
Rapport , l’objet le plus elTemiel pour la Jufiice,
le corps du délit refie clans l ’incertitude j car qu il j
foir conftaté incomplet teroem , ou, d’une manière
tkfeélueufe, c e fi à-peu-près comme s’il ne l’avpit
pas été du tour. Le Rapport n’cft plus qu’ une formule
infuffîfame & il Infoire j le Juge ne peut en
tirer aucune conféqiience, & il ert alors réduit à
la funefie alternative , pu de condamner un innocent
, ou de laifler un crime impuni.
Quand on confidère, continue notre Auteur,
la nécefiïté indifpenfabie des Rapports dans les
procédures criminelles, & combien cet aéle devient
mtérefiant au J u g é , pour la tranquillité de fa con-
fcience-, aux Accufés, pour la fûreré de leur vie ,
de leur honneur j au Public, pour le maintien dé
l'ordre focial : quand on confidère combien la
rédaction de cet aéle exige de foins, d’ attentions,
& des qualités particulières, on eft porté à croire
que des fondions fi importantes ne font confiées
qu’à des hommes d’un mérite, d’une probité &
d’une capacité reconnues. On fe perfuade que fans
doute la Loi a fixé dès règles , établi des précautions
pour aflurer i’exaèlitude dès Rapports en
Chirurgie, & prévenir toute défeéluofité. Cependant
, avouons-le, rien de tout cela n’exiftoit
précédemment ; prefque par-tout l ’exercice des
Rapports étoit un droit qui fe louoit ou s’achettoit
à prix d’argent. Aufli le plus ordinairement ces
fonélions importantes étoient- elles entre les mains
des Chirurgiens les plus jeunes, les'moins txer-
cés •, & quoique les Ordonnances aient établi, dans
chaque grande v ille, deux Chirurgiens aux Rapports
juridiques, cependant ils ne fe réuniffoient
jamais pour une même expérience, dè forte que •
dans un cas où il s?agiffoit de prononcer fur un
fait, dont la réalité peut coûter la vie & l’honneur
à un citoyen , on s’en rapportoit à un feul homme,
tandis que pour valider un aéte qui intéreffe feulement
la fortune, on exige la préfence de deux Notaires,
ou d’un feul avec deux témoins; Ajoutons
encore que lavifite fefaifoit fou vent avec précipitation
& légèreté, prefque toujours fans témoins, &
que rarement le Rapport étoit rédigé fur les lieux.
Éloigné des objets,l’Expert s’ en rapportoit à fa mémoire
, quand il s’àgifîoit de les décrire, & comme
elle ne lui étoit pas toujours bien fidelle, il s’en
tenoit à des approximations vagues,in déterminées,
qui étoient bien éloignées d’être la vérité. Enfin,on
dépofoit le Rapport au Greffe de-1à , fans vérification
& fans examen préalable , on i’admettoit
quel qu’il fût comme une pièce probante \ & c’étoit
fur un tel aéte que le Juge établiffoit,.cominuoit
J’ infiruélion, l’information, & préparoit fon ju-r-
gementT
On pourroit, félon M. Chauffer, remédier à
tous ces abus, en fe conformant dans la confection
des: Rapports aux trois moyens fui vans,
i.
Aflreindrc les Chirurgiens chargés des y 'tfitesafuivrt
une formule ou méthode Gonflante 6* immuablt
dans la rédaction des Rapports.
Le Rapport pour répondre à l’ intention de |j
Jufiice doit contenir non-feulement la. dëfeription
de l’état du corps, de la fîtuarion, de la forme, de
1 étendue des bleflures, mais encore il doit offrir le
féfultat, les confèquences des léfions obfçrvées fit
décrites, & en quelque forte le jugement de l’Art.
Mais, pour porter ce jugement d’une manière fo-
lid c , il faut êtte inftruits des circonfiances antécédentes.
Tout Rapport, pour être réputé bien fait,
doit offrir trois parties;diftinéles, & dans un ordre
confiant.
Après la formule préliminaire & d’ufage, qu’on
trouvera plus bas , on doit pafler à l’expofé des
circonfiances qui ont précédé la vifite dans cette
première partie du Rapport. Le Chirurgien Rattachera
à recueillir tous les lignes commémoratifs:
il s’informera du nombre des coups qui ont été
portés, de l’efpèce & de la forme de l’inftrumenï
avec lequel on a.frappé, dè la nature de,s'açcidens
qui ont fuccédé à la rixe, & des remèdes qu’on
leur aoppofés. Il portera même fon attention ftir
le tempérament dubleffé, lès maladies dont il
peut être actuellement attaqué , .& celles qui régnent
épidémiquement •, & pour avoir une plus
ample information fur tous ces objets, non-feulement
il s’en rapportera au récit du bleffé ou de
les! proches., mais encoré an Rapport de la partie
adyerfé, quand il peut avoir commuuicaiion de
fes pièces. Mais, dans cet'expofé des circonfiances
antécédentes, il faut fe^borner à celles qui font
éfientielles & relatives à l’état aCtuel,‘ à celles
enfin qui peuvent établir le jugement de l’An &
en faire connoitre les motifs.
La fécondé partie contiendra la defeription & la
reconnoifiance de l’ état du blefîé. 11 faut apporter
ici i’éxa&itùdë la plus grande -, car il ne fuffit pas,
comme on le fair trop communément, d’indiquer
le nombre, la fituation & l’érendue des bleflures,
il faut encore exprimer par quel ligne fenfible oti
a reconnu telle ou telle affection /, par quel moyen
on s’en efi afluré. Enfin, s’il s’agit de déterminer
la longueur d’un foetus, la grandeur d’une playe,
d’une contufion , on né doit jamais fe permettra
des approximations vagüés $ mais i f faut en indiquer
la longueur, la grandeur prëcife , en la rapportant
toujours au pied de roi, ou de toute autre
mèfure fixe & commune.
La troifième partie du Rapport èft plus particu*
fièrement du refiort du Chirurgien j elle diflingue
l ’hormiie inftruit, & met fon mérite dans la plus
grande évidence*, elle doit préfen.ter ce qu’on appelle
le îéfultat de la vérité V c’eft-à-dire , les confé-
queoces directes que fournit l’expofition des fignes
commérrioratifs, & la defeription des circonfian-
cçs qu’on a obfervéçs en la faifant. Çes con d u its j
aui fervent à diriger l’opinion du Juge , doivent
ton jour s être diftinCtes des deux premières parties
du Rapport & conformes aux loix de la Nature,
Si aux principes de l’Art.
Modèle dlun Rapport conformé aux règles
précédemment établies.
Nousfouflignés Médecins & Chirurgiens du T ribunal
d’un tel arrondiflêment, fiégeant à tel endroit.
. . . nommés par MM. Juges d’Office , le 24
Novembre 1791 , pour procéder à la vifite du
nommé Robert Amelot, compagnon Menuifier*,
certifions que ledit fleur, d’ un tempérament fort
& vigoureux, nétant fujet à aucune maladie,
ayant été attaqué nuitamment par des voleurs, qui
l’ont pourfuivi à coups de bâton , en a été abandonné
fur le chemin de Pantin, route de Paris,
après avoir reçu la décharge de plufieurs coups
de pifiolets.
Qu’ayant été tranfporté ches lu i, rue de la Lanterne
, n.° 4 , nous l’avons vifiié & remarqué
ce qui fuit. Une playe contufe, de deux pouces
de long, fur le front, avec gonflement & échy-
mofe des deux paupières fans dénudation de l’os j
une autre avec fraCture des os du nez & déplacement,
la conjonélive échymofée, différentes
échymofes & contufions fans playe fur la poitrine
&le dos, qui offroient déjà les apparences de réfo-
luiion. Pourfuivant notre examen, nous avons trouvé
une playe faite avec une arme à feu, ayant fon
entrée à la partie externe & inférieure de la jambe
droite, & fon iffue à la malléole interne, fra-
caffant dans fon progrès la partie inférieure du
péroné & la malléole interne, avec dilacération
du tendon d'Achille & des ligamens qui entourent
la jointure, du pied. Le refte du corps nous a
paru en affez bon état , même le pouls & toutes
les autres fonélions qui indiquent que , fi l’on
fuit bien toutes les indications, le malade pourra
en réchapper. N
Nous eftimons enfin que , fi le Chirurgien, à
qui le malade s’eft confié , per-fiftè à vouloir conduire
cette playe par une méthode ordinaire, ce
fera au détriment dubleffé, un tel fracas & délabrement
dans la jointure étant abfolument incurable
*, aufli croyons-nous que l’amputation de la
jambe, faire au plutôt, eft le feul moyen capable
de le fauver. Fait à Paris, ce 30 Novembre *79 ï* Signé. . . .
c , ure ae 1 yuvrage ae uevaux 3 juru
homme mort de la foudre.
Rapporté par moi , Maître Chirurgien-Juré,
au Bourg de Lonjumeau, qu’en vertu de l’ordonnance^
de M. le Prévôt , au Siège dudit
Bourg, j’ai vu & vifiré le corps de feû Martin 4öfter, dit Lavallée, âgé de quarante ans en -
Çhirurgie Terne I I ÿ I mc Partie*
viron , étant au fervice du fleur Bertrand Vau-
gire , Receveur de la terre & Marquifar de Chiily ,
en qualité d’ un de fes charretiers, auquel j’ai
d’abord obfervé qu’il exhaloit de fon cadavre
une odeur fulphureufe, & je lui ai enfuite ap-
perçu , fur le haut de la tête, un endroit plus
froid que le refie du corps, ce qui m’ayant porté
à examiner plus foigneufement ledir endroit,
j’y ai trouvé nombre de poils brûlés & réduits
en pouflière, de la largeur d’un écu }& au-deffus,
une petite ouverture de figure ronde, entourée
d’un cercle n oirc i, pénétrante comme une ef-
carre, dans toute l’épaifleur des tégumens : puis,
ayant introduit une fonde dans cette ouverture*
j’ai trouvé le crâne perforé dans toute fon épaif-
feur, & ma fonde ne rencontroit aucun obftacle
à pénétrer dans le vuide, félon toute fa longueur ;
fur quoi, après avoir dilaté les tégumens, j’ai
connu que îe crâne étoit percé fur le milieu de
la future fagittale. Après cela , j ’ai fcié le crâne ,
& j’ai reconnu que tant la dure & la pie-mère
que toute la fubftance du cerveau étoit diffoute,
en forme de bouillie délayée dans une liqueur
noire. Enfin, examinant la bafe du crâne, j ’ai
apperçu un trou fe gliffant obliquement de la
felle de l’os fpénoïde vers l’os du palais, que
j’ai trouvé percé du côté droir, & deux dents
.canines brifées en menues parties, & le mufcla
orbiculaire~des lèvres tout noir & corrompu en-
dedans. Toutes lefquelles obfervaîions font voir
clairement que ledit Jofier a été frappé de la
foudre qui, lui ayant percé le crâne de part en
part, efi fortie parla bouche, pendant l’orage
qu’ii a fait ce matin. Fait au Bourg de Lonjumeau,
le 16 Juin 1.Ô80.
S gné. . . .
Ce Rapport, quoique peu conforme aux règles
que nous avons établies, n’en n’offre pas moins
des effets bien finguliers de la foudre. Notre
objet n’eft point d’entrer actuellement dans des
détails à ce fu je t, nous pourrons y revenir par
la fuite , dans un autre ouvrage que celui - ci.
Autre , fait a l'ouverture du corps d’Henri I I I .
Nousfouflignés, Confeillers, Médecins, Chirurgiens
ordinaires du Roi, certifions que le jour
d’hier, mercredi decepréfent mois d'Août 1589,
environ les dix heures du matin, fuivant l’ordonnance
de M. le Grand-Prévôt de France &
Hôtel du R,oi, nous avons vu & diligemment vifiré
le corps mort de défunt de très - heureufe
mémoire, & de très-Chréticn Henri III, vivant
Roi de France & de Pologne, lequel étoit décédé
le même jour , environ lès trois heures
après minuit , à caufe de la playe qu’il reçut
de la pointe d’un couteau , au ventre inférieur ^
ap - deflous du nombril, partie dextre, le mardi
précédent, fur les huit ou neuf heures du matin ;
& , à raifon des accidens qui furvinrent à fa