
Cette définition de la diérèfe renfermé en même-
teins la divilion en deux elpèces, dont là première
eft appellëe diérèfe particulière ? & là fécondé
diérèfe commune.
La diérèfe particulière lépare les parties donc
l’union ell contre nature *,elle remédie par exemple
, à l’imperforationde l’anus, à celle du vagin
dans les femmes , à celle du gland chez les
hommes.
La diérèfe commune renferme toutes les Opérations
où Ton ne divile les parties que pour parvenir
à quelque fin; elle comprend, par exemple,
l’incilion que l’on fait pour tirer les pierres hors
de la veille; celle que l'on fait à la poitrine
pour évacuer les fluides épanchés fur le diaphragme
, &c. - l .
Les Anciens ont diftingué la diérèfe relativement
à la manière dont elle fe faifoit en enta-
in u r t , piquure , arrachement & biûlure.
L ’entamure fe fait avec les inftrumens tran-
chans. Ils ont diftingué cinq manières défaire
une entamure fur les parties dures - favoir, trouer,
racler , Icter > limer, couper.
On troue , on trépane avec un infiniment
tranchant, en forme defeie ronde appellé trépan.
Voye\ et mot. On pratique cette Opération principalement
dans les cas de fraétures du crâne,
pour relever les pièces d’os enfoncées, polir procurer
1 iffue du fang .épanché fous la dure-mère,
ou fur cette membrane-, pour tirer les corps
étrangers , &c. On la pratique encore en deux '
autres occalions. î.° Lorfqu’ un abcès s’eft formé 1
dans la moelle d’un os long, par exemple, dans
le tibia ; on procure par ce moyen l’iffue du
pus, l’on découvre l’étendue du mal intérieur,
& l’on y applique les remèdes convenables. 2.*Lorf-
iju’un corps étranger s’efi engagé dans tin os plat,
par exemple, fous l’omoplate ou derrière les os
des iles, & qu’on ne peut le tirer fans faire une
ouverture à l’os. L’on pratique aulfi cette Opération
fur le fternum iorfqu on a lieu de foup-
çonner la préfence de quelqu’amas de fiuide dans
le médiaflin.
On racle avec un inftrument nommé rngine ;
cette Opération emporte la fuperficie des os
corrompus, ce qui rend pins prompt l’effet des
remèdes appliqués; on ne le pratique plus pour
découvrir les fraélures.
On feie les os des membres dont on fait l’amputation.
On lime les dents pour les fépater, pour les
tendre égales & pour eneinporter la carie.
On coupe avec des tenailles incifives les extrémités
des os caffés, dont les pointes peuvent
piquer certaines parties ; on epupe les os même
dans leur continuité, lorfqu’on ne peut les feier
ou les féparer dans leur contiguïté.
Les Anciens ont didingué douze manières de
faite une entamure aux parties molles ; favoir, l’aplotomie,
la phéhotomie, l’artériojomie l’oncoto- j
mie, lecatachafmos, lapériérèfe, l’hyparfpatifme I
le périfcyphifme-, l’encopé, l’acrotériafme, l au- Ij
géiotomie & la lithotomie.
L’aplotomie ed une fimple ouverture faite à I
une partie molle ; la phlébotomie ed l’ouverture I
d’une veine ; l’artériotomie celle d’une artère, & I
l’oncotomie celle d’un abcès. Le cataehaftnos I
ed ce qu’on appelle en françois fcarilication. Il I
y en a de trois fortes : favoir , la moucheture qui »
ne va pas au-^delà de la peau, l’incilion qui I
pénètre jufqu’aux mufcles, & 1% taillade qui va K
jufqn’aux os. La périérèfe ed une efpèce d’inci- I
don que les Anciens faifoient autour des grands i
abcès. L hypofparifme ed une incifiom qu’ils pra- I
tiquoient au - devant de la tète , & qui pénétroit I
jufqu’â l’os. Le périfcyphifme ed une incifion I
circulaire qu’ils continuoient depuis une tempe I
jufqu’à l’autre; la cruauté & le peu de fuccès
de ces trois efpèces d’Opérations les ont proscrites.
L’encopé ed l’amputation d’une petite partie, par I
exemple , d’un doigt. L ’acrotériafme ed 1 ampu-
ration d’un membre confidérable, par exemple, I
d’une jambe. L ’angéïotomie ed l’ouverture d’un I
vaiffeati. La lithotomie ed une ouverture qu’on I
fait à la veffie pour en tirer une pierre.
La piquure ed une divilion des parties molles, I
faite avec un indrumem piquant : telle ed la I
-divilion que l’on fait aux membranes de l’oeil I
avec une aiguilleI pour abattre le criflallin lorf- I
qu’il ed devenu opaque, & la ponélion que l ’on
fait avec un trocar pour évacuer les eaux épan- I
chëcs dans le ventre, dans la poitrine ou dans I
un kyde particulier. I
L ’arrachement ed une dividon que l’on fait fur I
les parties molles & fur les parties dures lorf-
qu’il faut en retrancher quelque portion ; c’eft I
par elle qu’on ôte, par exemple, les dents gâtées. I
Les Anciens règardoient comme un arrache- I
ment l’ effet des vemoufes.Ce fentimenrfuppofoit I
que cet effet ed une efpèce d’attraélion ; mais I
il n’cd autre chofe que la compreflion de l’air I
fur les parties qui font hors de la ventoufe ; com* I
; prelîion qui force les parties qu’elle couvre à s’y I
engager, parce que l’air contenu dans cet indru- I
ment ed plus raréfié que l’air extéiieur.
La brûlure ed une opération par laquelle on I
confume quelques parties molles bu dures. Il I
y a deux fortes de corps dont on fe fert pour I
brûler les parties^ les uns font,’ ou des I
métaux rougis au feu > ou des matières com - I
budibies qu on fait brûler fur les endroits
du corps qu’on veut brûler ; on les appelle cautères
aéhieis. Lei autres fonr des médicament
compofés de différentes fubdances qui ont la
propriété de déforganifer les parties vivantes en
y détruifant & en y produifant un changement
femblable en apparence à celui qu’opère le feu,
on les appelle caudiques ou cautères potentiels* I
L ’exérèse ou extraction, ed une opération I
par I
ipar le moyen de laquelle on tire hors du corps
toute fubdance étrangère qui peut lui nuire;
telle ed l’extraélion d’une pierre formée dans
]* veffié. /
La Protiie se ou addition , eft une opération
par le moyen de laquelle on ajoute au corps
quelque inftrument pour fuppléer au défaüt d’une
partie qui lui manque naturellement, ouacciden-
iellemenr.
On ajoute au corps ce qui lui manque, pour
quatre raifons.
1. ° Pour faciliter fes fondions : on ajoute ,
par exemple, des dents artificielles, ou l’obturateur
du palais, pour faciliter la prononciation,
&c.
2. ° Pour rétablir quelque fonclion : on met,
par exemple, une jambe de bois à une perfonne
qui ne pourroit marcher fans ce fecours.
3.0 Pour diminuer une difformité : on met,
par exemple, un oeil de verre, un nez d’argent
ou un menton à ceux que la perte de quelqu’une
de ces parties rend difformes.
4.* Pour corriger une mauvaife conformation.
Ainfi, l ’on fait faire ufage de l’efcarpolette aux
perfonnes dont l’épine fe courbe , ou bien on leur
met un corceler. On met aufîi des bottines aux perfonnes
dont les jambes font courbes.
Tous les genres d’Opérations , c’ed - à - d ite ,
la fynthèfe, la diérèfe, I’exérèfe & laprothèfe
concourent quelquefois à la cure d’ une maladie.
Par exemple, Iorfqu’il s’agit de guérir une perfonne
de la pierre, on fait une incifion , on tire
la pierre , on procure la confolidation de la plaie,
& fi les urines ont pris leur cours par l’ouverture
qu’on a faite, on applique un infiniment qui en
empêche la fortie.
Règles qu i l faut obferver dans toutes Us Opérations.
Les Auteurs ont preferit différentes Règles
générales qu’on doit obferver en faifant les Opé-
rations.^ Les unes regardent les préparations, les
autres l’Opération même; d’autres enfin regardent
les fuites de l’Opération.
1/ Avant l’Opération, il faut s’affurer de la
néceffité de la faire > du tems ou du lieu où il
convient de la faire, & prévoir tout ce dont on
aurabefoin en la faifant.
Par rapport à la néceffité, c’efi la nature de
la maladie & l’inutilité des autres remèdes qui
prouvent qu’on ne peut fe difpenfer de faire une
Opération. On remarquera néanmoins qu’il eft des.
cas ou ces motifs ne doivent point engager à la
iaire, parce qu’il fe trouve quelques obftacles
qui en empêchent l’exécution ou le fuccès : la foi-
blefle, par exemple., du malade, fon âge, la complication
de quelqu’autre maladie , &c. peuvent
rendre une Opération impoffible ou inutile.
». ° ar raPport aux tems on en diflingue deux ; 1 un de néceffité & l’autre d’élésion. Le tems de
Chirurgie, Tome i l . I e™ Partie*
néceffité,eft celui où il faut faire l’Opération
fans différer ; parce que le malade eft dans un
danger évident. L ’ O.pë'ration du trépan, celle de
l’empyème, &c. fe -font toujours dans un tems
de néceffité, parce qu’on ne peut les différer.
Le tems d’éleélion en celui qu’un Chirurgien
choiiit pour faire plus avantageùfemenr une Opération
: tels fonr, par exemple , le Printems &
l’Auromne qu’on choifit pour l’Opération de la
taille, pour celle de la caiaraéte , &c.
Par rapport aux lieux on en diflingue auffi
deux, l’un de néceffiré & l’autre d’éleélion; Le
lieu de néceffité ell celui où la maladie indique
abfolumenr que l’Opération doit être faite : par
exemple, fe lieu ou une tumeur fe trouve efl
toujours un lieu de néceffité relativement à l’O pération,
parce qu’il faut toujours opérer les tumeurs
dans les endroits où elles fefont formées.
Le lieu d’éleélion eft celui que le Chirurgien peut
choifir : par exemple, le lieu de l’Opération de
la taille eft ordinairement un lieu d’éleélion,
parce que le Chirurgien , entre plufieurs endroits
qu’il peut ouvrir pour tirer la pierre , en choifit
un où il fait cette Opération.
Les chofes que le Chirurgien doit prévoir,
parce qu’elles lui font ou utiles pour le fuccès de
l’Opération , ou néceffaires pour l'Opération
même, font les remèdes généraux, l’appareil,
les inftrumens, l ’air, la lumière, la fituation du
malade & celle-des aides.
Après avoir difpofé l ’efprit du malade, en lui
faifant. connohre la néceffité de l’Opération, &
en gagnant fa confiance , on prépare fon corps
par certains remèdes généraux, qui font les fai-
gnées, les bains, le régime, &c.
On arrange l’appareil convenable à l’Opération
fur un plat où on met toutes les pièces dans
l’ordre qu’on doit les employer.
On arrange pareillement les inftrumens fur un
autre plat qu’on a foin de couvrir pour en dérober
la vue au malade.
Si Pair a quelque mauvaife qualité, on tâche
de le corriger, ou on change le malade de
lieu.
On diflingue deux efpèces de lumière : la na*
turelle qui eft celle du jour , & l’artificielle qui
eft celle des bougies & des chandelles. Dans
certaines Opérations, comme celles de la lithotomie
& de la cataraéle , on préfère la lumière
naturelle ; dans d’autres, comme celle du bubo-
nocèle , on choifit l’artificielle.
La fituation des malades, pendant qu’on opère,
doit varier fuivant les différentes efpèces d’O ta
pérations. Cette fituation,que les Auteurs appellent
traèlatrice, doit être en général telle que le Chirurgien
puiffe découvrir toute la maladie, &
opérer commodément.
On doit choifir pour aider , des’perfonnes attentives,
entendues, diferètes, & autant qu’il eft
poffible des Chirurgiens, parce qu’étant inftruits,
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