
précautions,il pourroit occafionnerde grands acci-
®ens ; puis il en donnoit cinq grains par dofe
cn une feule pilule. Les éloges qu'il a donnés
* ce remède, ne paroi(fent pas lui avoir gagné
beaucoup de pariifans ; fa méthode au contraire
a été blâmée par divers Ecrivains de fon fiècle.
A l ’ ufage du précipité rouge fuccéda celui
du Mercure crud trituré avec diverfes fubfiances.
Une des plus célèbres de ces préparations fut
celle qui porta le nom de pilules deBarba-roffa,
parce que le fameux BarberoufTe, Chef des Algériens
, en avoit fait ufage , & où le Mercure étoit
incorporé avec la rhubarbe, lediagrède, l'ambre,
le mufe, «Sec. Ces pilules paffoient pour avoir
opéré des prodiges dans le traitement des exoftofes
& des ulcères vénériens; mais un homme qui en
avoit pris, étant tombé mort tout-à-coup, on
leur attribua cet accident, & elles furent absolument
décriées; tant il étoit difficile aux Praticiens
defe débar rafler des préjugés qu'ils avoient
reçus de leurs Prédéçeffeurs, relativement aux
dangers de l'ufage interne de ce remède.
Aujourd'hui cependant on connoît mieux la
nature de ce minéral, & l'on efi beaucoup plus
au fait de tout ce qui concerne fon ufage , ainfi
que des dangers & des avantages qui peuvent
l'accompagner. Les Chymifies ont enrichi la
Pharmacie de ’plufieurs de fes préparations'qui
étoient entièrement inconnues aux Anciens, &.
q u i , douées de la plus grande efficacité, peuvent
cependant s'appliquer fans danger à i’imérieur,
pourvu qu'à leur ufage on joigne celui des
précautions dont l'expérience a fait connoître la
nécelfité- , & dont nous parlerons ci - après.
Prefque toutes ces préparations néanmoins ont une
aéliviré dangereufe, que l'on a cherché à émou (Ter
en lescombinantavecdiverfes fubfiances,ou par des
lotions, des fubiimaiions > &c. Ainfi, l’on trouva
le moyen d’affoiblir considérablement celle dufu-
bîimé corrofif, qui eft fans contredit la plus aélive
de toutes, en le fublim&nt de nouveau avec une
certaine quantité de Mercure crud, lequel s’unif-
fant dans une portion beaucoup plus confidérable,
& pourtant déterminée, avec l ’acide marin, forme
une nouvelle compofition qui agir d’une manière
incomparablement plus douce fur l’efiomac &
fur les inteftin?. Cette préparation porte le nom
de Mercure doux ou de calomel ; on peut la
donner jufqu’à douze grains & au-delà, en une
feule fois; dofe à laquelle on ne fauroir’ porter
aucune autre préparation mercurielle. Mais ce
fuccès efi le feul de ce genre qu’ait procuré la
Cbymie; & quelque méthode qu’on ait fum e ,
on n’eft jamais parvenu à mitiger l’sélivité des
autres préparations, quoiqu’en les combinant avec
l'opium, le camphre ou quelques aromates, on
diminue jufqu'à un certain point leur qualité
irritante, ainfi que nous le remarquerons bien-rôt.
Le Mercure-précipité jaune, ou le turbith minéral
, ainfi qu’on lappelloit autrefois, malgré
foutes les lotions par lefquelles on a prétendu 9
l’édulcorer , efi tou jours demeuré un remède B
très-violent & difficile à manier. On l’a cependant J
adminifiré quelquefois avec fuccès dans des cas g
d’affeèlions cutanées vénériennes, à la dofe d’uni
ou deux grains, en .y joignant quelques grains Ç
de camphre ou un demi-grain d’opium, pour \
prévenir les violens effets qu’il pourroit avoir ;
fur les intçftins ; effets qu’on a cru devoir attribuer
à l ’acide vitriolique, avec lequel on croyait i
que le Mercure fe trottvoir encore combiné dans
cette préparation. Mais , outre que rien n’annonce
la préfence de cet acide dans le turbith j
minéral, on fait que le Mercure peut, fans
addition d’aucun fel , devenir un médicament
non moins irritant ni moins aèlif que ce dernier, j
C ’efi ce que l’on voit dans le Mercure calciné,
ou précipité par lui-même {per f e ) , ainfi qu’on |
a coutume de l’appeUer, parce qu’il n’a pris
cette forme que par la fini pie aélion du feu,
fans l’ intermède d’aucune autre fubfiance. Cette
préparation capable d’irriter violemment le canal j
intefiinal, a cependant pris grande faveur, & j
beaucoup de Praticiens la recommandent préférablement
à toute autre j en la joignant avec un
peu d’opium.
Une autre préparation beaucoup plus facile i
obtenir, & qui paroît, quant aux effets médicaux,
ne céder en rien au Mercure calciné, c’eft
le précipité de Calomel. Il y a environ 25 ans
que M. Sa u n d e r s , Médecin de Londres,
portant toute fon attention fur les préparations de
Mercure, qu’on obtient par la trituration de ce
métal avec diverfes fub fiances,trou va qu’au moyen
de cette opération , on la réduifoit en une poudre
grife, plus ou moins abondante, fuivant le plus
ou le [moins de tenus qu’on avoit mis à cette
trituration. Confidérant cette poudre comme du
Mercure réduit à l'état de chaux, & foupçonnant
qu'il avoit fubi le même changement que s’il
eût été fournis à i’aétion d’un acide, il précipita
le Mercure du Calomel à l'aide de l’alkali volatil
y & obtint un précipité gris , parfaitement
femblabie en apparence à la poudre obtenue par
la trituration. O r , dans toutes les préparations
qu'on obtient par cette méthode , il n'y a qu’une
très-petite portion de Mercure qui ait fubi cetie
altération, & cependant de celle-ci feule dépendent
tous les effets médicaux ; tout ce qui conferve
la forme de globules, quoique divifé au point d’être
imperceptible à l ’oeil , demeure probablement
tout-à-fait inerte. Il fit des expériences pour
déterminer la quantité de Mercure altéré par la
trituration dans quelques-unes des préparations
qui fefom de cette manière, & notamment dans
l’onguent mercuriel, & trouva qu’ il les imitoit
parfaitement en fubfiituam à tout le volume de
Mercure crud, quon employoit pour les obtenir ,
une quantité de précipité de Calomel égale à
celle du Mercure , qui avoit perdu fa forme
M E R
globulaire. Ainfi, un demi-gros de ce précipité ,
foint i une once d’ssonge , formoit un onguent
mercuriel de la même efficacité, «pie 1 onguent
fait avec une égale quantité de Mer re
graifle ; & douze grains unis à une quantité convenable
de mucilage, donnotent un compo.é
tout suffi aflif que celui qui réfuitoit de la trituration'de
deux gros de Mercure avec le double
de gomme arabique , pendant un teins lum.ant
pour faire difparottre entièrement les globules.
Ce précipité qui a le grand avantage de pouvoir
être également employé à 1 extérieur comme a
l’intérieur, a suffi ceux d’être d’une préparation
très-facile & de pouvoir être adminifiré en dofes
exactement déterminées; mais il lui efi arrivé
ce qu’on a pu ©b fer ver de beaucoup d autres
remèdes, c’efi que les éloges même qu’on leur
a prodigués avec trop peu de circonfpeélion,
ont cauféleur diferédit. On crur que, plus confiant
dans fes effets, il réuffiroit dans tous les cas ;
on imagina même qse la facilité den mefurer
les dofes, permettroit de les manier de manière
à éviter à rolonfé les falivafions: mais l’expérience
.montra qu’à l’un & l’autre égard , il n étoit pas
infaillible, & cette raifon le fit peut - être trop
tôt oublier. _
. En France, les pilules ou dragées de Kcyfer,
& le fyrop de Belltt ont jo u i, pendant un certain
tems , d’une grande célébrité ; mais , depuis
quelques années, l’une & l ’autre de ces préparations
a perdu Ton crédit. Dans la première, le
Mercure fe rrouvoit combiné avec l’acide du
vinaigre à l’aide de la trituration ; il étoit dans
la fécondé, fous la forme de folution dans l ’acide
nitreux. Le fecret que leurs Auteurs gardèrent
fur ces préparations, & la manière pompeufe avec
laquelle ils les annoncèrent dans le P ub lic , contribuèrent
peut-être , autant que les cures qu’elles
avoient opérées, à les mettre en vogue.
» (/• Nous ne pafierons pas ici en revue toutes les
préparations mercurielles, dont les Praticiens ont
fucceffivement fait ufage, toujours dans l’idée
d’en trouver une qu’on p û t, fans, inconvénient,
adminifirer intérieurement, dans tous les cas de
maladie vénérienne, avec la certitude du fuccès ;
on n’en fauroit peut-être imaginer aucune qui
n'ait été tentée & recommandée, mal gré les réclamations
de beaucoup de Médecins, & particulièrement
malgré celles d’Afiruc ,qui les condamnoit
toutes également. Ces réclamations n’ont pas
empêché la plus a&'ive & la plus redoutable
de toutes les préparations chymiques de Mercure,
le lublimé corrofif, d’avoir fon tour comme médicament,
& d’acquérir une réputation plus grande
J p !« étend« qu’aucune autre. Boërhaave avoit
«éja dit que, fi l’on diffolvoit un grain de fu-
blimé dans une once d’eau , un gros de cette
loiutrcn adouci avec du fyrop de violette, &
adminifiré deux fois par jour, pourroit être un
puiflaot remède dans bien des maux qui paffbieiît
M E R
pour incurables; mais il ne paroît pas qu’il l’ait
employé pour combattre le virus vénérien : ce
fut Van-Swiéten , fon Commentateur , qui en
introduifit l’ufage dans les cas de cette nature.
Voici quelle étoit fa méthode pour l’adminiftrer.
On fai foi t difîoudre un grain de fubiimé dans
deux onces d’eau-de-vie, & l’on donnoit une
ou deux cuillerées, c’efi-à-dire, une demi-once
ou une once de cette folution, deux fois par
jou r, ce que l’on, continu oit auffi long-tans que
les fymptômes de la maladie fukfifioient encore.
On recommandoit, avec l'ufage de ce remède *
un régime peu fubfiantiei & beaucoup de ‘coiffons
délayantes, telles en particulier qu’une décoction
d’orge avec un peu de lait. Donné de cette ma-,
nière & avec ces précautions, il paffoit pour
opérer principalement par les urines & la trnnC-
piration , faifant difparoître p e u t -à -p e u les
fymptômes, fans expofer les malades aux fatigues
& aux dangers qui accompagnent pour l’ordinaire
la falivation. Le nom de Van-Swiéren na
manqua pas de procurer une très-grande réputation
à ce remède ; de tontes parts on vit les Praticiens
lui donner une confiance plus ou moins étendue 9
on l’employa dans les armées & dans les hôpitaux,
&; l’on ne peut difeonvenir qu'il n’ait eu de
grands fuccès. Le tems cependant & l’expérience
ont fait voir que cette méthode, loin d’être aufil
fupéricure à toutes les autres qu’on fe i’étoic
imaginé, avoit au contraire de grands dé (avantages
; on a eu lieu trop fou vent de s’appercevoir
que les guérifons opérées par fon moyen n’étoient
pas complexes; que, dans les cas récta s , elle
pouvoit diffiper tous les fymptômes apparem ,
fans mettre entièrement à l’abri des effets du virus;
que , dans |des cas plus anciens & plus graver ,
elle n étoit pas toujours fuffifame ; & que les
malades qui en avoient u fé , étoient plus fujets
à des rechûtes, que ceux qui avoient eu recours
à la plupart des autres. D ’ailleurs le fubiimé
efi plus futet à affieéler défagréablement l ’cftcmac
les intefiins, qu’aucune autre préparation d®
Mercure, & fouvent on la vu irriter la poitrine
d’une manière dangereufe. D’un autre côté, l’ont
a obfervé qu’il guéri (Toit les ulcères de la boucha
& de la gorge plus promptement que la plupart
des autres préparations; mais peut-être doit-on
attribuer cet effet à l’application paffagère du
remède fur les. parties affeéiées, au moment de
la déglutition, plutôt qu’à fon a&ion générale
fur le fyfiême animal.
Nous ne nous étendrons pas davantage ici fur
ce qui concerne l’ufage intérieur des préparation«
chymiques du Mercure, qu’on a généralement
regardées comme fourniflant des médicamens très-
aèlifs, quoique, pour l’ordinaire, les Praticiens
aient donné la préférence à l’une plutôt qu’à
l’autre, parce que le hafard leur en avoit f?ir
appercevoir plus particulièrement les bons effets,
tandis q u e , frappés de quelques inconvénient