
fa rainure on porte la pointe d’une fonde crénelée
vers l ’orifice du canal nafal, & on la tourne
plufieufs fois entre les doigts, ou pouffant, comme
pour le déboucher,* & détruire les obstacles cjui
peuvent sey rencontrer. On gliffe enfuiie fur la
créneîure de la fonde le bout d’une petite bougie
, dont la tête eft munie d’un f i l , pour l’ôter
plus facilement dans les panfemens. On l’enfonce
autli profondément qu’il eft peflible*, puis on
recouvre la plaie avec un ulumaceau ,un emplâtre
d’onguent de la mère, aes compreffes triangulaires
t & l ’on termine par l ’oeil fimple ou un
bandeau. On laiffe la tente les deux premiers
jou rs , on l’ôte le iroifième , & à chaque panfe-
ment on l’enfonce de plus en plus •, ayant foin
de la tremper dans un digeftif fimple, & d’en
augmenter le volume à mefure. Le canal ainfi fup-
oure , les callofités & engorgemens fe réfol vent,
et lorfque le'ftiier paffe julqu’au fond des Da-
rines, que l’air fort à plein canal par l’orifice de
la plaie , dans une forre expiration , on a lieu
de croire que toutes les fontes font faites & qu’il
n*y a plus d’engorgement alors on panfe à plat &
à fec pour parvenir à la cicatrice. On juge favo-
Le ement du fuccès de l’opération,lorfque l’appa-
ren cw toujours fec dans les panfemens, &que les
chairs font grainues, vermeilles & que l’ulcère tend
à la cicairifarion.
Cette méthode efi fimple, elle a été heureufe
même dans le cas où l’os étoit à découvert Surtout
quand, dans les panfemens, on avoir eu foin
d’empêcher le féjour de la fanie , en panfant
mollement & fréquemment, & en injeéîànt foutent.
En effet, l'exfoliation arrive alors fans qu’on
foit obligé de l’aider avec aucun cauftiqùe, encore
moins avec le cautère a&uel qui brûle &
détruit ce qu’on voudroit ménager. Mais comme,
en pareil cas, on doit craindre que les bourgeons
charnus ne rempliffent trop le vide & n’oblitèrent
le foc ou le canal , il convient de le garder
ouvert au moyen d’une petite canule d or
où" d’argent , fur lequel la cicatrice puiffe fe’
faire. Celles à gorge poufroient mieux convenir
que toute au tre ,il faut feulement avoir foin que
leur bord fupérieur foit coupé obliquement. On
a vu des fujets les garder très-long-tems fans s en
douter & être très-étonné de les rendre en fe
mouchant. Quand la branche montante de j l’os
maxillaire participe de i a carie , comme l’exfo-
liation eft plus lente à fe foire , on efi quelquefois
obligé de recourir à la rugîne. Quand la
pièce qui s’exfolie, efi volutnineufe, alors le fac
étant ordinairement rongé en cet endroit, le lar-
naoyemem a toujours lie u , à moins qu’on ne
place une canule. Mais fi l’incifion , telle que
nous la venons de décrire, a fes avantages, elle a
auffi fes inconvéniens. On peut bleffer la veine
pu l’artère angulaire , la cicatrice qui fuccède eft
fouvent. itrégulière , difforme j la fuppuration
«ùaawe louveiu férailkmeot de là ‘paupière,
fur-tout fi l’orifice de la fifiule a forcé d’ineîfef
trop près de la commûTure , le foin met de la
bougie entretient une irritation dans les environs
qui amena une inflammation & une fuppuration
auxquelles on ne devoir point s’attendre &
qu’on ne peut difiiper qu’en ôtant la bougie.
M. Fouteau perfectionna cette méthode en
fauvant les défagrémens d’une cicatrice chez
une femme très-curieufe de fes traits. Elle avoie
un anchylops du côté droit 5 en preffant la tumeur,
on foifoir forrir une férofité purulente par
les po ints lacrymaux. Ayant inutilement tenté de>*
les enfiler & n’ofant propofer l’ouverture du foc, 1a néceflité lui indiqua le procédé fuivanr. I l
plongea une lancette dans-le fac lacrymal, entre
le caroncule & la paupière inférieure, intérieurement.
Il donna à l’inttrument une direction oblique
vers le fond du foc , & l’enfonça profondément*,
le pus étant forti par les côtés de la lancette,
il gliffa une fonde à aiguille fur le plat de
celle-ci dans le conduit nafal , & après avoir retiré
la lancette , il déboucha facilement le con-*
duir, en pouffant la fonde perpendiculairement &
parvint ainfi dans le nez. Cette malade fut parfaitement
guérie , à une légère échymofe près,
qu’il attribua à ce qu’il n’avoit point fait allez
grande l’incifiôn de la conjonélive. es On ne
peut contefter, dit notre Auteur , que ce procédé
a des grands avantages, les points lacrymaux ref-
tent dans leur intégrité % on peut employer une
fonde plus ou moins grofle & flexible qu’on
porte plus directement contre les obftacles qui
obftruent le conduit, oh n’a aucune cicatrice ni
aucun larmoyement à craindre , les fondes aigues
ne peuvent produire aucun mauvais effet fur les parois
du canal & fur le fac lacrymal. Il eft cependant,
obferve M. Pouteau, des précautions à prendre
avant l’opération , c’eft de laiffer remplir le fac
lacrymal, & s’il fe vuide habituellement par une
ouverture fiftuleufe, on bouchera celle-ci avec une
mouche gommée, afin qu’il fe rempliffe le plus
qu’il eft poftible.j? En faifant l’opération on ne
doit pas craindre la grandeur de l’incifion, elle
eft fans danger , pourvu qu’on n’approche pas
trop près de la commiffure des paupières. Une
lancette, fur le plat de laquelle on avoir pratiqué
d’ un côté une petite canelure, eft très-commode
pour faciliter i'imroduéfion de la fonde. On fait
baiffer la paupière, inférieure par un aid e, on
prend la lancette avec la main gauche > lorf-
qu’elle a été plongée dans le fac;, 8l la droite
conduit la fonde dans l’ouverture. Cette fonde
eft ponffée le long du canal,comme dans la méthode
de M. Méjéan dont nous parlerons dans
peu \ on porte dans la narine une érine moufle
& appîatie vers fon extrémité pour accrocher la
fonde qui entraîne un fil. On le laiffe deux jours
puis on attache alors à fon bout une foie erg-
moifie, longue d’un pied , liée ,en double & for-
i mont une anfe, de manière que le noeud foit foie
par
par le f i l , & on le tire de haut en bas poor que
U fil fiiiüë la M m e route. L an fe que préfente
cette foie fert à paffer quelques brin, de la charpie
en double , qu’on tire de bas en haut juf-
qu’à ce qu’ils foient arrivés à la parois fupé-
rieure du fac lacrymal Les bouts de la charpie,
qui débordent le nez, font repliés contre 1 a.le du
nez & y font arrêtés avec, une mouche. Pour re-
nouveller le parlement , on nre par le nea la
charpie , qui ramène avec elle 1 anfe de (o ie , on
l ’en dégage & on la remplace par de nouvelle ;
on augmente , fuivam le befoin ia quantité de
charpie & on la couvre avec.des onguens ou
des baumes appropriés. L a foie cramoifie eft
préférée à toute autre, à raifon de ia teinture qui
la rend moins caftante. ..
Mais telle parfaite que pût être la méthode
de l’incifion , après toutes ces corrections, celle
d’Anel n’en pouvoit pas moins avoir fes avantages.
Il eft évident auifi que fi ce Praticien n avoir
pas toujours réufli avec fa fonde & fesinjections,
une mèche,portée dans l’intention de faire fuppurer
le canal par les mêmes voies qu’ il foifoit parcourir a
fa fonde , pouvoit avoir beaucoup plus de fuccès,
& c’eft précifément ce que M. Méjean , Chirurgien
à Montpellier, tenta le premier de la manière
fiiivante. Il introduifit par le conduit lacrymal fupérieur
, à l’imitation d’A.nel, une aiguille de fix
à fept pouces de long & d’un diamètre proportionné
à la lumière des points lacrymaux , dont
un des bouts, celui qui doit paffér le premier,
eft moufle , fans être arrondi, comme le ftiler
d’A n e l, & l’autre a un oeil arrondi, pour recevoir
une mèche. S il trouvoit une certaine ré-
iiftance, il portoit une aiguille pointue , pour fe
faire jour plus facilement. L ’aiguille ayant été introduite
jufque dans le nez , avec la précaution
que demande une opération fi délicate, il portoit
dans la narine, du même côté une fonde crénelée
& percée à fon extrémité, telle qu’elle eft gravée
dans une des Planches^qui ont rapport à cet
• Article,*.il en dirigoit la poinre fous le canal inférieur
, là , rencontrant le bout de l’aiguille qu’ il
qui termine l’antre & s’y meut à-peu-près comme
le pifton d’ une feringue dans fon canal. Voyel
ce jeu exprimé dans la Planche à laquelle nous
venons de renvoyer. On introduit la portion perforée
avoit paffé par le point lacrymal, il cherchoit à
l’engager dans la rainure dé léu-fonde , pour le
faire paffer par le trou qui la termine. Alors il
relevott un peu celle-ci en même-tems quil ponf-
foit le ftilei de l’autre- main , en retournant la
fonde fur elle-même pour tordre le bout engagé
; de l’aiguille , & ainfi par ces deux mouvemens
combinés il parvenoit à la faire fortir hors du nez.
M. Cabanis, Chirurgien à Genève , ay an Réprouvé
la difficulté d’engager ainfi le bout de 1 aiguille,
en fe fervant de la fonde crénelée de M. Méjean
, lui a fûbftitué fes palettes. C’eft un infiniment
compofé de deux lames qui fe meuvent horizontalement
& qui (ont percées de plufieurs
trous lefqueis fe répondent quand elles font
parallèles, mais qui fe croifent lorfqu’on fait mouvoir
une d’elles dont la tige paiTe par le canal
Chirurgie. Tome I I . I .re Partie
fous la conque inférieure, on cherche delà
main qui tient l’aiguille en dehors, à en infirmer
le bout qui eft dans la narine 6 travers l’un des
trous de la palette, & lorfqu’on préfume avoir
réufli, on pouffe l’anneau du milieu qui termina
le manche , St les. trous, fortant de leur parallélisme
, preflent fur lui & le tiennent d’ une manière
très-ferme. On tire à foi la totalité de linftrn-
ment, & l’on attire l’aiguille & les fils qui tiennent
à elle ; ces fils reflem à la place de Tai-
guille , ils font les bouts d’un peloton , qu’on
place fous le bonnet du malade , il 'faut que
ce peloton foit fuififamment gros pour fournir
pendant tout de traitement , ou qu’on en coupa
une portion à chaque panfemenr. et Le lendemain
de cette opération on attache au fil qui fort de
la natine, dit M. L ouis , dans le compte qu’il
rend de cette méthode, une mèche de quatre on
ou fix fils de coton ; cette mèche doit avoir à-
peu-'près la longueur du canal nafal & être faire
à deux anfes. On patte un fil particulier dans
l’anfe inférieure , de manière que le bout de celui
qui attache le haut de la mèche, y foit engagée.
On la trempe dans le bafilicum fondu oh
j feulement dans de,‘ l’huile d’amandes douces, en
tirant le fil au-deflus du. point lacrymal ; on fait
monter cette mèche dans le conduit nafal jufque
dans le fac : on la renouvelle à chaque p a i e ment
& on l’attache au même fil qui eft fourni
par la pelote. On groffu cette mèche par degrés
le fixîèmti ou feptième jour de 1 opération , on
l’imbibe de baume verd, & l ’on en continue I V
fage jufqu’à ce .que les mèches ne foient plus
chargées de pus, & qu’elles defeendent & montent
avec facilité dans le conduit. »
Cette méthode offre, fans contredit,beaucoup
moins d’inconvéniens qu’aucune de celles dont
nous avons parlé*, elle difpenfe de lincifion &
évite le défagrément d’une cicatrice , point important
pour ceux qui font curieux de la régularité
de leurs traits. Elle reflitue la mécanique du
ftphon lacrymal fans occaftonner d’accidens, elle
peur avoir lieu dans le cas de fimple engorgement
du fac, comme dans ceux de fiftules même
compliquées de carie *, la mèche pouvant dans les
panfemens entraîner les parcelles d’o s , à mefura
quelles fe détachent, & porter fur lui les teintures
& remèdes appropriés à la nature du mai.
Elle convient dans les fiftules (impies , en ce
qu’une fois lé canal bien ouvert, les larmes &
1 écoulemens trouvant pins dé facilité à fuivre le
cours de la mêJre , l’ouverture fiftulaire qui en
èft moins abreuvée fe déterge & tend à la cicatrifation.
Mais quelques avantages qu’on lui trouve ,
; elle a encore_fes inconvéniens & même fes dé- 1 fauts. Il n’eft pas toujours facile d’enfiler les
B