
4° E x p l i c a t i o n
temsque nous, prétendoit que cet homme '
étoit ivre & qu’il commençoit à s’endormir
. Nous fîmes ufage de la baleine avec les
précautions dont nous avons parlé., nous
fîmes fentir le corps étranger à cet incrédule
qui reconnut fon erreur. A peine l’os
fut-il enfoncé dans l’eflomac, que l’homme
fe leva & acheva fa foupe, qu’il avoir
été interrompu de manger par fon accident.
Nous pourrions citer huit ou dix
exemples à-peu-près femblables.
Nous préférons la baleine, f i g . 3 , à
celle, f ig . 4 ; celle-ci eft enfermée dans_
une canule flexible , imaginée par J. L.
Petit. Ce dernier ufoit de cette précaution
pour donner.plus de force à i’inflrument,
& en même-tems parce qu’il çraignoit
que la baleine ne fe rompît pendant l’opération
., ce qui n’eft nullement à craindre.
La fonde, f i g . y , a été propofée par de
Jlaude, pour deux objets; i ° . pour fer-
vir de canule au moyen de laquelle .on
injeâe des liquides âatis l’eftomac ; ce
qu’on fait aufli bien avec une algalie ordinaire
, ou une fonde de gomme élaflique.
2 0 . S ’il fe trouve quelque corps étranger
arrêté dans l’oefophage, il place dans cette
fonde un ftilet courbe de groffeur con
venable & beaucoup plus long que la
fonde. L ’ extrémité fupérieure efl plus
greffe, arrondie, taillée & fendue en bec
de canne , dont les mâchoires d’acier font
éiaftiques, En les pouffant hors de la fonde,
ces mâchoires's’écartent & embraffent le
corps étranger ; on pouffe enfuite la fonde_
deffus pour ferrer les pièces écartées ; &
iorfqu’on juge que je corps étranger efl
bien fai.fi , on retire tout l’inflrument qui
doit fe trouver aufli chargé de l’os ou de
l’arrête, ainfi que f’affure de Baude^ il y
a long-tems qu’on a imaginé des moyens
à-peu-pr.ès femblables pour extraire les-
corps étrangers de différentes parties du
corps. On trouve un tire-balle de cette
formé dans Paré, Franco & ailleurs. On lit
dans le Diftionnaire de Médecine , par
James, tome 1 , page 3.17 , que Gale
propofe un infiniment fembl.able pour
extraire les pierres engagées dans l’uretre.
Nous parlerons dans la fuite de cet infiniment
& des changemens qu’on y a faits.
L ’abaiffe-langue, f i g . 6 , a été imaginé
par de Lamalle, pour fuppléer aux autres
moyens connus pour cet ufage. Lamalle
penfe avec raifon que la fpatule ,
la feuille de myrte & le manche d’une
cuillère, n ’ont point allez de furface poux
couvrir entièrement la langue & l’abaiffer.
i p. Parce que ces inflrumens ne les compriment
que dans un feul point. 2 ° . Parce
qu’à mefure que la langue s’affaiffe, l ’inf-
trument n’agit plus que par fox) extrémité
obtufe ou tranchante. En effet, plus.l’inf-
trument efl étroit pour abaiffer la langue,
moins on en retire d’avantages, parce que
fi on ne comprime la langue que -dans
fon milieu, fes bords fe relèvent ; fi on la
comprime plus d’ un côté que de l’autre,
elle fe dégage d’elle-même par l’adion de
fes mufcles , ou bien l’inflrutnent gliffe
fur un des côtés ; on le remarque .dans
la pratique journalière.
De Lamalle nomma fon inflrumem
fp e c u lu m g u t t u r i s , ou indifféremment d e
p r e jf ie r lin g u oe , parce qu’il remplit com-
plettement ces deux intentions. Il eft fait
d’un feul morceau d’acier ou d’argent ap-
plati ; fon extrémité qui efl la plus large,
fe nomme la plaque; elle efl figurée comme
la langue , on y obferve deux fentes qui reçoivent
les portions de langue qui y cor-
refpondent, ce qui ne contribue pas peu
a affujettir cet organe. Cette idée appar-
' tient à M. Louis , car dans l ’origine , de
Lamalle n’avoit point fait de fente à
fon fp e c u lu m . L ’autre extrémité forme le
manche de l’inflrument, & a plus de longueur
que l ’autre portion ; elle eft aufli
applatie, mais moins large. La portion qui
eft entre la plaque & le manche eft courb
é e, & forme une efpèce d’arcade propre
à loger les lèvres & les dents qui y .cor-
refpondent. V oic i comme on applique
cet inflrument. On introduit la plaque
dans la bouche & on en dirige le bout
vers le palais, jufqu’à c.e que la lèvre &
D E S P L j
les dents de la mâchoire inférieure foient
logées dans l’arcade ; l’inftrument ainfi
placé, on l’abaiffe fur la langue qui s’en
trouve couverte en totalité; on appuie par
degrés fur le manche pour mettre à découvert
le fond de la bouche autant qu’il
eft befoin. Comme l’organe eft comprimé
dans tous fes points, on ne craint aucun
mouvement qui le falfe échapper. Un autre
avantage que produit ce f p e c u lu m , c’elt
que, comme on le porte en dirigeant le '
bout du côté du palais, il n ’excite point
cette toux fatigante que l’on obferve
lorfqu’on fe fert des autres inltrumens.
Le biftouri caché ,-fig. 7 , eft aufli de
l’invention de Lamalle; il l’avoit imaginé
pour faire des incifions à la langue ,
lorfque cet organe eft fi tuméfié qu’il peut
à peine être contenu dans la bouche.
L ’auteur eft louable, fans doute, d’ufer
de précautions en pareil cas ; en convenant
que cet inflrument eft ingénieux ,
on peut dire aufli qu’il eft facile de le
fuppléer. Mais c’eft un moyen de plus
que nous avons cru devoir faire con-
noître.
P l a n c h e X X X .
In f lr u m e n s d e f lin é s à l a b r o n c h o to m ie & à
t o p é r a t io n d u c a n c e r .
* F ig . x. Bronchotome, ou lancette à
double courbure, avec fa canule, a .
F ig . 2 . Trois-quartsapplatiduDekkers,
avec fa canule, b .
F ig . 3. Bronchotome de Bauchat. c , :
Canule de l’inftrument. d , Croiffant pour
fixer la trachée-artère.
F ig . 4. Tenette ou ’ errigne double
d’Helvétius , pour faifir & foulever la
mammelle cancéreufe, au moment qu’on
veut en faire l’amputation.
. w m Petite errigne aufli en forme
de tenette , pour faifir les petites glandes,
ou les tubercules graifieux qu’il faut emporter.
La diverfité des opinions fur les avan-
C h ir u r g ie . T o m e I I . 2 e . P a r t i e ,
ANCHES. 41
tages de la bronchotomie, a retardé les
progès de l’art fur ce point de la chirurgie.
Le public toujours craintif lorfqu’il
s’agit de quelqu’opération chirurgicale ,
ne revient que très difficilement des préjugés
dont on l’a n ou r r i, & il s’oppofe
d’autant plus fortement à une opération
falutaire , qu’il eft fouvent environné de
perfonrtes de l’art, ou pufillanimes, ou
qui héfitent à prononcer fur la néceflité
de la faire, parce qu’elles manquent des
connoiffances fuffifantes pour décider
affirmativement. A préfent qu’on eft plus
éclairé , que l’on efl certain des avan •
tages & des fuccès de la bronchotomie ,
on trouvera fans doute bien moins d’op-
pofitions, lorfqu’on propofera cette opération
comme l’unique reffource pour
fauver le malade dont la perte feroit cer
taine , fi on n ’y avoit recours.
Si cependant il exifloit encore quelqu’un
qui ne fût pas convaincu, nous
l’engagerions à lire , non-feulement l’article
B r o n c h o to m ie de cet ouvrage , mais
encore ce que M. Louis a écrit fur cette
matière (1) ; il y verra combien l’ignorance
& le préjugé ont fait de viâimes,
qui euffent été fauvées, fi on eût laiffé
employer le moyen unique , & qu’aucun
autre ne pouvoit remplacer.
Il n’efl point de notre objet d’entrer
dans des détails fur les maladies ou les
caufes qui néceffitent cette opération. Si
M. Louis n’a point épuifé la matière dans
fon mémoire, il l’a au moins traitée de
manière à laiffer peu à délirer. Il a démontré
clairement que l’on peut incifer
fans crainte le canal aérien, pour rappeller
à la vie des malades prêts à être fuffoqués
faute de relpirer : que cette opération
n’efl ni dangereufe ni mortelle ; à quoi
on peut ajouter que c’eft un crime de ne
point Ja pratiquer lorfqu’elle elt indiquée ,
parce qu’elle feule peut fauver la vie des
malades.
( i j Mémoires de l’Académie de Chirurgie de
Pa ris , in - f i , f i vojumç.
f