
vement an tfaitemem des Ulcères-, eft dé déterminer
fi l’on peut tenter de les guérir ou non.
L ’on convient généralement que l'on doit entreprendre
la guérifon de tout Ulcère récent *,
mais l’on penfe aufli qu’il eft danger.eox de fup-
primer Ceux qui fubfiftent depuis long-tems, ou
qui paroiffent contribuer à guérir ou à prévenir
quelque maladie à laquelle la conftitution étoit
fujette auparavant. C’eft pourquoi prefque tous
ceux qui ont traité cet objet fe font vivement
élevés contre cette pratique , qu’ils regardent
comme téméraire & dangereufe.
Il n’efl pas douteux qu'il feroit très-imprudent
de guérir tout-à-coup des Ulcères dont 1 écoulement
eft abondant & qiii fubfiftent depuis
long-tems ; le fyftêmç pourroit alors fouffrir
beaucoup de la fuppreflion fubite d’une évacuation
confidérable de fluide, dont il étoit
accoutumé à fe débarrafler par ce moyen. L’on
a vu des Ulcères de ce genre defféchés tout-à-
coup naturellement, ou par l’ufage imprudent
d’applications aftringentes, être fuivis de maladies
trè*-graves, telles que l’afthme, la para^
ly fie, l’épilepfie & même la mort.
Cependant, quoique l’on ne puiffe nier ces
faits, il n’eft pas également prouvé que les ac-
cidens attribués à une pareille caufe en dépendent
réellement, dans tous les cas où l’on a cru devoir
leuraftigner une femblable origine. On a fouvent
guéri des Ulcères anciens & de mauvaife apparence,
non - feylement fans qu’il en foit résulté
aucüne fuite dangereufe , mais encore
avec le plus grand avantage pour les malades j
l’on a vu plus d’une fois des fymptômes fâcheux
, & même funeftes, furvenir peu après
la guérifon Ulcères beaucoup plus récens ,
chez des gens en apparence bien çonflitués. La
fucceflion des événemens n’établit pas toujours
entr’enx le rapport de caufes & d effets, quoique
p a r -to u t où i l ; s’agit de chofes dont la
nature eft une preùve obfcure, on foit porté à
la fuppofer -, & fi la maxime qu'on ne peut fans
danger fupprimer d’anciens Ulcères s’efi trouvée
quelquefois confirmée par d;es faits qu’on ne
pou voit contefter, on en a fréquemment admis
en preuve q ui, bien examinés, feieroieiir trouvés
ne rien prouver du tout.
La théorie, plus encore que l’obfervation, a
jfomenu l ’opinion du danger dont nous parlons.
On voyoitque les Üjcères fourniffoient un écoulement
de matière plus ou moins âcre & viciée,
eürnme aufli plus ou moins abondante, & l’on
en a conclu qu’on ne pou voit arrêter] un pareil
écoulement, fans retenir dans’ la circulation une
mafie plus ou moins confidérable d!humeurs acri-
monieufes &. morbifiques, & fans s’expofer à les
faire refluer fur d’autres organes. Mais tous- les
faits tendent à prouver le peu de fondement de
cette doélrine, & à faire voir que l’Ulcère doit
jêtre confidéré, non comme le goût des humeurs
viciéès , mais comme leur fource & l’organe
dans lequel elles fe forment. yroyei les articles
D AR.TR ES, R ÉPE RCUSSIF s, &c.
Aucune opinion de théorie médicale n’a peut-
être été plus univerfellem.nt répandue que celle
de l’exiftence d’humeurs peccantes ou viciées dans
le fang ; aucune probablement n’a jamais été ad-
mife avec moins de fondement. La férofité du
fang peut avoir plus ou moins de confiftance-,
elle peut tenir en folution plus ou moins de
particules falines j les globules rouges peuvent
être en plus ou moins grande quantité ; la lymphe
coagulable peut varier dans fa proportion
aux autres parties conftituantes du fang. On n'a
pas de peine à fe former des idées nettes de ces
différences *, mais 1W nerfauroit entreprendre de
faire un pas de plus dans la théorie chimique
des fluides animaux , fans donner absolument
dans les fuppofitions ou dans les hypothèfe«.
11 eft aifé de fe convaincre que les diverfes
efpèces de matières que rendent les Ulcères n’ont
jamais exiflé dans le fang. Aucune analyfe de ce
fluide n'a encore pu les y faire reconnoître *, il
n’efl pas même poflibie de concevoir comment
des fluides quelquefois fi âcres & fi différent
du fang des perfonnes faines , . pourroient
circuler dans les vaifleaux, fans produire, par
l'irritation qu’ils occafionneroiem , des effets dangereux
ou même mortels j car l’on fait que l'écoulement;
de certains Ulcères, particulièrement
de ceux que l ’on nomme phagédéniques, eft
fouvent âcre au point d’excorier, non-feulement
les parties voifines, mais même de rendre
quelquefois les panfemens dangereux pour le Chirurgien.
Dans quelques ophtalmies, l’écoulement que
fourniffent les yeux eft fi âcre qu’il excorie les
parties voifines j l’évacuation féreufe des véfica-
toires, qui eft communément bénigne , acquiert
aufli quelquefois beaucoup d’acrimonie. Ces divers
écoulemens ceffent ordinairement d’avoir
lieu , lorfqu’on, emploie des moyens propres à
changer Pétât d’avion des vaifleaux qui les four-
niflent , & rien n’annonce. enfui te que la maffe
du fang foit ' devenue plus âcre & pins- irritante.
Mais fi l’on n’a pas lieu de craindre en fup-
primant l’écoulement d’un Ulcère , d’altérer la
qualité des fluides, il n’en eft pas de même de
leur quantité ; & l’on ne peut nier qu’une fup-
puration habituelle n’entraîne journellement hors
de la circulation, une certaine quantité de fluide
fourni particulièrement par la lymphe coagulable
, que la ceffadon de cet écoulement «’augmente
de là même quantité la maffe des fluides
qui circulent dans les vaifleaux, & que, chez
des individus irritables, ou difpofés naturellement
à la pléthore , cette fur abondance ne pui"e
quelquefois déterminer des maux plus ou moins
graves. M. Jsell eft un des Auteurs qui ont Is
plus infifté fur ces inconvéniens, auxquels il pro-
pofe de parer, en établiffant un écoulement artificiel
de pus, au moyen d’un cautère , toutes
les fais qu’on entreprend le traitement d'un Ulcère
d’une certaine importance. Nous obferve-
rons néanmoins que, fans rejetter fon principe,
nous croyons qu’il ne faut pas lai donner trop •
d’extenfton. Une attention convenable aux faits
montrera que le danger de fermer un Ulcère ,
même fous le poim-de-vue que nous venons de
faire mention, n’eft pas aufli grand qu’on peut
l'imaginer.
Les effets fâcheux d’un Ulcère fur l’économie
animale ne font point proportionnés à fon étendue
ni à l’abondance de la fuppuration qu’il
fournit j ils paroiffent tenir plus manifeflement
à la nature même de l’Ulcère, &. à celle des
parties où i f eft fitué On voit quelquefois des
fymptômes de fièvre heélique furvenir à l’occa-
fion d un Ulcère de peu d'étendue , & ceffer par
1 amputation du membre qui en eft le fiège,
quoique cette opération détermine, pour le moment
, une fuppüratîori beaucoup plus abondante.
D'un autre côté, l’amputation, qui eft un
moyen bien affuré de fupprimer pour toujours
l’écoulement d’un Ulcère, n'a jamais été regardée
c*mme dangereufe fous ce point-de-vue, quôi-
qu on ait obfervé que, dans bien des cas, elle
paroiffoit augmenter, pour un tems, la pléthore
générale, & tous les jours on voit des Empiriques
fermer de vieux Ulcères que des Chirurgiens,
pluscirconfpeéls, avoient laiffé fubfifler,
lans qn on en voie réfui ter des accidensj ou , fi
le malade en éprouve quelqu’un par la fuite, il
feroit bien difficile , dans la plupart des cas, de
prouver qu’ils tiennent à cette caufe.
La précaution d’établir un cautère, lorfqu’on
mpprime l’écoulement du pus d’une partie ulcérée,
doit certainement être avantageufe dans
bien des cas; il eft probable cependant qu’elle
feroit inutile dans un grand nombre, & même
nuifible dans ceux ou le malade eft fort épüifé,
ou , comme il arrive fouvent lorfque le mal a
été occafionné & entretenu par la foibleffe & le
Relâchement du lyflême. M. Underwood, dans
*on intéreffant Traité fur les Ulcères des jambes,
parou ie preferire, comme étant prefque toujours
p 1 e. Voye% j i Treatije on Ulcers o f the legs.
n général cependant on peut préfumer que le
auger qui réfulteroit d’un ufage trop fréquent
-a ?.e m°y en y feroit moindre que celui de le
né8hger toujours.
Généralités fur le traitement Gr la divifion
des Ulcères,
■ Après avoir prouvé que l’on doit tenter la
? y on des Ulcères, il refte à examiner lamé-
J- 0f*e flu il faut fuivre pour y parvenir. Prefque
*Cs Auteurs, qui ont-donné des préceptes fur
cet ob jet, admettent , fuivantleur manière de
s'exprimer, quatre étau différens qu’il faut que
l uleère parcoure, pour parvenir à l’état degué-
rifonycesérats font ceux de digefiion, dedé-
terfion , d'incarnation & de cicatrifation. L'on a
recommandé différens remèdes comme convenables
à ces divers états , & à chacun d’eux uniquement
j les Auteurs ett onr même parlé avec
autant de certitude & de précilion que s’il étoit
poifible de diriger-à volonté chaque circonflance
du traitement.
Ainli, l’on a mis au ring des digeflifsles baumes
naturels, l’onguent d’Arceus, la térébenthine.
L ’on a recommandé comme déterfifs, les poudres
& les teintures de myrrhe, l’euphorbe , Taloës,
1 onguent égyptiac & diverfes préparations de
mercure. L ’on preferit dans la vue de favorifer
I incarnation ou la naiffance des nouvelles chairs,
les poudres de maftic, d’encens, & c. & l’on à
vanté ‘comme cicatrifans pour accomplir la cure
un grand nombre de remèdes tant (impies que”
compofés, particulièrement tous les bols aflrin-
gens, les terres, l ’eau de chaux, &c.
Néanmoins ces nombreufes divifions d’Ulcères
en diiférens états-, ainfi que les indications curatives
que l’on en a déduites , & les remèdes
que l’on a recommandé pour remplir ces indications
, contribuent beaucoup à en rendre le
traitement plus compliqué qu'il ne doit l ’être
d’après les nouvelles obfervations que l’on a
faites. Les indications que nous allons propofer
font fort (impies; & nous pouvons dire que les
méthodes de traitement qui en découlent font
plus efficaces que celles qui ont pour bafe les
diflinélions mentionnées ci-deflus.
Nous allons coniidérer en particulier les différentes
clafles & les diverfes efpèces d’ülcèrés •
& l’on obfervera que les (ignés gue nous avons
adoptés pour caraéiérifer chaque efpèce , font
pris des circonftances les-plus communes, de
manière quelles indiquent & exigent quelques
changemens dans la méthode curative.
Ainfi, l’on verra que tous les Ulcères de la
première elaffe diffèrent beaucoup entr’eux par
leurs fymptômes, & • que chacun d’eux exige
quelque variété dans le traitement. Nous préfumons
que ceux de la fécondé ciafle feront également
aifés à diftinguer par de femblables ctr-
conflances , non - feulement les unes des autres
mais même de chacun de ceux qui appartiennent
réellement à la elaffe précédente.
Nous comprendrons dans la première elaffe des
Ulcères tous ceux qui font purement locaux &
qui ne dépendent pas de quelque maladie dé la
conflitution. Nous confïdérons fous ce point -d e -
vue les efpèces fuivanres.
L ’Ulcère ffmple purulent.
L ’Ulcère (impie vicié'.
L'ulcère fongueux.
L ’Ulcère blluleui.