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l’oefophage, le canal thorachiqoe, le thym*) &
les gros vaiffeaux voifins du coeur. Dans 1 état
de fanté, les poumons ne doivent pas adhérer
à la pleure; mais il arrive fouvent qu'il fe forme
des adhétences confidérables entre ces_f parties,
après qu’elles ont été affeéiées de quelque maladie
inflammatoire.
La Poitrine peut Être le fiège de pîayes de
tout genre ; mais ce qui en caraélèrife particulièrement
l’importance , c’efi leur plus ou moins
de profondeur. Celles qui ne pénètrent pas au-
delà des tégumens ne feront que bien rarement
fuivies de conféquences fâcheufes, lorfqu’elles
auront été bien traitées; celles qui pénètrent dans
la cavité de la pleure, même par la plus légère
ouverture, pourront au contraire s dans certaines
circonftances , occafionnsr les accidens les plus
graves; celles enfin qui atttaquent quelqu’un des
organes renfermés dans le thorax, doivent être
regardées, dans tous les cas, comme expofant le
malade à un très-grand danger.
D ’après cette confidération, nous établirons
trois efpèces de playes'de la Poitrine; i.° celles
qui n’affeclent que les tégumens & les muf-
cies ; 2.® celles qui pénètrent dans la cavité fans
affeèler aucun vifcère; 5.0 celles où les poumons
ou quelqu’aurre vifcère fe trouvent affectés.
Des Pîayes extérieures de la Poitrine.
L e premier foin du Chirurgien fera donc ,
toutes les fois qu’il fera appellé à traiter, une
playe du thorax,j.de s’affurer fi elle a pénétré
ou non dans la cavité , ce dont il pourra juger
de différentes manières. 1 En plaçant le bleffé
dans la fifuation où il étoit lorfqu’ il a reçu le
cou p, & en examinant alors très-foigneufe -
ment avec les doigts ou avec la fonde, la direction
& la profondeur de la playe. 2.0 En fe fai-
fant préfenter , s’il eft poflible , l'inftrument^qui
l ’a faite , & en s'informant de la profondeur
à laquelle il a pénétré. 3.0 En injeélant quelque
liquide dans l’orifice de la bleffure, & en examinant
s’il en reffort à l’inflant ou s’il y demeure.
4,0 En obfervant la couleur & la quantité
du fang qui fon d e la bleffure, fi l’expeélo-
ration n'en amène point. 5.0 En examinant fi les
environs de la bleffure ne deviennent point en-
- phyfémateux, & s'il n’en fort point d'air à me-
fure que le bleffé refpire. Ô.° Enfin en faifant
attention à l’état du pouls & à celui de la ref-
piration.
C ’eft un précepte général, que pour bien re-
connoître l’état d'une playe , il faut, autant qu’il
eft poffible-, placer le malade dans lamêmepof*
ture ofi il étoit en recevant le coup; mais il eft
particulièrement effenriel de ne pas négliger
cette précaution , lorfqu’on examine une playe
de Poitrine. Le grand nombre de mufcles qui
environnent cette partie la mobilité des côtes,
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)’ peuvent faire qu’une playe qui , 3ans certaines
pofitions du corps paroîtroittout -à - fait fuper-
ficielle, fe trouvera dans un autre avoir pénétré
v à une grande profondeur ; car fi quelques parties
d’un côté ou d'un autre , ou même du tiffu cellulaire
, fe trouve placée par la lituatien aéluelle
-du malade fur le trajet de la playe, ni le doigt,
ni la fonde , ni aucune injeéiion ne pafferont
avec la facilité néceffaire pour un 'pareil examen.
Quelquefois l’orifice de la Playe a une telle
étendue qu’on peut aifément diftinguer à l’oeil
fi elle a pénétré' ou non dans la cavité; ou bien
l'on y paffe le doigt qui vaut mieux qu’aucune
fonde, lorfqu’on peut l'introduire fans déchirer
ni trop fatiguer les parties voifines. Mais, quand
la petiteffe de l'ouverture ne permet pas d’ufer
de ce moyen, on eft obligé de fe fervir d'une
fonde; la meilleure qu'on gui fie employer en
pareil cas, eft une bougie avec laquelle on fera
moins expofé au danger de pénétrer dans des
parties faines, qu’on ne i'eft en (e ferrant d’une
fonde métallique, accidens néanmoins qui n’ar-
riv^nt guères à un Praticien prudent & expérimenté.
Il eft bon au refte de faire obferver ici
que, quel qu'avantage-qu'ii puiffe y avoir à s'af-
lurer de la direélion & de la profondeur d’une
playe, on a fouvent fait beaucoup de mal en
pouffant trop loin de pareilles recherches. Il eft
peut-être plus important dp bien reconnoître
i’éteirue d'une playe qui ne pénètre pas au-delà
du tiffu cellulaire ou des mufcles imercoflaux,
que de favoir fi une playe pénètre dans la cavité
du thorax. Car lorfqu’on a découvert que la pleure
a été divifée, fi la-playe n'eft pas accompagnée
d’accidens fâcheux, cette connoiffance ne doit
rien changer au traitement , & fi l’on voit fe
manifefter des fymptômes plus graves que ceux qui
réfuheroient d’une fimple playe extérieure , on
n'a pasbefoin de fondé pour favoir que la bleffure
a pénétré dans la cavité.
Pour s’éclairer dans les recherehe&de lanarure
de celles dont il s’agit , on pourra tirer quelques
lumières de l'examen de l'arme qui a fait la bleffure
, de la direction qu’elle a paru fuivre, & de
l'étendue de la portion qui a pénétré dans le corps.
Il eft impoffible, dans la plupart des cas, d’avoir
aucun renfeignement fur ces différens points ; il
y a cependant des occafions où cela fe peut, &
alors le Chirurgien ne doit pas négliger, ces fortes
d’indices.
Lorfque, par aucun de ces moyens y on ne
vient à bout de s’affurer fi la playe pénètre ou
non daos la cavité, divers Auteurs ont recommandé
d'y injeéler de l’eau tiède. Si l'eau enref-
Cort à i’inftant, on pourra en conclure quelle
o e il que fuperficielle; mais fi l'eau y. refte en
tout ou* en partie, fans occafionner aucun gonflement
à l'extérieur, il n’y aura plus lieu de
douter que la pleure n’ait été ouverte. Mais cette
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manière de reconnoître l’état des parties ne vaut
pas mieux que l'ufage de la fonde; car fi l'on
emploie un certain degré de force pour faire
parvenir l’eau jufqu’au fond de la playe, on peut,
offenfer des parries qui ne l’avoient point été;
d'ailleurs une quantité quelconque de liquide,
répandue entre le poumon & la pleure, n’eft ja
mais fans inconvénient, & elle contribuera né«
ceffairement à augmenter la gêne de la refpi -
ration. , . , , , ,
Lorfqu’il fort de la ir de la playe pendant
finfpiration, on a lieu de foupçonner que le poumon
eft bleffé. Mais, quoique l'on donne cette
circonftance comme une preuve certaine de l af-
feélion du poumon, elle n’eft cependant pas dé-
cifive. Car fi le poumon adhère quelque part à
la pleure, il. peut être bleffé .dans cet endroit,
fans que la playe pénètre dans la cavité proprement
dite; en pareil c a s , il nefortiia point
d’air par l’orifice de la playe. D ’un autre côté,
l'air extérieur peut s'infinuer par l'ouverture du
thorax , entre la pleure & le poumon , & alors
on le verra fortir pendanr 1 inlpiration, quoique
ce vifcère, n ait pas été affeèlé. Pour écànertout
doute à cet égard, on engagera le bleffe à faire
des infpiratiotis aufli fortes qu'il lui fera poflible,
afin de faire fortir l’air qui peut être amaffédans;
la cavité, en ayant loin à la fin de chaque inf-
piradon, de ramener la peau fur 1 orifice d e là 1,
playe, & de l’y retenir avec le doigt pendant
l'expiration , pour ne pas permettre à iair extérieur
d’y rentrer. De cette manière, on^ aura
bien-tôt fait fortir l’air épanché ; &, s'il continue
à en fôrdr une certaine quantit^pendant 1 inf-
piration, on peut en conclure avec certitude que
le poumon eft bleffé.
Il fe forme quelquefois un gonflement em-
phyfétnateux autour des pîayes de la Poitrine,
occafionné par une certaine quantité d’air qui
s’eft infinuée dans le tiffu cellulaire* Cet accident
qu’on ne voit guères dans les. cas de pîayes très-
étendues à l’extérieur , n’eft point rare dans ceux
de blefîures faites par un inftrument pointu , ou
par une côte caffée , &c. fur- tout lorlque ces
bleflures ont une dirèétion oblique. Voyez, à ce
ûijer, l'article E mphysèm js.
Lorfqu’uné playe de Poitrine donne beaucoup
de fang, on peut être affuré qu’elle n’a pas feulement
pénétré dans la cavité, mais qu’el’e a
atteint quelqu'un des organes qui y lont contenus.
Car , à l’exception des artères inrercollaies,
quifuivent le bord de chaque côte, tous les autres
vaiffeaux à l’extérieur du thorax font très - petits,
& , eorame on peut facilement arrêter l’héjnor-
ihagie qui vient d’une artère intercoftaie, en
comprimant ce .vaiffeau, il eft aifé de s’affurer
fi le fang vient d’une partie extérieure ou de l'intérieur.
L’apparence même du fang, fourni par la
playe, peut donner quelques notions fur la prop
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fondeur. Le fang qui fort des poumons eft plus
vermeil & plus écumeux que celui qui vient de
quelqu'autre endroit.
On ne peut douter que lé poumon ne foit bleffé^
lorsqu'on voit le malade cracher du fang; mais
l'abfence de ce fymptôme ne fauroit non plus être
une preuve du contraire.
L état du pouls & celui de la refpiration dér-
mandent aufli toute l'attention du Praticien.
Dans les pîayes qui ne vont pas ait-delà des
tégumens, ni l’un ni l’autre ne. paroiffent altérés,
au moins dans les commencemens ; mais celles
qui pénètrent dans la cavité , & particulièrement
celles qui affectent quelques vifeères, peuvent
fouvent fe reconnoître dès les premiers inftans ,
par leurs effets fur le fyftême des vaiffeaux & fur
les organes de la refpi r a/ion. Lorfque les poumons
fonr bleffés , s’ils le font dans un endroit
ou ils aient contradé des adhérences avec la
pleure, la playe a pu pénétrer à une.grandeprofondeur
fans que l’air ouiffe s’épancher dans la
cavité du thorax, & f ns que les fondions de
ces organes paroiffent fort altérées; mais fi l'air
ou le fang peuvent s'épancher dans cette cavité,
les poumons fe trouvent à l’inftant comprimés ,
la relpirarjon devient difficile , le pouls foibie*
gêné & intermittent, & il ne peut refter aucun
dpute fur la nature de la playe.
Après nous être fuflïfamment étendus fur le
diagnofliedes pîayes du thorax, nous allons nous
occuper de leur traitemenr.
Les pîayes du thorax, qui ne pénètrent pas au-
delà de la peau & du tiffu cellulaire, ne font
généralement accompagnées d'aucun danger. Elles
le çicatrifent avec la même facilité & par les
mêmes moyens que des pîayes fimples & fuper-
ficielles dans toute autre partie du corps. Lo rf-
qu'elles atteignenr les mufcles, particulièrement
les mufcles intercoflaux , & fur-tout lorfqu'elles
fonr un certain trajet entre ces parties > il y a
toujours lieu de craindre qu’elles ne viennent
enfin à pénétrer dans la cavité du thorax , fi l'on
ne prend pas tous les moyens poflibles pour prévenir
la fuppuration , ou pour empêcher le pus
deffe frayer une route jufqu'à la pleure, & enfin
de la percer. ( Voyez Abcès & Fistule ). Dans
les pîayes par, incilion , Iorfqu'on n'a pas pu
les cicairifer par fimple réunion des parties,
( Voye% Pl a y e ) il fuflic d’empêcher qu’elles ne
fe ferment par les bords avant qu’elles foient
bien remplies par le fond. Celles qui font faites
par des inllrumens pointus, ou par des armes à
leu, doivent être ouvertes d’un bout à l’autre avec
le biftouri, fi elles ne font pas très- étendues,
& traitées enfuite comme les précédentes ; mais,
lorfqu’elles parcourenr un très - long trajet,
il vaut mieux y paffer un féton. Par ce moyen.,
on empêche la cicatrice de fe former trop tôt
à l'extérieur , l'on donne le tem^ à,la playe de
fe remplir également p ar-tour, apiès quoii’oa