
parallèlement; car, dans ce dernier cas l’humeur
contenue cl.ms In tumeur venant de s’écouler,
les membranes s'affailienr, la tumeur devient (laïque
& l’opération efi plus difficile. L ’excroiffance
faille, Fabrice fit une incifion à la conjonctive
pour couper les attaches de la tumeur avec les
paupières*, il porta alors dans le fond de l’orbite
fon biltouri avec lequel il coupa à leur origine,
derrière le globe de f (E i l , le nerf optique
& les mufcles qui l’entourent. L ’opération ne fut
ni longue ni doulotireufe, & le malade, panfé
avec les remèdes balfamiques, guérit en très-
peu de tems.
Le procédé de Fabrice avoit été publié ; il
devoit être connu de Tulpius, & néanmoins ce
Sénateur d’Amfterdam, par une trop grande timidité
, ne crut pas devoir y recourir chez une
jeune fille qui périt par les progrès d’un cancer
porté au plus haut degré. On auroit pu , dit - i l ,
extirper 1 OEil *, mais je ne confeillerai jamais un
moyen fi cruel, quoiqu’il puiffe quelquefois réuf-
firy à moins que le malade ne fût fort vigou -
reux. Mais le malade de Fabrice étoit âgé, cacochyme
& épuifé par une longue & fâcheufe
maladie, ce que Tulpius ne pouvoir ignorer. L ’inf-
trument de Fabrice refia long-tems dans l’oubli,
& en lifant les Fafies de l’Art , l’on obferve à
quels écarts l’homme peut fe laiffer aller quand
il eft abandonné à des principes incertains. Ici
l ’on voit l’extirpation de l’OE il faite par le confeil
de Waloeus, avec des tenailles, & le malade
périr le quatrième jour ; là l’infirument de Bar-
tifch reparoître entre les mains de J o b -a -M e -
eckren, malgré la cenfure de Fabrice ; ailleurs
l'extirpation fe faite avec une lancette ou un bif-
tou ri, après avoir faifi l’OEil au moyen d’une
foie paffée à travers, comme on en trouve le
précepte dans Lavauguyon, Saint - Y ves, Heifier,
& même récemment dans les Cas de Chirurgie
d’Olaüs Acrell. L ’Art, d’après ceci, manque-
r o i t - il de préceptes dans un cas de cette im--
poitance ? Les fuccès d'Bildan indiquent ici la
réponfe. Confulté plufieurs fo is , dit M. Louis,
dans des cas qui exigeoienr cette opération, je
me fuis fait une méthode que la ftruclure. de
l’OEil , fes attaches & fes rapports avec les parties
voifines m’ont fait concevoir comme la plus
convenable *, elle a eu l’approbation de l'Académie
Royale de Chirurgie-, & plufieurs l’ont pratiquée
depuis moi avec fuccès.
11 faut d’abord incifer les attaches de l'OEil
avec les paupières, comme Fabrice l’a fort bien
remarqué *, il ne faut pas d'infiniment particulier
pour cela *, mais cependant cette incifion peut
être' faite avec plus ou moins de méthode. Inférieurement
il fuffit de couper dans l ’angle ou
. repli que font la conjonclive & la membrane
interne des paupières. On doit penfer en même-
feips à l’attache fixe du mufcle petit - oblique
fu r ie bord inférieur de l’o rbite, du côté du
grand -angle. Supérieurement il faut diriger l’inf-
trument pour couper le mufcle releveur de la
paupière fupërieure avec la membrane qui le
double, & en faîfant gliffer un peu le bifioilri
de haut en bas du côté de l'angle interne, on I
coupera le tendon du grand-oblique. Dès-lors I
l’OEil ne tient plus à la circonférence antérieure I
de l’orbite. Il ne s’agit plus que de couper dans I
le fond de cette cavité le nerf optique & les I
mufcles qui l’environnent *, cela fé fait d'un coup
de cifeaux appropriés à cette fedion : les lames1 en
font courbes du côté du plat. II paroît allez in- I
différent de quel côté on porte ;la pointe des ci- I
féaux dans le fond de l’orbite. Dans l’état naturel, I
l'obliquité du plan de l’orbite & la fituatiôn de I
l’OEil près de la parois interne, preferivent de I
pénétrer dans l’orbite dn côté du petit-angle, en I
portant la concavité des lames fur la partie la- I
téralê externe du globe ; mais comme la protu- I
bérance de l’OE il, & la tuméfaélion contre, na- [
tiïre ne gardent aucune mefure, & que les vé-
gétations fongeufes fe font vers les endroits où I
il y a naturellement-le moins de réfiftance, c'eft
le côté du petit-angle qui fe trouve ordinaire- I
ment lé plus etnBarraffé. Il fera donc au choix I
de l’Opérateur d'entrer dans l’oibite avec fes ci- I
féaux courbes du côté qui lui paroîrra le plus I
commode. Les mufcles & les nerfs optiques étant
coupés, les cifeaux fermés fervent comme d’une
curette pour foulever l’OEil au - dehors 3 c’eft ce
que Bartisch prétendoit faire avec fa cuiller
tranchante. L ’opérarion, telle qu’elle vient d’être
décrite, eft fort fimple , & l’onfetit affez, qu’ayant I
pris de la main gauche l’OEil qui tient encore I
par des graiffes molaffes & e x te n fib le s il faut I
les couper avec des cifeaux qu’on a dans la I
droite.
Dans cette opération , telle qu’elle vient d’être I
d é c r ite c h a q u e mouvement de la main, dit I
M. Louis , eft dirigé par les connoiffances anatomiques
} il n’y en a aucun qui n’ait un effet
déterminé3 l’opération fe fait promptement &
avec précifion. Chaque procédé eft raifonné &
ta directement au but néceffaire, enfin il y a
une méthode l’on n’en voit point dans l’opération
pratiquée avec le biftouri feulement.
Si la glande lacrimale étoit engorgée , il faudroit
la détacher de- fa foffette particulière, avec la
pointe des cifeaux courbes, apres que l’OEil
feroit extirpé, ainfi que toutes les duretés fehif-
teufes?qui pourroient être renfermées dans l’orbite.
Cette attention tient aux préceptes généraux
de l ’extirpation des tumeurs cancereufes. Les
panfemens doivent être defiicatifs, tant pour réprimer
les graiffes qui ont grande difpofition à
fe bourfoufîler, que pour conferver dans l’otbite
un vuide fuffifant pour recevoir un OEil artis
ficiel.
Du Remplacement d'un OEil quon a extirpe. I
On remplace l’OEil en pareil c a s , plus pour
corriger un défaut qui nuit à la régularité des
traits que pour l’utilité. L'Art, a tellement approché
de la Nature fur ce point que les plus
habiles peuvent y être trompés, & avoir peine
à découvrir celui des deux.yeux qui eft le faux.
Les yeux artificiels font faits avec l’o r, l’argent
ou l’émail : ces derniers font les plus utiles.-Les
yeux d’or ou d’argent doivent être peints ou émaillés
de façon à imiter -la couleur -naturelle. L’inconvénient
d’un OEil de, métal eft de gêner par
fon. poid & de procurer un écoulement d’humeur
chaftieufe j fort incommode. L ’OEil de verre
& d’émail eft bien plus léger, & l'on n’en emploie
actuellement point d’autres. L ’OEil artificiel
doit être différemment configuré, fuivant le. cas où 1
fon appîicalion eft néceffaire. Lorfquon a perdu
les /humeurs de l’OEil à la fuire d’une plaie ou
d’un abcès, les. membranes qui ; compofent le
globe reftent & ne forment plus qu’une efpèce
de moignon qui exécute les mêmes mouvemens
que l’OE il fain, par l'action des mufcles1. Dans
. ce. cas, l’OEil artificiel doit avoir la forme d'une
hémifphère alongée dont la concavité s’adapte fur
le moignon de l’OEil. On s’habitue bien-tôtà ce
moyen de réparation qu’on glifTe facilement fous
les paupières 3 on ,1e porte fout le jour , & on
l’ôte le foir pour le laver, précaution qu’exige
autant la propreté que l’amour - propre. La forme
de l’OEil artificiel doit être différente dans
le cas où l'on auroit extirpé l’OEil. ^La cavité
de l’orbite étant alors plus ou moins remplie
d’une chair vermeille dont les bourgeons ont été
fournis par les graiffes de l’orbite,, il faut que
celui-ci ait poftérieurement une furface plus ou
moins convexe} la forme Ü’un noyau d’abricot fe-
roit celle qui lui conviendroit le mieux *, mais fi
les chofes étoient difpofées de manière que rien
ne pût tenir dans l’orbite, il y autoit encore un
moyen d’éviter le" défagrément d’être défiguré.
Paré , dans un cas pareil, fit porter,l’OEil artificiel
à l’extrémité d'un fil de fer applati & couvert
d’un ruban qui paffoit par - deffus l’oreille &
autour de la moitié de la tête. Dans le cas où l’on -
auroit été obligé d’extirper les paupières cancereufes
avec l’OE il , on pourroit'*, au lieu
d’une lame d’acier éJaftiqifè , porter un OEil
garni de . paupières ou feulement des pau -
pières [artificielles. Le befoin & l’ioduftrie contribueront
ici à réparer , autant qu’il fera pofjj*
fible, des difformités qui font d’autant plus dé-
fa grëabl es qu’on eft plus curieux de la régularité
de fes traits, {M. P e t i t - R ad e z .)
OEIL SIMPLE , Monoculus. Bandage deftiné
à contenir les pièces d’appareil qu’on applique
fur l’OEil, dans le cas de maladies de cet organe.
Voici la manière de le pratiquer: on prend une
bande longue de trois aunes & large d’un pouce
& demi, roulée d’un globe. On le prend de la
main oppofée à l’OEil malade, & le bord de la
bande fe tient de l’autre main. On applique le
plein de la bande au milieu du front pour aller
derrière la nuque y engager le bout & venir
avec la bande, du côté malade , pour paffer fur
l ’angle de la mâchoire inférieure, en montant
obliquement proche la racine du nez , & de - là
fur le pariétal oppofé;, descendre enfui te derrière
l'occiput, continuer pour retourner fur la mâchoire
inférieure, en paftam un peu plus haut
que le premier jet de bande, pour former un
doloire angulaire jufqu’à la racine du nez. On
fera les mêmes tours trois fois de fuite, & le
quatrième fera un circulaire ou deux qui termineront
le refie de la bande. Voye\ les planches.
OEIL DOUBLE , Binoculus. C’eft le même
bandage que celui que nous venons.de décrire,
mais' difpofé de manière à couvrir les deux yeux
dans les maladies communes à ces deux organes.
Pour l’exécuter, comme il convient, il faut employer
une bande qui ait cinq à fix aunes-de
long & un ponce & demi de --large : elle fera
roulée fur un chef. On commencera par l’appliquer
au milieu du front -, on l’engagera enfuite
derrière la nuque, & l’on viendra paffer fur
l’angle de la mâchoire inférieure *, on montera
obliquement fur la jou e , puis on pafi'cra fur la
racine du nez pour aller gagner le pariétal op-
. pôfé 3 on reviendra enfuite par la partie moyenne
& fupérieure de l’autre pariéral pour defeendre
fur la racine du n e z , y former un croifé. De-là
on continuera, en defeendant fur l ’angle de la
mâchoire inférieure, à pareille diftance de l'autre
côté *, puis on va derrière la nuque pour revenir
par où l’on a commencé, ayant l’attention de
placer toujours le jet de la bande en doloires.
On croifc de nouveau fur la racine du nez, en
montant fur le pariétal oppofé, & revenant par
l’autre comme ci - devant. On continue la même
; chofe trois fo is , & l’on termine le refie de la
bande par des circulaires à un des côtés de la tête.
Extrait du Traité des Bandages de M. Sue.
( M. P e t i t - R ad e z ).
OESOPHAGE. Nom que les Anatomifies ont
donné au canal membraneux qui conduit les ali-
mens de la bouche à l’efiomac.
Différentes maladies fpontanées ou accidentelles
peuvent s’oppofer au libre exercice des fondions
de cet organe. Des tumeurs, formées dans fon
voifinage,, peuvent le comprimer de manière à
gêner, ou même à empêcher totalement le pàf-
fage des alimens 3 des corps étrangers, avalés
imprudemment, le bouchent quelquefois, & pro-
duifent de pareils effets. Quelquefois les parois
même de ce canal s’épaiflilfent & en retréciffent
peu - à - peu le calibre au point de le boucher
enfin prefqu’entièrement *, fouvent une contraction
fpafmodique produit un femblable effet, d'une
manière paffagère 3 fouvent auffi ces deux dernières