
profonde , il n*en foit refforti par la’ même ou-
verture qu'il a faite en entrant.
- Lorl'qu’une-balle rencontre un os, & que fa
force cil fupérienre à la rélïftance tic cet o s ,
elle le brile. Lorfque la réfiflance de l’os eft plus
grande que la force du mouvement de la balle ,
Celle - ci s’applatit 8t s'arrête, ou bien elle change
fa ligne de direction, & fuit celle à laquelle la
réfiflance de Vos la détermine y elle fe giifie alors
dans les interll'ices desmutcles, ou s’engage dans
leur fubftance. On en a vu qui , après avoir
tourné autour d’un os cylindrique, reprcnoient
leur première direction pour fortir par le côté
oppofé à celui par lequel elles étoient entrées.
Il fe peut faire encore qu’une balle écorne un os,
ou même s'enclave dedans, plus^ou moins profondément
, ou s’enclave entre deux o s , comme
entre ceux de l’avant-bras ou de la jambe,
ou traverfe de part - en - part un os , & laifie un
canal ; ceci ne peut guètes arriver qu'aux extrémités
des os longs. 11 eft rare qu’une balle, en
rencontrant des os plats', tels que ceux du crâne,
l'omoplate ou les os ilium, change fa première
diieélion. Pour l’ordinaire, elle perce ces fortes
d ’o s , & telle enclavée dans l’ouverture qu’elle
a faite, ou pafle au -d e là , fuivant le degré de fa
force. L ’ouverture, quelle laiffe alors eft de la
grandeur & de la forme du corps qui l'a faite,
& quelquefois n’eft accompagnée d'aucune autre
fraéhue.
Quand une balle n’a pas un mouvement a fiez
rapide pour traverfer la partie quelle frappe,
e lle s’y arrête dans un endroit plus ou moins
éloigné de celui par lequel elle eft entrée. Elle
s’arrête quelquefois tout - auprès ; ou à peu de
diflance de la peau qu’ elle aurait percée pour
fortir. On la fent alors plus ou moins, & elle
peut former fous la peau une efpècé de faillie
en -dehors. Il faut donc bien examiner tous les
environs de la partie bleffée, & le côté oppofé
à la bleffure, en obfervanr de faire mettre le
malade dans la fituation où il étoit à - peu -près
lorfqu’il a reçu le coup.
Deux Playes dans une même partie & oppofées
diamétralement, ou à-peu - près diamétralement
l ’ une à l'autre, indiquent, pour l’ordinaire, qu’une
balle l’a traverfée. Il ne faut pas néanmoins conclure
de—là qu’il n’eft demeuré dans la partie, ni
balle, ni portion de balle y car il a pu fe faire que
l ’arme ayant été chargée .de deux balles, l’une
ait traverfé la partie, & l ’aurre y foit reliée ; ôu
que l’arme n’ayant été chargée que d’une feule
b a l le , cette balle ait été divifée en frappant
contre un o s , & qu’ il en foit forti une partie
fans l’autre.
Si un fufil ou.un piftolet renfermoit deux ou
trois balles, elles peuvent, en fortant, s’écarter,
& faire deux ou trois Playes, dans chacune def-
quelles on pourra obferver tout ce que nous ve-
Sous de dire d’une feule.
Une baffe peut entraîner avec elle dans
Playe la bourre de la rm e ,& tout ce quelleret>
contre dans fa courte. Ces corps étrangers peuvent
auffi fortir avec elle *, mais s’ils l’abandonnent
dans leur trajet, on fi la balle n’ eft point fortie,
ils reftent dans la Playe y & obligent à des recherches
: ils donnent même quelquefois beau*
coup d’inquiétude, par rapport aux accidens qu’ils
peuvent occafionner. 11 faut tâcher , comme nous
le dirons ci-après , de» retirer, auffi-tôt qu’il
eft poftible, les balles & les autres corps étrangers
qui peuvent être reftés dans la Playe. Quel*
quefeis les changemensde direction d’une balle r
la pefanteur y l’aélion des mufcles > &c. la déterminent
à s’écarter , même affez loin de la di*
reélion apparente de la Playe > ce qui en rend
la recherche difficile, & affez. Couvent infruo
tueufe.
L e mal que les corps pouffé?,par la poudre
à canon peuvent faire, n’en pas toujours borné
aux parties qu’ils frappent, ni aux environs. Ils
eau lent quelquefois dans toute la machine des
défordres plus ou moins grands, relativement
à la force qu'ils ont en frappant, aux parties
qu’ ils frappent, à la réfiflance qu'ils éprouvent
& aux ditférens états où l’on peut être en recevant
le coup.
Ces déÇordres font le changement de couleuc
du vîfage, qui devientpâle > jaune ou plombé^
la concentration du pouls, la pefanteur & le
froid univerfel ; lafyncope, les fymptômes d’ir*
ritation générale ou de ftupeur du fyftême nerveux
les raouvemens convulfifs > le hoquet &
h s vomtffemens. Ces défordres, qui ne font que
momentanés, peuvent être -augmentés par la
frayeur , & produire, dans la fuite, des acciden®
plus ou moins confidérables, & plus ou moins
multipliés, à raifon de la partie bleffée, àraifon
de leur violence & à raifon de l’état général du
fyftême aii moment de la bleffure. Voye\ les
articles Inflammation & G angrène.
Ces .accidens s’appellent confécutifs, parce
qu’ils font la fuite, des défordres qu’oo pourroil
regarder comme des accidens primitifs: ils fema-
nifeftent dans des tems différens. Les uns fur-
viennent peu de tems après la bleffure, d’autres
ne paroiffent que plufieurs jours après *, quelques •
uns et}Âti ne s’apperçoivent que beaucoup plus
jartfc . -i.
Les premiers peuvent être régardés cemme les
fuites immédiates de la bleffure, & font plus ou
moins viôiens, félon la nature des parties léfées.
Tels font l’échymofe, l’engourdiffemenr, la pé-
fantenr& la douleur gravative delà partie bleffée»,
la chaleur , Ja tenfion , le gonflement & l’inflammation
occafionnés par l’irritation de la
Playe, & par la réaétion du pouvoir nerveux»
Les féconds accidens font les fuites des dé-
fordres de différentes parties féparément, ©uck
plufieurs en même • tems.
Si la bleffure eft bornée aux parties charnues,
fa chaleur, la fièvre, l ’infomme , la tenfion ,
l ’engorgement & le gonflement, qui s’étoient ma-
niteftéi d’abord ^deviennent plus confidérables *,
mais quand le défordre s’étend julqu’aux parties
membraneufes ou tendineutes *, quand les os font
contus, écornés ou brifésy quand une efquille
preffe ou pique quelque partie irritable*, quand
des corps étrangers font reftés dans les parties,
ou quand on a négligé les foins néceflaires dans
les premiers tems * les accidens dont on vient
de parler augmentent , & il peut en furvenir
d’aurres, tels que les mouvemens convulfifs,
les abcès, la gangrène ; alors la Playe eft pâle
% peu ou pojnt humeélée. Le malade eft agité,
très-altéré-, il tombe dans le délire-, la chaleur
de tout le corps eft très -confidérable *, la peau
■ devient fèche, les excrétions font retenues, la tête
slembarraffe de p'us en plus.
L ’hémorrhagie furviem dans l’inftant du coup,
comme nous l’avons d it , quand le corps frappant
a ouvert un vaiffeau d’un certain diamètrey mais
quand un gros vaiffeau n’a été que Amplement
•contas, elle n’arrive que vers le feptième ou
Je huitième jou r , c eft - à - dire, lorfque i’efearre
de ce vaiffeau fe détache & tombe,- ainfi, elle
eft tantôt un des premiers accidens & tantôt
un des féconds-
Les troifièmes accidens font les fuites du défordre
local, ou de celui de la machine, ou
même des féconds accidens. Ces troifièmes accidens
font en affez grand nombre *, ils font le
plus fou vent, aiiifi que la plupart des féconds,
les conséquences de l’inflammation. G’eft ainfi
qu’il te forme, dans bien des cas , des abcès
intérieurs, l’inflammation générale ayant laiflé,
dans quelques endroits, des points d’irritation
qui s’étendent peu - à - peu, & occafionnent une
fuppuration plus ou moins confidérable. Ces
abcès fe manifeftent par une douleur fixe ; quelquefois
par l’ai tération de la Playe, & par tous
les fymptômes qui annoncent la formation du pus.
Heureux le malade, ii les dépôts font à la portée
des remèdes & de l’opération !
Il arrive fort fou vent, dans le tt-airement des
Playes darmesàfeu, comme dans celui des autres
Playes, qu’il te développe quelque maiàdie, dé-
endame d’un virus particulier, ou de quelque
ifpofition inhérente à 4 a conflit ut ion *, cela t e
voit fur-tout chez les foldats dont le genre de
vie St 1.3 nuuvaife nourriture peuvent être caufe
'que ce développement furviem plus fréquemment
^hez eux que chez les autres» .
, Lne Playe d’arquebufe te cicatrife quelquefois
avant- l’exfoliât! on d'une partie .d’os qui a été
altéré, ou avant f extraction d’un corps étranger,
xefté dans la Playe. La portion d’os altéré -, quand
elle eft fépsrée, ou je corps étranger , occafion-
Hent,, pour l’ordinaire, un dépôt qu’il faut ouvrir
donner iffue, non -teutetnent au. pu®., mais
encore à la partie d’os exfoliée ou au corp®
étranger. On di 1 y pour l ’ordinaire y parce qu’on
a vu des bleûés porter toute leur v ie , & fans
incommodité, une balle refiée dans i’interftico
de quelque partie, ou enclavée dans un os.Les
dépôts dont on vient de parler ne furvienneni
quau bout de plufieurs mois , même d’une
année*
La diarrhée , î’épuifement des forces, l’in—
fomnie, le marafme font autant cfaccidens qu’ort
voit naître fréquemment à la fuite des grandes
Playes, comme après d’autres maladies de tous
genre qui ont beaucoup fatigué le fyftême.
Du traitement des Playes d’armes à feu*
Après cette expofirion des principaux faits
concernant les Playes. d'armes à feu, que nous
avons extraite des principes de Chiruigie de M. la
Faye , nous paffons à ce qui regarde leur traitement.
Nous obferverons d’abord, que pendant long-
tems, on a cru que le danger des Playes d’armes
à feu ne dépend oit pas feulement de la di-
vifion & du froidement des parties bleffées,
maisauffide ce quelles étoient, jufqu’à un certain
point, venimeujes. D’autres imaginaient que les
corps chaffés- par la poudre brûloient les partie«
qu’ils frappoient, & ils regardoient l’efcarrequi
le forme dans une Playe de cette nature , comme
le produit de la cautérifation. Mais perforine-
n’ignojè aujourd’hui que l’une & l’autre de ces
opinions eft deflituée de fondement} que les parties
bîtffées ne fouffrent ni de l’effet d'aucun poi-
fon ni de celui de la chaleur, & que tous les
fymptômes qui femblent appartenir particulièrement
aux Playes de cette nature, résultent principalement
de la contufion qui y eft portée au
plus haut degré.
Indépendamment des dangers qui peuvent réfui ter
direéiement 'de. la folurion de continuité dans les
parties molles on dures, les -fymptômes qu’on a le
pl usa'redoutera la fuite des Playes d’armes à feu fonî
l’inflammation , la gangrène, ou une fuppuratiofl
q u i, pa'r jfon abondance.,-, épuife les forces -du
malade. Quelquef ois la comufion eft fi violente
& fi étendue que la gangrène, qui en réfulre furi
e - champ* peut mettre Je malade dans le plus
grand danger *, mais, pour l’o rd in a ir e i’inflam-
mation eft le fymprôme le plus redoutable ^car
fi l'on n’eft. pas très-attentif dès les commen-
cemens à la prévenir &; à la modérer, elle fe
termine fréquemment par la gangrène, ou par
des .fuppjiracions abondantes , 6l dont Je foyer
eft très-étendu.
■ - L e premiet objet du Chirurgien fera donc de
combattre l’inflammation y & comme rien ffa
plus directement cet effet que de diminuer
maffe du fan g par la faignée, & fur - tout par
la iaignée locale des parues affedées > on fera