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d’arriver. H en fortit du pus fans odeur -, le dedans
do fac étoit vermeil; la fuppuration qui fur-
Tint , en procura bientôt ie dégorgement & le
•salade guérit, au iarmoyement près, ainfi
qu'on l’avoit prévu. Le troifième cas a rapport
Si une dame St qui l’hydropifie du fac fuccéda à
une inflammation locale,accompagnéed’épiphora.
La tumeur du fac ne fe vidoit ni par les paupières,
r i par le nez, elle refia huit ans dans cet état,
après quoi elle devint douloureufe & plus greffe
qu a l’ordinaire.Elle fe vuidoit >puisferemphffoit;
on y fentoit une Cuéluation accompagnée d’ un
gargouillement femblable à celui que produiroit
de l’air mêlé à de l’eau ; ce qui donna à penfer que
le canal nafal s’étant débarraffé, l’air y entroit
avec facilité. La malade ne voulut d abord y
rien faire, parce qu’elle n’y fentoit plus de douleur
;mais la difformité que la tumeur occafionnoit
la détermina à fouffrir qu’on y fit une incifion
qui eut le même fuccès que dans les cas précédens.
Pour peu qu’on réfléebiffe fur la mécanique du
fi phon lacrymal, tel que nous l’avons cxpolée, l'on
verra que l’indication St remplir, pour guérir l’hy-
dropifie du fac , efi de rétablir le cours des larmes
à travers l’une & l ’autre de fes branches.
Yoyons fi les moyens, qu’on a propofés, peuvenr
mener à ce but. Le premier, & en mème-tems
le plus Ample, efi la compreffion. Fabrice d’Aqua-
pendenie, Scùltet & Dionis en font mentionnes
deux premiers y avoient même recours dans le cas
e ii la maladie avoir récemment dégénéré en fif-
Sule. Voici , àcet égard , comme s’explique Dionis,
qui a vu cette méthode réuffir fur les enfans : sj
J e mers un ''périr emplâtre de cerufe brûlée
fur l’endroit de la rumeur, & une petite com-
preffe triangulaire d’un demi-pouce par-deffus ,
pour remplir le coin de l'oe il; fur cetre com-
preffe, j’en applique une auire, de même-figure &
de même épaiffeur, mais un peu plus large;.les
ayant trempé toutes deux dans une eauficcative.
Si je fars foutenir le tout par une bande circulaire,
qui j ferrant les compreffes contre l’endroit du petit
fac; fait que l’humeur ne s’y arnaffe plus , &
que le vuide le récolle, pourvu qu’on continué
la même pratique pendant quelques mois, î î A
l’emplâtre de cerufe on a fubftitué un peu de
papier mâché & enfuite un lit de petites compreffes
triangulaires, qu’on foutenoit avec l'oeil
(impie, jufqu’à ce que Platner imagina un moyen
mécanique oui exerce à volonté & plus exaéle-
ment la compreffion. C’eft un bandage compofé
de deux bandes d’acier , qui fe croifent en leur
parité moyenne, 8c dont la courbure répond à la
convexité de la partie fupérieure de la tête. Il en
porte antérieurement une autre mobile qui fe joint
i la fixe par une charnière, & qui s’abaiffe à volonté
an moyen d’une vis qui traverfe un écrou
porter par en bas fur le grand angle de l ’oe i l, fe
trouve une petite plaque qu’on garnit d’une pelotte
couverte d’un morceau de chamois très-fin & qui
doit appuyer fur la tumeur lacrymale. Le refle du
bandage efi couvert d’étoffe , & les trois autres
bandes font terminées par des rubans, au moyen
defqueis on la fixe fur ta tète. On peut voir ce
bandage dans les Planches qui ont rapport à cet
Article. C e lu i-c i , comme ceux qu’on a fais
enfuite, doit être porté jour & nuit. Cette méthode
dont la branche fixe efi percée à fon extrémité.
Au bout de cette branche mobile, qui efi cour- I
jtee de manière à s’appliquer fur le fron t, & à
de compreffion > telle avantageufe qu’on
l ’ait c rue , a néanmoins bien des inconvéniens qui
l’ont fait tomber. D’abord ceux qui font obligés
de paraître en public ne peuvent s’y faire, à rai-
fon de la gêne & du défagrément qu’elle donne
au vifage; ils veulent bien s’y foumetrre la nuit,
mais alors l’effet n’en étant pas affez confiant on
ne peut compter deffus. D un autre côté , foit
qu’on fe ferve du moyen de Dionis ou de celui
de Platner, l’on n’eft-jamais affez fur du degré
de compreffion qu’on exerce fur la tumeur. Ainfi,
fi elle n’efi pas fuffifante, les larmes s’amaffent
toujours dans ie fac & le bandage n’a aucune
utilité ; fi elle efi trop forte, Us parois du fac ,
qui font dans un état voifin de l ’inflammation 8t
â bien plus forte raifon quand les larmes font
déjà purulentes, étant dans un comaél immédiat,
peuvent s'agglutiner an point d’empêcher totalement
le paffage des larmes par le Lac , & alors on
guérit bien la tumeur , mais il refie un épipho-
r a , qui continuera toujours. Si cet accident n’arrive
point, la preffion continuelle de la pelotte
détermine une inflammation fur la portion de la
paupière , & l’ulcération arrive beaucoup plus
promptement qu’ elle ne fût venue fans ce moyen.
Enfin , comme fon effet n’a lieu que fur le fac,
& que la caufe de la maladie eft fouvent dans
le canal nafal, il eft aifé de voir que telle compreffion
qu’on exerce fur la tumeur, tant qu’on
ne s’occupera point de l’obftacle qui efi au-delà,
celle-ci reparaîtra toujours, dès qu’on ceffera les
moyens compreffifs. Une circonfiance où la compreffion
pourrait être avantageufe ferait celleoù
le vice des voies lacrymales proviendrait d’une
inertie ou relâchement du fac , fans aucune éro-
tion ni inflammation. En comprimant alors doucement,
l’on pourrait empêcher les larmes defé-
journer, en rétablirait le reffort du fa c , & par-
là on préviendrait le retour de la maladie.
En même-tems que Fabrice employoit les
moyens compreffifs il cherchoit à corroborer les
parois du fac , en appliquant deffus un petit
morceau d’ éponge trempé dans du gros vin alumineux.
Quelques-nns fe font arrêtés à cette feule
indication , & ont confeillé poqr y répondre,
l’application réitérée d’un peu de glace vers le
grand angle de l’oe il, ou des compreffes trempées,
dans de l’eau-de-vie très-forte. En confidéran»
la facilité qu’ont les remèdes fous forme fluide ,.
de pénétrer par les points lacrymaux, il fembl*
qu’on eût dû faire um plus grand ufage: de cette
•propriété abforbante dans la maladie aéhielle. Je
ne connois guères que L e Dran dont la pratique
gir été fondée fur ce point. Cet Auteur confellle,
après qu’on a fait fortir les larmes par la pref-
fion de verfer dans le coin de 1 oeil quelques
»ouïtes d’eau defficative faite avec la couperofe
blanche , ou avec le fel de faturne ; cette eau,
d it - il, abforbée paffera des points lacrymaux dans
le fac & en fortifiera les parois. M. Louis , d après
les mêmes principes, confeilte , dans fes Réflexions
£
fur l’opération de la Fiflule Lacrymale , inférées
dans le 1 . ' vol. des Mémoires de 1 Académie
Royale de Chirurgie, les fumigations vulnéraires
& balfamiques , mais il ne dit point la
manière de les employer. L ’idée lui en en venue
à l'occafion de la fumée du tabac , quon voit
quelquefois fortir , chez les fumeurs, par les
points lacrymaux. Il cite une demoifelle , qui
avoit une hydropifie du fac , dont la tumeur le
rempliffoit d’air chaque fois quelle faifou des
efforts pour fe moucher. Ce procédé a été lum
avec fuccès par M. Moulac, ancien Chirurgien-
Major du Régiment de Butta-fuoco , fur deux
perfonnes attaquées de fiflule. Depuis on 1 a également
mis en ufage , après que cVau très méthodes
avoient été inrruélueufes, & il a pareillement
bien réufli. V-Àcadémie Royale de Chirurgie
a pluûeurs obfervations fur cet objet ,
quelle pourra communiquer par la fuite. Mais
la très-grande fenfibilité de la conjonctive ne permet
pas toujours qu’on mette ce procédé en pratique
, & fi l’on fe détermine à porter la fumigation
par le canal nafal, cette voie , qui eft plus
ou moins embaraffée, eft fouvent inluffifante.
Platner, ayant plufieurs fois eu occafion d observer
i'infuffifance de la méthode compreflive,
lui ajouta Tincifion du fac ^ qu’il pratiquoit au
moyen d’un flilet qu’il paffoit par un des points
lacrymaux,il panfoitenfuite la petite plaie & la
conduifoit tellement à la cicatrifation ut tunicce,
d it - il, per hanc contrahantur ù receptaculum coarc
tetur. Il recommande d'avoir bien foin dans les
panfemens que la route des larmes ne devienne
pas plus étroite qu’il ne faut , afin que celles-ci
puiffent facilement trouver leur cours. Cette méthode
deviendroit inefficace fi l’on ne portoit pas
plus loin fes vues , car les accidens dérivent le
plus fouvent alors de Vobftrnétion du canal na
fal à laquelle l’incifion du fac ne fauroit remé
«lier. Ceft donc à elle à qui il faut porter l’attention
, fi l’on cherche à guérir radicalement
suffi allons-nous aéhiellement nous occuper par
ticuiièrement de cet objet en expofant les moyens
qu’on peut encore employer en,pareil cas,quoi
quô la maladie eût atteint un terme plus avancé,
celui de l’ulcération.
V e la Fiflule Lacrymale proprement dite.
Quand l’bydropifie du fac eft parvenue au po;it
que nous venons d’indiquer, que les larmes for*
tent par une ou plufieurs ouvertures qui fe fon»
faitesspontanément au cenfre de la tumeur, on
dit alors qu’il y a Fiflule. Les Auteurs dtflinguent
ordinairement deux fortes de fiftules , la (impie
& la compliquée. La (impie eft celle dont nous
avons donné la définition au commencement c*
cet article -, la compliquée eft celle qui eft accom*
pagnée d’un vice dans les points lacrymaux ,d une
inflammation à la conjonaive d’une oedématié des
joues , de la carie de l’os ungiiis & même de la
branche montante de l’os maxillaire fupérieur. Les
Auteurs parlent encore d’une fiflule où il n y a
que les canaux lacrymaux qui éprouvent érofion ,
elle eft fort rare. La complication eft ordinaire
aux fiftules anciennes qui ont été négligées j le pus
& les larmes, qui alors font toujours acrimonieux,
en forçant continuellement par l orifice fiflulairc,
y entretiennent un éréthifme , les bords deviennent
durs & calleux\ ils s'y élèvent des chairs fon-
geufes qui rctréciflent fouvent l'ouverture , la
i matière , ayant de la peine à y paffer, féjourne
au fond de l’ulcère, mine le fac lacrymal, dénude
& carie Vos unguis > Vethmoïde ou la branche
montante de Vos maxillaire , & dénature tellement
cette portion du fiphon lacrymal qu il ne
peut déformais être d'aucun ufage. i l y a alors
une voie amplement ouverte du grand angle de
l’oeil vers l'intérieur de la narine & chaque fois
que le malade fait une forte expiration i comme
en fe mouchant ou en tou fiant y 1 air fort
avec une grande force & quelquefois avec finie-
ment. Quand la maladie eft portée à ce point, il
eft rare qu’on la guériffe fans qu'il en refie un
Iarmoyement. Cette complication arrive fouvent
chez les perfonnes entichées d un levain vérolique
ou fcrophuleux ; quand elle eft dûe à une pareille
cau fe ,il faut, avant tout, traiter le vice général
& d’autant plus exaéletnent, que lui une fois détruit,
le mal local difparoit de lui-même par
les moyens les plus (impies.
Les Anciens avoient une méthode fort cruelle
de traiter les fiftules Lacrymales, quelles fuffent
compliquées ou non. Comme ils s'imaginoient
qu’elles étoient toujours accompagnées de carie,
ils confeilloient d’incifer d’abord jufqu à^ lo s ;
oculoque , continue Celfe , & cateris juncüs par-
tibus bene obteSis , os quod carie vcxatwn cjî,
ferra adurendum efl vckementius. Celte méthode
fut celle de tous les Auteurs à l’exception de Paul ,
qui fe contenioit de niginer l’os quand il étoit
Amplement découvert. Cette manière de cantérifer
l’ os a été perfeélionnée par Fabrice d’Aquapen-
dente ; après avoir mis le fond de la fiflule à dé-
cquvertpar uncincifionpréliminaire.fi fou orifice
n’ftoii point fulfilainmetu grand, il appliquoit 1 extrémité
d’une canule défi us & moyennant celle-
, c i , il portoit une tige de fer rôugie au feu jufquq
• fur l’os. En procédant ainfi il préfervoit les par-
, ties environnâmes de Limpreffion du cautère,