fur un vifeère important, &
être caufe de nombreux accidèns. Il eft donc très-
efl'entiel de bien connoître les lignes qui l’annoncent,
afin de fe déterminer à agir fuivantles
circonftances. On diftingue les lignes de la Métaftafe
en ceux qui indiquent qu’elle doit fe faire,
ceux qui annoncent qu’elle fe fait & ceux qui
font voir qu’elle eft faite. Les principaux lignes
qui indiquent que la Métaftafe doit fe faire dans
les tumeurs inflammatoires comme dans les maladies
aigues- où fouvent elle furvient, font en
général ceux de la coélion. Les phénomènes d’irritation
font (ingulîèrement diminués *, la peau n’eft
plus sèche & ardente., la langue commence à s’fau-
meéler, les urines dépofent leur fédiment, les
yeux font moins briilans & plus fereins. Tous
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ces lignes, plus ou moins réunis entre eux, annoncent
que le temps de la crife eft venu *, alors,
pour peu qu’on ne voye point la Nature fe déterminer
à ouvrir) un couloir, on doit s’attendre à
une Métaftafe. On préfume que la Métaftafe fe
fait quand , à tous ces lignes, fe joignent des
friftons irréguliers, une foibleffe dans le pouls,
une intuméfaélion de quelques partie^, une gène ,
une pefanteur dans quelqu’organes,Uti dérangement
d’aélions, qu’on ne peut regarder Comme fymp-
tôme de la maladie première *, & qu’en même-
tems on obferve un affaiflement dans la tumeur,
ou une fécherefle fur les furfaees qui
font en pleine fuppuration. Enfin l’on eft sûr qu®
la Métaftafe eft faite, quand la tumeur eft entièrement
difparue, que la plaie ou l’ulcère qui auparavant
étoient rouges , parfemés de boutons
granuleux, font pâles, blafards, & quelquefois
violets, qu’ils ne donnent plus qu’ un pus féreux,
& même point j que la maladie fecondaire ou
métaftatique eft completremem formée , & quelle
fe manifefte par fes propres lignes.
On trouve dans les Prénotions d’Hippocrate
nombre de pafiages, qui font voir combien ce
.Père de la Médecine étoit attentif à tout ce qui
pouvoir annoncer une Métaftafe falutaire. Parmi
un très-grand nombre nous choilirons le fui-
vant. In vekemtntibus & periculo proximis pul-
monum inflammationibus abcejfus ad crura omnes
fane utiles j f i vero difpareant abcejfus & intro recur-
rant Jputo non prodeunte & detinente febre, gravis
morbi periculum, & delirii & mortis cegro imminet.
Baglivi avoit obfervé que les pleurétiques ,
à qui ii furvenoit une douleur dans le fond des
oreilles avec fuppuration, guérifloienrtous. Il a
particulièrement fait cette remarque au commencement
de 1694 , tems ou les plcuréfies cou-
roient épidémiquement à Rome & en d’autres villes
d’ Italie. Mais une Métaftafe qui a encore plus
fréquemment lieu, efl celle qui fe fait fur l’un®
des parotides dans la plupart des fièvres malignes.
Optimce funt , dit cet Auteur , quee die
critiedeum fgnis coâionis veniunt, quoe nec majores
funt quam ferri pojjint a parte ajfeââ nec minores
quam purgare valeant; quoe funt dijfufoe magis quant
nimium contrad.ce & quoe funt, dira ruborem ni-
mium, & citra nimium dolorem.
La Métaftafe une fois formée, peut encore fe
terminer par une évacuation critique ou par délitefcence.
Hippocrate nous fournit plulieurs
exemples du premier cas , il dit que les articulations
qui fouffroient beaucoup à la fuite des
fièvres, & qui menacoient déjà d’ un abcès, ont
été délivrés par un flux abondant d’urines très—
ëpaiftes.On obferve affez fou vent que ceux chez qui
les lignes annoncent la formation d’ un abcès intérieur
, en font fouvent délivrés inopinément par
diarrhée bilieufe. La délitefcence furvient fouvent
dans la petite vérole , lorfqu’elle eft parvenue
à fou troifiètne tems \ celui de la fuppuration.