
l ’argent, dépouillé par la. fufion de toute fon 1
eau de crifiallifation, & réduit en petits lingots
pour l’ufage.
Cette préparation efl un cauflique très-puiffanr;
c’eff celui que les Chirurgiens emploient le
plus fréquemment , pour confumer les bords
calleux des ulcères , ou les chairs qui pouffent
trop pendant le traitement des plaies'; ce qu’il
fait très-promptement & très-efficacement en
les touchant feulement, plus ou moins légèrement.
On l’emploie de même pour détruire
les verrues, les condylômes & les chancre
vénériens. On ne s’en ferr guères lorfqu’il .s’agit
de former une efearre profonde à la peau, ou
d’ouvrir un abcè- ou une tumeur enkyflée ; on
préfère alors de fe fervir de la Pierre à cautères
mais, dans tous les autres cas, elle a de beaucoup
l’avantage fur les autres fubflances de ce genre,
en ce qu’il eff plus facile de la manier & d’en
circonfcrire l’effet. Voyez C au stiqu es.
P 1GR A I, ( Pierre ) né à Paris, nous ne fa-
vons pas précifément quelle année. Il fut l ’élève
& l’émule de Paré, avec qui il tint, l’amitié la
plus étroite. 11 exerça , comme lu i, à l’armée,
à la Cour, & à Paris, & fut même guidé dans
le chemin de la fortune par lui , ainfi qu’il
latteffe dans quelques endroits de fon Ouvrage.
On ne dit point fi ce Chirurgien fut lettré ; ce
qu’il y a de certain, c’eft que le premier de fes
Ouvrages parut fous le titre fuivant : Chirwgia
éum aliis Medicinæ panibus corijunHa. Parijiis ,
J609, in-8.°. Peu d’années après parut un autre
, intitulé : Epitomc pr&ceptorum Medicinæ ,
Chirurgioe , cum amplâ fingulis morbis convenien-
tium remedioriim exped donc. Paris, 1612. Haller,
en parlant de celui-ci, dit : liber minime malus cauti
& prudentis kominis. On y trouve plufieurs ob-
fer vations propres à l’Auteur, mais beaucoup du J
fond de Paré. Il a puifé dans Saporta, relativement
à fa théorie fur la formation des tumeurs
humorales. Pigrai avoir déjà parié des inconvé-
niens de comprendre les nerfs dans la ligature
des vaiffeaux, dans les cas d’amputation; car,
en parlant de cette ligature , il dit : <c mais s’il
y a difficulté, & qu’il les faille tirer (les vaif—
féaux ) avec un bec de corbin, qui le plus fou-
vent prend le nerf avec la veine, ce qui caufe de
grandes & extrêmes douleurs, je n’approuve pas
cette façon, & elle me femble plus pérîlleufe ,
& même plus douloureufe que ne le feroit le
fer chaud. >> Il paraît qu’on étoit déjà en ufag-e
de donner des narcotiques aux malades , avant
de pratiquer les grandes Opérations; car Pigrai
blâme nommément l’opium en pareilles occurrences.
On peut dire de cet Auteur, que , quoiq
u ’il ait compilé, il a beaucoup ajouté à ce qu’ il
a pris chez les .autres, ce qui rend fon Ouvrage
i ntéreffant & inffrnéHf, ( M. P e t i t - R a d è z '.') I
PINCETTES ou PINCES. Infiniment dont J
ou fe ferr pour panfer les PIayes, les ulcères >; !
les fi finies; pour introduire dans leur fond les
parties d’appareil ou’on ne fauroir y mettre avec
les doigts, polir les en ôter dans le befoin, ou
même pour en tirer les corps étrangers. Il y a
plufieurs fortes de pincettes; celles qui font à
anneaux font le plus en ufage.
Elles font compofées de deux branches unies
enfemble par jonélion paffée, ce qui rend une
branche mâle & l’autre femelle.
Le corps, ou milieu des pincettes, qui eff formé
par l’union des deux branches, les partage en
partie antérieure & en partie poflérieure. La partie
antérieure des pincettes efl ordinairement appellée
bec. H commence à la partie antérieure de la
jonélion pafféé, & fe continue l’efpace de deux
ou trois pouces, pour fe terminer par une extrémité
fort moufle & fort arrondie.
L ’extérieur des branches qui compofent ce bec,
eff exactement poli & arrondi dans toute fa longueur,
& va infenfibiement en diminuant jyfqu’à
l’extrémité, où il eff moufle. L ’intérieur au contraire
eflapplati depuis la jonélion paffée, jufqu’à
l’extrémité de chaque branche, où l’on remarque
des inégalités différentes, fuivant les divers ufages
des pincettes; mais, outre le plane de chaque branche,
elles font encore un peu courbées dans leur
milieu; ce qui fait que la pincette étant fermée,
on voit un petit efpace entre chaque branche, qui
s’vefface à mefure qu’il s’approche de l’extrémité
du bec; cette courbure eff néceffairè pour que
l’extrémité du bec pince exactement.
Les pincettes ont ordinairement des inégalités
tranfverfales & parallèles, à la partie interne de
leur extrémité antérieure; mais, par ce moyen,elles
ne font propres qu’au panfement des Plaies ; fi
l’on y pratiquoit des cavités longuettes, qu’oii
fît garnir ces cavités de petites dents, ces pincettes
n’en feroient pas moins propres au panfement
des Playes, & cette flruéïure les rendroit err.ou-
tre fort efficaces pour i’ extraÇlion des corps;étrangers,
Cette remarque eff de M. Garengeot dans
fon Traité dés inffrumens.
La partie poflérieure des pincettes efl à-peu-
près de la même ftruClure que la partie poflérieure
dfes cifeaux, à la différence, que l’anneau efl plus
périr , & le manche plus arrondi. Voyez les
Planches.
Les dimenfions de ce manche , y compris les
anneaux, font de deux poufces ;de longueur, lesquels
joints avec le corps ou le milieu qui a neuf
lignes & le bec qui efl de deux à trois pouces,
font .à-peu-près la longueur de cinq pouces &
demi.
La P in c e t t e à P o l y p e diffère peu de celle
que nous venons de décrire. L ’exfrémité poflérieure
eff un peu plus longue étant de trois pouces
y compris l’anneau ; l’union efl auffi par jonCtion
paffée; mais le bec efl très-différent, il eff très*-
légèrement-arrondi en-dehors, plat en dedans &
V9 toujours en angmemant peu-à-pen, pour fe
terminer par une extrémité fort moufle. . ;
On pratique à 1 extrémité du bec deux petites
fenêtres; ces ouvertures ont quatre lignes de hau-
reur fur deux lignes & demie de diamètre; enfin
le bec a un poucè neuf lignes de long , fur près de
quatre lignes de large, & Ja pincette n'a en tout
qu’un demi-pied de longueur. -- Voyez les Planches,
_Il y a des pincettes courbes, & beaucoup
pluslongues, pour tirer les polypes du nez par la
bouche. On a imaginé des pincettes de différentes
formes pour l'extirpation des polypes dans leurs
diverftjs fituations, pour lefqnelles Voyez VArt.
Polype. x
Pincettes Anatomiques, font un infiniment
compofé de deux petites lames foudées &
unies par un bout, qui s’ écartent l’une de l’autre
par leur propre reffort, & qui fe joignent à leur
extrémité en les ferrant avec les doigts.
Cet infiniment a ordinairement quatre ponces
de longueur, cinq à flx lignes de large à la bafe
de chaque branche qui va toujours'en diminuant
de largeur, & augmentant un tant foit peu d’épaif-
feur. Ces branches font entourées extérieurement
d’un petit bifeau , & elles cm de petites inégalités
tranfverfales à leur partie intérieure & inférieure,
ce gui fait qu’elles ferrent plus exactement.
L’ufage de ces pincettes efl de foulever les
parties délicates qu’on veut difféquer; elles font
auffi très-utiles dans les panfémens des Plaies
& n’effrayent point les malades comme les pincettes
à anneaux, qu’ils craignent parce qu’elles
reffemblent à des cifeaux. - -Article de VAncienne
Encyclopédie.
PINEAÜ< ( Sevérin) Chirurgien-expert de
Faris, qui vivoit vers l’an 1570. Il naquit à Chartres;
il s’établit à Paris & époufa Geneviève
Colot, fa coufine. Il enfeigna & avec beaucoup
de diftinCt.ion ; il faifoit des Coups publics en
Latin, dit-on. Il eut une très-grande réputation
comme Lithotomifle. On dit même qu’il écrivit
fur la manière de tailler; mais quoi qu’il en
foit de la capacité & dextérité de ce Praticien ;
ce qui l’a le plus fait connoître à la Pôflérité,
font fes Traités De virginitatis & conceptionis
notis & De partu naturali mulierum , Ouvrages
vraiment intèreffans & dont un grand nombre
d'éditions font fufRfamment l’éloge. ( M. P e t
i t - R a i>e l . ) ■
PITARD ( Jean. ) ATr/Z/o, quantum n&vi, opéré
célébrés komo, dit Haller,. Mais fi Pirard ne fut point
illuftré par fes écrits, il le fut par fon mérite
qui, à Ji’âgede 30 ans, le porta à la place de
Premier Chirûrgien de Louis IX. Ce mérire fondé
fur une capacité réelle & non fur l’intrigue qui fou-
vent élève à un pofie aulii éminent & qui devront
toujours être la récompenfe de ceux que le
Public" déclare devoir en être les plus dignes,
te maintint long-tems en place. 11 accompagna
wême fon Roi à cette expédition qirun zèle
fanatique lui fit entreprendre pour venger les
droits de la Divinité. .Mais pendant que celui-
ci y portoit des armes deflrnéïrices, Pitard y
venoit avec des mains propres à remédier à des
maux que la vraie Religion efl bien loin de con-
feiller. Ses fuccès & fon attachement au fervice
des malheureux qu’il eut occafion de foigner, le
rendirent digne de l’amitié de fon Roi. il re vint
avec lui en France; & pénétré des défor-
dres que les Chirurgiens épars & fans chefs
caufoienr à l’humanité, il lui propofâ d’en for-?
mer un Corps dont fon premier Chirurgien feroit
à l’avenir le chef. Sa demande lui fut o&royée
& dès lors la Compagnie fut inflituée comme une
Confrériepieufe, en 12 60 ,fous l’invocation de
Sainr-Côme & Saint-Damien. Elle eut des Ré-
g'emens & Statuts qui furent confirmés & augmentés
en 13 79 , 159<$ & 1424. Mais de tous
les Chirurgiens que les faélions des Guelphes
& des Gibelins avoienf éloignés & qui prati-'
quoient alors à Paris, folus Lanfrancus qui cum
Pitardo, dit Devaux, ftridam funxerat amicitiam
novæ focietati fefe Ubenter addixit, in quâlcBio-
nibus Phyficis & Chirutgicis demcfnfirationibus publiée
faâis &famoJis operfltionibus féliciter abfolu-
tis, apprime claruit. girard furvécut à Saint-Louis;
il fut le premier Chirurgien de Philsippe-le-Hardi
& de Pfiilippe-le-Bel, & la faveur dont il jouit
fous ces Rois , le portèrent à conferver les Privilèges
du Corps dont Pitard étoit le Chef, &
même à les augmenter.
Les fentimens d’I umanité, dit M. Portai, qui
avoit porté Pitard à fonder fon collège, le détermina
à rendre au Public un autre fervice. Les
eaux de la Seine, bourbeufes dans certains tems
de l’anqée peuvent donner lieu à plufieurs maladies;
cette rivière efi d’ailleurs éloignée des
fauxbourgs de Paris. Pour obvier à ces incon-
véniens, Pitard fit faire à fes frais un puits à
l’ ufâge du Public qui lui marqua fa reconnoif-
fance par cette infeription qu’on mit fur la
porte de fa maifon.
•Jean Pitard en ce repaire, ,
Chirurgien du R o i, fit fair^
Ce Puits en mille trois-cens dix ,
Dont Dieu lui donne fon Paradis.
Pirard vécut jufqu’à 87 ans, il mourut en
1.3.15 , a fociis plurimùm defideratus dit l’Index
funereus, ( P e t i t -R ad e l . )
PIQUURE, plaie faite avec un infiniment
piquant ou pointu. Lef Piqiiures font fou vent plus
dangereuses, que les plaies plus étendues, faites
par., un inflrument tranchant ; elles donnent lieu
fréquemment à des inflammations profondes,
& à des fuppurations qui, ne trouvant pas une
iffue facile au-dehors peuvent avoir les plus
funefies conféquences. Lorfque la Piquure porte
fur quelque par fie tendincuie ou aponeuroiique ,
il en réfulte^quelqnefois des accidens très * graves,
tels que la t.enfion inflammatoire , 1e fpaGme de