
ïe fit voir un cathéter qu’on pafla par le vagin
& qu’on fit ainfi parvenir jufqu’à Ton fommet;
le mufeau de tanche faifoir le fommet de la tumeur
fur laquelle la veflie repofoit, & le fond
de la Matrice éroit tourné en arrière & en bas
vers le coccix ou l’anus. La Matrice dans cette
rétro-verfion étoit devenue fi volumineufe & fi
reflerrée dans le baflin, qu’on ne pût l’en débar-
rafler qu’en coupant la fymphyfe des pubis &
en écartant fortement ces os l’un de l’autre.
D ’après tout ce que nous venons de dire fur
les Déviations de Matrice, il fera facile d’en établir
les fignes que le toucher feul peut fournir, St
d’en connoître, non-feulement l ’étendue , mais
encore l'efpèce. Si l’on porte le doigt à peu.de
diftance de l’entrée du baflin , on y trouve un
corps folide en forme de tumeur qui remplit
la cavité du baflin-, ce corps eft la Matrice même
qui offre fa furface antérieure ou poflérieure,
félon l’efpèce de Déviation , & qui eft toujours
recouverte du vagin. Si ljon porte le doigt dans
l ’anus, à une certaine hauteur , on y rencontre
une tumeur, formée par le fond ou le col de
la Matrice qui déprime l’inteftin. L ’introdmftion
de la fonde dans la veflie, quand elle peut avoir
lieu , fait découvrir la même grofleur qu’on a
quelquefois prife pour une pierre ou pour une
fumeur fehirreufe des parois de la veflie ; Levret
s’y eft laiffé tromper. La fitnation de l’orifice &
du col de la Matrice , à tel ou tel point de la
furface interne du baflin, fait connoître l’efpèce
de déplacement qui a lieu -, mais fa hauteur ne
fait pas toujours juger avec exaélitude de fon
étendue; on peut tn effet arriver promptement
à l’o rifice, quoique le renverfement foit porté à
l'extrême, ce qui vient, obferve M. Baudelocque,
de ce que le col de la Matrice fe recourbe alors
comme le bec d’une cornue«
Le prognoflic qu’on doit porter fur les
Déviations de Matrice fera plus ou moins fâcheux
en raifon de leur étendue, de leur ancienneté ,
de l’incarcération plus ou moins étroite de la
Matrice dans la cavité dit baflin , & du nombre
des accidens auquel cet état aura donné lieu;
mais en général, l’antro-verfion eft toujours, toutes
choies égales d’ailleurs, moins grave que la
rétro-verfion. ,
Les Déviations de Matrice offrent des indications
urgentes , & d’autres auxquelles on peut
fatisfaire à ioifir, & qui font relatives à leurs
caufes premières. Il eft urgent en pareil cas d’é*
vacuer les urines ; car pour peu qu’on diffère,
îorfque la rétention , qui n’eft qu’un effet fecon-
daire, eft complette, il peut s’enfuivre des crevaffes
& des épanchemens d’urine qui amènent nécef-
fairement la mort. On y parvient en infinuant
le doigt le long & à côté de la fymphyfe du
p ub is, pour écarter le corps de la Matrice du
col de la veflie & de l’urètre, & en répétant
Êgttç opération toutes les fois qu'il convient,
ou en introduifant une fonde dans la veflie'
On maintiendra le ventre libre au^ moyen des
lavemens émolliens. Si le pouls indique un état
inflammatoire, on fera une ou pîufieurs faignées
qu’on réitérera félon l’exigence du cas ; on mettra
en ufage les bains de fauteuil & les fomentations,
& quand la trop grande fenfibilité des
parties fera fuffifammem diminuée, on procédera
à la réduction qui, alors fe fait fou vent comme
fpontanément. Mais, avant tout, on fait mettre la
femme dans la pofition la plus convenable. Grégoire
fe contentoir de la faire coucher fur le dot;
depuis on a preferit de la faire appuyer fur les
coudes & fur les genoux, de manière que le
baflin foit plus élevé que le ventre & la poitrine.
Alors on introduit deux doigts dans l’anus , en
fuppofantque la déviation fut une rétro-verfion,
& avec eux on repouffe le fond de la Matrice
au - defius de l’angle du facrum, en même-tems
qu’on en abaifle le col avec deux doigts de l’autre
main qu’on porte dans le vagin. Tel eft le procédé
mis alors en ufage par Grégoire, puis répété
par Hunter & W a ll, ainfi qu’on le^ peut
voir dans les Obfervations qu’ils nous ont laiffées.
Mais M. Baudelocque, qui nous a beaucoup fervi
relativement à tout ce qui concerne cet article,
dit qu’on peut opérer également la réduélion en
repouflant le fond de la Matrice par plufienrs
doigts, portés convenablement dans le vagin. Si
l’on ne réuffit point d’abord, l’on y revient une
autre fois; car ce n’eft Couvent qu’a près plusieurs
tematives qu’on obtient du fuccès. Quand on dirige
bien la preflion , il faut Couvent très-peu
d’efforts pour replacer la Matrice; en les tentant,
il ne faut pas être en peine de l’avortement
qui pourroit Cuivre , car il n’arrive pas toujours,
& d’ailleurs cet accident eft bien moindre que le
danger auquel le renverfement de la Matrice ex-
pofe & la mère & l’enfant. Dans les cas d’ abfoliie
împoflibilité de la réduètion , le D . Hunter demande
fi l'on ne pourroit pas diminuer le volume
de la Matrice en y faifant une ponction avec
un troifear pour faire évacuer une certaine quantité
des eaux de l’amnios. Perfonne que je fâche
n’a encore mis ce confeil en pratique, & à dire
v ra i, rien ne s’oppofe à ce qu’il ait fon exécution.
En fnppofant qu’on ait été affez heureux pour
faire la réduélion, il ne relie plus qu'à maintenir
la Matrice dans fa direction naturelle, & empêcher
qu’elle ne reprenne fafituation première.
La fimple attention à ne faire aucun effort, foit
pour uriner ou pour aller à la Celle , a Couvent
fuffi pour ceja. Mais comme on n’eft pas toujours
fur de l’exaétirude que les Malades mettent à
faire cequ’on leur ordonne, il eft plus fûr d’avoir
recours à un peflaire qu’on place convenablement,
Il eft des femmes cependant qui n’en peuvent
fouffrir l’ufage ; il faut alors qu’ elles prennent
le parti de relier au lit jufqu’au quatrième moi*
& m, elles fe couchent tantôt fur un côté & tantôt
Ou l’amre, quelles rendent fréquemment leurs
urines, & quelles fe tiennent régulièrement tous
les jours le ventre libre. Ordinamement les accidens
difparoiirem fi tôt que la réduéhon efl fane,
cependant ils perfident quelquefois, ce qui vient
de l'état accidentel où fe trouvent les parties, &
qui offrent alors indications toutes particulières.
f M. P e t i t - .Ra d e z )«
MATÜRATIFS. On donne ce nom aux mé-
dicamens topiques, qui favorifent la formation
du pus dans les tumeurs phlegmoneufes. Les
maturatifs font principalement tirés de la clafle
des émolliens ; ainfi , l’on emploie particulièrement
fous ce point de vue les cataplafmes faits
de mie de pain & d’eau ou de la it, les fomentations
faites avec des décodions mucilagineufes ,
les bains de vapeurs, &c. Dans certains cas,
où à caufe de la fituation particulière & dange-
reufe d’un abcès, ou Iorfque la tumeur, par
fa nature, n’eft pas difpofée à une fuppuration
prompte & favorable, on emploie fouvenr, avec
fuccès, desfubftances plus irritantes, telles que
l’oignon ou l ’ail cuits dans la cendre ou dans
l’huile, &c. le galbanum , la térébenthine & les
autres fubftances de cette nature , les cantharides.
En général cependant, comme rien ne favorife
davantage une bonne & favorable fuppuration
que les moyens de diminuer l ’irritation dans la
tumeur inflammatoire, il faut être très-circonfpeèl
dans l’ufage des remèdes de cette dernière clafle.
Voye{ les articles A bcès & I n f lam m a t io n .
MATURATION fe dit du procédé de la
nature, par lequel elle tend à former une
bonne fuppurarion dans un abcès.
MATURITÉ eft l’état d’une tumeur phlegmo-
irëufe, venue à parfaite fuppuration , & où la formation
du pus a détruit les duretés produites
par l’inflammation.
MAURICEAU, ( François ) né à Paris vers
le milieu du dix - feptième tiède. Il fuivit les
Profefîeurs les plus fameux de fon tems , &
s’adonna fpécîalement à la pratique des accou-
çhemens qu’ il apprit à l’Hôtel - Dieu. Mauriceau
étoit lettré & fort verfé dans la leélure des Auteurs
anciens & modernes, qui avoient écrit dans
le genre de Pratique qu’il avoit çhoifi. Ii étoit
pieux ; & , après avoir amaffé une fortune dans
l ’exercice de fa profeflion, fufîifante pour fatif-
faire à fes befoins, il fe retira quelques années
avant fa mort, tout occupé de fa fin. Il mourut
en 1709. Mauriceau, au milieu de fesoccupations
multipliées, publia un ouvrage , intitulé : Traite
des maladies des Femmes großes & de celles qui
font accouchées. Paris 1668,7/1-4.0 Il y en a eu plu-
fieurs éditions, une Anglaifeentr’autres de Chamberlain,
qui parut, àLondres, en 1683. Il a donné
fucceflivement les fuivans : Alphorifmcs touchant
la. groffeffef accouchcmentff.es maladie autres
inéÜfpoJitions des Femmes. Paris léy^in-^.* Obfervations
furlagrojfejfe & fu r ly accouchement des Femmes
groffes. Paris, 1695. Dernières Obfervations fur
les maladies des Femmes groffes & accouchées. Pari»
1708,771-4.° Le premier ouvrage de Mauriceau fut on
ne peut mieux accueilli, & traduit prefqu aufft—.
tôt en différentes Langues par les Etrangers ,
qui en fentirent tout le prix ; mais la réputation
de ce Praticien é toit, par la circonftance des tems,
prefque certaine : aucun ouvrage-complet, digne
de pafler à la poftériré , n’étoit encore paru en
ce genre; en forte qu’on peut regarder cet Auteur
comme le Père de cet Art. On peut cependant
lui reprocher d’avoir un peu trop aimé
l’emploi des Inftrumens, & c’eft celui que lui
avoient fait déjà Peu, Viardel & la Motte; on
a même été jufqu’à l’accufer d’ avoir falfifié la plupart
de fes Obfervations,accufation bien mortifiante
pour un honne droit & plein de Religion
comme l’étoit Mauriceau. Cet Accoucheur avoit
fur l’opération céfarienne une opinion qui ne
pouvoir qu’être contre la plupart des femmes
àqui il ne refte plus que cette voie de délivrance»
11 prétendoit quelle étoit toujomsmortelle pour
celles qui la fubiffenr, & cette faufle prévention,
l’engagea à la rejetter dans tous les cas, tant que
la mère eft encore en vie ; mais il confeille d y
avoir recours quand la mort eft affurée. 11 n’a
reconnu d’autres moyens dans le cas 3’enclavement
qu’un infiniment qu’on appelle T ir e - t ê t e , oc
dont l’emploi ne nous paroît rien moins que
réfléchi. Cet Infiniment a été très - critiqué par
Viardel, la Motte & notamment par Peu. (M. P et
i t 'R a s e z ),
MECHE. Nom que l’on donne à une petite
bande de toile, ou à un aflemblage de fils de
coton, de foie, &c qu’on introduit au moyen
d’une aiguille, ou de qu’elqu’autre infiniment dans
le trajet d’une plaie étroite & profonde, avec con-
tr’ouverture, ou que l’on fait pafler fouslapeau*
afin de produire une dérivation dans le voifinage-
d’une partie affeélée. Voye\ Séton.
MÉD1ÇAMENS. Les Médicamens fe divifent
généralement en internes & en externes. Les
premiers font ceux qui, en vertu de leur atlioti
fur les parois internes de l’eftomac & des intef^-
tins, ou de leur abforption dans la mafle des
humeurs, tendent à altérer l’état morbifique du-
corps , ou de quelqu’une de fes parties. Les féconds
, qn’on nomme au fit remèdes topiques,
font ceux qui s’appliquent à l’extérieur. Nous
allons jetter un coup-d’oeil rapide fur ces derniers,
que nous regardons comme appartenant
plus particulièrement à la Chirurgie, fans vouloir
cependant exclure de la pratique du Chirurgien
les Médicamens de 1a. première clafle „
dont la connoiflance & l ’ufage lui font abfolu-
ment néceffaires dans beaucoup de cas.
Les Auteurs de matière médicale ont rangé