
& desgonfîcmens contre l’ordre naturel. On les a
auffi nommés Atténuans , F ondans & In cisifs
, dans la fuppofition qu’ils agiffoient particulièrement
fur les humeurs, à la manière des
agens chymiques, en diminuant leur vifcofité &
la cohérence de leurs parties, & en les rendant
par-là , plus propres à rentrer dans les voies
de la circulation. On comprend aifémem que cette
fuppoiition eft mal fondée, & que les médica-
niensdont il eft ici queftion, ne fanroient avoir un
pareil effet, que par une application immédiate fur
les fluides à réfoudre, laquelle ne fauroit avoir lieu
de la manière dont on peut en faire ufage- Car,
donnés intérieurement, ils font trop altérés avant
que d’entrer dans le cours de la circulation, & ils
arrivent en trop petite quantité vers la partie
aflèéîée pour qu’on puiffe rien attendre de leur
opération : & appliqués à l’extérieur, ils ne fau-
roient pénétrer au travers de la peau. Voye%
Émoliens.
La plupart des Réfolutifs agifîent en vertu d’une
qualité fédative & antifpafmodique. Ainfi, c’eft
par le moyen de remèdes propres à calmer la
trop grande activité des v ai fléaux fanguins, qu’on
obtient la réfolution des tumeurs inflammatoires,
voye{ Inflammation ,• ç’eft par des applications
narcotiques & anodines, telle que la ciguë, la
helladona , &c. qu’on parvient quelquefois à difii-
per des tumeurs fquirrheufes.
Il y a cependant des Réfolutifs d’une nature
bien différente j ce font ceux qui agifîent comme
flimulans & comme toniques, dont l’effet direél
eft, ou de faire ceffer Pérétifme• particulier des
vaifléaux de la partie affeélée, en y fubflituant
une irritation d’ un autre genre, ou d’exciter l’action
des abforbans lymphatiques dans le cas d’en-
gorgemensqi i dépendent de leur inertie. On peut
ranger dans la première claffe, les rübéfians, les
fubfiances réfineufes , les favonneux, le mercure;
dans la fécondé, doivent être compris les aflrin-
gens proprement dits, les aromatiques , les amers.
Mais il n’eft pas facile de dérerminer à priori
parmi le grand nombre des médicamens qui appartiennent
à ces deux claffes, quels font ceux
qui font particulièrement indiqués dans tel ou tel
cas déterminé. L ’expérience même n’eft pas un
guide très-fûr à cet égard, puifque tel remède
fondant, qui a parfaitement bien réuffi dans un
c a s , manque fouvent fon effet dans d’autres en
apparence parfaitement lemblables, ou agit
même d’une manière oppoféç à ce qu’on en at-
tendoit. Ainfi, le mercure qu’on a employé avec
le plus grand fuccès dans certains engorgemens
glanduleux , n’a fervi fouvent qu’à déterminer
une ulcération cancérenfe, dans des cas qui pa-
roiffoient de la même nature.
Voyez l'article D iscdssifs pour l’énumération
des remèdes qui appartiennent à celte clafle, &
pour ce qui regarde leurs ufages particuliers,
veye{ les articles Cancer , Ecrouelles, In -
plammation , Squirrhe, T umeur &c L
RETENTION D 'U R IN E , , Ifekuria
cyjiicâ. Maladie dont le principal fymptôme con I
Uite dans une intumefcence de l’hypogafire oc.
calionnée par l ’urine tellement retenue dans la
v efiie, qu’il ne s en échappe que quelques gouttes
& quelquefois point. Sauvages, dans fa Nofolo'
gie Méthodique, place cette maladie dans la clafle
des Cachexies , & à dire vrai , l’on n’en découvre
point clairemtnent la raifon. Quoi qu’il cn
to it, s il eft dans l’erreuruelativement à fes diftri-
burions, fes delcriptionfc qu’il a empruntées dit
D . CulTac , n’en ont pas moins leur mérite pour 1 exactitude & la clarté qu elles ont. Pour bien con-1
cevoir ce que nous allons dire, tant fur les caufes
que fur les phénomènes de la maladie dont il
s agit dans cet article, il faut fe rappeller que
1 urine d t un excrément qui doit néceffainmem
être rejetté de la malle du fang , comme contenant
tous les principes peu propres à l’entretien
& au développement des parties, La Nature pré-
voyante en tout, a formé chez les animaux
compofés deux organes qu’elle a placés (.ans leurs
abdomens, hors de ce qu’on appelle le Sac du
péiitoine ; elle y a fait venir lé fang par deux
groües artères très - courtes, mais dont les branches,
linguliérement multipliées, fuftiCent à une
très - prompte & très - abondante fécrétion. C’ell
là ou les principes de l urine fetamifentà travers
les pores des dernières arrérioles, & qu'ils s’unifient
pour tomber dans chaque baflinet ou caîi-
cuîe,par les ouvertures de la fubftan,e marne lonée.
Les artères la reçoivent de chaque rein , pour la
tianlinettre à la vefiie , ou elle s’accumule juf-
quà ce que le befoin de la rendre folliçite fa
fortie. La pioftate embrafle fi étroitement le col
de la vellie, & les fibres mufculaires qui, de
cette glande, vont fe perdre fur les côtés du col
de ce réfervoir , le ferrent tellement dans 1 état
le plus ordinaire, qu’aucune goutte de cet excrément
ne peut fouir , fi ce n’eft quand les fibres
des parois agifîent avec la plus grande force. On
conçoit dès-lors que l’excretion de l’urine tft
i effet d une opération forcée , qui exige l’intégrité
de nombre de puiflance, deflinées à faciliter
fon expulfioh, comme aufti celle des organes
ou parties par où cette liqueur excrémen-
teufe doit fe frayer une routé , avant de paroître
au —dehors. Les Auteurs & Dionis lui-même,
ont déligné la malad e qui fuccède au trop long
féjour dç lurine dans la vefiie, fous le nom
dlfchurie; mais ceux qui l'ont fur venus après
n ont pas manqué de trouver combien ce nom
étoit impropre, & que , defignant l’état où les
urines font lupprimées-, il pouvoir également
fe rapporter au défaut d’urinè dont la caufe tft
dans lé rein, aullï - bien que celui qui provient
d un vice de la vefiie ou des parties d’alentour. .
Celui de Rétention écarte toutes les difficultés
qui pourroient s’élever à cet égard , c’eft celui
dont
dont fe fervent les Praticiens en Chirurgie 8c
qu’on conferve dans les Ouvrages de l’Art, comme
plus fignificatif & moins fujer à erreur. La Rétention
d’urine , quoique facile à connoîrré , eft
cependant une maladie fur laquelle on fe méprend
fouvent, chez les fujets fur— tout dont la veftie
a peine à s’élever au-deffus du pubis dans fon
plus grand degré de dilatation. Souvent aufti
influe de l’ urine, qui a lieu en pareil cas, porte
à ne point foupçonner une affeélion dont une
mauvaife théorie en écarroit ce fymptôme , quoi-
qu’en pareil cas, on dût le regarder comme le
plus certain ou le moins équivoque; mais dés
événemens malheureux, dont l’ouverture dès
cadavres a conftaté la caufe , ont jetté fur la théorie
comme fur la prafique , une plus grande lumière
, & l’Art en a. dès-lors fait fon profit.
C’eft à ces fortes de recherches qu’on doit les
notions qu’on a fur la Rétention d’urine qui accompagne
larétroverfion de matrice, l’endurciffe-
ment de la proftate, & fouvent les hernies. La Rétention
d’urine peut êire l’effet d’un très-grand nombre
de caufes, dont la manière d’agir eft très-différente.
Il ne fera fait mention ici que de celles
qui font produites par la paralyfie de la veftie,
par l’inflammation de fon col , par lés corps
étrangers qui y font contenus , par la preftion
que la matrice exerce fur elle pendant lagrofieffe,
parla tuméfaélion de la proftate,& par le retréciUe-
ment & l’imperforation de l’ urètre. Ce que nous
allons dire lur chacune d’elles, nous a été communiqué
par M. Sabbatier, qui a bien voulu nous
aider dans ce travail. 1
De la Rétention d’ urine caufiée par la paralyfie .
de la vefiïe.
Cette maladie commune aux perfonnes avancées
en âge, peut furvenir à toute autre époque
de la vie, à la fuite d’une commotion violente
de la moelle de l ’épine, ou , . ce qui eft fort ordinaire,
fi après avoir pris une grande quantité
de boiflon à-la-fois , on néglige de répondre au
befoin de rendre fes urines, & qu’on les retienne
trop long-tems.Elle fe manifefte quelquefois d’une
manière lente, & quelquefois allez fubitement.
Dans le premier cas, elle commence par une
efpèce de débilité qui empêche la veffie de le vider
cotnpleuement, de forte qu’après avoir uriné, le
malade en conferve encore le befoin., & eft obligé
de fe préfenter fouvent pour y fatisfaire. Peu - à-
peu cette incommodité augmente ; enfin les urines :
fe fuppriment tout-à-fait, & la veftie s’élève au-
deffus du pubis, où elles forment une tumeur
tonde & circonfcrite, dont la groffeur & l’étendue
font plus ou moins confidérable. Dans le fécond
cas, la fupprelfion des urines eft le premier fymptô -
me que le malade éprouve , & la veftie fe remplit
& fediftend de la même manière. Pour le plus fouvent
la tumeur que forme ce vifcèce , peu
Chirurgie, Tome 11, J.«re Partie.
douîoureufe dans le commencement, le devient
par la fuite, à raifon de la preftion qu’elle exerce
fur les parties voifines. Quelques-uns font beaucoup
d’ tffort pour uriner , d’autres font plus tranquilles.
Cet état dure pendant un , deux ou trois
jours , après lefquels les urines recommencent
à couler goutté à goutte , tantôt d’une manièro
continue , & prelque toujours à la volonté des
malades. Il y en a chez qui elles fortent en quantité
égale à la boiflon dont ils ufent, fans que la
veftie fe vide, & qu’elle celle de faire faillie au-
deffus du pubis *, on dit alors que les urines fortent
par regorgement. Cette circonflance a quelquefois
trompé les gens de l’A r t , au point de
leur faire méconnoîrre l’incommodité dont les malades
étoient attaqués, & de leur faire prendre la
tumeur que forme la veftie pour un abcès. François
Collot d it, que cela eft arrivé plufieurs
fois de fon tems , & que ces prétendus abcès
euffent été ouverts, s’il n’avoit fait avertir 1er
malades de la méprife dont ils alloient être les
viélimes. J ’ ai été confulté par une femme de
qualité, & qu’on fe propofoit d’envoyer aux eaux,
dans la vue de fondre une tumeur dure, qui
lui étoit furvenue à la fuite d’un accouchement
laborieux , & qu’pn croyoit avoir fa racine à la
matrice. Cette tumeur n’étoit autre chofe que
la veftie gonflée par l’urine, & elle difparut, furie
champ , par l’introduélion d’une fonde ; on ne
s’étoir pas douté de fa nature, parce que, depuis
cinq ou fix femaines quelle avoir commencé à
paroître , les urines fortoient à volonté & en
quantité raifonnable. Une obfervation inférée
dans une thèfe , foutenue en 1 7 7 7 , à UpfaI,
fous la préfidence du D. Murray , prouve bien
que la tuméfaéhon de la veffie peut devenir allez
confidérable, pour jetter dans des méprifes les
plus grandes. Une femme délicate fentit fon ventre
grolfir fans caufe apparente & fans éprouver
d’ incommodités j elle fe crut groffe, cependant
elle fut bien-tôt détrompée, par la rapidiré avec
laquelle fon ventre continua à s’élever , 8c l’infiltration
extrême qui furvint aux extrémités inférieures.
Cette infiltration s’ étendit aufti aux fupé-
rieures & au vifage : la malade fut jugée hydropique
-, on fit venir un Chirurgien pour lui faire
la ponélion. La fluèluation du liquide contenu
dans le ventre étoit évidente, on preferivit quelques
diurétiques avant d’en venir à l’opération.
Dans l’intervalle de ces remèdes, la malade fe
plaignit d’une fupprelfion d’urine, depuis trois
jours, accident qu’elle n’avoit pas encore éprouvé.
Le ventre étoit tendu, les veines en étoienr
gonflées par-tout. On crut devoii fonder la malade
, avant défaire ufagedutrois-quàrt; l’étonnement
fut grand lorfqu’on vit fortir dix-huit
livres d’urine, & la tumeur du ventre s’affaiffer-,
le lendemain, il fortit encore douze livres d’urine,
mais dès-lors l’analarque , qui étoit purement
fymptoçnatique, commença à fe difliper : on fit
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